"J'aime ma fille plus que tout au monde"

Une simple phrase jetée par un acteur à la télévision

Dans une série qui passe sans vraiment attirer mon attention

Et notre non-relation me saute à nouveau en plein visage

Tout est de retour, les doutes, les peines, ton absence dans mon paysage

As-tu vraiment pu tirer un trait sur ce lien

Censé être fort, indélébile, faire du bien ?

Peut-on pardonner les erreurs quand on a la sensation de s'être épuisée

A maintenir cette relation que tu n'as fait que malmener ?

Est-ce que tu m'aimes malgré tout après toutes ces années ?

Parce que l'adolescente en moi, depuis des années, ne peut qu'en douter

Est-ce que tu regrettes les mots que nous nous sommes échangés ?

As-tu compris à quel point tes choix sont difficiles à pardonner ?

Dans un monde idéal, c'est moi que tu aurais choisie

Ou au moins, après coup, tu aurais fait en sorte que j'oublie

Que mon propre père a préféré s'éloigner sans même lutter

Plutôt que de revenir à la charge pour réparer ce lien brisé

Regretterai-je un jour d'avoir préféré me protéger en lâchant l'affaire ?

Pardonne-moi, Papa, mais j'en avais marre de partir, seule, en guerre

D'encaisser sans sourciller, de toujours faire avec, de modérer

Alors que mon cœur saignait d'être encore et toujours martyrisé

Est-ce que tu penses à moi ?

Est-ce que le regret fait partie de toi ?

T'arrive-t-il de te poser des questions

Sur ce qu'aurait pu être notre relation ?

Je vais bien, tu sais, je crois que j'ai fini par l'accepter

Vivre sans toi me convient, je me sens plus apaisée

Pourtant il m'arrive de m'interroger sur ce que j'ai mal fait

Ce qui ne va pas chez moi pour que tu aies préféré abandonner

Je me rends compte que parfois encore, je souffre de ton indifférence

Mes héroïnes n'ont souvent pas de père, ou la relation est baignée de souffrance

Ou à l'opposé je transcris celui dont j'ai rêvé, ado, la représentation d'un idéal

Un père, pas un géniteur, faut croire que même loin de toi, j'aime me faire du mal