Témoigner une dernière fois
— Tu veux que je leur dise quoi ?
Comme une petite fille stressée, je chuchote à ma fille tandis que son frère discute avec Roberto dans la foule. Des journalistes, des caméras et certains fans avec des pancartes. Dans une salle de gymnase, Esperanza m’a convaincu d’être interrogé suite à son à son coup d’éclat.
Deux semaines ont coulés, elle est revenu habillée en princesse et satisfaite de savoir que des jeunes sont intéressés par cette libre religion. Je reste toujours septique.
— Ce dont tu as envie.
— Pourquoi j’ai accepté ça…
— Car tu voulais voir ce que tu as laissé comme empreinte. Je sens que tu as des choses à nous révéler. Tu es forte maman.
— Bien, on peut commencer ?
Un premier journaliste attend notre approbation. Tous se préparent mieux, surtout, ma petite-fille sur les épaules de son père curieuse, le sourire confiant de mon homme, le clin d’œil de ma sœur et le pouce levé de mon amie, me revigore. Je cherche ma belle-fille avant de me rappeler, qu’elle travaille en tant qu’infirmière aux urgences.
— Oui, on va démarrer.
— Madame, avant de parler de cette drôle de religion qui ressemble plus à une forme thérapeutique douce, pourriez vous en premier lieu, vous décrire pour ceux qui ne vous connaisse pas ? continue le premier.
— Je m’appelle Marta Ramos de mon ancien nom, marié à un ex chanteur du groupe Upa Dance, Roberto Arenalez. Je salue au passage les deux autres membres César et Tania, qui nous écoutent sans doute depuis l’étranger, voilà bien deux ans qu’on ne s’est pas revu. Bref, pour tout vous dire, je dois avoir presque quarante balais. Ou cinquante. Mon âge n’importe pas autant que mes proches. Mes traumatismes ont impactés mes capacités de mémoire en plus de ma maladie.
— Vous êtes malade ? demande un autre
— Ma petite enfance fût baigné dans une recette de danse exigeante, de croyance médium par ma grand-mère et de bonnes santé. Mon adolescence avait eu le loisir sauvage de me faire perdre la tête le jour où pendant un urbex illégal chez mon amie Eva, cette dernière chuta d’une poutre. J’ai connu la culpabilité, la détresse, la rage, les drogues, la dépression et la sous nutrition pendant quelques temps. Ma santé flanchait et j’avais décidé d’en finir.
— Qu’est-ce qui vous retenu finalement ?
— Elle.
Je laisse un peu de temps avant de reprendre les yeux humides. Ma fille me sert la main :
— Ma grand-mère et moi avons un don assez rare chez les femmes. Depuis des lustres, une petite religion simple, donne un lien avec les morts. Je ne vais pas refaire toute l’histoire, je pense que ma fille le fera mieux que moi surtout qu’il y a eu des mensonges. En tout, j’ai toujours vu ces êtres sans jamais en avoir peur et j’ai toujours su communiquer avec ma guide âgée. Même en vie, même mort. Quand j’ai dis qu’elle m’a sauvé, c’est inconsciemment. En fait, pendant des années, je refusais d’être comme elle.
— Pourquoi ?
— Je considérais que c’était une forme de maladie mentale…Pendant ma reconstruction, j’ai formé un groupe de musique en amateur qui deviendra ce que certains ont connu et vu dans les journaux.
— Avez-vous déjà connu Ambrosio Gonzalez et les trois frères qui ont été vos bourreaux durant ces huit années de captivité ?
Un autre type me déstabilise, Roberto veut lui casser la gueule rien qu’avec son regard mais Elias lui sert le bras.
— Non, enfin pas vraiment.
— Vous n’avez pas tout dévoiler de votre témoignage. Il était pourtant de votre famille.
— Maman, sois forte. Je suis là, tu sauras bien répondre.
Son murmure et sa main encore plus ferme, me met les arguments en place.
— Un rare mâle doué en chirurgie qui a voulu jouer aux apprentis possesseur d’esprit en usant de notre don. J’ai des souvenirs de l’avoir connu par ma grand-mère, seulement, comme vous vous en doutiez, il savait manipuler. Pourquoi ? Il m’a tellement épuisée après ma greffe cardiaque en continuant à prendre ma vieille pour me faire gober ses vomissures. Le vrai Dieu, gardien des morts, n’a jamais été un instable. En fait, prenez toutes les expériences morbides des premiers centres psychiatriques mêlés aux pires atrocités des camps du monde et vous aurez un aperçu, bien sûr, fortement exagéré, d’un maitre de jeu. Il voulait revivre une deuxième secte, où seuls nos fils seraient des dirigeants capables aussi de tuer des grands noms. Principalement des criminels. Et puis, il venait aussi me faire croire à des mondes imaginaires, à voir mes proches dès ma supposé mort…Jamais je devais sortir. Pas même quand il a jouait avec ces trois frères qui ont été sur mon parcours de vie quand j’avais besoin de me nourrir de l’herbe fraiche sous la lune, mineur. Deux m’ont violés et ils ont sans doute recommencés sous les ordres de ce fou. Ce dernier aussi, je pense. Alors, quand vous voulez savoir tout ce que j’ai caché. Voilà.
Je me mets en sous-vêtements pour dévoiler mes cicatrices. Je joue avec quelques secondes avant de continuer :
— Ce bras a subis mes colère mais je suis en vie. Mon premier cœur puis mon second, la première balle mais aussi la seconde dans la jambe. Ce que je retiens de l’homme c’est qu’il est complexe. Il avait le pouvoir de sauver des vies et d’avoir la gloire. Il l’a choisit par sa volonté de détruire et haïr les femmes qui avaient la capacité simple d’honorer les êtres. Il s’est perdu, il est revenu m’embrouiller, s’ennuyant dans sa cage pour me délivrer finalement, la clé de sa mort. Notre famille est comme toute les autres, comme l’humanité. Les bons choix prisent au départ et délaissés par des mauvais dans un cercle vicieux, nous conduit à des comportements inquiétants. Par peur d’admettre qu’on a tort et de se remettre en question, tête baissé, on se condamne.
— Et vous, avez-vous des regrets ?
— Oui. Surtout celle d’avoir mise de côté mon don au profit d’une vie normal. Dans l’ombre, elle était obligé de tout dire de ma vie à ce fou. Il a tout su et si j’avais pu apprendre à accepter, elle m’aurait sans doute fait confiance pour se dévoiler. Elle disait souvent que Zok était mauvais, qu’enfant, il l’a possédé. Elle cachait la vérité, elle a aussi admis ses torts. Et puis, je regrette de m’être suicidé quand mon fils avait deux ans. Il n’était plus là et pourtant, sûr que j’allais être la relève tant attendu par nos anciens, en la représentante de ce Zok, j’avais tenté de prouvé que j’étais capable de me contrôler…De là, une alarme et la mise en place de son plan pour m’avoir. Il était vraiment doué et je ne regrette aussi….
— Aussi quoi Madame ?
— Je retire son nom des recherches. Mettez qui vous voulez, je retire ses honneurs, ses médailles. Je ne peux plus supporter de savoir qu’il a plus de mérite avec son prototype, qu’avec ces horreurs. Désormais, je vais reconstituer mon lieu de captivité pour…
— Maman ! Mais quoi ?!
— Chut ma fille, écoute moi. Comme pour les camps, ça sera un musée, le prix sera libre pour payer les nouveaux cœurs. Ce n’est pas un moyen de le glorifier. Mais de mettre à l’honneur quelqu’un qui a luttait pour revenir au présent. Cherchant par tout les moyens de pas prendre ces pilules, m’arrachant des coups. Chaque jour depuis mon réveil lors de ma sortie, tout revient plus limpide. Je sens la mort ma chérie, c’est vrai.
— Maman….
— Je ne sais combien de temps je vais tenir et je refuse d’améliorer mon super pouvoir. J’ai encore des choses à faire. Trois cœurs, c’est déjà énorme en moins de quinze ans…à d’autres d’en avoir déjà un pour vivre vieux. Ma grande à d’autres cartes en mains et sa vision des choses est magnifique. De mon côté, je vais rédiger mes mémoires, il en serait temps oui avant que je parte. J’étais destinée à une grande carrière de danseuse, pas à une héroïne. Vous admirez moi alors que d’autres en méritent autant. Sans doute parce que, nous sommes du même pays.
Le silence est pesant, mes proches en larmes et je reviens un dernière fois à la charge :
— Dans mes derniers rêves, il me manque le roman et le tour du monde. Danser, chanter, survivre, fonder une famille, ok. Même quelque part, fonder une entreprise, je l’a dédie au monde avec mon cœur. Donc, écrire un roman, c’est aussi un bon moment. Et voyager ? Aussi. Je m’accorde cinq ans pour le faire en croisière, même si évidemment, je n’aurais pas fait littéralement chaque pays. Et même, gravir l’Everest et plongé, le plus loin possible. Oui, tout ça. Pour des questions sur Zok, Zokium et Dieu nature, je vous laisse avec ma fille.
— Attend maman….
— Quoi ?
— Je tiens à dévoiler en avant-première, que je te nomme Déesse de la vie et de la résilience. Si on a besoin de ça, on te priera, enfin, si tu es d’accord ?
À peine levée, que je tremble et je m’évanouie. C’est à l’infirmerie que je reprend connaissance plusieurs minutes plus tard. Faut dire aussi, que je n’ai rien avalé depuis hier midi.
Je reste silencieuse sous les questions de ma famille qui comprenne bien que trop c’est trop. D’ailleurs, ils écartent les caméras curieuses pour me laisser rentrer en paix à la maison.
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