Des débuts difficiles

Une minute de lecture

 

Charles, dans son entreprise, procéda scientifiquement : chaque résultat, gagnant ou non, fut consigné dans un tableur Excel et tous les billets furent archivés dans la colossale bibliothèque familiale. Celle-ci fut vidée et une travée fut aménagée en son centre. Pour en remplir les rayonnages, Charles fit confectionner de petites boîtes en carton aux dimensions de chaque jeu. Et pour apaiser Elysée et les enfants, encore une fois furibonds, il fit transporter tous les livres dans une autre pièce de son immense demeure.  

 

La récolte de la première librairie ne fut pas mirobolante, elle ne rapporta qu’environs six cents euros pour trois mille deux cent trente dépensés. Néanmoins très satisfait, Charles acheta l’entièreté des stocks des quatre enseignes de sa commune. Puis, tandis que les siens retournaient à la gratte, il se lança dans une mission particulière : la recherche des anciens gagnants. Car si des individus avaient effectivement remporté le jackpot – comme le prétendaient les médias –, il devait être possible de les trouver. Il commença donc par s’adresser directement au siège social de la Loterie Nationale qui, évidemment,  l’envoya sur les roses : une supposée clause de confidentialité protégeait les chanceux. Loin de se démonter, Charles s’attaqua au problème d’une manière différente : il interrogea les buralistes. Malheureusement, il rencontra encore un mur : ceux-ci ne savaient pas. En effet, en cas de timbale ou  de somme très importante, les joueurs étaient invités à contacter directement la Loterie. Ce nouveau revers renvoya  Charles à l’usine à chance. Avec la très puissante magie des nombres il essaya de soudoyer quelques employés. En vain, seuls quelques très hauts cadres possédaient les renseignements tant souhaités. Et, quel que soit le montant, ils refusèrent de donner ne fut-ce qu’un seul nom.

 

Ces cloisons renforcèrent la conviction de Charles : l'appui monétaire des Jaubs, Tromp, Rothshield, Bettencourt ne suffisait plus à l'État. Par le truchement de la Loterie Nationale, il vendait à ses citoyens du rêve au prix très fort.

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