Chapitre 10, Kyzen I

17 minutes de lecture

Le soleil ne s'était pas encore levé quand le bateau ciblé, le Destiné, s’apprêtait à naviguer du continent en direction de l'île Moisson. Le lieu correspondait parfaitement aux informations fournis par son mystérieux client ainsi que l'heure.

Kyzen et trois de ses compagnons attendaient déjà depuis plusieurs heures dans le port qu'il finisse enfin par partir. Ils n'avaient pas eu le temps espéré pour préparer convenablement la mission, néanmoins la récompense promise était bien plus grande que toutes celles qu'ils avaient obtenus récemment. D'après leurs renseignements, de l'or devait figurait parmi la cargaison qui allait transiter sur l'île. Un butin illégal, qui n’était donc pas officiel. L'objectif principal de la mission était pourtant tout autre. C’était un bijou, un certain collier qui avait beaucoup de valeur pour l'homme qui les avait engagés. Suffisamment pour que Kyzen et sa bande puisse garder l'or ou tout autres objets pouvant les intéresser en guise de paiement. Le collier en question serait porté par une femme, décrite comme dangereuse et capable de tuer pour se protéger. C'était l'une des raisons pour laquelle cet homme avait besoin d’aide extérieur.

Leurs réputations les précédaient déjà, en étant la seule bande de pirate du Todaï qui résistait encore à a couronne. En règle générale, la troupe de pirate de l’Orphelin n’était pas à vendre, préférant choisir eux-mêmes leur cible et leurs butins. Mais depuis les tensions grandissantes entre les insulaires et les continentaux, les échanges fluviaux se raréfiaient, entraînant alors de fait une diminution de leurs possibles activités. Accepter ce contrat, comme s’ils n’étaient que de vulgaires chasseurs de primes sikaris les incommodés fortement, mais c’était également une opportunité unique à saisir.

Alors qu'ils descendaient l'un après l'autre dans l'eau froide du matin, leurs bandoulières accrochées à la taille, ils commencèrent leurs approches furtives. Le Destiné n'avait pas encore atteint une grande vitesse, et les eaux ont toujours étaient calmes dans cette partie du rivage.

Pour Kyzen, cette nuit était aussi une occasion d'oublier sa mésaventure subie lors de sa soirée au bal fêtant l'intronisation de la nouvelle reine Mako. Ce moment, il l’avait pourtant attendu toute sa vie, celui qu'ils s'étaient tous les deux promis et qui aurait pu enfin devenir réel. Pourtant devant toute la cour, il fût humilié. Le refus qu'elle lui avait posé résonnait encore dans son esprit. Au fond de lui, il savait en y réfléchissant qu'elle n'avait pas eu le choix. Pourtant une partie de lui ne pouvait pas s'empêcher de s’être senti trahi. Perdu, il n'était pas retourné la voir comme il le faisait régulièrement en escaladant certaines parties du château puis en passant par des passages que lui seul ne connaissait.

Kyzen n'avait jamais hésité à prendre tous les risques pour entretenir leur idylle depuis qu'il avait était obligé de quitter lui-même la cour pour rejoindre le reste du peuple en exil après l'arrestation de son père. Mako de son côté en tant que princesse et future reine ne pouvait pas se permettre d'errer dans les rues de la ville pour le rejoindre. Evidemment, il retournerait la voir mais il avait encore besoin de temps pour encaisser le choc.

Après plusieurs minutes de nages, ils avaient atteint la coque. Le jeune pirate émit deux sifflements rapides. La réponse ne se faisait pas attendre, et deux nouveaux sifflements sortaient du bateau. S'en suivi une longue corde venant mourir dans la mer, brisant l’espace d’une seconde, le silence de la nuit. Irvin, un autre de leurs compagnons, qui s'étaient préalablement fait passer pour un membre de l'équipage, les attendaient à bord. A nouveau un à un, ils escaladèrent rapidement pour enfin embarquer.

— Hé l’Orphelin, il y a un problème, murmura Irvin à Kyzen qui venait à peine de poser un pied sur les planches. Je pense que certains des civiles à bords sont des soldats de la capitale, au moins deux déjà.

Son vrai nom, il ne l’avait jamais prononcé à haute voix, pas même à ses nouveaux frères. Après sa fuite, il avait erré dans des rues où personne n’aurait su reconnaître le roi s’il s’était retrouvé en face de lui. Alors le fils de l’un des nobles de la cour…son identité pouvait facilement être caché, tant qu’il savait se taire. Ainsi, lorsque l'on lui demandait son identité, il répondait simplement qu'il n’était qu’un simple orphelin. Frôlant la mort à plusieurs reprises, il avait finalement trouvé refuge auprès de la bande de pirate qu'il accompagnait désormais, où cette désignation était devenue sa nouvelle identité.

— Impossible, c'est un bateau de contrebande, il ne peut pas y avoir de garde.

— J'ai vu leurs armes, leurs écussons, quand je suis monté à bords avec eux. Sous leurs manteaux, je suis sûr d'avoir vu des armures et de la maille. Je pense qu'il faut abandonner. J’ai un mauvais pressentiment.

Si cela s'avérait exact, ce serait évidemment un problème, pourtant il n'avait pas l'intention de rebrousser chemin. Ils avaient besoin de cet or, et essuyer un nouvel échec juste après son histoire avec Mako serait difficile à accepter. Il avait besoin de réussir quelque chose, de sentir qu’il pouvait encore contrôler les évènements autour de lui.

En revanche, une fois que je lui aurais donné son fichu collier j'aurais une nouvelle conversation avec ce gars.

Au premier abord, cet homme, son client, lui avait déjà paru très louche. Leur seule et unique rencontre s'était déroulée dans une des ruelles des bas quartiers d'Iuyt. Il faisait nuit et l'homme était très strict sur la protection de son identité, s'étant placé derrière une sorte de grand drap qui était étendu séparant la voie en deux. Seule sa grande silhouette était distinguable. Impossible de s’approcher en raison d’un garde du corps, lui aussi camouflé se tenant entre eux.

Sa voix ne lui disait rien non plus, ainsi il n'avait aucune idée de qui il pouvait bien s'agir. A plusieurs reprises cet homme avait parlé de la dangerosité de la femme au collier. Reléguant presque le principal objectif en second plan. Quand les termes de l'accord fût conclut, Kyzen voulait s'approcher pour lui serrer la main d'homme à homme, en vain là aussi. Une seule chose d’assez inhabituelle s’était cependant fait remarquer, une mauvaise manie que l’homme avait sans pour autant que ce dernier n’en semblait conscient. Avant chacune de ses phrases précédant un silence ses os craquaient de manière assez dérangeante. Impossible de savoir si c’étaient ses doigts, sa nuque ou autre, mais avec le silence de la nuit, l’amplification de ces sons rendaient encore plus incommodant ce rendez-vous.

Si elle te voit, tu la femme avant qu’elle ne te tue…

Les mots de son client résonnaient encore dans sa tête pendant que cachés derrière de grandes caisses de bois, la troupe avait remarqué qu'un marin s'approchait de leurs positions. Probablement alerté par le bruit qu'ils ont fait pour monter à bord.

— S'il vous plait venez voir, lui hurla Irvin, toujours sous couverture.

— Qu'est-ce qu'il se passe gamin ?

— J'ai cru voir quelque chose dans l'eau par ici.

— Tu as vu un poisson, nous sommes en mer, rien de plus c’est courant tu sais.

Il s'approchait néanmoins d'Irvin, passant sans les voir, près des trois autres passagers clandestins. Il se pencha pour vérifier quand Narcus, un des autres pirates qui attendait avec Kyzen, ne l'assomma par derrière. Irvin avait amorti sa chute, évitant ainsi plus de bruit que nécessaire. Bâillonné et attaché dans un coin, ils le laissèrent inconscient avant de reprendre la mission. L’Orphelin, comme ses alliés, ne craignait pas d'ôter la vie d'une personne. S'il avait dû le faire, il l'aurait fait. Cela n’aurait pas été son premier ni son dernier. La vie lui avait appris qu'être juste et droit ne signifiait pas que les autres le seraient en retour pour autant.

Il n'avait qu'une quinzaine d'année quand son père l'avait sorti de ses rêves. Au sens propre comme au figuré.

— Prépare tes affaires mon grand, tu dois partir d'ici !

Lotabaga hurlait pendant qu'il attrapait aussi vite qu’il le pouvait vêtements et autres objets qui appartenait à son fils, avant de les mettre en vrac dans un grand sac.

— Qu'est-ce qu'il se passe, où doit-on aller ?

Torse nu, à moitié réveillé, Kyzen n’était pas disposé à se lever rapidement.

— Juste toi, je ne peux pas t'accompagner, répondait-il en s'approchant d'une fenêtre pour y regarder à travers, visiblement très inquiet. Ils ne vont pas tarder à arriver, et quand ce sera le cas je préférerais que tu sois déjà très loin d’ici.

— Qui ça, qui va arriver ? Mais explique-moi ce qu’il se passe !

— Les gardes, envoyés par Ewan, enfin le roi. Ils vont m'arrêter, et j'ai peur de ce qu'il pourrait t'arriver ensuite, c'est pour cela que tu dois partir tout de suite !

— Le roi ? Mais qu'est-ce que tu as fait ?

La dernière fois que j’ai vu mon père enfreindre la loi c’était d’arriver en retard à une réception parce qu’il ne s’était pas réveillé ! C’est surement une erreur.

— C'est compliqué. Je n’ai rien fait de mal. Disons que le roi et moi avons des différends qui ne pourront jamais se régler.

Cette déclaration était d'autant plus surprenante, que son père n'avait jamais eu le moindre souci avec quelqu’un. Il était même quelqu'un de respecté parmi la cour. Sa famille et celle des Matalo ont toujours était très proche.

— Laisse-moi retrouver Mako, je la connais bien, elle parlera à son père.

— Je suis désolé Kyzen, mais tu ne devras jamais la revoir non plus, promet-le moi ! insista-il jusqu’à ce que son fils acquiesce en hochant la tête. Ce serait trop dangereux. Je sais ce que je te demande de faire, plus que tu ne le pense, mais tu dois rester en dehors de cette ville. Va te cacher dans les bas quartiers, reste en vie, et un jour nous nous retrouverons. Je vais être envoyé probablement sur l'île Hangar, si je ne suis pas tué, pendant très longtemps. Mais je reviendrais pour toi, je te le promets mon fils.

Tué ? Mais qu'est-ce qu'il se passe ! On ne tue pas quelqu’un pour un différend !

Son père enleva le médaillon qu'il portait autour de son cou avant de le déposer sur la petite table jouxtant le lit. Ce médaillon, représentant un bateau voguant sur l'océan, lui avait était transmis par son père avant lui. Il attrapa ensuite le poignard de sa ceinture, puis avec le pommeau brisa l'objet en deux d'un coup sec.

« Tiens, prend un morceau, pour te souvenir de la promesse que je viens de te faire. Quand ce médaillon sera reformé, c'est que nous serons enfin réunis, qu'importe le temps que cela prendra.

Par fierté, Kyzen retenait ses larmes mais son visage meurtrit le trahissait. Il ouvrait la bouche mais aucun son ne sortait, il ne pouvait pas se résignait à lui dire adieu. Son père le prit alors dans ses bras.

Jamais je ne te dirais au revoir, parce que jamais nous serons réellement séparés.

« Tu entendras toute sorte de chose à mon propos, que je suis un traître ou je ne sais pas ce qu'ils pourront inventer. Mais sache que ma seule faute aura été l'amour. Pour la mauvaise personne. Cela pourra te paraître stupide mais il n’y a rien de plus puissant que ça. C’est la seule chose qui importe dans ce monde et je me battrais toujours pour l’avoir. Maintenant va.

Le jeune homme, qui avait déjà perdu sa mère en couche, attrapait alors le sac que son père avait préparés et courra hors du château. Il connaissait les chemins à emprunter pour éviter la garde. Une fois en dehors il ne pouvait s'empêcher de regarder une dernière fois derrière lui. Derrière les fortifications du château, la vie parfaite qu'il menait venait de s'évaporer. Il n'avait plus rien désormais, il n'était devenu qu'un simple orphelin parmi d'autres.

Ils s'étaient séparés en deux groupes pour retrouver au plus vite la bonne cabine, tout en se faisant plus discret. Kyzen était avec Irvin en direction des appartements inférieurs. Toutes les portes étaient fermées, ce qui était logique vu l'heure, mais une seule semblait gardée. Deux hommes en civils, restaient plantés devant la porte la plus éloignée des autres. Les deux pirates les observés d'un œil, au coin d'un mûr.

Pas de doute, ça doit être là.

— L'Orphelin, regarde leurs ceintures, murmurait son acolyte avec un geste de la tête.

Effectivement, il avait raison tout à l'heure. Ils portent des côtes de maille sous leurs vêtements. Et j'ai suffisamment vécu longtemps au château pour reconnaître de simples gardes à d'autres plus importants. Ils n’appartiennent pas à la cité, mais au château de la capitale. Mais ce n’est pas logique, qu’est-ce qu’ils foutent ici ?

Ceux-là devaient protéger quelque chose de vraiment précieux. Comme le trésor voir la femme en question. Néanmoins continuer la mission signifiait s'attaquer directement à la couronne, à Mako. Mai après réflexion, il se disait qu’en tant que pirate, il était déjà un hors-la-loi. Un peu plus ou un peu moins ne changeait pas grand-chose.

— J'ai vu. Mais il est trop pour reculer maintenant. Tu es prêt ? On fait comme prévu.

L'Orphelin attrapa la moitié de médaillon dans sa main, désormais maintenu par une chaîne autour de son cou. C'était son rituel avant chaque combat, comme si cela pouvait le protéger. Le regarder lui rappelait que son père honorerait un jour sa promesse, ainsi il savait qu'il ne pouvait pas mourir avant que ce moment n'arrive. Irvin se redressa et s'appuya fortement sur l'Orphelin, sortant une bouteille de vin de sa bandoulière. Puis il se mettait à chanter fort pendant qu'ils se dirigeait vers la porte. Immédiatement les deux soldats les regardèrent, leurs mains prêtes à sortir leurs armes.

— Halte, vous n'avez pas le droit de venir de ce côté-là du bateau.

Il continuait de chanter comme s'il ne l'avait pas entendu.

— Vous pouvez m'aider avec mon ami, je n'arrive plus à le porter et je ne sais plus où est la chambre, leur répondait Kyzen tout en avançant vers eux.

Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres désormais quand les deux gardes s'approchèrent, l‘air peu aimable.

— Non vous dégagez les soulards, ce n'est pas notre problème. Sinon c'est nous qui allons le faire.

Allez, approchez encore un peu plus. On est trop loin.

Pour gagner légèrement plus de temps, Kyzen fit un croche-pied subtil à son ami en prenant garde de bien se faire emporter dans la chute. La bouteille de vin roulant jusqu'à leurs pieds. Les gardes n'avaient pas d'autre choix que d'avancer encore plus vers eux pour les virer de forces du couloir qu'ils protégeaient.

— Je vous ai dit de dégager !

Quand ce dernier attrapa violemment le bras gauche de l'Orphelin, il répliqua de son bras droit armé d'un couteau, qu'il avait au préalable dissimulé dans sa manche. La courte lame se planta directement dans le cou de son assaillant. La peur envahissant immédiatement les yeux du blessé qui le lâcha pour attraper sa gorge qui ne cessait de perdre du sang. L'autre garde, qui s'apprêtait à récupérer Irvin tourna le regard vers son allié agonisant. Il voulait retirer son épée, mais il était trop tard pour lui, une dague venait d’ouvrir sa gorge à son tour par l’arrière. Après quelques secondes à gigoter sur le sol, ils s'arrêtèrent tout deux brusquement. Ils avaient fait beaucoup de bruit, des renforts ou des personnes réveillés pour ce carnage allait probablement arrivés, il fallait finir la mission le plus vite possible. Il restait la femme au collier derrière la porte, probablement sur ses gardes désormais.

Même si ce n'était pas le moment il repensait à Mako. Il regrettait de ne pas être retourné la voir après l'histoire du bal. S'il venait à mourir en entrant dans cette cabine, la dernière image qu'il lui aurait laissée aurait été celle d‘un homme fuyant sous les hués de la cour. Ce n'était pas celle qu'il aurait voulu qu’elle garde en mémoire. Leur histoire méritait mieux.

Il avait écouté son père, réussissant à survivre en dehors du château, il s'y était fait des amis, avait du travail, même s'il n'était pas légal. Peu de temps après son départ, la garde avait emmené son père comme pressenti. Dans les rues des bruits courraient que quelqu'un d'important avait trahi la couronne. Un temps il était question qu'il allait être mis à mort. Heureusement il n'en fût rien. A la place il avait été simplement envoyé comme prévu sur l'île Hangar, la prison commune du continent, où il y était condamné jusqu’à la fin de ses jours. Au fond de lui, il savait pourtant qu'il trouverait un jour le moyen de quitter cette île et de le rejoindre.

La seule promesse qu'il n'avait cependant pas réussis à tenir était de ne pas retourner voir l'amour de sa vie. Dès qu'il en avait eu l'occasion il allait la retrouver, jusque dans son lit.

— Je suis tellement désolée pour ton père, j'ai essayé de parler au mien, mais il ne veut rien me dire, ni ma mère. Mais je suis content que tu sois revenu Kyzen. Je craignais tellement que tu ne sois parti pour toujours.

Ils étaient tous les deux couchées sous les couvertures, leurs visages collés l’un à l’autre.

— Jamais je ne te quitterais Mako, je ne pourrais pas, je n'y arriverais pas.

Il l'embrassa tendrement avant de reculer lentement tout en la regardant, ne manquant pas une seule seconde de ce moment.

Elle est tellement belle.

« Pour l'instant je vis ma vie dans les rues mais ça va je n’ai pas à me plaindre, je pense à toi tous les jours, ça m’aide. Et dès que je le pourrais, je reviendrais, pour toujours.

Il ne pouvait pas lui dire qu'il venait d'être adopté par un groupe de pirate. Il avait trop honte pour cela. Il n'avait même aucune idée de quand ni comment il pourrait un jour retourner au château normalement. Même s'il le pouvait, marcher et manger à côté de ceux qui ont crachés sur son nom et sa famille le répugnait. Un point de non-retour avait été dépassé, où elle faisait figure d'exception.

— Je vais te faire une promesse mon amour, en tant que princesse je n'ai pas le pouvoir d'être ta femme, mais quand je serais reine, tu pourras demander ma main et je t'épouserais. Personne ne pourra rien ne me dire, je serais la reine, je ferais ce que je veux, promettait-elle en lui caressant le visage comme pour en apprendre par cœur chaque partie. Et ce que je veux, c'est toi.

— Ils se lèveront tous pour empêcher notre union. Je sens déjà leurs regards et leurs mépris rien que d'y penser. Jamais nous ne pourrons être heureux ensemble aux yeux de tous.

— Notre amour Kyzen, regarde ce qu'il a déjà traversé, et chaque jour il devient plus fort. Aucune personne à la cour, au château ou même dans le monde ne pourra me dissuader de te dire oui le jour où je serais reine. Cela sera dans des années, mais nous savons déjà être patient. Tu n'auras qu'à me poser la question à ce moment-là, et le monde entier se mettras à genoux devant nous sans qu’ils ne puissent rien y faire.

— Je le ferais, tu as ma parole. Je t'aime pour la vie Mako.

— J’attendrais ce jour avec impatience. Je t'aime pour la vie aussi Kyzen.

Leurs visages se rapprochèrent encore plus, pour ne faire qu'un.

Ce moment où tu me diras oui, qui ne semble encore qu’un rêve éloigné, se rapproche de jour en jour désormais.

L’Orphelin apposa une oreille contre la porte, aucun bruit ne se faisait entendre de l'autre côté. Evidemment cela sentait le piège à plein nez. Le temps manquait néanmoins, il fallait agir, quel qu’en soit les risques. D'un puissant coup de pied, il ouvrait en grand la porte. Le silence régnait toujours dans la cabine. C’était une mauvaise nouvelle, une personne encore endormie aurait sursautée ou criée.

Il faisait noir, les torches étaient toutes éteintes, fumantes. Irvin rentra le premier dans la cabine, poignard à la main, sur le qui-vive. Il le suivait de près, avant de se séparer pour fouiller chaque pièce. Il était rentré dans la chambre, où le lit était défait tandis que la bougie sur la commode à côté fumait là aussi légèrement.

Elle n’est pas loin.

Personne ne se trouvait sous le lit ou derrière les rideaux. Kyzen examinait minutieusement chaque partie de la pièce, en vain. Quand enfin un cri venait se faire entendre, masculin néanmoins.

Irvin !

L'Orphelin courrait dans la direction d’où provenait le cri de son compagnon. Avant de le retrouver à terre, se tenant une épaule qui avait déjà bien rougît.

— Derrière-toi ! lui cria-t-il soudainement.

Instinctivement il pivota sur lui-même, se retrouva nez à nez avec une femme dont il n'avait même pas eu le temps de voir le visage en raison de l’obscurité. Le reflet scintillant de la lame d’un couteau brandit au-dessus de sa tête augmenta rapidement les battements de son cœur. Sans avoir le temps de réfléchir il logea le sien dans le ventre de son ennemie d’un soir. Son reflexe venait de lui sauver la vie. Un son bref sortait de la bouche de la femme, avant qu’elle ne s’écroule contre les planches de la cabine. Il s'empressa d'aider Irvin à se remettre sur ses pieds. Il survivrait à cette blessure, au contraire de celle qu’il venait de poignarder qui ne respirait déjà plus.

— Le collier, prends le collier ! lui intima-t-il se tenant toujours l'épaule.

Mais quand il commençait à se rapprochait du cadavre, une femme blonde d'une cinquantaine d'années, il comprenait alors la véritable raison de sa mission.

L’enfoiré !

Ce qu'elle portait était un tour de cou serti de multiples diamants. Certes il valait à lui seul plus d’or qu’il ne pourrait en avoir dans une vie, mais il paraissait tout à fait banal en comparaison de la personne qui le possédait.

Comment j'ai pu me faire baiser comme ça. Mais qu'est-ce que j'ai fait ?

Il commençait à tremblait. Son front suait comme s'il avait couru des heures. Il se tenait la tête en s‘accroupissant à ses côtés.

— Hé l‘Orphelin qu’est-ce que tu fous ?

Les autres pirates qui inspectaient la deuxième partie du bateau accourrait jusqu'à eux, visiblement apeurés.

— Les gars il faut vite se barrer d'ici, ils ont appelé des renforts, des soldats et des navires de la couronne arrive, criait Narcus. Vous avez trouvé le collier et l'or ?

— Il n'y a pas de collier, ni d'or, il n'y en a jamais eu, je suis désolé de vous avoir embarqué là-dedans, lui répondit Kyzen d'une platitude qui contrastait avec l'excitation de ses camarades.

— Quoi, comment ça ? Mais c'est qui elle alors ?

Il la reconnaissait formellement pour l'avoir rencontré à de multiples reprises au château, ou encore dîner avec. Cachée sous ses vêtements de fortune pour voyager incognito, pour une raison qu'il ignorait encore, Ombeline Matalo n’avait jamais été une femme dangereuse pour qui que ce soit.

— La reine.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Anthony Paroton ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0