Accueillir sa mort
— Maman se repose enfin.
— Papa vient ?
— Il reste avec elle. Tu as pu coucher ta petite ?
Il acquiesce en se servant d’un grand verre d’eau sur la table basse. Adela revient de sa pause cigarette pour s’installer à mes côtés. Le même silence que cette fin d’après-midi et j’en peux plus. Faut qu’on en reparle de tout ça :
— Vous en pensez quoi de ces derniers projets ?
— C’est étonnant de sa part. Depuis ta naissance, elle refusait de voyager.
— Tata, est-ce que toi aussi, tu as senti qu’elle ne va pas bien ?
— Je connais les signes de la dépression et votre mère en a déjà subis. J’avais essayé de lui faire admettre son état mais…
— Faut ne pas se dévoiler la face, elle n’a aucune raison de flancher hormis sa santé. Ma sœur, pourquoi tu lui as dis qu’elle puait la mort ? Tu sais, je trouve cela horrible comme comportement !
Sa colère est visible bien, contrôlée. Il m’en veux et je peux le comprendre. Sous le choc de notre tante, je me dois de vite argumenter :
— Je devais un jour vous le dire. Disons que je suis comme un chien, chaque personne dégage des odeurs caractéristiques. C’est étrange, assez rare et j’expérimente depuis quelque année. Par exemple, mamie, j’ai vite au fur à mesure des mois, qu’elle partait…
— Elias, ça ne me fais pas rire.
— Tata, ma sœur est étrange. En fait, Esperanza, tu…
— Je ? Expliques toi.
— Tu es unique et je doute que ce nouveau don dans notre famille puise nous être utile. Enfin, avant de revenir à maman, j’avoue ne plus te suivre avec notre religion.
— Je crée de nouveaux compagnons. C’est tout, notre grotte restera et tout se fera principalement virtuellement.
— Je me souviens que tu avais proposé que votre mère soit érigée en Déesse.
— Oui, c’est tout un symbole.
— Ma sœur, à ton avis, maman mourra dans combien de temps ?
— Aucune idée. Comme elle refuse d’être une robot, sachant que les patients qui en reçoivent sont sélectionnés et vivent avec un seul cœur.
— Oui, on le sait qu’il y a tout un protocole et des règles à respecter. Cependant, enfin, je dégrade quoi comme parfum ?
— Oublie ça ! C’est très rare !
— Ok, ok, désolé.
— Les enfants ? Je peux vous parler ?
— Bien sûr papa. Installes toi à mes côtés.
— Merci fiston.
Il est semble usé par le temps et ce que ce soir que nous le remarquons. Grattant sa barbe et ses courts cheveux, ses poils ont aussi perdu de la couleur.
— Tu veux que je vous laisse Roberto ?
— Non, reste, ça te concerne aussi. Eva est rentrée mais elle saura mise au courant un autre jour. Bon, voilà, maman meurt à petit feu, elle n’a jamais vraiment travaillé et pourtant elle laissera une empreinte unique.
Il souffle un bon coup pour retrouver ses mots. Personne n’ose le couper.
— Elle tient à se remettre en mouvement, ce qui est une bonne chose en soit. Sauf que, en vérité….
— En vérité quoi papa ? l’encourage mon frère
— Elle m’a avoué un secret médical.
— Et ?! Crache le morceau !
— Espé ! Calmes toi !
— Il y a plus de quinze ans, tout les centres de recherche en cardiologie se sont mis à investir en masse pour être le premier à sortir le MartRam, le plus fiable possible. Si aujourd’hui, des vies sont possibles, on est courant que les premiers patients ont réussi l’exploit de passé cinq ans. Les échecs étaient dû à un seul problème, votre mère.
— Comment ça ?
— Tu l’avais bien vu Adela, qu’elle refusait de laissait d’autres cardiologues de savoir exactement le vrai modèle. Les dessins ne sont pas fidèles à la réalité. Donc, ce que je tiens à vous dire, c’est que votre mère qui tient tout les ans, à se faire analyser par son cardiologue, a su, que les matériaux dégradés sa santé.
— Attends quoi ?! Tu le savais papa ! Avoues !
— Juste il y a quelque minute ma puce…Je vous l’assure.
— Je veux bien admettre qu’elle refuse une quatrième chance cependant, pourquoi nous avoir rien dit !?
— Ma puce, c’est l’évidence même qu’un cœur artificiel dans une gaine de caoutchouc, plastique et du métal puisse un jour se dégradé.
— Papa, ce qui est plus bizarre, c’est que les cas positifs sont réalisés dans d’autres matériaux même avec des cellules humaines !
— Bonne réflexion Elias, votre mère pense que discrètement, le médecin a prononcé des conseils de conceptions pour éviter de terribles conséquences.
— Roberto, quand s’est-elle su condamné et comment précisément son corps réagit ?
— Au moins cinq, six ans. La fatigue joue et maintenant que j’y repense, elle avait parfois mal au ventre, à la tête. Elle voulait donc rien dire et pourtant, d’après le médecin, quelques micros-éléments se détachés pour s’infiltrer dans son sang. Selon lui, une crise cardiaque voir une rupture d’un caillot sanguin dû à l’accumulation de ses déchets, est plus que probable dans les années à venir. Pour limiter la casse, elle a accepté de faire des tests sanguins et de prendre un drôle de traitement pour dissoudre tout ça.
— Son évanouissement de tout à l’heure peut être dû à ça donc ?
— Plus à ton annonce choc ma sœur. Sinon, je pense comprendre son mensonge.
— Ta rationalité est plus que bienvenu Elias.
— Merci tata. Je pense qu’elle ne voulait décevoir la médecine et l’espoir qu’elle incarne.
— Possible mon frère, sauf que tu oublies de comparer avec les deux premiers patients d’Ambriso, morts tous les deux étrangement dans un accident de la route. Aucune analyse de de sang par exemple est sortie pour comprendre. Juste une crise cardiaque alors que c’était eux aussi des espoirs !
— Je reviens.
Je les quitte sous l’appel mental de notre mère. Son teint est pâle sous la lampe de chevet et je ferme mon don pour ne plus y penser. Sans doute que j’ai extrapoler ça avec ma position d’élue, mes pouvoirs et la mort qui rôde.
Elle sert mon bras droit tremblante en m’hypnotisant. Pour la première fois, j’ai accès à sa captivité, ses images violentes de son corps endormie, utilisé comme un objet de fantasme. Puis, ce qu’elle nous a raconté, ses refus de prendre ses médicaments, les frappes, les projections de l’Univers des Dieux…Je cherche un message.
Ce qui suit, tient de mes premiers contacts avec mon arrière-grand-mère, avec un peu ce Zok et ces années de pratique pour s’appeler souvent. Toujours pas clair. Elle rajoute ses propres expériences, tout sa vie.
— Maman, je tente de savoir tu sais.
Elle se relève un peu en me lâchant. Où aller ? Que faire ? J’attends qu’elle s’installe mieux sur les coussins pour reprendre :
— Où est enfin au courant. Personne ne t’en veux et on accepte que tu as assez donné.
— Guides moi.
Une seconde fois, le même mouvement, les mêmes yeux de la mort. Sa voix n’est pas mieux, je tente de rien laisser paraître :
— Te guider où ?
— Là-haut….
Ok, pigé maman. Hors, comment ? Peut-être que…
— Il serait temps pour moi t’expérimenter. Dans mon idée, à part prié toi pour tout ce qui est lié à la vie, la naissance, le courage ect, Maria pour la sagesse et Din pour le côté enfant quand l’autre en a besoin, je me disais, d’aider les gens, à ne pas avoir peur de la mort. Démontrer que…
Son rire rauque me donne des frissons, je commence à transpirer dans le dos.
— Tu es foutue ma fille, foutue.
— Comment ça ?
— Tu ne sais pas dans quoi tu t’engages, il rôde comme un vautour, brûler ses cendres l’ont renforcés, chaque bataille s’est faite dans mon esprit, j’ai appris à ne plus rien transpirer. Dès que tu t’es illuminé, un grand bouclier t’a permis de te protéger. Je t’ai enseigné tout ce que je pouvais, tu as pris une sagesse décision en laissant une autre dimension adaptée à toutes situations. Tu es unique.
— Merci maman mais, ça ne m’explique pas en quoi je suis foutue.
— Pas vraiment, je serais là sans cesse pour l’éloigner. Son poison est parfait. Il a étudié à merveille la dégradation d’un artifice dans les cages thoraciques dès bêtes et de plusieurs cobayes. Ses anciens fidèles sont tous morts mais avec des cœurs différents.
— Je vois l’idée maman.
— Il n’avait pas prévu que je vive plus de quinze ans. Pourtant, son art était parfait. Il voyait le futur. Avait déjà commencé à préparer une création sur un sosie…sa fille.
— Sa fille ?! Maman, il ne faut plus l’écouter !
— Il m’a rien dit, j’ai réussi enfin à accéder à son passé, son histoire. Un génie je te le dis ! Pour crée sa fille, c’était en laboratoire avec des prélèvements divers. Enfin, faire un clonage quoi !
— Maman, où tu veux en venir. Tu me perds.
— Elle a subi, mes cicatrices, mon cœur arraché, mes crises, pour être remplacé le moment venu et assassiné d’une septicémie.
— Ok…
— Programmé pour mourir, je veux que tu me suive dans les terres du Mont Caikos.
— Hein ?!
— Le sable chaud de Suza…elle m’a accompagné pour vaincre Zok, j’ai vu Taurin et puis un autre jusqu’à mon réveil….
— Maman, ce monde n’existe pas.
— J’en suis convaincu, que si.
— Il te l’a fait croire.
— La terre des morts, je veux là voir. Je veux que tu me guides dans mon futur dernier soupir. Mourir me fait peur car je n’ai connu que des faux espoirs, que des portes entrecouvertes. Et si, tu as malheureusement raison, restes quand même près de moi. Le moment venu, vous serez tous auprès de moi, tel que je l’aurais décidé. Il rôde, une ombre et j’en fais la promesse qu’il ne t’envahira plus jamais. Là-bas, tu m’aideras à l’envoyer dans l’Enfer.
— Promis maman. Je te le promet. Ils m’attendent sans doute, tu veux que je leur transmettre quelque chose ?
— Je n’ai pas la force pour le moment de continuer mes derniers rêves. Dès que je pourrais, je vous direz quoi écrire…En ce qui concerne, le tour du monde, je vous l’offre à toi et ton frère. Et le bunker musée ? Il est à vous, je me sens partir, je me sens en paix, je mens bientôt de l’autre côté.
Elle ferme les yeux et je l’embrasse sur son front avant de revenir au salon pour tout déballer. Le sujet de leur côté était plus léger, celui sur Clara.
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