Chapitre 28 – juste Leyn, que Leyn

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Merwan haleta sous la pression. C’était la toute première fois qu’ils faisaient quelque chose comme ça et c’était angoissant mais également nécessaire avant de passer à des choses plus … difficiles. L’air devenait irrespirable à cause des chaleurs de son compagnon. Il les sentait de partout en lui. Il avait l’habitude de ce genre d’odeur, mais là, c’était un peu différent. Le lien qu’il entretenait avec Leyn avait préparé son corps à réagir avec force et violence.

L’alpha serra un peu plus les mâchoires autour de la muselière, pas encore assez pour la faire plier tout à fait, mais assez pour ne pas penser à autre chose. Il la portait comme à chaque fois que les choses dérapaient, comme à chaque fois que les omégas s’abattaient sur lui… seulement, ils n’en étaient pas encore là. Il haleta de nouveau sous la pression dans son corps. Taquin, Leyn avait glissé un doigt entre eux, caressant son entrée déjà envahie par son pénis. Merwan fit un nouveau va et viens, grimpant et glissant le long de cette verge avant de faire machine arrière pour l’enserrer complètement en lui. Leyn gémissait et son regard était de plus en plus voilé par la fièvre, mais ça ne l’empêchait pas de prendre du plaisir visiblement.

Les mains de Merwan s’étaient posées sur ses épaules et elles le clouaient contre le tapis, le chevauchant sans la moindre pitié. Cet oméga était à lui alors il le prenait. La pensée le rassura même si le contact de la muselière ne cessait de lui hurler que dans quelques minutes à peine les choses allaient changer. Il le sentait, c’était de pire en pire. Sa propre verge s’était faite épaisse et lourde à la fois, chargée de sang qui semblait battre jusqu’au bout de chaque nerf. Son corps semblait avoir envie de pénétrer, traitre corps. Et sous lui, sous les bourses tendres de son oméga, il pouvait jurer de sentir la moiteur augmenter. Son corps produisait les sécrétions nécessaires à un coït brutal et rapide. Il appelait à englober son alpha.

La panique qui montait peu à peu en Merwan lui permettait de conserver une certaine lucidité que Leyn semblait perdre de minutes en minutes. Ses mains se faisaient de plus en plus possessives et ses doigts, curieux, venaient à la rencontre de son corps sans la moindre appréhension. Ils n’en étaient pourtant pas tout à fait là encore, mais il faudrait tout donner pour passer ces chaleurs ensembles. Alors il accueillit les caresses pour ce qu’elles étaient, des gestes tendres et délicats qui ne cherchaient qu’à lui procurer du plaisir, même lorsqu’ils venaient se glisser tout contre son mamelon pour le pincer délicatement, ce n’était que ça : une recherche de plaisir.

- Plus… marmonna Leyn et Merwan acquiesça.

Il avait un plan. Un plan bizarre. Un plan fou. Mais néanmoins un plan. Il n’allait pas laisser Leyn le prendre, non, il allait se donner. Pour cela, il fallait maitriser le petit corps qui se tortilla d’impatience dès qu’il le libéra de ses propres chairs en gémissant. De toutes les caresses intimes, celle de cette verge glissant le long de son anneau était encore sa préférée.

- Lève les cuisses, grogna-t-il à travers la muselière.

Il l’aida à rester coucher sur le dos, sagement, et à prendre ses propres cuisses dans ses bras, dévoilant l’arrière de son intimité sans pouvoir bouger ou augmenter le coït facilement. Dans cette position, Leyn aurait toutes les peines du monde à être l’instigateur. Merwan s’humidifia les lèvres tout en observant son entrejambe. Là, caché entre les globes fessiers, le petit anus de son oméga palpitait littéralement comme s’il désirait le dévorer tout entier. L’alpha eut envie de fuir, mais il se contraignit à relever le visage vers celui de son compagnon. C’était Leyn. C’était juste Leyn, fiévreux mais encore un peu lucide et qui lui murmura :

- Prend le temps dont tu as besoin… J’ai confiance en toi.

Merwan frémit. Cette confiance… C’était inédit.

- Je vais te prendre… tout entier. Murmura-t-il avant de se pencher vers l’antre bouillonnante.

Pour l’atteindre, il put pousser sur la muselière, forcer sur ses mâchoires et aller au bout de lui-même, mais il y parvient. Il gouta l’intimité de Leyn, léchant doucement, tendrement même, cette partie de lui qui avait le pouvoir de le terroriser. Il revint encore et encore, s’imprégnant de son odeur et en maculant l’objet qui l’emprisonnait. Ses pupilles se dilatèrent et le sang monta à son cerveau, lui offrant le courage qu’il n’aurait su trouver autrement. Il se redressa et dans un mouvement aussi ample que définitif il pénétra Leyn de tout son long. Son sexe puissant s’enfonça jusqu’aux tréfonds de son oméga. Les deux amants gémirent de concert, aussitôt Leyn tenta de remuer, incapable de se maîtriser, mais la position le bloquait horriblement, l’empêchant de provoquer le moindre début de frottement. Il ne put que lâcher une série de halètement choqué. Cette immobilité, c’était plus qu’il ne pouvait en supporter, seulement Merwan resta sans bouger pendant un très long moment.

Son sexe était dans son oméga. Cette pensée le bouleversait. Il était là, installé dans son corps et chaque mouvement, chaque soubresaut, chaque retrait, chaque poussée, tout consisterait à s’offrir. Il lui fallut près d’une minute pour réaliser qu’il s’était déjà offert à Leyn, lorsqu’il avait pris le collier, lorsqu’il avait mis la muselière et bien longtemps avant, lorsqu’il lui avait obéit dans cette grande salle devant le juge. Leyn l’avait appelé et il s’était senti si heureux de le rejoindre, de retourner dans son giron protecteur et de savoir qu’il le protègerait.

- Merwan, râla son oméga à ce même instant.

Il l’appelait encore et il suffisait d’y aller. Il s’était senti bien contre lui et s’il prenait le temps de vérifier, il se sentait bien en lui également. Merwan recula lentement jusqu’à ce que l’auréole de son gland soit à la limite de son intimité, puis il se réenfonça tout aussi lentement. Il recommença le même geste comme pour se prouver qu’il était capable de gérer. Le désir courait de partout en lui ce qui le faisait paniquer mais Leyn restait sagement sous lui comme s’il s’offrait tout autant que l’inverse. S’accrochant fermement à cette idée, il accéléra les mouvements, domestiquant ce plaisir qui ne venait pas de l’intérieur de lui-même.

Bientôt, leurs corps claquèrent l’un contre l’autre, haletants, couinant et s’entrechoquant en rythme. Bientôt Merwan ne pensa à rien d’autres qu’à faire gémir son compagnon. Le plaisir monta en vague et avant qu’il ne comprenne, Merwan se retrouva à jouir en un grognement sourd. Ce moment-là était toujours douloureux car l’anneau venait enserrer sa verge, la comprimant pour éviter qu’elle n’enfle. Seulement ce jour-là, rien ne venait l’entraver si ce n’était le corps délicat de son compagnon. Alors il enfla lentement mais inexorablement, les bloquant l’un l’autre.

La lucidité qui l’avait quitté revint peu à peu. Son corps continuait de produire et d’injecter du sperme en grande quantité et il ne pouvait plus se retirer. Il baissa les yeux, choqué vers leurs corps liés. Sans même pouvoir le contrôler, il tenta de reculer, de s’extirper de là, mais Leyn le serrait bien trop fort.

- Merwan… Tu es trop… Tu es trop gros. Ne bouge pas. Tout va bien.
- Je… Je…
- Est-ce que tu sens ça ?

Merwan acquiesça les yeux écarquillés par le choc. Son corps agissait toujours et il avait beau reculer, le nœud les bloquait. En baissant le visage vers ce lien tout naturel, il vit les pourtours de l’anus de son compagnon suivre la forme si particulière qu’avait prise sa verge. C’était ce lot de muscle qui le tenait aussi fermement. Le voir était inquiétant, mais également un peu rassurant. Il savait d’expérience comment cette zone pouvait être douce et sensible. Il savait sa force mais aussi à quel point elle pouvait être fragile. S’il continuait de tirer dessus, Leyn allait se déchirer. Ce n’était pas ce qu’il voulait alors l’alpha laissa ses hanches repartir vers l’avant, arrachant un gémissement à son compagnon qui remua en réponse.

- Ne bouge pas, chuchota à son tour Merwan.

Au plus ils limiteraient les frottements, au plus vite il désenflerait, les libérant tous les deux. Néanmoins, Leyn continua, cherchant à changer de position. Il voulait un contact plus important. En faites, il voulait se retrouver dans les bras de son amant. Ses chaleurs allaient bientôt se faire plus importantes et il ne gèrerait plus rien. C’était la première fois qu’il était noué et il se sentait quelque peu chamboulé.

Son corps se contractait en rythme autour de cette masse comme pour apprendre chacune de ses nervures. Tant qu’il n’y avait pas de morsures, il n’y aurait rien de définitif, mais son corps apprenait Merwan, il se modelait tranquillement à lui. Les bras de l’alpha vinrent l’encadrer en douceur et tout son corps le recouvra. Ainsi prit dans un cocon chaud et moite, Leyn se sentit étrangement bien, pourtant dans ses entrailles, le sperme qui s’écoulait se faisait envahissant.

Soudain, la masse fut assez fine pour s’extirper de lui et elle le fit, d’un seul coup, dans un plop terrifiant. Leyn couina et observa leurs entrejambes, un peu choqué en voyant tout le liquide qui s’écoulait entre eux. Mentalement, il savait qu’il était très différent d’avoir des coïts avec un alpha anonyme et d’avoir des coïts pendant ses chaleurs avec son propre alpha. Son anneau de chair était déjà douloureux mais les chaleurs qui montaient encore et encore l’insensibiliserait bien vite.

- Ça va ? demanda-t-il.

Merwan se recula vaguement observant lui aussi ce lien qui s’était défait entre eux et le sperme qui s’en écoulait. Sa verge était très sensible, mais moins qu’il ne l’aurait cru. Pouvoir se nouer avait eu l’air de le protéger.

- Merwan, ça va ? répéta l’oméga.
- Oui… Oui. Et toi ?
- Ça va. Je… les chaleurs montent.

Merwan acquiesça et se releva, s’éloignant de Leyn un instant comme pour reprendre contenance. Les odeurs devenaient de plus en plus fortes et lui non plus ne tiendrait pas. Sa gorge devenait douloureuse. Comme s’il lisait dans ses pensées Leyn lui proposa de prendre un peu de temps pour boire et pour manger un morceau. Boire avec la muselière ne serait pas un souci, mais manger allait être plus délicat pensa Merwan avant de voir les rations qui avaient été prévu pour lui. C’était la première fois qu’on lui permettait ce genre de pause. C’était la première fois que l’on s’inquiétait que ce ne soit pas trop fatiguant pour lui.

Ce fut à ce moment-là seulement qu’il comprit que rien, absolument rien de ce qu’il vivrait dans cette pièce ne serait similaire à ce qu’il avait déjà vécu. En prenant la portion de soupe avec sa petite paille, ce fut une évidence. C’était Leyn. C’était juste Leyn et tout irait bien.

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