III

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Les pas de Pierre résonnaient doucement sur le sol carrelé du couloir faiblement éclairé de l'hôpital. Chaque pas le plongeait un peu plus dans une étrange familiarité. Le murmure des voix lointaines, le bourdonnement régulier des machines et l'odeur aseptisée conféraient à cet endroit une dimension presque irréelle. Impulsé par une nécessité inexplicable, il avait quitté sa chambre pour découvrir les secrets dissimulés sous l'apparente quiétude de l'hôpital. Ses pas furtifs longeaient les murs, ses yeux scrutaient prudemment les alentours. Au détour d'un couloir, il atteignit une porte laissée entrouverte, d'où lui parvenaient les échos d'une conversation animée. Pierre s'immobilisa, tendant l'oreille. Les voix, l'une préoccupée, l'autre plus résolue, renforçaient son pressentiment qu’un mystère sommeillait ici. « ... Croyez-vous qu'il soit prêt à tout entendre ? », demandait l'une avec hésitation. « C'est inéluctable », répondit l'autre avec fermeté. « Il vaut mieux qu'il apprenne cela de notre bouche plutôt que d'une autre. La vérité, même difficile, est souvent le remède le plus sage. » Un frisson parcourut l'échine de Pierre alors que son cœur s'accélérait. Parlait-on de lui ? Discrètement, il se glissa plus près, cherchant à apercevoir les figures à travers la porte entrebâillée. Deux médecins, une femme et un homme, au regard sérieux, discutaient. « Il faut s'assurer qu'il est psychologiquement prêt. Le choc pourrait être... dévastateur sans un bon accompagnement », ajouta l'homme, visiblement soucieux. Profitant d'une pause dans la conversation, Pierre rassembla son courage et frappa doucement à la porte, la poussant lentement. Les médecins, surpris de le voir, ne laissèrent pourtant transparaître aucune gêne. « Vous ne devriez pas être ici, Pierre », dit calmement la femme, sans perdre sa bienveillance. « Mais puisque vous y êtes, parlons. » Un frisson parcourut Pierre, écartelé entre l'angoisse et une curiosité brûlante. Il s'avança prudemment dans la pièce, gardant le contact visuel. « Dites-moi ce que je dois savoir », déclara-t-il avec une détermination renouvelée. Les médecins échangèrent un regard, un accord silencieux passant entre eux. « Très bien », acquiesça l'homme, inclinant légèrement la tête. « Il est temps de vous révéler ce que nous savons de votre accident. » Pierre s'assit, le dos bien droit, prêt à affronter une vérité qu'il pressentait bouleversante. La femme s'approcha, son visage empreint de gravité et de réconfort. « Je suis désolée de vous dire que cet accident vous a coûté la vie. » Chaque mot s'imprimait profondément dans l'esprit de Pierre. « Et pourtant, pour une raison qui nous échappe encore », reprit l'homme sans détourner le regard, « vous êtes ici, dans le royaume des lunes mortes. » L’air se figea dans la gorge de Pierre, la tension s'amplifiant avec chaque mot, jusqu'à ce qu’il éclate d’un rire nerveux, les larmes coulant sur ses joues.

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