Labyrinthe
— Je veux sortir !
— D’où tu comptes partir ? De ta chambre ou d’ici ?
La voix est différente mais si reconnaissable. Je ne suis plus dans ma chambre, sans doute dans mon esprit et il l’a raison. Mon crâne me fait mal :
— Je pensais que tu ne venez plus dans ma tête !!
— Ho, c’est vrai.
— Alors pourquoi ?! Quel putain de test tu comptes me torturer ?!
— Tu sais depuis combien de jours tu es avec moi ?
— Non…un jour de plus ou quatre, personne ne me répond ! Je suis morte, c’est tout.
— Décris-moi ce que tu vois.
Mon corps devine de l’herbe brulée par le soleil. Debout, Zok dans toute sa puissance. Il n’a plus son bâton, ce qui me rassure. Je déteste être aveuglée. Enfin à sa hauteur, je devine :
— Un labyrinthe ?
— Oui. Je vais te guider, de poser certaines questions et j’aviserais si tu es apte à vouloir sereinement sortir.
— Tu me fais chier ! Tu m’épuise à me faire attendre alors que je suis prête pour les voir disparaitre !
— Les tueurs ne sont pas des gens impatients.
— Je m’en fiche !
— Pas moi !
— Combien de gens as-tu froidement exécutés ?
— Assez pour rivaliser avec les autres organisations.
— Je ne suis pas comme toi et je ne le serais jamais !!
— Certes, tu n’as pas l’âme d’une manageuse et tu te contentera de pauvres types qui ont oser toucher à ton intimité.
— Ce sont des violeurs !
— Ils dominent c’est tout.
— Les femmes ont le droit à être respecter ! Quand c’est non, c’est non !
— On n’a pas la même conception, cependant, ce n’est pas le problème. Bien, bonne chance !
Il me caresse ma joue et disparait. Soudain, des souvenirs remontent et ceux plus récents. Sa peau, son odeur me filent la nausée et j’ai le sentiment, qu’il a abusé de moi…Non ! Non ! Mais quand-même, je crois me rappeler également que ces soit-disant antidépresseur, m’endorment plus qu’autre chose tout comme d’autres médicaments pour mon dernier cœur….
— Le jeu commence. Le chemin démarre à droite. Encore une fois, bonne chance !
Je vais lui montrer que je suis capable de réussir. Le temps semble calme pourtant, le connaissant, je dois rester sur mes gardes. Je m’avance malade, parfois je vomis mais me reprend pour me perdre, revenir sur mes pas, repartir en panique et être bloquer par un géant. Il ne bouge pas avec sa masse et je recule lentement sans détourner mes yeux de cette chose.
— Stop !
Le Maître du jeu me rappel les règles, j’attends ses questions, angoissés d’être assommée et de perdre :
— Bon, bon, première épreuve. Que représente pour toi ce géant ?
— En quoi cela va m’aider ?
— Répond !
— Ok…il me fait peur. Une grande montagne.
— Hum, la montagne, tu en a déjà gravit ?
— Sauf pour voir la grotte…si vous entendez par là, le symbole d’obstacles…oui.
— Quels obstacles ?
— Eva, mamie, la mort, l’école et moi.
— Toi ? Pourquoi toi ?
— ….
— Pourquoi toi ?!
— Je suis une énigme à moi tout seule.
— Hum, continue.
— Continue quoi ?
— Le chemin.
Je quitte perplexe le lieu pour prendre plus le temps d’analyser l’environnement. Je commence sans doute à comprendre ce qu’il attend de mon comportement. Je n’ai jamais vraiment changé sauf depuis la greffe…S’il tient à ce que je sois une meurtrière froide et méthodique, tant mieux.
Le chemin est encore long, pour tenir le coup, Elias m’accompagne. Comme mes proches mais c’est mon fils qui m’a sauvé, je dois lui montrer que je n’abandonne jamais. Enfin, un deuxième test.
— Deuxième épreuve. Décris-moi ce que tu vois.
— Une femme, elle est comme moi.
— Elle te fait peur ?
— Oui.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Elle pointe une flingue sur moi !
— Tue-là !
— Mais elle est une statue comme le géant !
— Tu es donc faible, moi qui pensait que tu étais une courageuse….
— Non ! C’est que…
— C’est que quoi ?
— Je ne peux me tuer !
— Tu l’as pourtant déjà fait.
— C’était involontaire !
— Faux ! Tu as choisi de montrer que tu avais le contrôle.
— ….
— C’est pareil ici. Tu veux sortir ?
— Oui !
— Te venger ?
— Oui !
— Retrouver ton entière identité ? Toutes tes pensées ? Ne plus m’avoir dans ton esprit ?
— Oui !
— Termine proprement le travail et ensuite, enfin, l’heure sera au maniement des flingues.
A peine qu’il termine, que mon sosie tire. Elle me rappelle moi pour une pièce de théâtre, tenant l’arme à deux mains. J’arrive à esquiver, mais elle continue de tirer.
— Tu me fais pitié, c’est donc ça ta défense ? Sérieusement ?
Il rit et je cherche une cache pour mieux attaquer. Hors, il n’y a rien.
— Stop !
— Tient, tu as réussi à te faire paralyser, intéressant. Tu comptes faire quoi ensuite hein ?
— Tu vas voir !
Je m’avance dignement vers moi-même pour prendre l’arme. Sauf que je n’y arrive pas.
— Je m’amuse tellement, si tu savais !
— J’ai le contrôle ! J’ai donné un ordre !
— Tu crois ?
— Oui !
— Tu cherches juste à te battre contre un mur, une facilité, une fuite en avant.
— Non !
— Plus tu t’agites, plus tu t’épuises, plus tu es incapable.
— Fout moi la paix !!
— Ok.
La statue reprend vite et me met en joug à genoux. Le canon sur la tempe, elle semble attendre quelque chose. Je tente de lui dire non, rien n’y fait.
— Je tire ?
— Non !
— Tu tires ?
— Non !
— Un vrai casse-tête. Je vais finalement t’éliminer d’une balle dans la tête, ton corps brûlé pour toujours. Tu es si faible, tu me déçois.
— Non ! Attend laisse-moi une chance !
— Tu me tutoie maintenant ? C’est que j’ai de l’importance pour toi. Une fois, le cinq dépasser, je tire.
Je sens la vrai sur ma tempe transpirante. A chaque compte prononcé avec sadisme et lenteur, je me force à me relever. C’est finalement avant la fin du dernier, que je me redonne vie. Sentant la balle fusée, je me décale, fou un coup d’épaule dans le ventre, me retourne, récupère le flingue et tire toute les balles possible.
— Tu es passé longtemps près de la porte de la mort. Beaucoup t’on sauvé. Deux fois, tu as voulu vraiment partir. Cette deuxième chance, tu renais enfin. Bienvenu dans la dernière phase de ta liberté !
L’eau glacé me fait sursauter, il me donne une serviette pour que je m’essuie.
— Tu as passé avec brio ses huit dernières années. La porte de ta chambre ne sera plus fermer, que tes médocs pour le cœur.
— Huit ans ont passés ?!
— Je ne regrette aucunement toute ses étapes. Ton mental était extrêmement dure à percer. Tu t’es enfin tuée avec brio.
— La lame ne compte pas ?!
— Tu voulais ma place, là c’est l’image de toi que tu as détruit.
— Ok….
— Suis-moi !
Il m’aide à me relever et je découvre un long couloir gris, bétonner avec d’autres portes. Il ouvre l’une d’entre elle servant visiblement de salle de tir.
— Prête ?
— Oui.
— Merci de ta confiance, je tiens toujours parole.
Il me donne un casque avant de le mettre aussi. Puis charge un premier flingue pour le tendre.
— Ne me déçois plus. Tu comptes vraiment pour notre famille, notre honneur, le partage de notre don.
— Je te le promet.
Je me prépare à viser et soudain, je vois mon fils, bousculé par un camarade. Je ne comprends pas comment je peux le revoir tant d’années plus tard…mais comme j’ai échoué pour Roberto, je tente un appel : « Venge-toi Elias et surtout, aide-moi à rentrer ».
Il m’a entendu, j’en suis sûr, car il tape l’élève. Je suis si mauvaise mère ! Pourquoi j’ai parlé de vengeance alors que ce gosse n’a rien fait ?! J’ai confondu ma propre détresse ! Et si Elias est capable de percer mes pensées ? Que lui dire ?! Je ne sais rien d’où je suis…Il m’a sauvé, ma redonner une seconde vie, je continuerais de ne pas le décevoir. Libre de mes mouvements, à moi de récolter des détails sur l’adresse…Voir, les tuer tous pour fuir…
— Raté ! Ce n’est pas grave, tu peux faire mieux !
— Oui ! Je me reconcentre.
Je retrouve ma peau de caméléon, j’imite son sourire et je tire au centre. Puis, j’apprends avec d’autres calibres.
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