8 - Rien n'a de fin

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Voilà un mois que j'ai pris cette décision. Un mois que je me bats contre lui... Qu'il me renverse, que je le toise. Parfois épuisée, parfois dans une forme légendaire, celle que j'avais lorsque je l'avais vaincu une première fois.

Ce jour-là, j’avais invité mes enfants à venir manger un bon rougaille saucisses, avec pili-pili maison, bien sûr. J’avais soigneusement préparé un bon apéro. J’ai attendu le bon moment pour leur annoncer ce que j’avais décidé. Rassemblé toutes mes forces, gonflé mon courage. Les premiers mots… Que seront ces premiers mots ? Et l’impact qu’ils vont avoir. Annoncer ce que tu te refuses à dire, que tu refuses de vivre, mais c’est bien là, et il te faut le dire. Comment ? Par quoi commencer ? Leur balancer tout ça sans aucune pitié ? Ou arrondir tes phrases, tes vers pour qu’ils soient plus doux ? J’ai tourné tout ça plusieurs fois, une nuit puis une seconde encore. Tapoter sur un verre et dire : voilà, voilà ? Une cruauté de la vie, l’instant où tout va basculer, l’instant où l’on est face aux autres, et te prendre une rafale.

Mon ainée s’est retournée face à la terrasse, dissimulant ses larmes, tremblante, elle est sortie. Ma cadette a hurlé, me conjurant d’aller à l’hôpital dans l’instant. Le cahot régnait dans le salon. Tous autour de cette table en bois. Mon fils ne me lâchait pas du regard, puis s’est levé et m’a pris dans ses bras.

« Ma petite maman, je respecte ton choix, et je te promet d’être toujours là, quoi qu’il arrive ! » M’a-t-il dit en pleurant sur mon épaule.

Je ne voulais pas de toutes ces larmes, mais je les comprends.

« Il ne faut pas être triste, pas maintenant, car j’ai besoin de vous et de votre force. J’ai TANT besoin de vos sourires et pas de votre pitié. Il n’a pas gagné, je vous le rappelle. Il n’est pas question, une seconde, que je vous vois fléchir… Jamais ! » Voilà la seule chose que j’ai pu leur répondre. Le repas s’est terminé dans la joie, un jeu de société, un rami en s’injuriant de tricher !!!

Se relever, le regarder en face et lui dire qu'il n'aura pas le dernier mot, même s'il me frappe de son glaive, je me relèverai.

Parfois, je me traîne, comme on traîne un chariot de plusieurs tonnes. Mais je regarde le soleil se lever chaque matin, une victoire de plus.

Les jours défilent, je fais confiance en mes petites sœurs, mes plantes, mes huiles. Je sais qu'elles seront toujours là. Et quand le moral baisse, je n’ai qu’à allumer mon ordi et lire des textes drôlesques sur un site : Scribay. Les nains portent coi ; des essaies ordinaires ou qui nous emportent dans d’autres mondes. Ce site est devenu une échappatoire quand le sol se meut sous mes pieds.

Le combat est amorcé, le face-à-face est présent à chaque instant. Je le connais mieux que quiconque. Je sais ce qu'il veut : me voir à genoux et supplier. Il n'aura pas cette chance, jamais.

Probablement, que je n'ai pas fait le bon choix, mais il m'appartient. Ma fille me dit que j'ai trop maigri, je le sais, ce ne sera pas de tout repos. De toute façon, j’avais des réserves et du coup, je n’ai pas eu besoin d’un régime « Comme j’aime » La classe quoi !

Mon médecin me voit tous les dix jours, il sourit, ça, c’est ce que je veux.

Je suis debout, droite, ne courberai pas l'échine et il disparaît lorsque je suis dans mon petit bois. Il n'arrivera pas à effacer mon sourire. J’ai pu envoyer mes textes à différentes maisons d’éditions.

Malgré sa violence, j'écris et écrirai encore.

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