5) Trouble dans le genre
Le passe-murailles est face à moi. Je le vois parfaitement à présent. Il me regarde de ses yeux bleus presque lumineux et je réalise avec stupeur que je vois le mur au travers de son corps. Il tend la main et j’en fais autant. Son contact est froid mais je ne rencontre que le vide. Il sourit et murmure :
– N’aies pas peur.
– Peur de quoi ?
– De ça.
Il me contourne et je sens sa froideur me pénétrer. Tout son corps se fonde dans le mien et nous ne faisons plus qu’un. Il se met en mouvement à l’intérieur de moi et mon corps m’échappe. J’entends ses pensées dans ma tête et me retrouve comme derrière lui. A moins que je ne sois lui ? Nos pensées se répondent. Je voudrais parler mais ni mes lèvres, ni mes cordes vocales ne se mettent en mouvement.
Par contre mon corps se met en marche indépendamment de ma volonté. C’est lui qui est aux commandes. Il nous fait cueillir une fleur de jacinthe et la humer. Son émotion m’étreint. Mes proches s’adressent à nous, à lui en fait. Ils le congratulent, l’enlacent, l’embrassent. Tous sont heureux de le retrouver et j’ai peur pendant un moment de disparaître définitivement. J’entends ma voix dire :
– C’est étrange d’être dans le corps d’une femme, merci pour l’expérience, c’était inespéré. Malheureusement, la lune décroît et je dois repartir. A l’année prochaine, mes amis. Et merci à toi de m’avoir prêté ton corps, ajoute-t-il en posant ma main sur mon cœur.
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