XLVII
Pendant les quelques jours qui ont suivi, on s’est reposés, attendant qu’Erk soit remis pour Soigner Jude et Benji. Ça a pris quelques jours, parce que Doc voulait éviter une rechute. Comme Kris était d’accord, Erk a dû attendre.
On en a profité pour faire de la maintenance un peu partout dans la base. Land, motos, cuisine, flingues, portes, électricité… Bear a même eu le droit de descendre avec Jo dans la salle de contrôle de la pile atomique pour apprendre un peu comment lire et comment contrôler. Mais la pile fournie par ATS est extrêmement stable, grâce entre autres à un nouveau matériau découvert dans un de leurs nombreux labos, la sigmalite. Le suffixe -lite veut dire que c’est comme de la pierre, mais à part ça… Aucune idée de ce que c’est. Si ce n’est que ça stabilise à merveille une réaction atomique.
Et puis Erk a été déclaré apte, a Soigné nos deux blessés, ce qui l’a bien fatigué, donc il a dormi encore toute une journée, puis on a eu un briefing le soir après le dîner.
On sirotait une tisane, on s’était tournés vers Lin et les frangins. Lin a bu une gorgée et s’est levée. On s’est tus.
- Bon. Petit résumé pour ceux qui n’ont pas suivi, et ce n’est pas grave, ces derniers temps ont été un peu mouvementés pour nous. La patrouille de Frisé avait deux objectifs quand elle allait sur le territoire du Pashtoune : le harceler pour qu’il ne fasse plus que réagir. Les actions de sabotage ont plutôt bien fonctionné. Ils ont continué à foutre en l’air les champs de pavots, ils ont ouvert les portes de la jumenterie et chassé les juments, mis du sucre dans les réservoirs des belles bagnoles… Ils ont aussi réutilisé les sources des fontaines pour envoyer des petits cadeaux pas sympas, du genre qui font mousser l’eau des fontaines ou la rendent acide pour les plantes. Voire lui donnent la couleur et la consistance du sang. Vive la chimie !
On a rigolé. C’est vrai que même si elle est militaire maintenant, elle a commencé comme chimiste.
- Grâce à la mousse qui a fait déborder les fontaines, on a pu poser chez lui de minuscules haut-parleurs, de la taille d’un pois chiche. Ils diffusent, à la nuit tombée, des gémissements lugubres dès qu’il y a quelqu’un qui s’approche. Tous n’ont pas survécu au nettoyage post-mousse, mais suffisamment pour l’effet que nous voulons, c’est-à-dire faire peur à Durrani et ses hommes. Le dispositif qui diffuse les gémissements vers les haut-parleurs sera désactivé quand le Pashtoune sera mort, pour éviter de faire peur à son successeur.
Des petits rires et un sourire du Viking.
- L’autre objectif de Frisé, c’était de prendre la température des « sujets » de Duran Duran. Elle n’est pas terrible. Durrani est devenu cruel et… Nous voulions faire de lui un salopard avant de l’éliminer. Je crains que nous n’ayons un peu trop bien réussi. Deux villages ont… payé le prix fort. L’un parce que les hommes, conscrits comme gardes du Pashtoune, n’ont pas réussi à nous empêcher de pénétrer dans son sanctuaire, c’est le village que la patrouille à pied a vu cet été.
J’ai jeté un œil au Viking. Il avait l’air triste et Kris avait une main sur sa nuque, faisant des petits cercles avec le pouce.
- L’autre village, c’est la caravane de réfugiés que la patrouille à pied a trouvé, avec comme seul survivant une petite fille de trois mois, qu’Erik a confié à Eshani et Fazal, de notre village. On pense qu’ils cherchaient à fuir la folie de Durrani.
En fixant ses yeux noirs sur le géant, Lin a continué.
- Il est grand temps de mettre fin à ses exactions. Nous ne sommes pas assez nombreux pour un assaut frontal, mais Erik a eu une idée, elle a fini en levant un sourcil un peu ironique.
On a rigolé, espérant dissiper un peu la tension du Viking.
- Oui, ça lui arrive de temps en temps et non, rassurez-vous, il ne s’est pas fait mal, il va bien.
On a ri de nouveau et Erik a commencé à sourire.
- Erik, tu veux en parler ?
- N…
Il s’est gratté la gorge.
- Non, je préfère que ce soit toi.
- Très bien. L’idée d’Erik, c’est d’aller chercher Durrani chez lui, de le sortir de sa forteresse, puis de l’emmener à un endroit où on aura donné rendez-vous à tous ses sujets. Erik a pensé au village qu’il a massacré.
- Et qu’est-ce qui se passera une fois là-bas ? a demandé Tondu.
- Un jugement et une exécution, si c’est la sentence prononcée.
- Lin, c’est pas un crime de guerre, d’exécuter ce type sans être juges nous-mêmes ?
- Non, j’ai reçu des ordres précis, soigneusement enregistrés auprès de la Cour Européenne de Justice, et carte blanche quant aux moyens à utiliser pour exécuter ces ordres. Vous, en tant que mes hommes, ne serez pas inquiétés. Même les frangins.
- Lin, si les villageois ne veulent pas qu’on exécute Durrani ?
- D’après Frisé, ils le voudront. Ils n’en peuvent plus. La majorité des hommes qui ne sont pas morts sont des gardes pour le Pashtoune ou récoltent l’opium, du coup, les femmes, les vieux et les enfants sont seuls pour les cultures vivrières ou les bêtes. Ils ont faim. Ils sont appauvris.
- Mais si on nomme un autre chef, qu’est-ce qui garantit qu’il ne fera pas pareil ?
- Rien. Mais on verra une fois sur place. On peut les laisser choisir. Le plus important, c’est de se débarrasser de Durrani. On pourra faire peur au successeur en lui montrant ce qui l’attend s’il déconne.
- La tête du Pashtoune ?
- La tête du Pashtoune, en effet.
- Ça me surprend que ce soit toi, Erk, qui aies eu cette idée.
- Pourquoi ça ? a demandé l’interpellé, apparemment surpris.
- C’est… ça ne te ressemble pas. Tu es gentil, bienveillant…
- Je peux être pragmatique, aussi, tu sais, Tondu. J’ai le meurtre en horreur, mais je suis prêt à tuer une personne pour en sauver beaucoup plus.
- Hmm… vu comme ça, je comprends mieux. Et je t’avouerai que j’approuve.
- Je te remercie, dit Erk avec un sourire.
Et ça m’a fait bien plaisir de le voir, ce sourire. Nous allions atteindre des moments difficiles pour l’âme pure du géant, notre paladin personnel, et j’étais content qu’il ait quelques moments de joie avant d’attaquer le pire.
- Bon, Erk, tu as pensé à comment faire pour sortir Durrani de son alcazar ?
- Je me suis dit que je n’allais pas vous mâcher le travail. Votre matière grise peut servir à quelque chose, de temps en temps.
On ne peut pas se vexer de cette gentille moquerie de sa part quand il nous la balance avec un de ses merveilleux sourires. Alors on s’est mis à réfléchir.
- Bon, je vais vous aider un peu quand même, sinon on y sera encore demain, a dit Lin en souriant avant de continuer. Il faut qu’un petit commando puisse entrer dans l’alcazar et n’en sortir que Durrani, sans que ses hommes s’en rendent compte. Comme il faut au moins Erik pour porter le Pashtoune, et qu’il n’est pas aussi silencieux que Tito, il faut trouver une solution pour limiter la casse chez nous.
- Lin, je pense qu’il faut Kris, plutôt qu’Erk, j’ai dit. Erk est trop grand et Kris est presque aussi costaud que lui.
- Ça me va, a dit Kris. Le Guérisseur loin des coups.
- Forcément que ça te va, a grommelé le Guérisseur en question. Tu me couves, Kris.
- Oui. Absolument. Tu es infoutu de prendre soin de toi et de ton Don merveilleux, alors je le fais pour toi. Et on va arrêter la discussion là, car ce n’est pas le sujet.
Erk a grommelé des mots indistincts mais n’a pas continué.
- Donc, a repris Lin, on enverra Tito, Kris, qui d’autre ? Des volontaires ?
J’ai levé la main, Bear et Baby Jane aussi. Rocky s’est levé.
- Tu te portes volontaire, Rocky ?
- Non, je veux juste qu’on m’entende. Je pense qu’il faut que la team soit faite de mecs qui se connaissent et savent comment fonctionnent les autres. Et les volontaires déjà nommés se connaissent. Donc…
Il a haussé les épaules.
- La réflexion est bonne, Rocky. Les gars, ça vous convient ?
- Oui, ça nous va, j’ai répondu après un regard à Kris.
- Parfait. On a donc la team. Maintenant, comment vous faire entrer sans risquer vos vies ?
On a réfléchi. Mais pas trop longtemps.
- Lin, il est évident qu’on va y aller de nuit, a dit Kris. Donc ce qui serait bien, ce serait que les mecs de Durrani dorment, et ne se réveillent pas quand on y sera.
- Pas définitivement, j’espère ? a fait Erk, alarmé.
- Mais non, mon grand, juste un gros dodo. Le seul qui y restera sera Durrani.
- OK, les gars, un somnifère, a dit Lin. Ou un gaz… Mais comment le diffuser sans empoisonner la zone. Il y a un village pas trop loin de son alcazar.
- Lin, y a moyen de faire, j’sais pas trop…
- Prends le temps de trouver tes mots, Bear.
Le Suédois a obéi, les yeux fermés.
- Okay. Il faut que seul l’alcazar soit touché. Donc il faut trouver le moyen de poser le gaz dans l’alcazar et pas ailleurs. Avec des drones ?
- On n’a pas les moyens pour des drones. Et ça n’est ni silencieux, ni discret.
- Mais on a un moyen facile, a dit Frisé. Les rivières. Celles qui alimentent les fontaines.
On est restés silencieux un moment, scotchés par l’idée.
- C’est en effet un bon moyen de transport. Plus qu’à trouver un somnifère…
Lin a cessé de parler, semblant perdue dans ses pensées. Elle s’est recentrée rapidement, alors qu’on ne faisait aucun bruit, pour lui permettre de réfléchir.
- OK, j’ai un début d’idée mais je manque de données. Le Gros, faudra que tu me retrouves le temps de voyage des bouchons en coton. Bon, on a un début d’idée, mais je veux quelque chose de plus marquant et en même temps qui protège l’identité de nos hommes.
- On est bien d’accord qu’il faudra que le commando porte des tenues hazmat intégrales en plus du masque ? a dit Quenotte.
- Ça va dépendre du gaz que je vais trouver. Pourquoi ?
- Parce qu’on pourrait les décorer, ces tenues.
- En camouflage ?
- Oui et non. Je m’explique. Frisé nous a dit que Durrani était encore plus superstitieux qu’avant. Donc, on peut modifier les tenues pour les faire ressembler à des djinns et des efrits. Comme ça, si jamais y a un type qui ne dort pas et qui voit le commando, il y a deux réactions possibles : il n’en croit pas ses yeux et décide qu’il devrait arrêter le raki, ou il se dit qu’il a bien vu mais qu’on se foutra de lui s’il dit avoir vu des esprits.
- Et si Durrani se réveille pendant qu’on le tient, il va flipper un bon coup en les voyant, a dit Frisé, hilare. J’aime cette idée.
- J’aime bien l’idée aussi, a dit Kris. Mais pas de LEDs.
- Pourquoi dis-tu ça ? demanda Quenotte.
- Parce que je suis prêt à parier que certaines versions des djinns et efrits émettent de la lumière. Et qu’une certaine personne de ma connaissance voudra être le plus réaliste possible…
Il regardait Jo en disant ça. Celui-ci a commencé par bredouiller que non puis rougir et avouer que oui, il y avait pensé. Ça nous a fait rire et a détendu l’atmosphère.
- Bon, a dit Lin, on a donc un début de plan. On le mettra en œuvre le plus rapidement possible, mais seulement s’il est carré. Pour la chronologie, une fois la date fixée, il faut donner l’information aux villages restants de Duran Duran, puis on capture l’animal et le lendemain à midi, on se retrouve au village vide. Il nous faudra les piétons, la Land et les motos. Tondu, ta patrouille restera ici avec Le Gros et les non-combattants. On emmènera Alex avec nous.
- Pourquoi Alex si on a Erk avec nous ?
- Bonne question, Frisé. Kris, tu veux répondre ?
- Pourq… Oh.
Kris avait eu l’air surpris, puis pensif. Avec un sourire en coin, il a répondu à la question.
- Parce que ce grand couillon au cœur d’or est incapable de mesurer son Don et que je pense qu’une fois que Duran Duran aura rencontré son créateur, on mettra en place une infirmerie de campagne.
- Tout à fait, Kris. Avec un double but : soigner les gens du Pashtoune et leur prouver qu’il vaut mieux nous choisir. Nous, ou ce que nous représentons.
- C’est une bonne chose, a dit notre géant. Et je pense qu’il vaut mieux, en effet, qu’Alex et Kris soient là pour m’obliger à me modérer. Je suis prêt à parier que nous aurons, hélas, beaucoup de patients.
- C’est fort possible, en effet, a répondu Lin. Bien, je vous laisse réfléchir un peu pour les détails et on fera le point demain soir.
On est sortis, Lin et moi, prendre un peu l’air, suivant les frangins. Elle m’a emmené près de sa chambre, et on est restés sous les arcades, invisibles. Elle m’a montré les frangins, assis dans les bras l’un de l’autre près de la niche des chiens. Yaka est venue se coucher près d’Alpha, qui lui a dit bonjour du bout du nez et l’a laissé se coller à lui, puis se glisser sous lui.
De manière amusante, cela faisait écho à la position des frangins. Erk et Kris étaient appuyés l’un contre l’autre, le bras d’Erk autour des épaules de Kris, la tête de Kris sur l’épaule du géant. Ils étaient penchés l’un vers l’autre et chuchotaient.
La curiosité me dévorait et Lin qui me connaît bien avait un petit sourire sur les lèvres. Je ne saurai jamais ce que les frères se sont dit ce soir-là, si ce n’est que c’était en islandais et plein de douceur, selon mon cher Capitaine.
Le lendemain soir, toujours après le dîner, on a eu plus d’informations. Lin avait trouvé un produit neuro-toxique bénin, qui n’endormait pas mais paralysait temporairement ses victimes. Elle avait choisi celui-là parce qu’il se vaporisait au contact de l’eau et, étant relativement lourd, ne monterait pas plus haut que six à sept mètres, donc à peine plus haut que les toits de l’alcazar du Pashtoune. Elle avait prévu de l’encapsuler dans de la gélatine qui fondrait au contact de l’eau. Le temps de trajet de la source à la fontaine déterminerait l’épaisseur de la gélatine.
Jo nous a présenté ses dessins pour les tenues et comme c’est un perfectionniste, il avait pris en photo une tenue haz-mat et l’avait retouchée avec une appli sur son téléphone. C’était impressionnant. Les jambes étaient noires, un torse nu d’homme peint en gris moyen sur le haut, donnant l’impression d’un homme à forte carrure, à la peau grise et dont le bas du corps n’était que fumée. Sur fond noir, c’était très convaincant et un bon camouflage.
Le Gros nous a donné un bulletin météo précis des quinze prochains jours. Il nous fallait un jour sans vent, avec une pression atmosphérique modérée, pour que le gaz n’aille pas en dehors de l’alcazar mais atteigne quand même l’étage. On avait deux jours possibles, à valider dans l’après-midi avant l’action de nuit.
Le premier de ces jours était trois jours après et, malgré les risques, Lin a décidé qu’on tenterait quand même. Après tout, Kris, Tito et moi étions déjà allés là-bas avec Erk, et Tito et Kris savaient où se trouvait la chambre du Pashtoune, puisqu’ils y avaient déposé une photo de Baby Jane en pin-up. Ce qui avait conduit à l’attaque de nuit et au recrutement de Rafa.
On a donc, le lendemain, projeté une image satellite de l’alcazar et on l’a étudié en détail, comme on avait fait en préparant la pin-up. On ne pouvait pas prendre le chemin des toits, puisqu’il fallait qu’on puisse sortir Duran Duran de sa chambre, donc on allait devoir passer par des escaliers, des couloirs.
Quenotte est allé demander à Lin si elle pouvait nous faire des grenades de son produit pendant qu’on préparait un chemin d’entrée et de sortie, plaçant la Land au meilleur endroit, assez près des bâtiments pour que Kris n’ait pas à porter le lascar trop longtemps. Il fut décidé que Baby Jane se placerait sur l’éminence où elle avait déjà été, en sniper. Erk serait à côté d’elle avec des jumelles à vision de nuit, des JVN, pour nous protéger de loin. Jude au volant, forcément, Benji à la 12.7, au cas où, bien improbable, on aurait des soucis plus sérieux. On prendrait Baby Jane et Erk en repartant.
On irait ensuite au village effacé passer le reste de la nuit et se préparer pour le jugement de Durrani. On y emmènerait aussi les maliks de V1, V2 et V3 pour qu’ils participent au choix du successeur de Durrani, puisqu’ils allaient vivre sous la même règle. Les maliks de V1 et V3 (celui des moutons) pourraient dire aux autres ce qu’ils pensaient de nous.
Pendant que notre patrouille se préparait à l’action, les motos faisaient le tour des villages de Duran Duran et transmettaient le message de se retrouver au village dans trois jours, à midi, pour un événement très important, capital, même, pour leur futur.
Lin n’a pas pu nous faire de grenades, mais elle nous a fait des pulvérisateurs avec son gaz, qui nous permettrait de rendormir quiconque aurait eu la mauvaise idée de résister à la première fournée.
Kitty, qui n’avait pas dit grand-chose jusque-là, a posé une excellente question.
- Vous croyez vraiment que tous les hommes de Durrani vont vous laisser faire ? Je ne parle pas du moment de l’enlèvement, mais après. Au village. Ils vont venir le chercher. Armés.
- C’est un bon point, Kitty, a dit Erk. Vu l’accueil reçu de ses hommes au village, on peut penser que certains ont pris du plaisir à… faire ce qu’ils ont fait.
Il était un peu pâle, notre géant.
- Oui, et s’ils le cherchent partout, ils risquent de blesser des gens, de faire encore du mal.
- Très bien. On va donc mettre un message sur son lit, avec les coordonnées et l’ordre de venir sans armes.
- Et tu crois qu’ils vont obéir, Erk ? elle a dit, presque outrée de sa gentillesse ou de sa bêtise, au choix.
- Non, bien sûr. C’est pourquoi les meilleurs tireurs seront postés sur les toits pour leur faire peur. Ou pire. On mettra Baby Jane, Kris et moi là-haut. Baby Jane avec ton Adlerauge, Kris le MKSR, moi un EMA 7. Et Benji dans la Land avec la 12.7 pour niquer leurs camions s’ils ne s’arrêtent pas.
- Peux-tu mettre ça dans l’ordre pour nous autres, Viking ? a dit Baby Jane. J’ai une vague idée de ce que tu veux, mais j’ai besoin d’être sûre.
- Oui. Je vois ça comme ça, dites-moi si on peut améliorer. On les voit arriver, on crie de déposer les armes.
- Plaçons des haut-parleurs sur le chemin, ça évitera de crier et ils ne pourront pas prétendre ne pas avoir entendu, a dit JD.
- Bonne idée. Donc, premier avertissement. Ceux qui déposent les armes, on leur fout la paix. Ceux qui continuent à avancer armés, un tir entre les pieds. Et si Baby Jane se sent de le faire, un tir dans le pantalon, pas trop loin des précieuses.
Elle a rigolé un bon coup.
- Ça devrait pouvoir se faire, oui.
- Bien. S’ils ne baissent toujours pas les armes, un tir dans l’épaule ou la jambe. L’idée, c’est d’empêcher des armes autres que les nôtres d’arriver au village.
- Et pour moi, Viking ? a demandé Benji.
- On demandera à l’Amiral de te servir de jumelles car tu devras tirer de plus loin, et qu’on ne peut pas mettre de lunette de visée sur la 12.7. Si leur caisse est naze, rien ne les empêchera de venir à pied et armés mais ils mettront plus de temps à arriver, ce qui nous laissera le temps de leur faire peur. Donc il faut les faire descendre de leur bouzin bien avant le village.
- Comment tirer un coup de semonce sur un camion ? Je ne peux pas lui tirer dans les roustons !
On a rigolé. En effet, les véhicules n’ont pas ce genre de peur.
- Un coup dans le pare-brise, entre le chauffeur et sa portière ? Ça éviterait les blessures inutiles aux mecs derrière.
Kris a secoué la tête.
- Tu sais, mon grand, que certains de ces mecs resteront accrochés à leur arme ? Et qu’il faudra que tu leur tires dessus ?
- Oui, je le sais. Mais pas tous. On peut limiter la casse.
- Ah la la, quel paladin ! D’accord, Erik, on fera ça. OK, Benji ?
- Oui. Le deuxième tir sera dans le moteur puis le chauffeur s’il ne s’arrête pas.
- Attend de voir si… que l’Amiral te dise si le chauffeur est celui qui décide de continuer, ou si quelqu’un d’autre le pousse. Ce sera lui ta cible.
- Très bien. Faudrait planter un panneau à… hmm… 900 mètres de ma position, leur disant de quitter leur véhicule, puis à 800 mètres, avec un dos rouge et une ligne sur le chemin. S’ils dépassent cette ligne, je tire. Et l’Amiral pourra me confirmer le dépassement. Ça commence à prendre forme.
En effet, on commençait à avoir une idée claire de ce qu’on allait faire.
On a préparé le message, en deux ou trois langues, et même avec un pictogramme simple, les panneaux, les tenues hazmat, vérifié les armes, les pare-balles, les motos et la Land. Des sentinelles, seuls l’Amiral et Lin viendraient avec nous, tout comme Alex. Le reste des sentinelles et des non-combattants resteraient à la base.
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