Pisser dans un violon
Pisser dans un violon, en voilà une expression qu’elle est belle. En gros, ça veut dire que ce qu’on fait n’a aucun impact et ne sert à rien.
Mais d’où vient donc cette expression. Allez, un peu de culture, ça ne vous fera pas de mal, bande d’ignares (je plaisante bien sûr… sur ignares, pas sur la page culturelle qui va s’ouvrir devant vos yeux ébahis). Cette expression daterait du XIXème siècle et, à l’époque, le verbe « pisser » ne signifiait pas directement « uriner » mais plutôt souffler. Chacun sait, même s’il ne l’a jamais essayé, que souffler dans un violon ne sert pas à grand-chose – non, à rien du tout en fait – d’où cette expression qui dit que souffler dans un violon ne sert à rien.
Maintenant, si on prend le sens littéral – oui, la page culturelle est désormais terminée et on va passer dans le « grand n’importe quoi », les personnes sensibles, quittez immédiatement cette page et allez lire Spirou - et donc le fait de pisser dans un violon, que se passe-t-il vraiment ?
Il y a quelques questions – fondamentales- à se poser tout d’abord : Où, comment et combien. On va les prendre l’une après l’autres :
Où tout d’abord. En effet, le violon n’est pas connu pour avoir des orifices importants, tout au plus deux ouïes situées sur la table (mine de rien, vous apprenez du vocabulaire, comme quoi, la culture se cache absolument partout). Ces ouïes sont assez fines et je vous avoue qu’il faut bien viser pour arriver à ne pas en mettre partout mais juste dans le violon. La situation se complique encore plus si on fait ça dehors et qu’il y a du vent.
Mais là, je suis sur le « comment ». En effet, on voit bien (si, si, je suis certain que vous visualisez bien ce que je vais dire) que cela est beaucoup plus facile pour un homme que pour une femme. Où se niche la préférence et la prédominance masculine, je vous jure… On comprend bien que pour un homme, il est plus aisé de diriger le jet, du fait même de son organe urinaire externe (de sa queue quoi). Quoique, pourrait-on m’objecter, pour une femme, il suffit qu’elle s’asseye au-dessus et c’est quasiment du « remplissage direct ». Certes, sans doute, faudrait tester pour voir… L’expérience nous réserverait peut-être de belles conclusions scientifiques ?
La dernière question qui se pose, c’est combien ? En effet, il ne faudrait pas que le dit-violon déborde du fait de dépasser sa contenance. Quelle peut donc bien être la contenance d’un violon ? J’ai cherché, de longues minutes (oui, quand même pas des heures, j’ai une vie…) et voici ce que j’ai trouvé : rien ! Pas un article sur Wikipedia ou ailleurs qui parle de la contenance moyenne d’un violon. Tout au plus évoque-t-on la longueur moyenne du coffre (la caisse de résonnance du-dit violon... encore de la culture et du vocabulaire, mais où s’arrêtera-t-il ?) qui serait, dit-on de 36 centimètres. Donc en supposant (ce qui est faux, donc la supposition est vraiment foireuse, je vous l’accorde) que le violon a une forme parallélépipédique rectangle avec une largeur de 20 centimètres – en plus ça serait assez moche, non ? – et qu’il fait une épaisseur de 5 centimètres avec l’épaisseur de la table et du fond soit de 3-4 millimètres – j’ai pas mesuré mais j’approxime à l’œil- on obtiendrait un volume disponible de 3,6 litres. Sachant que le volume d’une vessie moyenne est d’environ un tiers de litre, on pourrait y pisser à douze. Ne vous sentez-vous pas plus intelligents tout d’un coup d’avoir pu profiter de cette information capitale ? On peut pisser à douze dans un violon, sans que cela ne déborde. Bon, en plus, comme nous l’avons vu plus haut, faut bien viser et donc, on doit pouvoir le faire à au moins quinze, vus les « pertes prévisibles ».
Attention, ce sera quinze en successif, parce que outre le fait que se réunir à 15 pour pisser dans le-dit violon ne doit pas être simple. Tout d’abord, il faut trouver quinze personnes qui ont cette idée ou ce « fantasme ». Ensuite « techniquement parlant », faire un cercle de 15 avec un violon au milieu, il y a quand même peu de chance que la cible soit atteinte. En tout cas, il y aura beaucoup de perte… Non, je n’ai pas essayé, mais je visualise bien la scène et je vous assure qu’il y aura de la perte.
En fait, si on veut pisser dans un instrument de musique, le violon n’est absolument pas adapté : les ouvertures sont ridiculement petites et sa taille ne favorise pas le fait de le faire à plusieurs (pas en simultané en tout cas). C’est la même chose pour toute la famille des cordes (alto, violoncelle et contrebasse) qui ne sont équipés eux-aussi que de ridicules petites ouïes.
On va vers une certaine amélioration avec les guitares, qui ont une ouverture circulaire, plus propice à cet exercice. Toutefois, attention de ne pas le faire dans (ou sûr) une guitare électrique. En effet, outre le fait que celle-ci n’a pas d’ouverture, elle est souvent branchée sur le courant électrique et cela pourrait causer quelques désagréments aux brillants scientifiques voulant tenter cette expérience passionnante (la science est passionnante, non ?)…
Non, sérieusement, si vous voulez pisser dans un instrument, prenez un instrument à vent. Si on en revient au sens premier de cette expression – dont on s’est un peu éloigné, j’en conviens – cela prend tout son sens. LA difficulté avec les instruments à vent est qu’ils ont deux ouvertures. Une dans laquelle on souffle normalement et l’autre de laquelle sort le son. Attention donc à ne pas faire les deux en même temps (pisser et souffler) et à orienter le-dit instrument de façon à ce que tout ne s’écoule pas au fur et à mesure de l’introduction.
Je n’ai pas trouvé non plus chez mon cher Wikipédia, de données claires sur le volume des cuivres. Cependant, on comprend bien que plus on est nombreux, plus il faut aller vers un instrument comme le trombone. Le pipeau doit être réservé aux envies très limitées et essentiellement solitaires…
Voilà, comment la science et les lettres peuvent être mêlées pour votre culture et vous faire rire un peu (j’espère)…
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