XIV
On est retournés vers les tombes vides, Erk voulant à tout prix les fermer. Kris lui a dit OK, mais qu’il serait le seul à pelleter. Ça n’a pas eu l’air de le gêner. Bon, après – enfin, pendant qu’il pelletait – j’ai vu son expression et j’ai compris qu’en fait il était en colère et qu’il avait besoin de l’évacuer.
Il n’était pas en colère parce que quelqu’un lui avait volé la punition, mais parce que ce quelqu’un avait estimé que la mort était la seule réponse à ce qu’ils avaient fait. Car on ne m’ôtera pas du crâne que ces gamins n’avaient pas été des victimes au hasard. Ils avaient été choisis pour ce qu’ils avaient fait. Et si on avait un justicier dans le coin, on était dans la merde…
Pendant qu’Erk refermait les tombes, Kris et moi, couverts par le reste de la patrouille, on a examiné la petite cavité que JD avait signalée au Viking. Parce que figurez-vous qu’elle se trouvait dans le dos de ceux qui venaient du village… comme par hasard.
Pendant que Kris, accroupi, utilisait ses yeux pour trouver des indices, moi je prenais des photos pour les passer plus tard au crible informatique et obtenir plus de réponses si nécessaire.
- Vous m’entendez bien, les gars ? a demandé Kris.
Après une volée de « Oui », Kris a commencé à décrire ce qu’il voyait.
- Bon. Ce que je peux voir, ce sont des traces de l’occupation d’un seul homme. Une seule empreinte intacte, mais le peu que je peux voir des autres me fait penser que c’est la même… l’Archer, photo. C’est de la rangeo. Mais c’est commun, par ici. Ce que je peux dire, c’est que ça n’a pas duré très longtemps. Un jour ou deux à tout casser.
- Ça ne nous avance pas à grand-chose, ça, a dit JD.
- En fait, si, car il a dû manger et boire. L’Archer, prends un max de photos et fais-moi signe quand tu auras fini. Je voudrais fouiller le sol de la cavité.
J’ai mitraillé tous les angles, j’ai même filmé, un lent panoramique de droite à gauche et en hauteur, aussi. On ne sait jamais. J’ai trouvé une trace en creux, à 60 cm du sol, un creux arrondi, comme si un caillou rond était tombé du mur, mais il n’y en avait pas par terre.
- Kris, j’ai dit en lui montrant, c’est quoi, à ton avis ?
- Décris, tu veux, pour les autres.
J’ai décrit le petit creux, sa hauteur par rapport au sol.
- Qu’est-ce que ça peut bien être, alors ?
- Une pelle, a dit la voix monocorde du géant.
Ah. Ouais, logique. Et une pelle-bêche, même… Le manche rond en haut et, juste en dessous, un peu effacé par une empreinte partielle, la trace du tranchant.
- Bien vu, frangin. L’Archer, tu as fini ?
- Oui, vas-y.
Il s’est mis à quatre pattes, les mains au bord du creux et a regardé le sol du creux sous tous les angles. Puis il a tendu une main vers un coin et a doucement écarté un petit caillou.
- Ah ! J’ai trouvé !
- Quoi donc ?
Du côté du Viking, les bruits de pelle s’étaient arrêtés.
- Un petit morceau de papier kraft, gaufré, plié en deux, qui fait comme un coin. C’est petit, à peine plus foncé que la poussière et caché par le caillou. Vu les découpes en zigzag d’un côté, faites à la machine, l’arrondi déchiré, à la main, et l’intérieur un peu brillant, je pencherai pour un emballage alimentaire.
Il a prit un petit sachet en papier – d’où le sortait-il, bon sang ? – et y a glissé le petit truc.
- Vu la couleur, je pencherai pour un truc militaire. Lin pourra peut-être nous dire, avec ses microscopes, ce qu’il contenait.
- Donc le gars a mangé ici ?
- En tout cas, il a ouvert quelque chose. Il y a peu de déchets, sinon. Ah… Un reflet… Un fil argenté, très court…
- Ou un cheveu ?
- Ou un cheveu.
- On n’a pas les moyens de prélever l’ADN sur ça, Kris, a dit Erk. Et on n’a pas les profils ADN des gens du coin.
- On dirait que tu ne veux pas savoir, frangin.
- Je ne sais plus trop ce que je veux, dans cette affaire, Kris. Les filles sont traumatisées mais plus ou moins acceptées par leur village, leurs agresseurs morts… Et je n’ai pas envie de donner la possibilité à V2 de se venger. Tout ce que je veux, c’est punir celui qui a dit à ces gamins qu’un flingue les rendrait fort. Mais savoir qui a mis fin à leurs jours ? Pas franchement. J’imagine que sa conscience doit le punir assez.
- Ou pas.
- Je préfère mettre cette option de côté, pour l’instant, et laisser à Dieu le soin de lui donner ce qu’il mérite.
J’ai remarqué qu’il ne disait pas « punir ». Surprenant. Ou pas. De la part du Viking, on peut s’attendre à tout, et surtout à de la compassion. Même envers les salopards. Kris n’a rien dit, sur le coup. Puis…
- OK, bróðir. Tu as sans doute raison sur ce point. Evitons de donner libre champ à la vengeance. Comme Rafa nous le disait, elle a trop longtemps fait son lit dans ce pays. Bon, on remonte le chemin vers V2, alors.
On s’est mis en route, en ordre de marche comme avant. On avançait moins vite, car le chemin se glisse de ravin en combe et de flanc de colline en lit de rivière asséchée (de vrais oueds, cette fois-ci).
En remontant ce chemin vers le nord, on n’a jamais traversé la rivière. On est passés par des coins qu’on n’avait jamais vu, des coins vachement à l’abri des regards.
Puis, d’un seul coup, on s’est retrouvé en surplomb de cette micro plage de cailloux qu’on connaissait bien, puisqu’elle donnait sur le gué vers la Forteresse. Puisqu’on y avait passé quelque temps, aussi.
On a trouvé le discret sentier de chèvre qui permettait de descendre et, une fois tous sur la plage, Kris s’est retourné vers ce chemin dont on n’avait jamais soupçonné l’existence.
- Décidément, ce pays ne finira pas de nous surprendre. Bon, on va mettre les cartes à jour. Pause et… bivouac, en fait, vu l’heure. Tito, va voir Erik pour vérifier notre chemin.
Il est parti rejoindre le géant en traînant les pieds et j’ai entendu Kris souffler. Tito a dû l’entendre aussi parce qu’il s’est redressé et est reparti d’un bon pas de militaire. Kris et moi avons échangé un regard peiné.
- Vivement qu’ils règlent ça, tous les deux… a fait le petit frère, d’un ton fatigué.
- Ça ne va pas, Kris ?
- Si… non. Et ce n’est pas à cause d’Erik, cette fois. C’est… cette saloperie. Je n’ai pas, comme Erik ou Bear, cette pulsion de vouloir sauver les gens d’eux-mêmes, mais je t’avouerais que cette culture me sort par les yeux. Vengeance, mépris de l’autre, culte des rapports de force… et je n’aborde même pas l’aspect religieux. Des fois, j’ai l’impression de glisser… en fait, comme Sisyphe… mais contrairement à lui, je ne vois pas le sommet. En fait, j’ai l’impression que ma montagne ne s’arrête jamais.
- Je ne suis pas sûr de saisir le parallèle. Je connais le mythe de Sisyphe, mais…
- Oui, tu as raison, je ne suis pas très clair. Mais en fait, les termes mêmes de notre mission ne sont pas clairs, alors… Nous sommes sensés pacifier la région, pour que l’Armée Française, sous l’égide de l’OTAN, vienne s’y installer pour mettre en place une base avancée face à l’Inde et au Pakistan. Ensuite, si j’ai bien compris, il y aurait des tractations avec le gouvernement de Kaboul et les autres seigneurs de guerre, pour essayer de reconstruire l’Afghanistan, qui serait alors membre de l’OTAN élargi et donc, protégé. En échange, bien sûr, de l’accès à son sous-sol et son lithium, entre autres. Ce qui peut expliquer les risques pris par les R&R pour trouver les gisements.
- Jusque là, je te suis. Et si j’ai bien compris, la pacification de l’Afghanistan est le sommet de la montagne que tu gravis.
- Et comme c’est un cimetière d’empires, depuis Alexandre le Grand, tu vois bien que le sommet me paraît inatteignable. Je sais bien que notre mission n’est pas de pacifier tout l’Afghanistan, mais j’aimerai juste qu’on se tire d’ici avant de tous devenir cinglés.
- Et ça t’empêche de dormir…
- Ouais. Ça. Et ma libido.
Il a eu un sourire tordu. Je lui ai répondu par un autre un peu sarcastique.
- Et personne ne peut t’aider, pour ce deuxième point ?
- Si. Mais… c’est purement physique. Ça satisfait un besoin purement sexuel.
- Et ? Ça ne suffit pas ?
- Ma libido est alimentée par… mon imagination et… Oh putain… Tu sais bien, Tudic… Je dois me mordre les lèvres pour ne pas crier son nom, je dois me contrôler… Je vais finir aussi frustré qu’une vieille fille dont toutes les carottes sont râpées.
J’ai eu un hoquet vaguement choqué, une espèce de ricanement idiot, puis j’ai rougi et détourné la tête. Il s’est marré à son tour, mais c’était un ricanement sans joie. Putain, pauvre type. J’ai lâché le canon de mon EMA 7, me suis approché de lui et, posant ma main sur sa nuque, je l’ai attiré à moi. Il a posé son front sur mon épaule. J’ai massé sa nuque de mon pouce, comme il avait fait pour Erk. Et quand j’ai vu le Viking s’approcher, j’ai fait « Non » avec mon index. Il est retourné travailler avec Tito.
Les épaules de Kris ont été secouées une fois, j’ai compris qu’il essayait de se retenir.
- Kris, j’ai chuchoté, laisse-toi aller, petit frère. Allez, chiale un bon coup, ça ira mieux après.
Il a eu un rire étranglé puis il s’est encore plus appuyé contre moi, ses épaules secouées. Je l’ai laissé pleurer. Un an après la Forteresse, les frères Hellason arrivaient enfin à écrire le mot fin sur ce sale épisode. Un an, ça peut paraître beaucoup, mais vu l’état physique d’Erk après la Forteresse, et vu ce qui s’était passé en Tchétchénie et que Kris ne voulait pas me raconter, j’imagine qu’il y avait beaucoup de tri à faire et de problèmes à examiner et à résoudre.
J’ai laissé Kris s’appuyer sur mon épaule aussi longtemps qu’il en avait besoin. Quand j’ai senti sa nuque se contracter, j’ai retiré ma main et il s’est redressé. Je lui ai tendu un mouchoir. Il avait les yeux rougis et irrités, apparemment. Il se les est frottés avec le dos de la main, comme un enfant. C’en était presque adorable. Mais Kris est trop beau pour que ce soit adorable.
Erk s’est approché et je l’ai laissé faire cette fois-ci. Quelques mots islandais plus tard, la main du Viking a essuyé les yeux de Kris et la rougeur a disparu.
- Je…
- Plus tard, bróðir. C'est passé. Tu veux bien m’aider à installer le bivouac, mon grand ?
Je les ai laissés ensemble, j’ai voulu organiser les tours de gardes mais on est vachement bien rodés, dans la patrouille, c’était déjà fait.
Les frangins nous ont appelé à dîner, alors on les a rejoints dans ces petits creux juste assez hauts pour s’asseoir, qui ont été creusé par la rivière dans la falaise. C’est là qu’on avait couché Erk et le Gros à notre premier retour de la Forteresse.
Kris s’est endormi sur l’épaule d’Erk, alors le géant, une fois le dîner terminé, a pris la couverture que Kitty lui tendait et a enroulé son frangin dedans délicatement et l’a pris dans ses bras, le calant contre lui, sa tête, sans casque, sous son menton. Il avait l’air triste, notre gentil géant.
- Erk, on a prévu le dernier tour de garde pour Kris mais…
- Je prendrai le sien aussi, il a répondu.
- Non, Erk, ce n’est pas raisonnable, a dit Quenotte. Ecoute, on va répartir la nuit en huit quarts au lieu de neuf, et puis c’est tout. Ça sera moins dur pour toi et lui pourra se reposer.
- Mais…
- Non, Erk, j’ai dit. Lin et vous, vous avez cultivé chez nous l’esprit d’équipe, l’esprit de famille, l’entraide. Et bien, récoltez-le maintenant. Cueillez les fruits de votre labeur…
- Et t’es fier de toi ?
- Ouais, j’ai dit.
Il a souri. Un sourire contraint, un peu éteint, qui n’avait rien à voir avec ses merveilleux sourires habituels. Il était temps qu’on passe par notre village pour qu’il joue à chat avec les mômes !
On a fait une mini-connerie le lendemain matin. On n’a pas réveillé Erk pour qu’il prenne sa garde, ni Kris. Pourquoi ? Parce qu’ils dormaient tellement bien, tous les deux, et qu’on n’avait rien à craindre là où on était, qu’on pouvait se permettre de les laisser roupiller.
On était tous prêts, harnachés, campement rangé, seules restaient les mugs des frangins pour leur café, et on était debout autour d’eux à se demander si on ne devait quand même pas réveiller le Viking quand Yaka a pointé sa jolie tête vers le Nord et a fait comprendre à JD que la Land approchait. Quenotte s’est connecté à la base, s’est mis en relation avec Lin qui a dit qu’elle passait nous prendre.
On a réveillé les Islandais, du coup, et Kris était aussi ensuqué que son frère. Même la menace de l’arrivée de Lin n’a pas réussi à les faire bouger plus vite.
Ils sont parvenus à faire illusion jusqu’au moment où la Land a redémarré après nous avoir chargés, l’Amiral aux manettes de la 12.7, Bloody Mary au volant, Lin assise à côté d’elle dans la cabine. Elle s’est tournée vers nous, sur le plateau et a vu les frangins assis comme nous, appuyés l’un contre l’autre et roupillant de nouveau.
Elle m’a regardé, a levé un sourcil. J’ai répondu avec un signe de Dio qui voulait dire « Attention, préparez-vous ». J’espérais qu’elle avait compris que je voulais dire qu’ils étaient tendus. Elle a froncé les sourcils, a regardé les frères Hellason de nouveau. Puis elle a levé les mains, mimant un élastique qui s’étire. J’ai hoché la tête. Elle a grimacé.
C’est fou ce qu’on peut se dire sans parler, quand même.
Une fois à la base, on est partis se doucher, comme d’hab, Erk faisant son rapport à Lin et au Gros, Kris gérant notre linge sale.
Quand Erk est enfin sorti du burlingue de Lin, Alpha, qui roupillait sous les arcades, s’est levé d’un bond, poil hérissé, grondant crocs découverts.
- Qu’est-ce qui t’arrive, mon pote ? a doucement demandé le géant, accroupi devant le chien, main en avant.
Alpha s’est ramassé sur lui-même, prêt à bondir. Le Viking a commencé à se redresser, inquiet, et Lin a jailli de la pièce, au moment où le chien s’est jeté sur Erk.
J’ai vu le géant sursauter, presque effrayé, et partir en arrière puis retomber assis. L’animal a mordu Erk à la main et lui s’est immobilisé, une main dans la gueule du chien-loup, une autour de son cou. Lin a saisi le museau et s’est mise à parler à Alpha, rapidement. Erk a lâché le cou de l’animal.
Il a desserré sa prise, Erk a récupéré sa main mais n’a pas bougé.
- Il t’a fait mal ? a demandé Lin.
- Je ne crois pas… Qu’est-ce qui lui a pris ?
Je suis allé prêter main forte à Lin, et j’ai mis mon poignet sous le nez du chien-loup, mon autre main dans les poils de sa fourrure, un bras passé autour de son cou. Il a reconnu l’odeur de celui qui l’avait soigné lors de l’attaque de nuit et il s’est calmé.
- JD, j’ai appelé, amène-toi avec Yaka.
- Pourquoi tu veux qu’elle vienne ? a demandé Lin.
- Elle pourra peut-être nous dire pourquoi Alpha…
- Laisse tomber, c’est parce qu’Erik sent la mort.
Le géant s’est décomposé.
- Hé, Erik, ce n’est pas grave, d’accord ? elle a vite dit. Tu as fait ce qu’il fallait, litla min, c’est compris ? Tu n’as rien à te reprocher, okay ?
Il a hoché la tête, silencieux.
- Bien, va voir Doc, prends une douche, change-toi et reviens nous voir. On va déjeuner dehors, exceptionnellement. Ceux qui sont propres vont sortir les tables et les bancs pendant que vous vous lavez, les frangins.
Kris, qui s’était approché mais n’était pas intervenu, a acquiescé et est parti prendre sa douche. Non sans avoir échangé trois mots en islandais avec son frère.
Au final, plus de peur que de mal, pour le géant. Alpha a mal réagi à l’odeur, et a pincé la main du Viking. Erk est en quitte pour un – très – gros bleu sur la paume et le dos de la main, du petit doigt au majeur. Doc lui a massé la main à l’hélichryse et lui a fait une espèce d’attelle pour qu’il ne bouge pas ses doigts tant que le bleu n’est pas résorbé. Il doit la porter le plus possible, ce qui le gêne un tout petit peu, surtout pour sa douche.
Au café, Lin nous a parlé de son voyage à V2.
- Comment la mère des garçons a-t-elle réagi ? a demandé Erk.
- Elle a regardé les enfants, puis le malik. Elle était… magnifique, a répondu Lin en secouant la tête d’admiration. Elle l’a regardé droit dans les yeux pendant un long moment, debout entre les corps de ses enfants. Il n’y avait pas de haine, dans ses yeux, uniquement du chagrin. Et de la compassion. Elle m’a fait penser à toi, Erik.
Il a rougi un peu.
- Elle a dit au malik : « Les armes ne rendent pas les gens plus forts. Juste plus morts. » Elle a rajouté : « Tu n’es pas le bienvenu à la cérémonie pour mes garçons. Je t’interdis de nous apporter quoi que ce soit. Tout ce qui viendra de toi, désormais, te sera retourné. Et selon mon humeur, avec élan. » Sacrée bonne femme, mine de rien. Il a fait le mariole, après, mais il puait la trouille. Ça m’a bien fait marrer.
Elle a ricané un peu.
- Elle voulait vous remercier, tous, et elle a voulu me donner de l’argent. Je lui ai dit que le simple fait de lui avoir rendu ses garçons était notre récompense.
On a souri, on avait l’air de boy-scouts, plus vraiment de mercenaires. Mais bon, il fallait que les populations locales nous voient comme les gentils.
- Erik, tu seras toujours le bienvenu chez elle. Elle m’a même dit qu’elle aimerait que tu lui apprennes à modeler, pour qu’elle puisse faire des jouets pour les enfants du village. Je crois qu’elle va avoir besoin de ça pour oublier la mort de ses fils.
- Pauvre femme… OK, je lui apporterai un peu de ma glaise. Et si tu pouvais m’en re-commander, je dois ajouter des santons à la crèche pour cette année.
- Le Gros s’en occupera.
Le Gros a hoché la tête.
- Bon… Je suis embêtée pour votre patrouille…
- Pourquoi, Lin ? a demandé Erk.
- Ta main…
- Ne m’empêche pas de marcher, ni de tirer, ni de Soigner.
Elle l’a fixé. Il a souri. Un de ses sourires charmeurs qui n’ont aucun effet sur elle mais qu’il tente toujours.
- Deux jours de repos, vous serez de service de salle pour filer un coup de main aux cuistots.
- A tes ordres, Lin.
On lui en voulait pas, à Erk. Même si on allait nettoyer la salle, faire la plonge, et tout, on allait quand même pouvoir prendre des douches atomiques deux jours de suite. Putain de luxe !
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