Chapitre 25
Atlas et ses hommes ne le virent pas arriver. Que c'était-il passé ? Voilà plus de quatre mois que Fieren était reparti et il n'en était jamais redescendu. Où était-il ? Allait-il bien ? Il se prenait la tête à réfléchir sur ce qu'il pouvait bien faire et comment agir, jusqu'à ce que son Seigneur ne le convoque en urgence.
Il galopa alors jusqu'au territoire le plus dangereux des Abysses pour y trouver son maître qui l'attendait dehors.
- Seigneur ?
- Vite, tu n'as pas de temps à perdre ! Nous avons intercepté ceci en récupérant un convoi de mineurs effrayés. s'écria t-il en lui présentant un morceau de parchemin froid ficelé d'or.
Atlas le lui arracha des mains, retira la ficèle et déroula le parchemin. Mais ce qu'il y lu le fit trembler de colère. Des mois sans nouvelles, pour découvrir que ses messages avaient été interceptés et que lui avait été attrapé par Galiya et ses sbires ?
La fureur du Gardien fut si grande que le Seigneur des Abysses lui-même ne sut comment l'arrêter. Un coup d'œil aux hommes de ce dernier lui fit comprendre qu'ils ne tenteraient rien non plus. Pas par peur mais par expérience. De plus, ils étaient liés à lui, sa colère se répercutait sur eux. Il pouvait les entendre gronder de colère, leurs regards devenaient sombres, changeant même de couleur pour que le noir engloutisse le tout dans un abysse profond et terrifiant.
- Seigneur, retentit la voix féroce du Gardien, devenu une créature terrible. Les Cieux ont perdu leur dirigeant.
L'annonce terrifia tous ceux qui l'entendirent. Les Cieux avaient perdu leur chef ? Depuis quand ? Qui avait osé ? Comment était-ce même possible ? Et si ils l'avaient perdu, qui dirigeait à sa place ? Comment avaient-ils fait pour ne pas le voir ?
Trop de questions et de complexité dans cette affaire pour en trouver le bout, mais dans ce chaos une seule chose leur vint à l'esprit : Fieren. Il fallait sauver l'ange et le protéger. Il savait quelque chose et ce n'était que de cette façon qu'ils pourraient le protéger et mettre en place un plan de secours. Mais avec la disparition du Seigneur angélique et du chercheur, tout allaient de travers. Par où commencer ? Ils ne pouvaient pas envoyer les démons là haut, à cause du traité ça ne pouvait fonctionner comme ça...
- Gardien ! s'exclama le Seigneur, comprenant que cela allait mettre en péril tout ce que son frère et lui avaient mit tant de temps à mettre en place. Mais leur ennemi commun avait décidé de tout briser, il allait devoir agir en conséquence.
- Le traité est brisé, déclara t-il.
Si il l'annonçait ainsi, cela ferait comprendre au Roi Gardien qu'il avait cette fois, le droit de traverser la frontière et d'aller récupérer ce qui lui appartenait. Mais ça ferai de lui un criminel également. Le Seigneur des Cieux n'étant plus là, il ne pouvait pas l'incriminer pour ça. Bien sûr, Atlas savait qu'il en pâtirait plus tard quand tout serai réglé. Mais avant ça… Il allait devoir envahir avec ses hommes, ce royaume qui lui avait barré la porte avant même de mourir.
[…]
Atlas était prêt, il allait pouvoir partir et tous ses hommes frappaient leurs boucliers, entamant le chant de la marche du guerrier. Le bruit était assourdissant, morbide et les anges qui venaient miner frissonnaient de voir ce cortège funèbre marcher sur la voie en direction de la frontière. On avait demandé aux mineurs de ne pas sortir, mais certains avaient voulu jouer les petits curieux et s'étaient retrouvés pris au piège dans l'onde de choc mortelle que propageait ces guerriers démoniaques. À leur tête, le Gardien démoniaque qui n'avait plus rien de l'être qu'ils avaient rencontrés à leur arrivé sur son terrain. Il n'était plus qu'un être froid, cadavérique, trainant dans son sillon l'armée des forts qui l'avaient suivi de son vivant au trépas. Cette même armée qui vidait les lieux pour envahir un territoire qui ne leur appartenait pas et qui risquait d'être contaminé par leur mort.
Mais tout cela, le Roi s'en fichait, ce qui comptait pour lui, n'était que son ange. Fieren devait lui être rendu et ils devaient trouver le Seigneur des Cieux pour le remettre sur son trône ainsi que tuer Galiya et son sbire. La marionnette et son marionnettiste fonctionnaient toujours de paire, cela indiquait l'implication de cette chienne dans le plan grotesque de l'usurpation du trône. Elle qui souhaitait voir son pouvoir s'étendre, ne s'attendait clairement pas à ce que celui qu'elle convoitait le plus ne débarque pour lui trancher la tête et la donner à Cerbère.
Chaque pas de son cheval traçait un chemin de sang, dont on pouvait entendre le cris des damnés qui espéraient s'enfuir de leur éternel enfer s'échapper à chaque motte de terre soulevée. Atlas grondait, lance à la main, il était encore plus terrifiant que jamais sous cette apparence de cadavre en charpie, les doigts osseux longs et crochus accrochés au manche de son arme. Cette longue lance terminée par une sorte de double hallebarde. La longue lance était terrifiante, faite d'un bois robuste et aussi sombre que l'aura de son propriétaire. Les lames tranchantes fendaient l'air lourd et cendré des Abysses, effrayant ceux qui les voyaient passer.
Quand ils arrivèrent à la frontière, Atlas stoppa sa marche et son armée derrière lui l'imita. Une fois la frontière traversée, ils seraient les ennemis des deux côtés. Il frappa les lames de sa lance sur le sol, faisant trembler ce dernier. Ses hommes hurlèrent de plus en plus fort, tels des sauvages prêts pour la guerre, attendant sur les collines avant de foncer sur l'ennemi en contrebas. Quand le silence se fit enfin, Atlas pris un moment puis talonna son cheval et traversa, sous le regard médusé des anges et des démons qui le regardèrent franchir la barrière qui séparait les deux espaces. Une fois passé de l'autre côté, son arrivée fit l'effet d'un froid glacial auprès des anges qui le regardèrent surpris de le voir débarquer chez eux.
- Que... Les démons ! Ils attaquent !
- Comment est-ce possible ?
- Le... Le traité stipule qu'ils ne peuvent pas-
- Le traité a été rompu, tonna la voix du Gardien, brandissant la preuve écrite de la disparition du Seigneur.
La panique pris comme un feu aux poudres. Les cris, les protestations, tout allait dans tous les sens et les anges se foncèrent les uns dans les autres pour fuir ou venir demander des comptes au démon. Mais ce dernier planta sourdement son arme dans le sol. Les cris effrayés se coupèrent enfin et le Roi déclara :
- Mon Seigneur et le votre ont créé ce traité avec en clause, si l'un des deux venaient à disparaître, l'autre partie devrait enquêter. Nous sommes ici par ordre pour trouver la raison de son absence et pourquoi un usurpateur est actuellement placé sur son trône.
Cette accusation d'usurpation les figea durant un laps de temps qui permis à l'armée du Roi Gardien, de pénétrer les lieux. Ils se regroupèrent et marchèrent ensemble en direction de la salle où le Seigneur gérait son espace. Les généraux ailés tentèrent de lui barrer la route, mais il les repoussa sans ménagement jusqu'à arriver face à Galiya, debout auprès d'un homme qu'il reconnu sans mal.
- Alors c'est ainsi, déclara t-il en se moquant. On ne m'accord point la paix parce qu'elle m'a autant été volée que ma vie, au profit d'un menteur et d'un manipulateur. N'est-ce pas Roi Kastiyan ?
La voix d'Atlas était froide, aussi tranchante que les lames affutées de sa lance. Les démons derrière lui grondèrent furieux de découvrir que leur meurtrier se trouvait à une place qui ne lui appartenait pas.
- Envahissez l'espace, chiens de l'enfer ! ordonna le Roi Gardien, s'approchant de son ancien maître.
Les démons s'éparpillèrent dans l'espace angélique, fouillant partout à la recherche de Fieren ou du Seigneur disparu. Tandis qu'ils fouillèrent, renversant tout sur leur passage, peu soucieux de ce qu'il ce passait autour d'eux, Atlas lui attrapa Galiya à la gorge.
- Venir dans mon royaume pour faire entendre que tu en es la maîtresse ne t'as pas suffit vipère. Il te fallait trouver un stratagème pour me faire venir ici et me piéger devant celui qui m'a mené à être qui je suis maintenant. Tu as couru à ta perte chienne.
- Seigneur, non, je-
- Je n'ai que faire de tes excuses ou de tes paroles.
D'un geste sec, il lui brisa la nuque, tuant la femme sur le coup, ne lui laissant aucun moyen de s'extirper de sa poigne. Il laissa le corps retomber sur le sol devant son ancien roi qui tourna enfin son regard vers lui.
- Tu ne peux plus me tuer, dit ce dernier. J'ai les pleins pouvoirs. Je suis devenu le Dieu de la terre.
- Ha, cette soif de quête de pouvoir. Bien sûr, je m'en souviens très bien. Mais, Ô cher Roi, n'oublierais-tu pas quelque chose ?
Atlas se pencha quand il entendit un rugissement :
- Je suis le Roi Gardien. Désigné par ta cupidité, à régner sur un royaume que tu aurais dû posséder dans les Abysses.
- Atlas !
- Fieren, gronda le Roi en se redressant, exposant à son compagnon, son état. Vois-tu mon ange, cet homme qui se tient ici ?
- Je sais. Je le sais. Je l'ai compris quant ils sont venu m'arrêter. Son obsession couplée à celle de Galiya m'a mis sur la voie.
- Tu es si intelligent.
- Mais Atlas, Mon Roi.
Atlas ferma les yeux un instant, grisé par cette appellation venant de son ange. Son cœur ne pouvait le supporter, mais il devait attendre encore un peu.
- J'ai retrouvé mon Seigneur. avoua l'ange. Cependant…
- Il doit être jugé. Mais j'ai tué mon bel ange.
- Sa mort était inévitable. Nous n'y pouvons rien.
- Derek ! Fran ! Embarquez-le. Leron, préviens le Seigneur. Nous allons chercher le Doré.
- À Vos ordres ! s'écrièrent les démons concernés avant de quitter l'endroit.
- Montre nous la voie.
Fieren, bien qu'il mourrait d'envie de le prendre dans ses bras, de l'embrasser et de gémir sous ses doigts, devait garder la face le temps qu'il le guide vers la cage du Seigneur.
Ils parcoururent un certain temps, l'espace des anges, jusqu'à arriver à un tombeau blanc. Fieren ne pouvait s'en approcher s'en subir mille souffrances, mais il vit pourtant Atlas s'approcher et mettre la main dessus sans en ressentir le moindre tourment.
- Atlas... Ne ressens-tu rien ?
- Le devrais-je ?
- Oui.
Fieren approcha ses doigts du couvercle mais la barrière qui l'entourait claqua comme l'éclaire et il ressentit une lente douleur lui briser les doigts.
- Fieren ! s'écria le Roi Gardien, lui prenant la main pour tenter d'apaiser sa douleur. Que ce passe t-il ?
- Atlas, je ne peux approcher mon Seigneur, une barrière l'entoure. Je ne sais ce qu'il ce passe ni comment elle a put être créée. Pourtant… Pourtant tu arrives à le toucher sans qu'elle ne te fasse quoi que ce soit. Atlas, ouvre le coffre s'il te plaît !
Les suppliques de l'ange firent agir le démon qui, d'un coup de lance, fit sauter le couvercle pour découvrir le Seigneur endormit.
- Est-il mort ?
- Non, fit le Roi en se penchant au dessus de la créature endormie. Il se repose, je le vois respirer. Son cœur bat aussi. mais quelque chose le retient.
Ils devaient comprendre, mais Fieren ne pouvait plus attendre, car le ressentit qu'il avait se confirma quand l'usurpateur entra dans la salle, horrifié, poursuivit par deux démons.
- Non ! J'ai ses pouvoirs ! Je suis Lui !
- Seigneur démon, entendirent-ils provenir du coffrage.
- J'ai pour ordre de vous protéger.
- Même en sachant que tu deviendrais un pariât ?
- J'ai signé pour.
- Alors protège nous.
***
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