4) Passe-muraille
La fête bat son plein, alternant entre danses lancinantes et bols de l'étrange soupe que nous ont préparé les autres. Je commence à fatiguer à force de m'agiter au milieu de ces êtres chimériques. Une pause s'impose.
Je m'assois à même le sol et accepte un nouveau bol de soupe. Je le porte à mes lèvres et souffle dessus avant d'en prendre une gorgée. Je n'arrive toujours pas à reconnaître la saveur de ce qui la compose. C'est à la fois sucré, salé et épicé et ça me laisse un arrière goût indéfinissable mais pas désagréable.
Une coupe passe de main en main. J'accepte avec gratitude de tremper les lèvres dans le liquide frais. Sensation de brûlure qui me fait tousser. J'en ai les yeux qui pleurent. Soudainement, les couleurs atténuées par la nuit commencent à ressortir et mes amis paraissent moins humains que jamais.
– Elle est prête.
– Elle est prête.
– Elle est prête.
Le message se répète de bouche en bouche, en chuchotements qui prennent de l'ampleur. Ils m'entourent, ils m'entraînent, ils m'embarquent dans une course folle qui farandole à travers le jardin jusqu'au mur d'enceinte.
– C'est là.
– C'est là.
– C'est là.
Tous s'immobilisent. Je regarde le mur. Il est composé de pierres taillées aux nuances se révélant faiblement à la lueur de la pleine lune. Je regarde le mur et je ne comprends pas. Il semble bouger. Deux yeux apparaissent puis une silhouette s'en détache progressivement jusqu'à paraître dans la lumière d'argent.
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