III

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Le lendemain, Erk était d’équerre et a découvert la punition que lui réservait Lin, non pas pour le coup de soleil, mais pour s’être épuisé à vouloir à tout prix se faire pardonner. Bref, il a creusé.

Quand Sean et Katja sont venus nous apporter le petit générateur, ils ont pris Lin à part et se sont enfermés avec elle pour discuter. Et quand elle a rapporté à tous les officiers les résultats de la discussion, j’en suis resté sur le cul.

La cicatrice en forme d’étoile sur l’épaule droite du Viking est un putain de porte-bonheur, je peux vous le dire. Cet acte désintéressé de se porter au secours de quelqu’un qui était agressé a certes coûté cher au géant, mais d’après ce que m’a dit Kris, il a rapporté beaucoup. Tout d’abord aux deux frères, avec ce patrimoine que gère Matteo Rizzi, mais aussi à nous.

Les beaux casques que nous avons étrenné lors de cette fameuse patrouille nous ont été vendus à quart de prix parce que Rizzi connaît le numéro deux d’ATS. Oui, et très bien même, il s’agit de sa filleule et nièce. Quand je vous dis qu’il y a de quoi s’asseoir un peu violemment…

Ensuite, il paraîtrait que les Roses & Rifles ont un sponsor, un mécène, et que ce serait… oui, bien vu, ATS. Ce serait l’une des raisons pour lesquelles l’hélico qui nous a sauvé les miches traînait dans le coin. Et donc Simo est en contact régulier avec le numéro deux d’ATS, la nièce de Rizzi.

Et enfin, ce qui m’a valu cet étonnement sans borne, comme nous avions besoin d’un générateur, nous voilà bombardés cobayes, ou beta-testeurs, d’une pile atomique de toute petite taille, modèle pas tout à fait expérimental, car la technologie est bien éprouvée. C’est sa petite taille qu’ATS veut tester. La pile fait la taille d’un gros lance-roquettes. Ce qu’ATS veut tester, c’est sa capacité de production à petite échelle.

Sean est revenu, seul – enfin, non, y avait le pilote d’hélico – avec des plans en papier et en soft-3D. Au mess, on s’est placés tous autour de la table holographique et Sean a chargé les plans dans la bécane.

On a vu apparaître un schéma classique 3D, assez fouillis, jusqu’à ce que Sean joue avec je ne sais quoi et les traits qui se croisaient sont devenus plus clairs.

Sous la cour, un puits de 5 mètres de profondeur, ouvrait, à sa moitié, sur une chambre de 2 mètres sur 3, contenant, sur un côté, une petite fosse d’un peu plus d’un mètre de profondeur.

- C’est bien beau, tout ça, a dit Erk, mais si tu veux que je creuse, il va falloir me dire où, Lin.

- Justement, c’est l’occasion d’en discuter tous ensemble, a dit Sean. Puisque la pile doit être installée dans la petite fosse pleine d’eau pour être refroidie, il faudrait une source d’eau et une évacuation de l’eau chaude après.

- L’eau d’évacuation est-elle… contaminée ? a demandé Frisé.

- Non, juste très, très chaude, environ 80°C, parfois plus, a répondu Sean.

- Donc, on pourrait avoir de l’eau chaude sans avoir à faire tourner les chaudières, a continué le sergent.

- En théorie, oui. Et en pratique… aussi, en fait, a fait l’Irlandais, songeur.

- Donc, a dit Frisé très sûr de lui, le meilleur endroit, c’est près des douches. On a mis le mess et les douches là ils sont parce que c’est près du puits artésien qui nous alimente. Il y a une dérivation pour l’infirmerie, mais il n’y a que de l’eau froide, là-bas. On pourrait en profiter pour tirer une conduite chaude jusque là-bas…

- Et vous croyez que je vais creuser tout ça ? s’est exclamé le géant, l’air à moitié sérieux.

- Tu creuseras le gros trou, Erik, a dit Lin d’un ton sans appel, les autres t’aideront pour la dérivation et la maçonnerie.

- Mouais, donc je vais jouer le tractopelle, quoi ?

- Faut dire que t’es plutôt efficace, non ?

- Mmh. Je suis prêt à pas mal de sacrifices pour une bonne douche bien chaude, donc…

- Hédoniste, le coupa Kris.

- Absolument. Et sybarite, aussi… Bon, on a des plans du puits, ici ?

Et on s’est lancé dans la planification de la construction d’une mini-centrale nucléaire.

Le meilleur endroit, c’était au coin du « parking », donc on a déplacé la Land et les motos, Erk et Sean ont délimité un carré de 2,50 mètres sur 3,50. On avait décidé qu’on ferait un puits de la surface totale, puis qu’on maçonnerait avec du béton armé pour que le plafond de la petite salle tienne, et qu’on remettrait la terre par-dessus. On a aussi décidé que la Land irait se garer à la place des motos et que les motos se mettraient au-dessus de la centrale, une fois le machin fini.

J’ai apporté une pelle-bêche à Erk et j’ai éclaté de rire. Dans sa main, malgré sa redoutable efficacité, elle avait l’air d’une pelle en plastique pour châteaux de sable. Il avait l’air ridicule, le pauvre, mais la grimace qu’il faisait et qui était presque un sourire a fait redoubler mon hilarité.

- Tu t’imagines, Erk, j’ai réussi à hoqueter entre deux éclats de rire, évacuer presque 50 mètres cubes avec ta pelle de bac à sable ?

- Pas trop, non, mais bon…

- Mais tu as de la chance, Erik, a dit l’Irlandais, parce que je t’ai apporté un genre de marteau-piqueur. On s’en sert pour creuser la roche pour agrandir, chez nous, alors ici, ça devrait aller tout seul.

- C’est sympa, Sean, merci. J’imagine qu’il est dans l’hélico ?

Sur la réponse positive, le Viking partit à grands pas chercher l’outil électrique.

De notre côté, on s’efforça de ne rien oublier pour faire notre liste de courses au Gros : ciment, fers à béton, tuyaux de cuivre, câbles électriques, LED, échelle, grille… Le problème serait la bétonneuse, mais Jo a eu une idée qui demandait la participation d’un fût de gasoil vide et d’une moto. Me demandez pas, je ne sais pas ce qu’il avait en tête.

Et Erk a creusé. Comme le générateur était un peu cacochyme, il a décidé de n’utiliser le marteau-piqueur que pour les endroits difficiles.

Voir Erk creuser, c’est fascinant. C’est inexorable. Il a commencé par creuser toute la surface sur une vingtaine de centimètres, on – Tito, Kris, moi et d’autres – est venus avec des sacs de toiles et d’autres pelles pour évacuer et conserver les gravats. Je pense que ce qui est en trop ira sur les toits ou sur les remblais.

En observant l’homme creuser de manière méthodique, une longue ligne de 50 centimètres de large, d’un bout à l’autre du rectangle, sur une profondeur de 50 centimètres puis il change de ligne, comme un andain dans un champ, en l’observant, en admirant, aussi, sa silhouette puissante qui semble se jouer et de la dureté de la terre et du poids de celle-ci, je… J’ai perdu le fil de mes pensées et Kris, légèrement moqueur, m’a poussé du coude pour que je remplisse son sac.

J’ai rougi. J’ai beau n’aimer que les femmes, il y a chez le géant quelque chose qui m’attire. Il est beau, généreux, gentil et tout et tout mais il y a dans ses mouvements une sorte de grâce puissante, ou de puissance gracieuse, qui fait que chacun de ses mouvements est, à mes yeux, un plaisir à regarder.

J’ai rempli le sac de Kris et je l’ai observé, lui. Il regardait son frère. Il dévorait son frère du regard. Il a surpris mon regard sur lui et a rougi, à son tour. Je lui ai souri, un sourire complice. Il me l’a rendu, lâchant son sac un instant pour se rajuster. Je n’ai rien dit, le Viking n’a pas d’effet physique sur moi.

On a continué, Kris et moi échangions des sourires, souvent ironiques, quand l’un ou l’autre perdait le fil. Puis Erk s’est mis à dégager encore plus de terre et on s’est rendu compte qu’on prenait du retard dans l’évacuation. On a mis les bouchées doubles et à midi on avait dégagé le terrain sur plus d’un mètre de profondeur.

- Bon, on va couper le contact du tractopelle, rincer le godet à l’eau… froide et remettre du gasoil dans le réservoir, a dit Kris.

Erk a souri, s’est dirigé vers le tuyau d’arrosage du potager et a commencé à rincer ses bras, à se passer le jet dans le cou.

On est sortis du trou nous aussi, on s’est dirigé vers lui pour se rincer aussi. On était terreux, tout comme lui, la sueur collant la poussière à notre peau et s’insinuant un peu partout. Voir le géant devenir presque propre, se rafraîchir avec de l’eau bien fraîche, ça faisait envie. Il a pris des poses de filles de pub pour gel douche, cambré, fesses en arrière, poitrine en avant, ce qui nous a fait rire, tous. En même temps, il en a les longs cheveux, même s’il n’a pas les mêmes « arguments » qu’elles.

Complètement détendus, on s’approchait en rigolant entre nous et d’un seul coup, j’ai reçu une grande claque mouillée qui m’a fait fermer les yeux et j’ai entendu des exclamations autour de moi. J’ai chassé l’eau de mes yeux et j’ai vu que nous avions tous été mitraillés, Erk maniant le tuyau comme un lance-flammes, l’ayant pincé au bout pour augmenter le débit, son grand sourire de gamin heureux éclairant son visage.

En quelques gestes appris de Dio et inspirés du langage des signes, Kris nous a séparés en deux escouades et on s’est précipités sur Erk pour le prendre en tenaille. Il est rapide, mais contre deux groupes d’ennemis, pas assez. On a fini par l’atteindre, sur un ordre de Kris, Tito s’est placé à quatre pattes derrière lui, se mettant dans ses jambes et le faisant tomber. Une fois à terre, chacun d’entre nous a pris pour cible qui un bras, qui une jambe et on l’a immobilisé. Enfin, on a essayé, au début. Il se débattait comme un beau diable, arquant son corps pour nous soulever et nous déséquilibrer. A aucun moment il n’a utilisé ses mains ou ses pieds. Peut-être craignait-il de nous faire mal ?

Bref, il nous a donné un avantage et on en a usé et abusé. Les poings serrés, essayant à tout prix de se débarrasser de nous, mais refusant de nous attraper pour nous envoyer valser, il a fini saucissonné avec le tuyau. Bien sûr, une fois le géant à terre, Tito était sorti de la mêlée car, un peu petit, il risquait un mauvais coup, et il était allé couper l’eau pour limiter les dommages collatéraux.

On contemplait notre œuvre, notre victime se débattant – mollement, eu égard au tuyau – à terre, un serpent vert l’enserrant dans ses anneaux de matière plastique, quand Lin est arrivée, l’air d’en avoir ras la casquette des frasques des frères Hellason.

- Erik ! C’est quoi ce merdier ?

- Comment ! Lin ! Tu m’accuses, moi, alors que je suis pieds et poings liés ?

Il avait prit un air de vieille douairière outrée et elle a étouffé un rire puis a décidé qu’il n’y avait pas de raison de ne pas se marrer.

- Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? a-t-elle dit une fois son rire maîtrisé.

- Ce traître de Kris et ses complices s’en sont déjà chargés, a-t-il répondu, avec un grand sourire.

- Blague à part, si creuser et remuer presque 9 mètres cubes de terre en trois heures te laisse encore de l’énergie pour déconner, je vais te faire creuser à mains nues.

- Et ma manucure, alors ?

- Tu la feras à la râpe à bois et au papier de verre, si tu continues. Bon, les gars, libérez-le, et allez bouffer. Cook a fait des pâtes carbonara, ça devrait vous donner assez d’énergie pour continuer.

On a délivré le Viking, rallumé l’arrosage pour se débarbouiller et on finissait de se rendre moins poussiéreux quand on a entendu la pétarade d’un deux-pattes.

Stig a rangé sa monture, a farfouillé sur le côté et s’est pointé vers nous, la gueule enfarinée et les deux mains dans le dos.

- Eh, Erk, j’ai trouvé que tu n’valais pas un clou comme tractopelle, alors j’ai décidé de t’offrir un plus grand godet.

J’ai vu un sourcil se lever de perplexité sur le visage du géant puis l’autre le rejoindre quand Stig lui a mis une pioche dans les mains.

- Merci mon pote, c’est sûr que ce sera mieux que la pelle-bêche…

- Et ta manucure sera préservée, mon grand, a répondu Kris.

- Et la râpe à bois sera à l’abri, a enchéri Tito. Bon, j’ai faim, moi, et je me sens capable d’avaler la même quantité de pâtes qu’Erk.

- Et tu les mettrais où ? j’ai demandé sur le ton de la rigolade.

- Ça, ça ne te regarde pas, mon pote.

Un peu surpris par le ton sec de la répartie, j’ai haussé un sourcil à l’adresse du dos de mon buddy, plus troublé que je ne voulais le laisser paraître.

Depuis la confession de Tito, Erk et lui ne s’adressaient quasiment plus la parole et s’évitaient comme la peste. Ça devenait lourd et je me demandais ce que ça donnerait quand on retournerait user nos semelles sur les routes d’Afghanistan.

Près de moi, Kris a soufflé. Son frère, à ses côtés, l'a regardé du coin de l'œil et, quand Kris s'est tourné vers lui, a fini par détourner le regard en rougissant légèrement.

- Après la jaille, réunion d'état-major de la patrouille. Toi, l'Archer et moi, dehors, équipés. Pas de veto possible, Eiríkur.

Erk a soupiré, plus de résignation que d'énervement, et a hoché la tête.

On s’est donc retrouvés tous les trois, avec casques, gilets pare-balles et oreillettes (coupées) à la vigie Bravo. Presqu’un an plus tôt, on avait placé, le long du chemin, des pierres plus claires, non pas parce que l’endroit était difficile à trouver, mais pour amener au marqueur qui permettait de savoir si le lieu était déjà occupé ou pas. C’est le seul endroit, invisible de la base et du périmètre, où l’on peut espérer obtenir un peu d’intimité dans une base où il n’y en a pas. Le marqueur est une pierre plate avec un côté peint en noir. Coincée à la verticale entre deux pierres, elle indique que l’endroit est libre. A plat, face noire visible, occupée et indisponible, face claire visible, occupée, mais de la compagnie est acceptée. Après tout, on ne vit qu’une fois.

Arrivés là, j’ai ouvert la boîte étanche qui contient un certain nombre de trucs utiles et j’en ai sorti la couverture, que j’ai étalée par terre. On était encore humides et je n’avais pas envie que la poussière me colle aux basques jusqu’au soir.

- Bon, mon grand, il va falloir que tu nous expliques ce qui se passe entre Tito et toi. Je ne veux pas mettre la patrouille en danger pour une histoire à la con.

Erk, assis entre nous deux, a regardé ses chevilles croisées devant lui, frottant ses mains l’une contre l’autre.

- Je crois qu’il ne se passe rien. Plus rien du tout. Il y avait quelque chose entre nous, avant. Maintenant qu’il m’a avoué qu’il m’aimait, je réalise que ce que je prenais pour une sorte de complicité était quelque chose de bien plus complexe et, de ma part, cruel.

- Pourquoi penses-tu ça ? Tu n’es pas cruel, grand frère.

- Je… j’ai compris, après Kaymani Center, que ce que Tito éprouvait pour moi était plus que de l’amitié. J’ai cru qu’en faisant comme si c’en était, en me voilant la face, au final, ce serait plus facile pour lui de supporter… ça.

- Ça ?

- Le manque de réciprocité de ma part. J’ai voulu croire qu’il pourrait y avoir de l’amitié entre nous, si l’amour n’était pas possible. Mais tant que je l’ignorais, ou qu’il croyait que je l’ignorais, ça passait. Mais quand il m’a embrassé au bord de la rivière, en m’avouant son amour, je lui ai dit que je savais.

De mémoire, Tito avait été plutôt compréhensif, et gentil. Il s’était très bien comporté ensuite, ne mettant pas la patrouille en danger.

- Erk, j’ai dit, Tito a bien compris que tu ne pourrais pas l’aimer, même si tu avais cette inclination-là. Il a compris que ton cœur est déjà pris et…

Je me suis tu, en voyant le regard presque furieux du Viking, et l’interrogation dans les yeux gris bleu de Kris. Ah. Merde. J’ai repris, essayant de sauver les meubles.

- Disons que je n’ai pas eu l’impression que Tito t’en aie voulu, ni aie joué les amoureux éconduits. Donc je ne comprends pas pourquoi tu penses que tu es responsable de cet état de choses, Viking.

- Ben…

- Dis-moi, mon grand, a dit Kris, tu n’es pas en train de me refaire le même coup qu’avec Joseph ? A te croire responsable de ce qui se passe dans la tête des gens qui tombent amoureux de toi ? Tu ne peux pas l’être.

- Mais, je…

- Eiríkur, écoute-moi bien, grand frère. Ce que je t’ai dit après la rivière, ce que je vais te dire maintenant, j’aimerais que tu t’en souviennes et que tu y penses chaque fois que tes réflexions t’amènent à te sentir coupable de ce que les autres font. Tu es prêt à m’écouter, mon grand ?

Le géant a hoché la tête.

- Bien. Erik, tu n’as pas choisi ton physique. Tu es grand et on te remarque. Tu es fort et on te défie. Tu es beau et on te désire. Ça, c’est ce que tu ne contrôles pas. Ce que tu contrôles, c’est ton caractère. Tu es gentil, généreux, tourné vers les autres, et c’est ce qui fait qu’on t’aime. Pas qu’on te désire, Erik. Joseph te désirait. Le chef des FER te désirait. Tito, moi, d’autres, nous t’aimons.

Kris s’est mis à genoux devant son frère, les mains sur ceux du géant.

- Mais malgré l’amour que nous te portons, tu n’es pas responsable de ce que nous pensons, de ce que nous faisons de cet amour. Ce n’est pas toi qui mets dans la tête de Joseph cette idée que tu ne peux que l’aimer, puisque lui t’aime. Ce n’est pas toi qui mets dans la tête de Tito ce qui fait qu’il se tient le plus loin possible de toi. Est-ce que ça, tu peux l’intégrer ?

- Je crois, oui.

- Bien, c’est tout ce que je te demande. Maintenant, il nous reste une chose à régler, c’est votre relation. Mais ça, à part vous obliger à passer du temps ensemble sans distraction, je ne vois pas comment faire. Et ça va être difficile à organiser, ici.

- Mais, Kris, je voudrais bien réparer ça, moi. Mais…

Il s’est arrêté, secouant la tête.

- Il t’évite.

- Oui. Et je ne veux pas non plus le poursuivre, le forcer à m’écouter.

- C’est sûr qu’avec ton gabarit, j’ai dit, ça fait désordre que ce soit toi qui le force, on pourrait t’accuser de harcèlement, d’abuser de ta force…

- Voilà, c’est pour ça. Et puis, poursuivre quelqu’un qui ne veut pas, ce n’est pas dans ma nature.

- Je comprends. Je peux lui parler, entre potes, surtout après sa répartie un peu sèche de tout à l’heure. Ensuite, on verra ce que ça donne, mais vous avez passé l’âge qu’on vous enferme dans une pièce pour résoudre vos problèmes.

- Erik, mon grand, mon cher frère, promets-moi de réfléchir à ce qu’on t’a dit.

Le géant a réfléchi un moment, une de ses grandes mains sur celle de son frère.

- Tu me demandes de cesser d’être impulsif, en gros ?

- Et de cesser de te faire du mouron pour des choses que tu ne contrôles pas.

- Je te promets d’essayer.

Kris a rigolé, une étincelle malicieuse dans ses yeux bleu gris.

- Do or do not, there is no try, jeune padawan.

- Espèce de geek.

- Oui, mais avoue que cette phrase est top.

Erk a rigolé à son tour, il s’est levé et nous a tendu les mains, nous hissant sur nos pieds ensuite.

On a plié et rangé la couverture, bien secouée, et on est retournés à la base.

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