Chapitre 1
Je me retiens de frotter mes yeux comme un enfant incrédule. Je n’arrive pourtant pas à croire ce que je vois. En plein milieu de ce paysage désertique, il y a un cirque. Après l’apocalypse je pensais avoir tout vu, visiblement je me trompais. Je peux encore être surpris.
Je m’approche lentement du gigantesque chapiteau rouge et blanc. Tout autour sont installées des roulottes et un peu plus loin, à l’écart, de grandes cages en fer où tournent en rond des lions, tigres et autres animaux. En dehors de ces bêtes, je ne vois personne. En marchant, je soulève une terre brune et sèche. Je n’ai presque plus d’eau dans ma gourde et espère en trouver dans ce cirque. Au-dessus de moi, le ciel bleu sans nuages est brûlant.
Alors que je ne suis qu’à quelques pas de l’emplacement des forains, je distingue des choses qui m’avaient échappées. Soudain, mon cœur bat plus vite et je me demande si je ne vais pas tourner les talons et m’éloigner du lieu.
L’immense chapiteau est en fait déchiré par endroit. On dirait qu’il a été victime de lacérations. Les cages des animaux sont rouillées et surtout, les bêtes n’ont pas l’air normales. Les lions me font penser à des zombies. Ils ont sur certaines parties de leur corps, des marques de morsures et des morceaux de peaux arrachées. Pourtant en dehors de ça, ils semblent sereins, allongés au soleil, se léchant leurs pattes blondes. Les tigres, eux, ont le regard vide, ils paraissent comateux. Je m’avance, dépassant d’autres cages. Derrière il y a un enclos assez grand, où des autruches se pavanent fièrement autour de lamas et zèbres. Ces derniers m’observent, l’air mauvais, claquant leurs dents vers moi. Je me dépêche de passer devant eux pour arriver en face d’une clôture très haute délimitant un terrain de plusieurs mètres carrés où cependant je ne remarque rien. Je me trouve à l’arrière du chapiteau, il y a une cage, plus petite que toutes celles que j’ai vues. À l’intérieur je compte cinq bébés singes, ils ont l’air adorable avec leurs grands yeux pleins de douceurs. Mais encore une fois, quelque chose ne va pas… ils ont tous accroché à leurs pattes de devant, des cymbales rondes et dorées que les primates cognent les unes contre les autres… sans discontinuer, tout le temps.
J’ai mal à la tête et au cœur avec l’impression que tout tourne autour de moi. Vite, m’enfuir d’ici avant que quelqu’un ne me surprenne.
Je contourne le chapiteau, retourne à mon point de départ et m’apprête à continuer ma route, comme si je n’avais jamais croisé le chemin de ce cirque. Oui, c’est que je souhaitais faire, mais c’est à ce moment-là que j’entends des applaudissements. Et je demeure planté là, curieux, me maudissant pour ça, sachant déjà que je vais rester. Je m’approche une nouvelle fois du chapiteau, jusqu’à son entrée. Alors que je m’apprête à m’engager par l’ouverture, un inconnu surgit devant moi. Il n’était pas là, et d’un coup il apparaît… comme par magie.
(à suivre)
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