Chapitre 25 : Cannelés magiques

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Le chariot rencontra un énième nid de poule sur la route traversant la forêt et me réveilla de ma micro-sieste. La tension avait beau être palpable dans les rangs hétéroclites de notre micro-armée, les Messagers Ardents étaient fatigués. Même le vaillant Letico, qui avait pourtant survécu à de nombreuses nuits de cauchemars, piquait du bec de temps à autre.

Il y avait ainsi six chariots, contenant chacun presque une dizaine de boishommes et oishommes, soldats et citoyens mélangés. À la tête des troupes, le sergent vulpin et le lieutenant raptor étaient à pied. Le vulpin sifflait un air militaire. Un autre groupe de soldats patrouillaient sur les côtés et à l’arrière.

La procession était étrange à voir. Cette décision du Conseil, de laisser les volontaires s’engager dans une action violente, était sans précédent. Cependant, les personnes qui s’étaient manifestées le lendemain de l’attaque n’étaient pas aussi nombreuses que la veille, et pas nécessairement les mêmes non plus. La nouvelle avait donc dû courir dans la capitale…

Dans notre chariot, il n’y avait qu’une personne supplémentaire à notre groupe : un petit, mais vigoureux strig. Il était un peu plus vieux que Letico, portait une armure bien entretenue et cependant couverte de cendres aux articulations et dans les coins les plus inaccessibles de ses gravures. Il se présenta sous le nom de Riffin, le « Chevalier Cendré ». Le groupe plaisanta sur la ressemblance entre son titre et le nôtre, même si en ces temps troublés, de nombreux noms contenaient les mots « cendre » ou « ardent »…

Riffin fut très réceptif à notre humour et sa bonne humeur remonta un peu le moral du groupe. La discussion nous amena à parler des circonstances de notre rencontre, qui concordaient étrangement avec celles qui l’avaient amené à être appelé ainsi.

– J’suis originaire d’Ashbarrow, expliqua-t-il avec une pointe de tristesse. J’ai été secouru des flammes de justesse par un ami, qui m’a ensuite rapporté jusqu’à Alderheart. J’ai dû arriver un peu avant vous. J’n’avais malheureusement aucune idée qu’le Conseil ne savait pas, pour l’avancée des Plaines. Si j’l’avais su, j’aurais été leur dire plus tôt !

– Ne vous inquiétez pas, de toute façon le Conseil veut d’abord s’occuper des bandits, ironisa Jéricho.

– Toutes mes condoléances, pour votre maison… fis-je avec une pointe de culpabilité, malgré mon impuissance à changer les évènements.

– Merci l’ami, me répondit-il avec un sourire.

C’était le premier habitant d’Ashbarrow que nous rencontrions et j’avais encore de la peine pour le sort qui avait été réservé à la petite ville que nous n’avions jamais pu visiter. Je questionnai Riffin sur sa ville natale et il répondit à plaisir à mes questions, se plongeant sans peine dans les détails de sa démographie, son paysage, nous contant quelques souvenirs d’enfance… Il sembla que cet échange allégea son fardeau, et il m’en vit ravi.

Son histoire touchante et sa personnalité joyeuse nous amenèrent à l’apprécier immédiatement. Notamment Letico, qui avait de nombreux points communs avec lui. Nous jurâmes, quand l’affaire serait « réglée », que nous irions boire un coup tous ensemble. Cette perspective nous mit du baume au cœur pour le reste du trajet.

Au bout de plusieurs heures, nous sentions que notre but était proche. La traînée d’or et de bijoux que les bandits avaient négligemment laissée derrière eux se faisait plus mince et leurs traces avaient commencé à être effacées. La caravane fit donc halte sur le bord d’un chemin. Cette pause visait à envoyer des éclaireurs plus profondément dans la forêt pour repérer l’emplacement du camp et pouvoir établir une stratégie d’attaque.

Le sergent vulpin en profita pour venir à notre rencontre. Scott enfonça sa capuche sur sa tête, se blottit dans un coin et ne dit plus un mot. Mais nous n’eûmes pas le temps de nous inquiéter de lui.

– Je suis Ismael, sergent de la Garde du Perchoir, s’introduisit pompeusement le vulpin avec un ricanement aigu, similaire à celui de Fray.

Il portait son armure de manière négligée, la moitié des brides mal serrées, et avait de nombreuses cicatrices sur le visage, lui donnant un air cruel. Il était cependant sergent, ce qui était pour moi un grade auquel on pouvait se fier… N’est-ce pas ?

– Alors comme ça, c’est vous, les « Chevaliers Ardents » ?

– Messagers Ardents, rectifia Jéricho d’un air nonchalant.

Il semblait déjà ne pas pouvoir sentir le vulpin, malgré sa ressemblance avec sa propre amie. Peut-être à cause de leur ressemblance… Ou parce que Jéricho n’était pas aimable avec grand monde.

– Peu importe, éluda Ismael. J’ai beaucoup entendu parler de vous, ces derniers temps. Vous taffez pour le Conseil, y paraît. Vous avez fait du beau travail cette nuit, j’espère pouvoir en attendre autant aujourd’hui. N’ayez aucune pitié pour ces bandits !

– Mais Rita a dit… commença Paul.

– On s’en fiche ! Écoutez ce que je vous dis : ces bandits ne sont que de la vermine, même pas capables de piller correctement une caravane sans se faire prendre. Ils nous ont menés directement à leur camp ! Ne vous prenez pas la tête, ils ne méritent pas votre pitié. Ils ont pillé et tué, qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?!

Sa dernière déclaration était clairement un appel à la morale. Mais Ismael n’en pensait pas un mot. Vu son sourire, il avait des raisons plus… « personnelles » de vouloir un massacre. C’était ce que je craignais, le rire qu’il avait eu cette nuit au Conseil était bien un mauvais signe. J’aurais dû écouter mon instinct. Les grades ne veulent rien dire…

– Vous avez vraiment l’intention de désobéir au Conseil ? Et le lieutenant, qu’est-ce qu’il en pense ? maugréai-je.

Ismael me rit au visage et me lança un sourire carnassier, prêt à mordre.

– C’est un paillasson, dit-il sans-gêne. Je dirige cette opération. Et je dis qu’on ne fera pas de quartier pour les faibles. Ils auront ce qu’ils méritent.

Sur ces bonnes paroles, il nous tourna le dos et retourna près du « paillasson ».

– Quel hypocrite, fit remarquer Jéricho.

– Quel malade, oui ! renchéris-je.

Scott ne sortit de son état prostré qu’au bout de plusieurs minutes. Le groupe s’inquiétait pour lui et nous lui demandâmes ce qui n’allait pas, mais le jerbeen ne souhaita pas répondre, gardant ce secret, ainsi que sa crainte, profondément enfouis dans son cœur. Il redevint peu à peu le roublard sérieux et taciturne qu’il était d’ordinaire, mettant fin à toute interrogation supplémentaire.

Une fois cette déplaisante entrevue terminée, nous pûmes réellement commencer à nous reposer et recharger nos forces pour la bataille. Letico profita du feu qui avait été discrètement allumé par un groupe de soldats avide de bivouac pour y faire cuire une drôle de pâte. La préparation sentait mauvais et les soldats réprimandèrent le strig d’avoir ruiné leur appétit, tout en risquant de nous dévoiler à l’ennemi ! Letico s’en excusa, admettant piteusement qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. Et que croyait-il faire, exactement ?

Il revint vers nous avec un couvercle de chaudron sur lequel reposait six petits tas informes et à moitié crus.

– Et c’est censé être… ? interrogea Jéricho, l’air dégoutté.

– D’après le grimoire de la sorcière, ce sont des « cannelés des ancêtres ».

– Ils n’en ont pas la forme, fit remarquer Paul.

– Je n’avais pas de moule, pardi !

– Tu as utilisé une des recettes du grimoire ? Je croyais que tu allais le détruire ! fit remarquer Clem, qui n’avait visiblement rien suivi.

– Ça sert à quoi ? surenchéris-je d’une voix mal assurée.

– Je ne suis pas sûr… Mais je sais que ça ne fait pas partie des recettes maléfiques.

– Comment peux-tu le savoir, si tu ne connais pas les effets ?

– Les recettes sont signées, et cet auteur n’a rien écrit de maléfique. J’ai vérifié. Bon, vous voulez goûter ou non ?! Ça coûte une aile, alors les laissez pas refroidir.

Chacun regarda le plat d’un œil vide avant de scruter le visage de ses camarades, à la recherche d’un peu de courage. La balance bénéfice-risque ne semblait pas pencher en notre faveur. Je me rappelai avoir vécu la même scène chez Susan, quand cette vieille folle nous avait proposé son thé et que je m’étais retrouvé en prime avec Menthalo au coin de mon œil.

Oui, j’ai donné un nom à la méduse verte. Pouvez-vous m’en vouloir ? Cette chose va rester dans l’extrémité de mon champ de vision pour le restant de mes jours, autant que j’essaye de me familiariser avec en lui donnant un petit nom mignon, pour oublier le tragi-comique de la situation…

Bref, Menthalo avait été une conséquence indésirable d’une expérience qui avait mal tourné. Qu’est-ce que je risquais de plus à manger un cannelé magique à moitié cru ? Sans doute bien pire, mais sur le moment je préférais me dire « pas grand-chose ». Ainsi, c’est bouche-bée que mes camarades me virent tendre la main et enfourner un de ces grossiers gâteaux dans mon bec. Les effets ne se firent pas prier. Contrairement au thé, il n’y eut pas d’altération physique, pas de chaleur dans ma gorge, de mal de tête, de sensation de vertige… Peut-être une légère béatitude. L’environnement devint flou, ondulant sous les effets d’une magie d’illusion incertaine. Les couleurs se décomposèrent, comme lors de la réflexion du soleil sur l’eau, formant ainsi une pluie d’arc-en-ciels autour de tout ce qui brillait, du fer des armures aux yeux de mes camarades, qui étaient indistinctement devant moi.

Puis une créature se rapprocha. D’abord masquée par les arbres, qu’elle écarta sans peine, elle traversa la distance qui nous séparer en un pas gigantesque pour venir s’accroupir devant moi et me scruter de son unique œil. Son corps était formé d’un bloc de chaire et de graisse, à priori, et ses membres étaient fins et multiples comme les branches d’un jeune arbre. On se demandait comment ils pouvaient la porter et où était le haut et le bas… Malgré ses proportions, elle se mouvait avec grâce et sans bruit. Au-delà du voile flou et des paillettes, je ne perçus pas de panique chez les gens qui m’entouraient, comme si j’étais le seul à la voir. Je l’étais probablement. A moins que le temps ne se soit carrément arrêté.

La créature émit un long et profond bruit avec une bouche invisible, ni trop menaçant, ni trop amical, en clignant lentement de l’œil.

– B- Bonjour… me résignai-je à prononcer par peur de la courroucer.

– …

– Je m’appelle Herran Lutharmo, et vous ?

– Oughhhhhhh, répondit la créature dans un son mélodieux.

Ce n’était pas un nom prononçable pour mon espèce. Ou bien, ce n’était pas un nom du tout. Mais il ne fallait pas être grossier.

– Ravi de faire votre connaissance… Je… Est-ce que vous pourriez m’aider ? tentai-je.

– Peeeeeeeeeut-êtrrrrrrrre. Pose ta dernièrrrrre questiooooooon…

Ah ! Enfin des mots compréhensibles par mon oreille ! Il fallait donc que je réfléchisse à une question importante… Une question qui me tenait à cœur. En ce moment, je n’avais que deux inquiétudes : allais-je bientôt mourir et avais-je causé la mort de ma famille. Je décidai de me concentrer là-dessus.

– Ma petite sœur est-elle en vie ?

– …

Le silence de la créature causa une attente anxieuse. Elle me regarda comme si elle cherchait la réponse en moi, puis tendit un long membre jusqu’à presque me toucher la poitrine. Cette proximité fit se répandre en moi une sorte de sensation réconfortante, ni vraiment chaude ou froide, un peu la même que lorsque je pratiquais la magie.

– J’ignooooooorre qui est ta sœeeeeuuuurrr.

La créature retira son « doigt », l’agréable sentiment se dissipa alors qu’elle rejoignait lentement la forêt. Le voile couvrant ma vision se leva et… je revins à la réalité en un battement de paupière.

Quoi… C’était tout ?

– Wow, triste, commenta Jéricho en me scrutant comme un animal de foire.

Je le repoussai brusquement, gêné par tant de proximité.

– Comment ça, « triste » ?

– Ben, ta sœur. Elle va bien, elle est en vie ?

Je lui lançai un regard contrarié, prenant conscience qu’ils avaient peut-être tout entendu de ma conversation. Son empathie pour ma situation m’étonna. Mes compagnons savaient que je venais d’Alderheart, que j’étais parti il y a deux ans, laissant mes parents et mes sœurs derrière moi. Ils ignoraient en revanche où en était ma quête de réconciliation. L’heure n’était cependant pas aux confidences et je n’avais pas spécialement envie d’être vulnérable face à ce luma opportuniste.

– Je ne sais pas, rétorquai-je concisément. Mais j’ai pu éclaircir quelques points sur les effets du cannelé. Et vous ? Qu’est-ce que vous avez vu ?

– Ça n’avait rien à voir avec le thé, avoua Paul avec une moue inquiète. Là, tes yeux étaient bizarres…

– Bizarres dans le genre « voilés par la magie », précisa Clem, que cet aspect semblait avoir intrigué. On voyait clairement que quelque chose était à l’œuvre. Drogue ou magie. Peut-être un peu des deux !

– Et à part ça, éludai-je la remarque impertinente, je n’ai pas bougé ?

– Si si. Tu étais en pleine conversation avec quelqu’un, sauf qu’il n’y avait personne et que tes yeux regardaient dans le vide, expliqua Jéricho. On n’a pas osé te toucher pour vérifier si tu allais réagir, par contre…

Finalement, s’ils n’avaient rien vu ni entendu à part moi, peut-être mes sens avaient-ils eu accès à un autre plan... Si le temps n’avait pas été figé, comme j’avais pu l’imaginer, il allait falloir que je fasse attention à ce que j’allais dire la fois suivante.

Pour apaiser leur curiosité, je leur décrivis la créature et notre interaction. À la lumière de ces révélations, ils parvinrent à faire sens de ce qu’ils m’avaient entendu dire, mais admirent qu’il faudrait réitérer l’expérience pour être certains des effets. Je me proposai de m’y coller une nouvelle fois, espérant obtenir les réponses à mes questions, cette fois. Personne ne s’y opposa.

Je m’empressai d’enfourner le cannelé dans mon bec, pour éviter le désagréable goût, et fus très vite emporté par une nouvelle vision. Cette fois, l’environnement se teinta d’un bleu aquatique zébré de bulles et d’oscillations semblables à des vagues. Les sons me parurent plus étouffés et la pression sur mon corps plus grande. Une humidité étrange couvrit mon plumage. C’était comme si j’étais réellement sous l’eau. Ma dernière expérience aquatique avait été empreinte de panique et d’une terrible sensation de noyade. Le souvenir fut ravivé dans mon esprit, mais je m’efforçai de me convaincre que la mer factice ne pouvait pas interagir avec mon corps physique jusqu’à ce point, que j’étais en sécurité sur la terre ferme, que mes sens me jouaient des tours.

Enfin, une immense créature quasiment transparente, dotée de nageoires et fendue d’une grande bouche à fanons se laissa porter par les courants jusqu’à moi. Sa majesté sapa toute sensation de peur.

– Que désires-tu savoir, mortel ? introduisit la créature dans une voix grave, provoquant des remous dans l’eau.

Je lui fus reconnaissant d’entrer directement dans le vif du sujet, sans passer par les banals « qui êtes-vous » et « comment ça va ? » qui m’avaient fait perdre un temps précieux la fois précédente. Pour ne pas répéter les mêmes erreurs, je commençai par lui faire une description physique de ma sœur, lui donnai son nom, notre lien de parenté, puis lui demandai si elle allait bien. La créature fut attentive du début à la fin, sembla réfléchir un instant, puis expira, dans un torrent de bulles :

– Elle n’est pas dans mon domaine.

– Comment ça- Non, non ! Oubliez ça, me rectifiai-je pour éviter de perdre bêtement une de mes trois questions.

Ces petits cannelés étaient coûteux, je ne voulais pas les gaspiller.

Je m’agitai, contrarié par sa réponse et ne sachant pas comment obtenir celle que je désirais. Par dépit, je me concentrai sur un sujet qui n’avait rien à voir, mais qui pourrait peut-être « entrer dans son domaine » :

– Est-ce que vous voyez la méduse verte qui me tourne autour ?

La créature me regarda d’un air circonspect – de ce que je pouvais en juger sur sa drôle de face.

– Il n’y a rien, répondit-elle néanmoins, sans hésitation.

– Mais vous servez à quoi, alors ?! m’énervai-je en élevant la voix, toujours convaincu que Menthalo était réelle et que le monde entier me mentait.

La créature laissa échapper une longue note aigu, et je crus un instant l’avoir offensée. Je me préparai fébrilement à devoir me défendre.

– Continuez à chercher, me conseilla-t-elle avant de disparaître comme elle était arrivée, dans le calme le plus irritant.

Secoué par le lent retour de mes sens et légèrement essoufflé, je sortis peu à peu de la vision. J’échangeai très peu sur cette seconde expérience avec mes camarades, mon monologue se suffisant largement à lui-même.

Pour conclure nos tests, comme il nous restait un peu de temps avant l’assaut, Letico se prêta au jeu. Ce qui était sans doute la moindre des choses puisqu’il s’agissait de sa maudite recette. Le strig ne fut pas très heureux de cette rencontre surnaturelle qu’il jugea comme maléfique. La faute à l’apparence de son apparition personnelle, qui n’avait rien d’aussi charmant que les deux miennes. Il la décrivit comme un amas grotesque d’yeux et de viscères puants, ajoutant l’odorat à la liste des sens impliqués. À moins que son jugement ne soit dû aux terribles révélations qui furent faites sur l’état marital de sa petite sœur, apparemment fiancée à un strig !

De l’extérieur, il avait eu l’air d’un parfait idiot. Ou d’un drogué, si on s’en fiait à l’appréciation de Clem. J’espérai que la plupart des soldats eurent été occupés à leur propre dégustation et n’aient pas vu ce spectacle grotesque. La réputation des Messagers Ardents pourrait en pâtir. Toutefois, je n’osai pas me retourner pour vérifier par moi-même.

Je me rassurai en me disant qu’il s’agissait d’une expérience magique, et non de consommation de drogue entre amis… Bien que la frontière entre les deux soit très fine.

Ces expériences nous permirent toutefois de préciser le phénomène à l’œuvre, dans ses grandes lignes : une créature magique, esprit, ou que sais-je, entrait en communication avec nous et offrait trois questions. En revanche, rien ne garantissait les réponses ou leur intelligibilité. Pour conjurer le sort, je me munis avec avidité de deux des trois cannelés restants, déterminé à refaire une tentative le plus tôt possible, en espérant tomber sur un esprit dont « c’était le domaine ».

C’est sur cette compréhension partielle que se conclut notre séance, ainsi que la pause du convoi. Les éclaireurs étaient rentrés avec de nouvelles informations et le groupe fut réuni autour du sergent Ismael et de son supérieur pour établir un semblant de stratégie, que tous seraient sans doute trop fébriles pour suivre.

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