III. Le Veau d'Or Place Saint-Pierre
Si le XXe siècle prenait les Militaires, Politiques et Historiens à contre-pied, les Banquiers furent les premiers à retrouver leur sang-froid et à relancer leur bille sur la roulette folle des événements.
Mille ans de césaropapisme avaient fait des Caves du Vatican la tirelire de l’Europe. Toutes les places financières observaient Rome où se jouait encore la fortune de possédants.
Léon XIII, pragmatique, joua la piastre ottomane contre la couronne autrichienne, le Coran contre la Bible et ordonna une reconversion totale de l’avoir papal en devises turques. Il se heurta à l’Evêque Giovanni Corona, Directeur de la Banque du Saint-Esprit, qui tentait de soutenir le cours en chute libre de la couronne par solidarité avec Vienne.
Sur le conseil du Cardinal Dalla Piestra, gestionnaire du portefeuille d’actions privé du Pape, Léon XIII prit les mesures d’urgence pour accroître le numéraire disponible, afin d’acheter un maximum de piastres avant que celle-ci ne devienne inabordable
Le Pape rétablit le commerce des indulgences, la vénalité des sacrements, et instaura une taxe de 33% sur la vente des objets d’arts d’inspiration religieuse. Le prétexte invoqué pour justifier ce racket papal fut l’annonce de l’édification d’une énorme statue de taureau en or massif, emblème de l’Evangéliste Saint Luc, afin d’attirer sur Rome la protection du grand Saint.
Le site d’érection fut fixé en plein centre de la Place Saint-Pierre.
Par la suite, on découvrit que le monument était fait d’argile recouverte de feuilles d’or de faible carat, tandis que les fonds collectés prenaient discrètement le chemin des poches du Saint Père.
Le bon peuple de Rome l'appela familièrement le Veau d’Or du Pape.
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