XIII. Venise : Clément XV bétonne la Lagune

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L’arrivée inopinée de Clément XV à Venise au printemps 1904 et l’installation de l’administration vaticane dans la cité des Doges, a donné lieu à un boom immobilier jamais vu depuis le Quattrocento

Bénéficiant d’un financement à fonds perdus de la part du Kaiser, qui rêve en secret de rétablir le Saint-Empire jusqu’à Naples, Dalla Piestra a décidé de faire de sa nouvelle capitale un Vatican-Bis, plus prestigieux que le premier. Il s’agissait à cette époque de rivaliser avec Léon XIV encore au pouvoir à Rome.

Clément XV est allergique à l’eau. Les perpétuels trajets en gondole lui donnent la nausée des canaux. Dalla Piestra ordonne l’édification d’une digue et procède à l’assèchement de la Lagune.

Les terres dégagées sont autant de terrains à bâtir, dont Sa Sainteté s’octroie de facto la propriété. Les Vénitiens, d’abord surpris par la vision esthétique fort personnelle de leur nouveau Pape, voient rapidement tout l’intérêt à soutenir le Bâtisseur qui apporte paix, prospérité et orthodoxie alors que le reste de l’Italie est plongée dans le chaos.

La péninsule est divisée en sectes monstrueuses, des pionistes pro-musulmans polygames aux léontistes égalitaires fanatiques, et sillonnée en tous sens par les Scaphandriers redoutables d’Offenbach-Moltieri.

Sous l’impétueuse direction de l’Abbé Gaudi Del Orta, l’architecture néobaroque se déchaîne sur l’ancienne Lagune bétonnée à ras. Des colonnades monumentales s’élancent à l’assaut du ciel. Bientôt le ciment fait défaut. Un silence de mort tombe lourdement sur les orgueilleux chantiers papaux.

Mais le destin redistribue les cartes. Léon XIV succombe à la peste, Offenbach prend la fuite face aux Janissaires Albanais et Finzi se réfugie à Tunis.

Dalla Piestra prend alors le contrôle du commerce italien et conclut le contrat du siècle avec la Tunisie, reconnaissant de facto son indépendance politique. C'est avec la Duchesse Donatella de Pietranera, qui assure l'interim du gouvernement en l'absence de son oncle le Cardinal Finzi, que Clément XV signe la Convention de Carthage, qui lui concède les deux tiers des dunes sablonneuses du sud tunisien. Au prix fort, car de son côté le Sultan Soliman III faisait monter les enchères. En échange, Rome inonde la Tunisie de ses surplus agricoles, principalement la tomate napolitaine. Le Pape peut ainsi achever l'édification de la Venise Nouvelle, tandis qu'on remarque une nouvelle pénurie de lampes à huile dans les mosquées d'Istanbul. Les Tunisiens, eux baignent dans l'euphorie. Ils peuvent désormais agrémenter leur mets préféré d'une sauce savoureuse.

Ainsi naquit le plat national tunisien : le ravioli sauce tomate.

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