I

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Le bonheur n'est qu'une brise éphémère, un souffle fragile que l'on cherche à saisir sans jamais vraiment y parvenir. Comme le parfum délicat d'une fleur que l'on s'efforce de retenir entre les pages d'un livre, il finit toujours par s'enfuir. Et, pendant ce temps, les mauvaises nouvelles s'accumulent dans les recoins de notre existence, prêtes à émerger à la moindre occasion, accompagnées par le son strident d'un téléphone ou le claquement sec de la boîte aux lettres.

C'est ainsi que Pierre, installé confortablement dans un canapé, une tasse de chocolat fumant à la main, réfléchissait à la fragilité de la vie. Il avait toujours été d'un naturel optimiste, trouvant du réconfort dans les petites choses, mais ce matin-là, une ombre planait sur ses pensées. Il ressentait encore l'impact du camion, survenu alors qu'il s’apprêtait à traverser, et le tourment lancinant provoqué lorsque ses os avaient perforé son corps. Contre toute attente, il était ici, dans une salle à l'atmosphère inconnue, habité par la stupeur et la peur. Malgré la chaleur apaisante du chocolat qui se diffusait dans son corps, Pierre ne pouvait échapper à une froideur intérieure, comme si quelque chose s’était irrémédiablement brisé en lui. Il scrutait les murs de cette pièce inconnue, cherchant des indices sur l’endroit où il se trouvait, mais tout restait flou et indistinct, comme à travers un voile. "Maman, où es-tu ?" songea-t-il.

Des murmures lointains flottaient à la périphérie de sa conscience, des voix ténues qui semblaient discuter sans jamais s’adresser à lui. Il traçait machinalement des cercles invisibles sur la surface de la table en bois, essayant de décrypter la réalité à travers un brouillard épais. Les souvenirs se répétaient en boucle dans son esprit ; l'éblouissement des phares, le crissement des pneus, l'impact sourd. Ces images ne le quittaient pas. Il se demandait, avec nostalgie, s'ils se retrouveraient un jour, sa mère et lui. Le temps se déployait autour de lui d'une manière étrange, similaire à un rêve duquel les contours se brouillent, mais où chaque émotion est intense. Doucement, une figure émergea des ténèbres, captant son attention.

C'était une infirmière — il l'identifia maintenant grâce à sa blouse blanche et au badge étincelant sous la lumière douce « Monsieur Pierre, comment vous sentez-vous cet après-midi ? » Sa voix, un mélange d’assurance et de douceur, peinait pourtant à calmer l’agitation de l’esprit du jeune homme. Il prit un moment avant de répondre, tentant de mettre de l'ordre dans le chaos de ses pensées. « Je suis… présent, mais tout est encore si vague », souffla-t-il, sa voix se perdant presque dans le silence ambiant. Ce qu'il ressentait était étrangement brouillé entre soulagement et confusion, la tangibilité de sa survie ne correspondant pas à l'annonce de son état. L’infirmière acquiesça légèrement tout en griffonnant rapidement sur son calepin, puis releva la tête pour lui assurer : « Vous êtes en sécurité ici. »

Son sourire se voulait rassurant, mais il décela une inquiétude dissimulée dans son regard ; elle cachait quelque chose, il en était certain. Tandis que l’infirmière s’éloignait, Pierre, seul avec ses pensées, avala une gorgée de son chocolat refroidissant et se laissa guider par l’arrière-goût doux-amer, éveillant en lui la résolution d’embrasser chaque moment et de redécouvrir la vie qui défilait inexorablement.

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