Chapitre 18 : Les Tendres
Letico et Paul prirent les escaliers à la base des racines et montèrent jusqu’à la première ouverture dans le tronc, quelques dizaines de mètres plus haut. L’escalade fut plus ardue pour le vulpin que pour le strig, qui pouvait se servir de ses ailes pour se propulser d’une marche à l’autre. Heureusement pour lui, Paul avait hérité d’une grande taille, ce qui l’handicapait moins que d’autres, tels que les jerbeens, la plus petite des races des Bois.
Arrivés au premier étage, les deux compagnons s’engouffrèrent dans l’ouverture par laquelle la pâle lueur du soleil matinal filtrait, éclairant un amoncellement de petits corps affairés au milieu d’étalages divers. Il s’agissait du marché du tronc, comme on l’appelait communément, qui s’étalait sur tous les étages, arrangé autour du pilier central, cœur de l’arbre. On y vendait toutes sortes de biens à des prix et qualités variés. Au fond de cette première salle, immense et bruyante première impression, un dédale de chemin s’ouvrait à eux.
Malgré l’aide des lanternes qui faisaient office de panneaux d’indication, les deux compagnons se perdirent un peu. Ils passèrent devant diverses tavernes et auberges dont ils tentèrent de retenir la localisation pour plus tard, se retrouvèrent miraculeusement dans des quartiers plus résidentiels, mais également dans des culs-de-sac…
Grimpant graduellement dans les étages à l’aide des petits escaliers internes, ils finirent, après avoir demandé leur chemin plusieurs fois, par trouver le bosquet dont les Tendres s’occupaient et qui leur servait de quartier général. Dans un petit coin isolé et calme, à la périphérie du tronc, s’étendait ce qui s’apparentait à une plaine, avec de la mousse au lieu d’herbe. De petites alcôves s’ouvraient le long du haut mur, permettant au soleil de réchauffer l’atmosphère et les plantes qui y poussaient. Au fond, contre l’écorce, s’élevait une tour ressemblant à un arbre miniature, ou bien une branche, avec des petites fenêtres à l’intérieur.
Letico s’étonna de la taille du bâtiment, qui ne pouvait certainement pas accueillir plus d’une dizaine de personnes, tandis que Paul se réjouissait de la luxuriance du bosquet, avec ses petits parterres de fleurs, de champignons et ses bancs fleuris. On aurait en effet pu croire qu’il s’agissait d’un cercle de druides. Et même s’il était bien vrai que la mission principale des Tendres était de s’occuper de l’arbre, elle ne s’y résumait pas. Les Tendres, comme l’avait expliqué cette voyageuse sur la route, se composaient de bien des individus, avec autant de métiers et de compétences, même un paladin comme Letico pourrait y avoir sa place.
Les deux compagnons toquèrent à la porte de la bâtisse et patientèrent longtemps une réponse, non sans une pointe de nervosité pour Letico, qui en attendait beaucoup de cette rencontre. Au bout d’une éternité, une paire de petits pas se firent entendre en provenance d’en haut et se rapprochèrent d’eux en toute hâte, puis la porte s’ouvrit sur le visage aimable d’un jeune gallus huden au plumage chatoyant.
- Bonjour, bonjour. Excusez-moi pour le délai, mais je ne vous avais quasiment pas entendu arriver. Je suis Havel de la Lune Automnale, que puis-je faire pour vous ?
Letico en savait déjà un peu sur les Tendres, ce qui était judicieux sachant qu’il avait l’intention de les rejoindre depuis un moment. Il avait donc pu reconnaître à sa tenue le rang élevé du gallus, juste en dessous du rôle suprême de Gardien des Arbres. Son nom ne faisait que confirmer cette connaissance. C’était un honneur pour lui de se trouver en présence d’un si estimable mentor.
- Enchanté, je me nomme Letico Ruli, et j’aurais besoin de votre aide.
Paul n’eut pas le loisir de se présenter et n’en ressentit pas le besoin.
- Bien sûr, je me ferais un plaisir de vous assister dans la limite de mes compétences.
- Pour être honnête, il y a deux sujets qui me préoccupent, enfin, qui m’intéressent. Ou me concernent… Bref, est ce que ce serait possible d’en parler en privé ?
Et par là, il voulait dire à l’intérieur. Havel parut un instant gêné par la demande, mais se retourna tout de même pour conduire ses invités à l’intérieur. Ils montèrent une flopée de marches étroites, parfaitement droites et formées dans du bois en bonne santé. Ils passèrent devant diverses portes sans battant, exposant placards, bureaux et chambres. Enfin, peu avant le sommet, Havel s’engouffra dans l’une d’entre elles, slaloma entre une quinte de hamacs vides étendus en plein milieu de la pièce, et s’arrêta dans la partie arrière où trônait un unique bureau et une belle chaise. La « chambre » bénéficiait de l’apport de la lumière naturelle, filtrant derrière un vieux rideau. Malgré la perfection du bâtiment et des meubles, l’aménagement intérieur laissait à désirer.
- Nous sommes seuls, vous pouvez parler librement, annonça le gallus.
Letico commença alors le bref récit de nos aventures, du moment où nous avions formé notre groupe après le retour de Cara à Meadowfen, à celui où il avait été « maudit » par Susan. Ainsi, il s’assurait de démontrer son intérêt et sa détermination à arrêter les Plaines Cendrées, tout en justifiant sa possession douteuse… Il parla enfin en détail de ses cauchemars, y compris du tout dernier, dont le contenu et la teneur glacèrent le sang de Paul.
Le druide ne le lâcha pas des yeux un seul instant, absorbé par son récit, le visage concentré et inquiet tour à tour.
- C’est une bien malencontreuse aventure que vous avez vécu là. Je suis heureux que vous soyez arrivé jusqu’ici en un seul morceau. Vous, et vos compagnons.
- J’ai jusque-là survécu aux cauchemars, mais je ne sais pour combien de temps. Je ne peux pas me permettre de ne pas dormir, j’ai fort à faire, expliqua Letico.
- Je comprends. Et si vous commenciez par me laisser examiner cet ouvrage ? Je ne suis pas magicien, ni occultiste, mais j’ai quelques connaissances.
Letico lui remit le grimoire avec précaution, en le prévenant de nouveau de son potentiel danger. Il renouvela fréquemment ses avertissements au cours de l’étude, non pas par défiance envers son futur confrère, mais plutôt par crainte de le voir à son tour maudit.
La conclusion du gallus fut sans appel : le grimoire n’était pas magique.
- Il n’y a rien de maléfique à propos de ce livre, du moins dans sa forme. Son contenu, en revanche, est plus que douteux… Vous êtes certain que vous désirez le conserver ? Même s’il est d’apparence inoffensive, sa possession risque peut-être de vous causer d’autres ennuis. Il serait peut-être plus judicieux de le détruire.
- Je cherche actuellement un moyen sûr de m’en débarrasser, le rassura Letico. Je voulais tout d’abord m’assurer que son écriture et sa passation familiale cessent. Ça me rassure de savoir que je peux le garder en attendant de trouver la meilleure solution.
- Oui, enfin, concernant votre malédiction… Laissez-moi vous ausculter plus en détail…
Sur autorisation de Letico, le druide ferma les yeux, se concentra et prononça quelques prières en approchant ses ailes de lui, qu’il sembla scanner de haut en bas. Paul, grâce à son acuité magique acquise au prix de nombreuses années d’étude, sentit une énergie effleurer lentement le strig, à la recherche de la source de son affliction, que lui-même n’avait pas été capable d’identifier. Peut-être ce druide plus expérimenté en serait capable.
- Ah… fit-il au bout d’un moment, rouvrant les yeux, l’air contrarié.
- Qu’est-ce que c’est, alors ? pressa Paul, qui n’en pouvait plus du suspens.
- J’ai l’impression que c’est le sort « songe », un sort de haut niveau qui peut être lancé à distance. Il correspond aux symptômes que vous m’avez décrit et j’en sens les résidus sur votre psyché…
- Oh non, murmura Paul qui le connaissait bien, bien qu’il ne soit pas encore capable de le lancer.
Songe était en effet un sort très dangereux qu’on pouvait lancer sur n’importe qui de notre connaissance, du moment qu’il était endormi, et ce pendant au maximum huit heures. Cela signifiait que, chaque nuit, Susan incantait le sort avec comme unique objectif d’épuiser Letico, de lui intimer de lui rendre son grimoire, et de finir par le faire craquer, voire de le tuer si cela continuait ainsi.
Il semblait donc que la vieille hedge, même sans son grimoire, constituait une redoutable magicienne, une ennemie que nous aurions préféré éviter de nous faire… Si elle s’était contenté de lui donner des cauchemars, Letico aurait pu s’y habituer, il aurait pu supporter la fatigue, se passer de ses sorts et soigner ses blessures uniquement avec des potions, ou bien décaler ses nuits pour faire échouer le sort, malgré tous les problèmes logistiques que cela entraînerait pour le groupe. Mais après le rêve vide qu’il avait fait la nuit précédente, sa volonté faiblissait un peu… Il lui fallait une solution d’urgence.
- Est-ce que vous auriez une idée ?
- A part le fait de lui rendre son grimoire, je n’en ai qu’une : il faut vous aider à résister à sa magie, vous en protéger. Le sort n’est pas absolu, voyez-vous : il oppose votre résistance à sa puissance. Pour vous renforcer, l’idéal serait un artefact, mais je doute qu’à l’heure actuelle vous ayez les moyens de vous en procurer un…
Letico ne manquait pas de moyens économiques de part son origine sociale et nos récentes pérégrinations, néanmoins, il imaginait bien le prix que pourrait avoir un tel objet magique. Et sans l’éventuelle récompense de quête du Conseil, il n’avait en effet pas les fonds nécessaires.
- Dans l’immédiat, non. Qu’est-ce qui serait moins idéal, tout en étant plus accessible ?
Le druide sembla de nouveau gêné par ce qu’il s’apprêtait à proposer. Cependant, la situation de Letico était trop désespérée pour se permettre de tergiverser et il admirait la détermination du strig à se débarrasser du grimoire pour le bien de tous, au prix de sa propre santé. Santé qu’il s’apprêtait à dégrader un peu plus…
- Eh bien, il y a un rituel que certains Tendres effectuent pour mieux supporter les conditions des Plaines Cendrées, notamment quand ils y dévouent leur vie. Le rituel neutralise la sensation de chaleur et augmente la résistance magique, mais il a également de terribles effets secondaires.
- C’est-à-dire ? s’enquit Paul, inquiet du fait que Letico allait se jeter tête baissée sur cette « solution ».
Le druide poursuivit avec précaution :
- Les effets du rituel sont permanents, soyez déjà conscient de cela avant de vous engager. De plus, il ne s’agit pas d’une bénédiction ou d’une malédiction, mais plutôt d’une forme de maladie, bien que d’origine divine. Une maladie qu’on a appelé sans originalité « maladie des cendres ». La perte de la sensation de chaleur en est un des symptômes, tout comme la résistance magique. La conséquence la plus négative est que votre organisme va peu à peu s’affaiblir et devenir sensible à toutes les autres formes de contagion… Vous tuant à petit feu, si vous voulez…
- Vraiment ? Mais c’est inconcevable de volontairement s’infliger ça ! s’offusqua Paul. Avez-vous effectué ce rituel vous-même ?
- Non ! Oh non, ça n’a pas été nécessaire. Je ne suis pas un agent de terrain, même si j’en rêve parfois. Ma place est pour l’instant auprès des réfugiés. Il ne me servirait à rien, en l’état, d’augmenter ma tolérance à la chaleur…
- Ça me va, annonça soudain Letico en gonflant ses plumes.
- Mais tu n’y songes pas ! s’exclama Paul, outré.
- Si. S’il le faut, pour le Bois, je ferai n’importe quoi. Je ne peux pas me permettre de ne pas dormir jusqu’à qu’on ait sauvé tout le monde.
Dans sa tête, Letico était déjà parti pour éradiquer les Plaines à lui tout seul, il était déjà certain que le Conseil allait prendre la nouvelle très au sérieux et nous envoyer en guerre contre ce qui en était la cause, peu importe ce que c’était ! Il avait ses valeurs en ligne de mire à tout instant et son bien-être n’en faisait visiblement pas partie.
- Très admirable de votre part, fit remarquer Havel, avec une pointe de peine dans la voix.
- C’est horrible… laissa échapper le magicien qui imaginait déjà ce qu’allait devoir supporter le strig.
Néanmoins, il se retint de suggérer, pour la centième fois au moins, de ramener ce fichu grimoire. Sans doute était-ce plus sage de la garder, en attendant de le détruire, car, sachant désormais de quoi était capable Susan, la vieille hedge risquait bien de le tuer si elle les revoyait !
Le druide tira nerveusement sur ses robes. L’idée d’infliger cette « maladie » à un citoyen, aussi noble d’esprit soit-il, ne lui plaisait pas du tout. Pourtant, il commença à se mettre en mouvement, décidé à pratiquer le rituel.
- Vous avez été prévenu. Si vous acceptez toutes les conséquences, alors je ne vois aucune raison de m’opposer à votre décision, conclut-il.
- Moi j’en ai ! protesta Paul. On pourrait pas essayer de trouver une autre solution ? Cet artefact, par exemple ? Hein ?!
- Je suis déjà quasiment au bout de ce que je peux supporter en termes de fatigue. Si jamais je refais ce rêve ce soir et encore demain, je ne sais pas si je pourrais y survivre, et encore moins dans quel état je serais en me réveillant… Non, on n’a pas le temps de trouver une autre solution, je dois le faire.
Paul baissa la tête, triste, mais convaincu.
Havel les regarda tour à tour, pour vérifier que tout était décidé, puis alla fouiller derrière le bureau et sur une étagère. Il en revint avec une petite coupe vide et des herbes. Le rituel, en soit, ne demandait pas beaucoup d’ingrédients. C’était l’ingrédient « secret » qui en faisait toute l’efficacité et, à sa vue, Letico ne put retenir un hoquet de dégoût : du sang. C’était probablement le moyen de propagation de la bactérie, virus ou autre champignon responsable de la maladie. La maladie étant d’origine divine, comme l’avait annoncé le druide, une petite prière était également nécessaire pour s’assurer de l’efficacité de l’infection. Très ironique, quand on sait que les druides sont généralement spécialisés dans la guérison…
Havel expliqua à Letico qu’il n’aurait qu’à avaler le liquide, constitué de sang et d’herbes facilitant son ingestion et son assimilation, quand il aurait commencé les incantations.
- N’hésitez pas à vous asseoir ou vous allonger dans un des hamac si vous ne vous sentez pas bien…
- Je n’hésiterai pas, confirma Letico, prêt à avaler l’immonde liquide rougeâtre à la forte odeur de thé.
Comment pouvait-ce être pire que le thé aux rates de lézard ?!
C’est alors qu’Havel incanta. Les mots ne restèrent pas gravés dans la mémoire du strig, alors il me sera difficile de vous les retranscrire ici. Ce qui n’est pas plus mal, si on veut que le secret de ce terrible rituel tombe en poussière, comme ce qui hantait les Plaines. Mais Letico, en revanche, se rappelle bien de ce qu’il a ressentit quand le liquide froid et visqueux lui glissa dans la gorge.
D’abord, ce fut comme si ses veines étaient en feu. Le mélange se propagea dans tout son corps très rapidement, de la tête vers les pieds, et au travers de son cœur qui distribua le nouveau sang vicié dans un cycle interminablement douloureux. Son expression exprima son inconfort et entama la contenance de Paul, sans effleurer celle du druide, qui avait pris la précaution de fermer les yeux, ne pouvant se permettre de se laisser affecter et d’arrêter en cours de route.
Puis le strig sentit un vertige et dû compter sur l’aide du magicien pour le soutenir et l’asseoir. La chaleur qui brûlait jusqu’alors commença à se dissiper, elle quitta d’abord son corps, puis son visage. Si Letico n’avait pas su que ça allait arriver, il se serait attendu à voir de la condensation se former sous son souffle. Mais ce à quoi il s’attendait, ce dont on l’avait prévenu, n’était rien en comparaison de ce qu’il ressentit : ce n’était pas simplement que la chaleur ne pouvait plus l’atteindre, c’était plutôt qu’il avait froid, extrêmement froid, en permanence.
Il ne sentait déjà plus le contact de la main de Paul sur son bras, comme si le jeune vulpin était mort. Il ne sentait plus la douce caresse du soleil sur ses cuisses, ni l’a chaude étreinte de son mal de tête, il n’en restait plus que la perçante douleur, comme s’il s’était cogné sur quelque chose.
Enfin, quand Havel acheva son incantation, il ne ressentait plus rien de l’atmosphère de la pièce, du contact de Paul, ou de son propre corps.
- Ça va ? s’inquiéta le druide.
Il fallut un certain temps à Letico pour répondre et, en réalité, il mit bien plus de temps à s’en remettre qu’il ne voulut l’admettre. Finalement, il se releva avec fierté, refusant l’aide de son ami.
- Je vais bien, affirma-t-il d’une voix claire.
- Vous me rassurez, soupira Havel, le croyant sur parole.
Cette problématique « résolue », Letico annonça avec fierté sa volonté de rejoindre les Tendres, c’était la deuxième chose dont il avait souhaité s’entretenir avec Havel de la Lune Automnale. Le druide, certain des apports que le paladin pourrait avoir dans son organisation, ne vit, encore une fois, aucune raison de s’y opposer. Il intronisa Letico, lui fit prêter le serment de toujours veiller sur le Bois, et lui posa une énigme qui, s’il y répondait « correctement » d’ici à leur prochaine rencontre, lui permettrait de passer du grade Graine au grade Plantule – des noms très appropriés, selon moi.
Letico quitta le bosquet la tête haute, sa nouvelle broche fièrement arborée sur le col de sa cape. Paul, en revanche, n’était pas aussi satisfait que lui du déroulé des évènements, et ne manquerait pas de mentalement s’auto-flageller, se répétant encore et encore qu’il aurait dû faire plus d’effort pour le convaincre de renoncer.
Letico ne le laissa pas poser plus de questions sur son état de toute la journée. À ses autres compagnons, nous, il refusa également de répondre. Il allait bien, disait-il. Ce qui comptait, c’était que, désormais, il pouvait résister aux pouvoirs de Susan et dormir en paix, ce dont il ne se priverait pas ce soir-là ! Par ailleurs, il allait pouvoir prendre le temps de décider de ce qu’il allait faire de ce satané bouquin.
Même si le paladin n’avait aucun regret, et n’en aurait probablement jamais, le fait est que cette nuit-là, dans son lit, Letico tira sans cesse sur sa couverture, espérant pouvoir obtenir une chaleur, un confort, qu’il ne retrouverait jamais.
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