Cela se monte!

2 minutes de lecture

 

Armé de l’immense héritage qu’il fit de son père et d’Henri – mort sans femme et sans enfant -, Charles dépouilla une des librairies de sa commune de tous les jeux à gratter : Win for Life, Subito, Presto, Astro, Scooore !, 21 et leurs variantes. Il écarta le Lotto et le Joker de sa sélection : leur résultat n’étant pas déterminé par le billet mais par un tirage au sort hebdomadaire et télévisuel,  ils n’auraient pu servir  son postulat. Contrôler un tel mécanisme était impossible. Par contre, selon la logique de la Loterie Nationale, s’il achetait absolument tous les jeux à gratter du pays il tomberait forcément sur les gagnants. S’il n’y en avait pas, c’est qu’il avait raison, qu’il y avait arnaque. Médusés, le buraliste et les clients le regardèrent sortir avec une pleine caisse.

 

De retour à la maison, il mit, sans consultation et sans protestation possible, Elysée et les enfants  à contribution. C’est-à-dire au grattage. Et en bon chef de projet et de famille, il édicta quelques règles : premièrement, les gains appartiennent aux chanceux les ayant trouvés ; deuxièmement, ils sont la seule source d’argent de poche ; troisièmement, une somme calculée pour l’achat des biens de consommation  nécessaire au ménage est allouée à Elysée ; quatrièmement, chaque membre de la famille a à sa charge le coût de ses petits plaisirs : objets – culturels ou non -, hobbies, sorties, voyages… ; cinquièmement,  chacun est tenu de participer financièrement aux activités familiales – quelles qu’elles soient. Charles était très satisfait de ce système : dans le hasard tous étaient égaux. Qu’on aille surtout ne pas dire qu’il fut un mauvais père ou un mauvais mari.

Néanmoins, malgré son autorité, Elysée et Hilton grognèrent. Elle car étant sans emploi - mais pas chômeuse, le mot étant trop insultant-, elle voyait en ces édits une opposition à sa liberté de riche épouse. Lui, alors âgé de 16 ans,  jugeait que s’en remettre à la baraka était trop incertain : il craignait de manquer l’essentiel de son adolescence s’il ne touchait pas ses sacro-saints deniers. Royce, Crésus et Picsou, quant à eux, étaient beaucoup trop jeune pour se plaindre d’autant qu’ils ne voyaient là qu’un jeu. Charles mit fin à l’agitation des deux mutins en déversant devant eux le contenu de la caisse et en leur assurant que beaucoup d’autres suivraient. De toute façon il ne leur laissa pas le choix.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Fabien Sansterre ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0