III.

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Le valeureux et vaillant chevalier, désormais désarmé, poursuivit son chemin. Alors qu'il marchait sur un sentier étroit et encombré de branches, il sentit quelque chose peser sur son épaule. C'était un lutin.

« Allons bon, encore une diablerie ! » pensa-t-il avant de s'adresser agacé à la petite créature :

— Veux-tu déguerpir de là !

— D'accord.

Le lutin se percha sur le crâne de Pothon, les mains accrochées à la protection nasale de son casque, les jambes pendant devant ses yeux.

— Pas là non plus, et Pothon balaya une main exaspérée au-dessus de sa tête.

Le lutin cabriola à terre.

— J'aime beaucoup votre casque. Que diriez-vous de me le donner ?

« Dommage que je n'aie plus d'armes, pensa Pothon, sinon j'aurais transformé cet impudent en brochette. »

Mais, mû par une courtoisie toute chevaleresque, il se contenta de décliner l'offre.

— Et si je vous l'échangeais contre des prunes, et le lutin en fit danser trois dans le creux de sa main.

— Non.

— J'insiste.

— Non !

— Vous avez tort, les prunes peuvent toujours servir par ici.

— Et mon poing dans ta gueule, il pourrait servir ?

— Bon, si vous le prenez ainsi...

Le lutin jeta les trois prunes au visage de Pothon et bondit sur sa spalière droite qui est, comme chacun le sait, située au niveau de l'épaule droite. Là, il siffla. Une nuée de lutins s'abattit sur le chevalier. Il fut enseveli, tiraillé, malaxé, brutalisé et il sentit, impuissant, son casque, sa cuirasse, ses spalières, ses tassettes, jusqu'à son gorgerin, lui être ôtés, comme arrachés.

Un autre sifflement et la nuée lutine disparut. Pothon d'Axance n'avait plus son armure, ni rien qui ressemblât à du métal, même sa boucle de ceinture avait disparu, et il reprit sa recherche en retenant son pantalon qui sinon aurait glissé et dévoilé son joli pagne en soie que princesse Astrid lui avait offert pour l'avoir délivrée du Krak'cptanakjtz qui était un monstre très féroce et très coriace dont nul ne devait dire le nom sous peine d'une terrible malédiction, ce qui était bien pratique puisque son nom était imprononçable, aussi avait-on coutume de désigner ce monstre énorme plein de dents, de cornes et de bave sous le vocable de Machin. On disait : « gare, Machin rôde » ; « barrez-vous, Machin arrive ! » ; « mange ta soupe où j'appelle Machin et il te dévorera tout cru »... Mais nous nous égarons, tout comme Pothon d'ailleurs qui désormais errait sans but dans la forêt.

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