VIII

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Deux jours plus tard, on campait dans la petite grotte où on avait fait une pause avec la journaliste, là où Kris avait soigné son frère.

Erk a refusé d’y entrer. Je l’ai vu se raidir, les deux pieds plantés au sol, et refuser de bouger. J’ai aussi vu l’inquiétude dans les yeux gris bleu de Kris.

- Erik, mon grand, ce n’est que la grotte où nous avons dormi…

- C’était après, Kris, c’était après… Je…

Il a dégluti, il transpirait un peu.

- Hmm. OK, attends là deux minutes, garde nous, d’accord ?

Erk a hoché la tête et s’est posté dos à la grotte dans laquelle on s’est installés. Comme on était à l’abri des regards, on a allumé un micro feu pour chauffer l’eau de notre tisane du soir. Kris a pris deux rations, et, nous demandant de rester dans la grotte, est sorti donner son dîner au géant.

Il s’est assis à côté de lui, a ouvert un des plats chauds et lui a tendu.

- De la daube ?

- Je sais que tu adores ça. Détends-toi, mon grand, le temps du dîner. Tito et Bear vont prendre la première garde, tu pourras te détendre un peu, d’accord ?

- Hmm.

- Mange, tu me raconteras après.

- En islandais, tu crois ?

- Je ne sais pas, frangin. Si les autres peuvent t’aider, autant qu’ils comprennent, non ?

- Hmm.

Erk s’est concentré sur la daube, et je l’ai vu y porter deux fois plus d’attention que d’habitude, savourer chaque bouchée. Une compote et un carré de chocolat, et il était moins tendu.

On est sortis avec nos tisanes, tout était calme dans le coin.

- Bon, Erk, a dit Baby Jane, on t’a vu ici, super maître de toi, assurant comme un chef malgré ton dos, alors veux-tu nous expliquer pourquoi tu ne veux pas entrer là-dedans ? Tu n’as fait qu’y dormir, la dernière fois.

Le Viking a fait tourner son quart dans ses mains plusieurs fois, le regard fixé sur le liquide fumant dans la tasse en métal. Nous, on sirotait notre tisane, on attendait. Un peu à l’écart, Tito et Bear montaient la garde, mais par les oreillettes ils entendaient tout.

Erk a posé sa tasse à côté de lui, sans vraiment regarder et elle se serait renversée si Kris ne l’avait pas rattrapée. Mais le géant n’a rien vu.

- J’ai fait… un cauchemar, après. Ça devait être à l’infirmerie, après la droite de Lin. Je… Je sais que Kris vous a parlé de la Tchétchénie, mais il a dû édulcorer un peu. J’ai été privé de sensations, oui, mais j’ai aussi été agressé sexuellement.

Il avait le regard dans le vague, il ne nous voyait plus. Kitty était toute blanche, bouche ouverte, horrifiée. Baby Jane avait un visage tellement inexpressif que j’ai compris qu’elle portait un masque. JD et Quenotte avaient l’air malade. Yaka a posé sa tête sur les genoux de son humain.

- Des mains… une bouche… sur moi, sur mon torse, mon entrejambe… insistantes… cruelles… J’ai perdu l’esprit, j’ai failli devenir fou et sans Kris et son obstination, je ne serai peut-être pas ici aujourd’hui.

Kris lui a tendu sa tisane, il a repris la tasse des deux mains et a plongé le regard dedans.

- Le cauchemar… Au lieu de votre arrivée, Kris…

Il a encore dégluti et Kris a pâli.

- Kris n’est pas venu et je me suis retrouvé dans la chambre du type et… il me touchait, lui aussi, il m’embrassait et…

Erk a rougi.

- C’était… j’ai eu peur et j’ai bien cru que j’allais retourner dans les Ténèbres, cet endroit où je me suis réfugié pour échapper à mon agresseur tchétchène.

Il a pris une grande inspiration.

- Dans mon cauchemar, il n’y a jamais eu cette grotte. Et de la voir, de me rappeler… tout ça, les risques courus, la menace du chef, je… je ne sais pas…

Une deuxième grande inspiration, une troisième qui n’arrive pas à aller au bout, puis il a lâché son quart, mains sur le visage, il s’est tassé sur lui-même.

- Je… je…

Kris a entouré ses épaules de ses bras, l’attirant à lui et Erk a enfoui son visage dans le cou de son frère. Ça m’a rappelé notre retour en Land-Rover après l’avoir récupéré en sang. Merde.

- J’ai cru que tu m’avais abandonné…

- Oh, Erik… Tu sais que je ne ferai jamais ça, mon grand. Tu ne le supporterais pas.

- Je… Móðir mín

- Ah, je vois. Je comprends, grand frère. Je comprends.

Il a continué à le réconforter, lui caressant le dos, une main sur sa nuque, le pouce faisant des petits ronds sous son chignon.

- Má ég tengja?

Le géant a hoché la tête.

- Je vous ai déjà raconté comment Eiríkur Haraldson est devenu Erik Hellason. Le grand couillon que je tiens dans mes bras a plus ou moins accepté son histoire personnelle, mais, parfois, elle remonte à la surface. Comme il est têtu et borné comme une nationale, il a tendance à tout enfouir au plus profond, à faire l’homme fort, alors que c’est un gros tendre…

- T’as fini de te foutre de moi, Kris ? a dit le gros tendre d’une voix étouffée par le henley de son frère.

- Ose me dire que c’est faux.

Erk n’a rien dit, mais il s’est redressé, les yeux rouges, la trace des larmes sur le visage, étrangement vulnérable et pourtant tout autant puissant et impressionnant.

- Je ne raconte jamais mon histoire, a-t-il dit, je laisse Kris le faire, parce que j’en veux à ma mère. Quand elle est morte, cela faisait quatre heures que j’étais né. Quatre heures où elle aurait pu me prendre dans ses bras, me donner le sein, me découvrir et m’aimer assez pour rester. Mais non ! Elle a préféré se tirer, rejoindre mon père, qui était mort bêtement…

- Tu n’en sais rien, Erik. Personne n’en sait rien.

- Mort bêtement, me laissant seul, orphelin, abandonné ! Elle n’a pas voulu faire ma connaissance, elle n’a pas voulu de moi ! Elle ne m’aimait pas !

Il criait presque, il était en colère, et il pleurait. Des larmes de rage, de colère, ou de tristesse. Ou tout ça à la fois. Il s’est levé, a pris son EMA 7 et est parti.

Enfin, il a voulu partir, Kris l’a rattrapé par le chignon (aïe) et l’a ramené près de nous. Un regard du Lieutenant et on a tous pris nos flingues et on s’est éloignés des frangins.

- Arrête tes conneries, maintenant, Erik. Assieds-toi.

- Non, laisse-moi. Et lâche-moi, bordel.

- Non, assis. Obéis, putain ! Tu nous mets en danger, avec tes conneries, ducon. Erik, bordel !

Je me suis retourné, Kris était derrière son frère, l’étranglant à moitié, le forçant à s’asseoir. Erk a dû obéir et Kris ne l’a lâché que lorsqu’il a cessé de se tendre et de vouloir se relever. Il lui a retiré son EMA 7 des mains, lui demandant de poser ses mains sur ses cuisses. Erk a obéi, encore une fois.

Kris s’est assis derrière lui, un peu plus haut grâce à une grosse pierre, il lui a retiré son casque, puis a défait son chignon, glissant les épingles à cheval sur une des nombreuses sangles de son pare-balles. Erk était toujours raide, mais il ne bougeait pas. De sa poche de cuisse, Kris a sorti une brosse à cheveux et a commencé à brosser la chevelure de son frère. Sans chercher à démêler, juste à passer la brosse sur ses cheveux. Les yeux du Viking se sont lentement fermés, ses épaules affaissées, ses bras détendus.

Kris lui a parlé à voix basse, en islandais, tout doucement. Je commence à reconnaître la cadence, les sonorités. Je ne comprends toujours pas, sauf le « Skítt », qui ressemble tellement au « Shit » anglais.

Erk s’est calmé, a pleuré encore un moment, mais de grosses larmes silencieuses, qui coulaient toutes seules. Kris a pris des mèches dorées, les a tressées, lentement, laissant traîner ses doigts au milieu de cette masse couleur d’or liquide. C’était aussi intime que cette douche après l’attaque de nuit, et j’ai détourné le regard, ayant l’impression d’être un ado en train de regarder ses parents dans leur chambre.

Puis, comme ces deux hommes me fascinent à un point qui me surprend, je me suis de nouveau tourné vers eux, sans faire de bruit. Kris avait refait un chignon à son frère, une œuvre d’art, mais pourtant très fonctionnelle. Il avait passé ses bras autour du cou du Viking, appuyant sa joue sur la tempe du géant, les yeux fermés, tous les deux. Ils nous faisaient confiance pour les protéger.

Encore une fois, j’ai éprouvé un pincement au cœur devant une telle tendresse. Maintenant que je sais à quel point Kris aime son frère, je comprends que chacun de ses gestes est une recherche de contact, une façon pour lui, aussi, d’exprimer par des gestes cet amour qu’il n’arrive pas à exprimer par des mots, car Erk ne le comprendrait pas. Et quand je vois la confiance que le géant place en Kris, en s’abandonnant comme ça entre ses mains, je me demande si ce n’est pas la façon d’Erk de dire à Kris qu’il l’aime, lui aussi.

Ils sont restés comme ça un moment, immobiles, silencieux, recueillis, presque. Puis Erk a bougé, à peine, tournant la tête vers Kris.

- Takk, Kristleifur.

- Vilkominn, Eiríkur. Ça va mieux, maintenant ?

- . Désolé.

- T’inquiète, mon grand. Mais je t’avouerai que je ne m’attendais pas à ce que tu craques ici. Et si cette grotte te fait cet effet-là, je n’ai pas vraiment hâte d’être à la forteresse.

- Moi non plus. J’en ai assez de jouer les fontaines. Je sais qu’en plein désert, c’est pratique, mais comme c’est de l’eau salée, c’est pas très utile. Kris, pourquoi ?

- Pourquoi quoi, mon grand ?

- Pourquoi ces larmes ? Je… je ne comprends pas.

- Frangin, depuis un an, t’en a chié. Depuis les gaz d’Ariane, t’a pas arrêté de prendre des coups. Mais avant la Tchétchénie, c’était des blessures de guerre. Normales pour un soldat. La Tchétchénie, c’est la première fois où il y a eu une volonté de nuire, et aussi où ta sexualité a été attaquée.

- Mais non, à Milan…

- A Milan ce n’était pas dirigé contre toi et il n’y avait rien de sexuel. La Tchétchénie, le chef des FER, c’était contre toi. Et aussi…

- Je crois que j’ai compris. Je doute que ça s’arrête, ça. Mais comment faire pour que ça me touche moins ?

- Alors, là, mon grand, si je savais, je serai riche ! Je n’ai pas de recette miracle, mais… essaye de trouver un truc à quoi te raccrocher, peut-être ? Quelque chose qui t’évite de te réfugier dans les Ténèbres, mais qui te permet de surmonter ça ?

- Un mantra ?

- Ou une image, un poème… un truc.

- J’ai essayé, en Tchétchénie. Des poèmes, la Saga d’Erik le Rouge, le règlement de la Légion, mais ça n’a pas suffit. Peut-être parce que c’était avant… les mains. Je vais y penser.

- Bien. C’est pas que j’aime pas nos petits câlins, mais j’aimerais que tu choisisses un moment plus propice.

- Crétin.

- Moi aussi, je t’aime.

Leur échange habituel. Mais cette fois-ci, il y avait une intonation différente, que je n’ai pas réussi à identifier. Kris a rendu son casque et son EMA 7 au géant et celui-ci est parti relever Tito pendant que Kris relevait Bear.

Le lendemain, on atteignait la forteresse. Erk était tendu, Kris était tendu et on l’était tous, même Yaka. J’ai vu Erk se tendre encore plus, ralentir le pas, puis se secouer et courir jusqu’à l’endroit où il avait souffert deux fois.

Il ne restait plus rien des bâtiments, les explosifs avaient fait leur boulot. Des piles de gravats traçaient vaguement les contours des bâtiments. Les pluies avaient arrondi les angles, les vents rempli les creux, charriant de la terre.

Il ne restait que le poteau debout et j’ai réalisé qu’on avait fait une connerie en le laissant. Mais on était tellement déboussolés, abattus… On n’avait pas trouvé Erk et on imaginait le pire, tout en sachant qu’il n’était pas parmi les corps que nos explosifs enterraient, mais ne sachant plus où le trouver.

Et là, debout devant le poteau, aussi immobile que lui, Erk ne disait pas un mot, les yeux fixés sur l’anneau de métal où ses mains avaient été attachées. Il a tendu une main vers cet anneau, l’a effleuré du doigt et j’ai vu Kris se tendre comme une corde de violon.

Le géant a posé ses deux mains sur le haut du poteau, comme, si ma mémoire ne me faisait pas défaut, il l’avait fait un an plus tôt avant qu’on les attache.

Kris semblait vibrer tellement il était tendu. Il allait se faire mal, se péter quelque chose, un ligament, un nerf…

Erk a serré les mains, a grimacé, tremblant violemment, les muscles tendus, puis, d’une torsion puissante, il a arraché le poteau et l’a jeté de toutes ses forces vers l’autre bout de la cour en poussant un cri de rage. A la fin de son cri, il s’est accroupi, protégeant sa tête de ses bras. Puis :

- Kris ?

Et le petit frère a sursauté violemment.

- Oui ?

- Tu crois qu’on peut passer un moment ici ?

Le regard de Kris s’est adouci.

- Je pense qu’on peut, mon grand.

- Bien. On va faire un feu de joie avec ce truc, puis on ira se trouver un coin où dormir, j’ai vraiment sommeil.

- Tu n’as pas dormi la nuit dernière, n’est-ce pas ?

- Non. Et toi non plus.

Kris lui a souri.

Le Viking est allé chercher le poteau, l’a posé bien à plat et y a mit le feu.

On est restés debout, autour du poteau, certains tournés vers lui, d’autres vers l’extérieur, surveillant les alentours.

Erk et Kris sont restés face au “feu de joie” jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de ce poteau que des braises. Sortant sa pelle-bêche, le géant a éteint le feu, l’étouffant sous la terre sableuse de la cour.

En le regardant faire, je me suis fait la réflexion que, s’il était là, ce truc, c’est que feu le chef des FER devait souvent s’en servir. Ça fait froid dans le dos. Un type qui tient ses hommes par la peur et la punition… Je préfère la manière de Lin, qui nous tient par le respect, la confiance, la loyauté, le soutien. Certains diront qu’elle me tient par autre chose, mais notre conversation sur Misha devrait vous rappeler que Lin n’appartient qu’à elle-même, même si je suis celui qui a la chance de partager son lit.

En regardant cet objet de torture brûler, on avait laissé passé le déjeuner, alors, quand nos estomacs se sont mis à gronder, on s’est détournés et on a quitté, pour la dernière fois j’espère, les ruines de cette forteresse.

- C’est étrange, a dit le Viking en marchant. Je m’attendais à avoir plus de mal ici qu’à la grotte, mais, en fait, je ne ressens rien.

- A part le poteau, a dit Kris.

- Même pas.

- Pourquoi lui avoir fait sa fête, alors?

- Parce que c’était nécessaire. Je ferme la porte sur ça. Tout, des FER, doit disparaître, y compris ce symbole. Dans ma tête, et ici. Ici, il ne doit rester que des pierres et des insectes.

- Et le chant du vent qui peut maintenant courir sans obstacle, sans limite, a dit Baby Jane.

- Te voilà poète, ma belle, a dit le géant avec un sourire.

Elle a haussé les épaules en se rapprochant de lui.

- Il faut bien un peu de beauté dans ce monde de brutes, elle a dit, même si ce que j’ai sous les yeux en apporte pas mal, elle a rajouté en détaillant le Viking des pieds à la tête.

Il a rougi comme une pucelle, c’était vraiment trop mignon. Il est resté pivoine jusqu’à une autre grotte, un peu plus grande que la première, avec une petite source qui nous permettrait de remplir nos gourdes.

Pourquoi est-il resté pivoine ? Parce que Baby Jane, cette punaise, le regardait régulièrement avec un sourcil levé ou un sourire narquois. Si j’avais bien suivi, il l’avait embrassée avant de sortir faire la fête aux Pashtounes qui nous attaquaient. On avait eu quelques nuits de repos avant de repartir en patrouille. Ils avaient dû… oh et puis, après tout, ça ne me regarde pas. Mais le voir rougir à chaque coup d’œil de la belle anglaise, c’était marrant.

Dans la petite grotte, on s’est installés, se détendant. JD a demandé à Yaka de veiller, et, nos armes à portée, quand même, on a commencé à préparer le dîner.

Comme toujours, il s’agissait de réchauffer les rations, mais bon, on essayait d’avoir un minimum de normalité.

Erk étant le plus balaise, c’est aussi lui qui portait nos rations de secours. Kris a décidé de lui alléger son sac et a sorti le dîner du paquetage du géant.

- Alors… daube. Pour Erik, celle-là. Poulet basquaise. Qui veut ?

- Tu peux donner la daube à quelq… à Bear, par exemple. Faut qu’il goûte. Moi, j’aimerai de l’agneau, ce soir, si y a.

- Y a. Navarin.

- Si personne n’en veut…

- Le navarin est à toi, Erk, a dit JD. Moi, j’aimerai du poulet basquaise.

Kris a distribué selon les préférences et on a dîné.

- Dis-moi, Erk, est-ce que ça va, maintenant ? a demandé Kitty.

- Je pense que oui. C’était une bonne idée de passer par ici. De voir ce qui restait, de brûler ce poteau et de voir mes peurs partir en fumée avec lui. Je pense que j’aurai encore quelques cauchemars, mais il y a des chances pour que ça disparaisse, tout ça. Et c’est tant mieux.

- Erk, j’ai une question, a dit Baby Jane.

- Je t’écoute.

- Les quelques fois où Kris a raconté ton histoire, tu es resté détaché, souriant. Et là…

Elle n’avait pas posé sa question, mais on l’a tous entendue.

- Je dirai que, cette fois-ci, il y avait un certain nombre de choses qui se sont accumulées, des choses que j’avais enfouies en moi et qui sont ressorties au pire moment. Enfin, presque.

- Quelles choses ?

- La Tchétchénie, ce cauchemar, les… attentions du chef des FER, ma trouille de tomber entre les mains de Durrani. Pour les FER, le feu de joie était le point final de cette affaire, en ce qui me concerne. Pour la Tchétchénie, ça commence à aller mieux.

Il s’est tu un moment, regardant ses grandes mains.

- Chez les FER, malgré l’enlèvement, malgré les liens, j’avais un peu de contrôle sur la situation. En Tchétchénie, aucun contrôle du tout. Et c’est sans doute pour ça que ça continue à peser. Mais je vais travailler dessus.

- C’est bien, mon grand. Bon, après toutes ces émotions – et Erk lui a fait une grimace – au lit. Tours de garde : Kitty, Bear, Tito, Baby Jane, moi, Erk, JD, Quenotte, l’Archer…

- Non, les frangins, j’ai dit, vous avez l’air crevé et si vous n’avez pas dormi la nuit précédente, cette nuit, vous pioncez. Ordre de votre caporal.

Les frangins n’ont rien dit, m’ont obéi. Erk s’est allongé, Kris a posé sa tête sur son ventre, le géant a râlé, soulevé son frangin tout en restant allongé et l’a posé à côté de lui. Avec un grand sourire, Kris a posé sa tête sur l’épaule du Viking qui n’a rien pu faire d’autre que soupirer puis sourire dans sa moustache. Je lui ai fait un clin d’œil. Il m’a souri, a fermé les yeux et s’est endormi, vite suivi par Kris.

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