Chapitre 11, Tyrone II

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D'un bon en arrière, Tyrone esquivait l'attaque de son adversaire. Cela faisait déjà plusieurs bonnes minutes que le combat avait débuté, sans qu'aucun des deux n’aient prit le moindre avantage.

Il est rapide, je dois vraiment faire plus attention.

Son adversaire, Naëlon, n’avait pas menti quand il avait dit s’être entraîné depuis leur dernière rencontre. Notamment pour pouvoir manier le fléau avec autant d'agilité. Cette arme était l'une des plus difficile à utiliser, avec sa longue chaîne se finissant par une grosse boule munie de multiples pointes. D'autant que se blesser soi-même avec pouvait être courant parmi les débutants. Tyrone ne s'y trompait pas, Naëlon n’en était plus un.

Pour contrer le fléau, Tyrone avait opté pour la lance, pour maintenir le plus possible à distance son adversaire. Les deux combattants arborés également un bouclier dans leur seconde main. Une arme qu’il n’appréciait pas forcément prendre, mais une simple épée se serait avérée suicidaire dès qu'il se serait retrouvé dans la mêlée. Ainsi il se défendait plutôt bien, en revanche il avait beaucoup plus de mal à se montrer dangereux. Ces tentatives d'approches finissaient pour le moment tous par percuter le bouclier adverse. Ayant appris à devenir patient, il attendrait le bon moment pour réellement frapper. Parfois une seule blessure peut suffire à renverser la situation.

— Je sens que tu as peur Tyrone !

Très bien si tu penses cela.

— Tu ne m'attaques pas beaucoup non plus je te fais remarquer. Tu as encore le temps d'abandonner.

Il essayait de le provoquer, la clef pouvait aussi venir en faisait déjouer son adversaire. Les deux hommes tournoyant dans la plaine, sans jamais se lâcher du regard ni se tourner le dos.

— Impossible, tu le sais. Moi je n'oublierais jamais un des nôtres. Je me bats pour mon père et tous les autres que vous avez déshonorés. Rien ne me fera abandonner.

Naëlon, d’un pas rapide vers l'avant obligeait Tyrone à avancer sa lance pour le bloquer. Pourtant sa pointe frappa dans le vide, car l'autre guerrier avait aussitôt refait un pas en arrière. Déséquilibré par la lance tenue à bout de bras, Naëlon, d’un coup de bouclier descendant bien exécuté dans son arme, l'obligeait à avoir un mauvais recul, sa pointe touchant terre. Il avait juste le temps de voir le fléau se lever dans le ciel, pour placer à sa protection au-dessus de lui pour sauver sa tête. Le choc percutant sa défense n'était cependant pas aussi puissant qu’il ne l’aurait cru. Pour cause, seule l’épaisse chaîne l’avait touchée. La partie mortelle de l'arme, de son côté venant se rabattre derrière lui.

Le coup l'avait touché directement au niveau de son épaule droite, mais la douleur n'arrivait pas immédiatement. Comme son ennemi ne pouvait pas enchaîner les attaques à cause de la mauvaise flexibilité du fléau, il pouvait se relever pour d'un coup de pied au niveau plastron le propulser en arrière. A l'aide de sa lance qu’il reprenait correctement en main, la distance pouvait à nouveau être suffisante pour le protéger.

Alors qu'il respirait un grand coup, la douleur commençait à apparaître sous son armure. D'un coup d'œil il apercevait que les pointes du boulet avaient en parties transpercées sa cuirasse, un morceau étant presque arraché. Pour ne pas être gêné, il demanda que l'on vienne lui retirer cette partie de son armure. Ce qui était son droit.

Il déposait ses armes au sol, permettant à Milos, sur le bord, de lui enlever la partie haute de son armure. Il n'avait cependant pas l’autorisation d'en revêtir une nouvelle, il devrait se battre ainsi jusqu'à la fin du combat. Pendant ce temps, Naëlon souriait quelques mètres plus loin.

Fais chier putain. Je dois trouver la solution et vite.

Enlever son armure lui faisait autant mal moralement, puisqu'il était à découvert maintenant, que physiquement. Une plaie s'était ouverte et le sang coulait déjà. Il n'osait même pas regarder vers Kira, il savait exactement dans quel état elle devait se trouver, et il n'avait pas besoin de la voir comme ça. Il ne devait se concentrer que sur lui et ramassait son bouclier tout en replaçant sa lance sous son épaule meurtrit, prêt à reprendre le combat.

— Ironique n'est-ce pas ? déclarait Naëlon dans le même sourire qui ne voulait pas disparaître.

— De quoi tu parles encore ?

— C'est la même épaule non ? Je pense que c'est un signe.

Effectivement, sa nouvelle blessure s'était logée à quelques centimètres à peine de son ancienne cicatrice.

J'aurais dû me rendre compte qu'il était vraiment dangereux à l'époque, même si ce n'était qu'un gamin, j’aurais dû faire ce qu’il fallait.

Peu après que le Grand Djaro avait été vaincu, remplacé par Warren le Courageux en tant que Grand Chef du Malaki, il était l'heure de mettre en application leur nouvelle politique. Tyrone parcourait alors les côtes du continent afin de construire de nouveaux phares, bien plus grand, afin de prévenir d'éventuels attaques venant de l'autre côté de l'océan. Il était persuadé, qu'un jour ou l'autre, l'Artome viendrait se venger des attaques incessantes qu'ils avaient perpétrés pendant des années.

Comme pour un symbole, il venait superviser la construction de l'un des phares situés à l'endroit même où le premier corps cramoisi avait été repêché. Même si les travaux avançaient plutôt bien, il devait se heurter aux mécontentements des habitants de Galbana, village d'origine de ce dernier, qui ne comprenait pas l'inaction de leurs nouveaux dirigeants. Beaucoup de galbanais avaient bravés les eaux pour combattre sous la bannière du Grand Djaro. Aucun n'étant revenus vivants, ils réclamèrent justice.

Près de l'édifice en construction, les villageois étaient venus en nombre, peuplés pour le coup essentiellement de femmes, d'enfants et de personnes âgées. Tous faisant face à Tyrone, qui étaient accompagnés d’une petite escorte.

— Laissez-nous y aller ! Nous prendrons les armes, nous honoreront nos hommes nous-même s'il le faut puisque vous en êtes incapable ! crachait une femme au premier rang.

— Je suis ici pour vous expliquer une nouvelle fois la nécessité de ne rien faire. Je sais ce que vous pensez. Mais vous avez vu les débris, les corps, qui s'acheminaient sur vos plages. Nous ne savons pas comment ils ont fait ça, nous ne savons pas quelles armes ils ont utilisé. Nous ne pouvons pas prendre le risque d'y retourner et perdre encore plus des nôtres. Notre espoir, est qu'en arrêtant les pillages, ils ne viennent pas se venger en attaquant à leurs tours. Nous ne voulons pas entrer en guerre avec eux, nous devons simplement regarder ce qu'il nous reste et avancer sur notre chemin.

— Donc ils ont gagné ! criait l'un d'eux dont il ne pouvait pas voir l'identité, masqué par plusieurs autres individus devant lui.

— Personne n’a gagné, et personne n'a perdu, c'est un statu quo.

— Nous, nous avons perdu ! Ce sont nos pères, nos fils, nos maris qui ont perdus la vie. Ne nous dîtes pas que nous n'avons rien perdu.

Leurs colères semblaient une nouvelle gagner en intensité.

On n’avance pas, ils ne veulent rien comprendre.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire, je…

— C'est exactement ce que vous vouliez dire !

Les critiques pleuvaient désormais de toutes parts sans qu’il ne puisse pouvoir leur répondre ;

— Vous voulez qu'on oublie nos morts pour que vous ayez la conscience tranquille ! Mais ça n'arrivera pas !

— Ils doivent payer.

— STOP ! hurla-il alors à son tour. Le coupable est mort ! Djaro est mort ! C'est lui qui avait changé les règles, c'est lui qui avait organisé ces raids pour des récompenses qui n'en n'ont jamais values la peine ! Justice a déjà été rendus. Maintenant j'en appelle à vous, au nom de la Sainte Nature et de Thum Bator, stoppons ces massacres !

— Djaro est mort c'est vrai mais ce n'est pas lui à brûler nos hommes. Les dumiens les ont brûlés, et ils respirent tous encore comme si de rien était !

Tyrone ne trouvait plus de mots. Chacune de ses interventions se soldant par un échec. Il réfléchissait à ce qu'il pourrait bien l'aider pour éviter que la situation ne dégénère encore plus. Il prenait bien attention à ne pas non plus baisser la tête pour ne pas paraître faible, les faisant se sentir supérieur. Il représentait encore l'autorité, il devait s'y montrer à la hauteur, au moins de façade. Tour à tour, il observait les regards de chaque personne se tenant devant lui, n'y voyant rien d'autre qu’une haine pleinement affichée pour dissimuler leurs peines.

Pourtant il ne tentait que de les sauver. Evidemment, il pourrait les envoyer eux-mêmes à bords de bateaux en direction du Dume pour venger leurs morts. Ils y resteraient sûrement, faisant moins de protestataire, mais dans ce cas-là il ne vaudrait pas mieux que le prédécesseur qu'il à aider à faire chuter. De plus, il ne connaissait toujours pas les intentions de son ennemi, autoriser une nouvelle attaque, même composé de femmes et de vieillards, pourrait amener la guerre encore plus rapidement, s'ils n'étaient pas déjà en route.

— Vous avez peur ! Oui c’est ça, vous avez peur, c'est pour cela que vous ne voulez pas les attaquer ! Vous êtes un lâche ! Vous ne méritez pas de représenter Thum Bator.

Sa propre colère montait à son tour, ils devenaient tous un risque pour lui et les autres citées, l'idée de tous les réduire aux silences le démangeait. Mais il n'était plus cet homme. Il essayait de changer. Les anciennes méthodes ne peuvent plus avoir lieu dans un monde où la paix était revendiquée et demandée.

Je dois me contrôler, ce que j’ai fait à Maïdha ou Sisto ne doit pas se reproduire.

Alors qu'il s'apprêtait une nouvelle fois à essayer de leurs faire entendre raison, tout le monde s'était tuent d'un seul coup. Un violent coup venait de le frapper sèchement à l'épaule. Rapidement il constatait qu'une flèche l'avait transperçée à l'arrière de son épaule droite. Au premier mouvement de son bras opposé pour essayer de l'enlever ou même la toucher la douleur le frappa de plein fouet. Tous les regards se posaient sur un jeune enfant posté plus loin, un arc à la main.

— Naëlon !! cria une femme en courant vers le gamin qui avait failli le tuer, qui semblait être sa mère. Mais qu'est-ce que tu as fait !

— Si lui il a peur, moi je n'ai pas peur de me battre !

Il encochait une deuxième flèche. Alors qu'il visait une nouvelle fois Tyrone, l'arrivée de sa mère à son contact fit partir la deuxième salve à l’horizon. La volée passa ainsi bien au-dessus de lui, allant s'écrasait dans les fondations du phare derrière lui. Alors que les gardes l'accompagnant s'avançaient vers le jeune archer pour le saisir, Tyrone les arrêta. La loi était claire, s'attaquer à un représentant du Grand Chef était passible de mort immédiate, et son jeune âge ne le sauverait pas.

Il le regardait, se débattant dans les bras de sa mère en pleurs.

— Laisse-moi ! Laisse-moi le tuer !

Comprenant qu'il n'arriverait pas à ses fins, il bousculait sa mère pour s'enfuir chez lui. La femme restait à genoux, en direction de Tyrone pour l'implorer d'épargner son fils, que ce n'était qu’un enfant malheureux. Il ne l'écoutait pas, préférant regarder le garçon courir à l'horizon. Un gamin avait failli le tuer, si jeune et déjà imprégné de tant de violence, dont il avait lui-même contribué à faire apparaître. Il se reconnaissait un peu à travers lui. Peut-être même que si les rôles avaient été inversés il aurait lui aussi cherché à le tuer.

Baissant la tête, vers la mère toujours en train de le supplier, il la calma d'un geste de la main synchronisé avec un de la tête. Il lui laisserait la vie sauve. C'est par ce genre de décision que le cycle de la violence commencera à prendre fin. En montrant l’exemple.

Plus tard cet enfant comprendra pourquoi je le laisse en vie, peut-être même que si nous nous recroiseront un jour, nous en rirons ensemble.

Naëlon s'esclaffait, comme s'il avait déjà gagné son combat. Tyrone n'était lui pas d'humeur à rire. Maintenant qu'il avait aperçu sa blessure, il ne pouvait plus l'oublier, avec la douleur qu'il allait avec. Pourtant s'il restait dans cette position d'attente défensive contre ce genre d'arme, il serait mort d'ici quelques minutes.

On ne guérit pas de la violence, on peut la cacher un temps, mais elle est toujours là. J'aurais dû le tuer il y a vingt ans. Mais je suis comme toi, moi aussi je suis quelqu'un de violent.

D'un regard instinctif, il regarda en direction de Kira et Matar, dans le public. Un geste qu'il regrettait aussitôt. Il y avait vu la peur sur leurs visages. Il ne pouvait pas mourir, pas aujourd'hui, pas pour une erreur commise des années auparavant.

Le guerrier se redressa, lance et bouclier en position puis s'avançait vers son ennemi, qui ne reculait pas d'un mètre. Le regard fixé sur son objectif il s'apprêtait à son tour à faire éclater sa rage. Tout en avançant il scrutait la main principale du guerrier pour préparer son attaque. Quand enfin cette main se leva en arrière pour prendre de l'élan, le fléau flottant dans le ciel, il faisait mine de vouloir à nouveau parer avec son bouclier. Naëlon tomba dans le piège et lança le premier l'assaut, mais Tyrone, dans d’un coup horizontal de sa lance attrapa la chaîne du fléau, qui s'enroula tout autour. L'arme s'étant coincé, il ne lui suffisait juste qu'à tirer vers lui d'un coup sec pour désarmer son adversaire. Enfin il pouvait voir la surprise prendre la place du sourire de son adversaire. La chaîne s'étant beaucoup trop emmêlé sur sa lance, il n'avait pas le temps de l'enlever et décidait de la jeter à terre. Avant que Naëlon ne puisse avoir le temps de réfléchir à sa prochaine riposte il le chargea, bouclier devant lui. Une nouvelle fois prit au dépourvu, il ne mettait en opposition que le sien, ce qui était inefficace face à l'élan qu'avait pris Tyrone. Le choc fût sourd, et c'est le jeune guerrier qui fût projeté à terre à son tour, perdant sa dernière défense au passage. L'ancien gamin si confiant et haineux n'avait même pas le temps de souffler ou de lever la tête. Tyrone, à seulement quelques pas de son ennemi toujours à terre, lui lança tel un disque son bouclier, le percutant au niveau de la joue. Une gerbe de sang fût projetée au sol dans un cri étouffé. Désormais au-dessus de lui, il n'avait plus qu'à le finir proprement et rapidement, mais il ne se maîtrisait plus désormais. Il était redevenu celui qui réagissait sans réfléchir, celui qu'il avait été bien des années auparavant.

Il s'accroupissait sur le torse de Naëlon, toujours gravement sonné, puis l'enchaîna de plusieurs coups aux visages, de plus en plus fort. Il ne pouvait pas dire si ses poings étaient recouverts seulement du sang du gamin ou si le sien s'y était mélangé également.

Agitant les bras dans le vide, aveuglé par l'avalanche de coups qu'il recevait, le guerrier au sol réussissait néanmoins à attraper les cheveux de son agresseur d’une main, l'autre cherchant ses yeux. Tyrone n'en était que plus énervé et attrapa l'un des bras avant de le briser en arrière au niveau du coude. Un hurlement de douleur jaillissait au travers de son visage tuméfié. Tyrone n'en restait pas là, se pencha vers sa tête avant de lui arracher l'oreille gauche avec ses dents, avant de recracher le morceau plus loin. Il se releva, pris le temps cette fois-ci de démêler les deux armes toujours enchevêtrées entre elles. Il savait que cette fois aucune riposte ne pourrait le surprendre. Une fois le fléau dans ses mains, il retournait voir Naëlon, balbutiant des mots incompréhensibles à travers le sang qui encombrait sa bouche. Dans un dernier cri de rage il lui abattait son arme directement là où devait se situer son nez. La boule de piques s'encastra directement dans un bruit de dégoût, avant qu’il ne lâche la poignée. Le combat était officiellement terminé. C’était une victoire.

Ses mains et ses visages étaient aussi rouge que le cadavre à ses pieds. Il haletait fortement, maintenant qu'il reprenait son souffle. Plus personnes ne faisait le moindre bruit aux alentours. Son effort coupé, la douleur de son épaule le relançait violemment. En se retournant vers la foule, dont la plupart avec leurs mains devant leurs visages ou leurs bouches, il cherchait Kira.

J'espère qu'elle était partie avant d’avoir vu ça.

Et elle était là, le fixant comme si elle regardait un étranger dangereux. Il avait toujours fait en sorte qu'elle ne le revoit jamais ainsi, mais s'il n'avait pas relâché la colère en lui, il n'aurait probablement pas survécu. Son fils Matar, était là lui aussi, comme pétrifié contre sa mère.

Il prenait sa tête entre ses mains, tombant à genoux. Il n'entendait ni l'Ancien le déclarer vainqueur, ni Warren demander que l’on s‘occupe de lui.

C'est moi, tout simplement. Je l'ai toujours été, j'ai toujours été cet homme.

Bien avant ce combat pour sa propre survie, bien avant sa première rencontre avec Kira et la naissance de son fils, bien avant aussi qu'un jeune enfant en colère ne lui tirât une flèche, mais lorsque le Grand Djaro gouvernait encore sans contestation, Tyrone alors âgé d'à peine quinze ans vivait une vie de nomade, à la recherche de tous ce que le monde avait à lui offrir. Si ses voyages se faisaient pour la plupart en solitaire, fût un temps où il ne se déplaçait pas seul.

Sur la route il avait rencontré une femme, du nom de Zéphyra. A peine plus âgée que lui, elle avait fui son village, aspirant à plus de liberté. Mariée depuis quelques mois avec son nouveau mari, elle s'ennuyait déjà, trouvant sa vie de plus en plus inutile et sans futur. Avant de tomber enceinte et de voir ses chaînes s‘épaissirent, la jeune femme préféra prendre les devants, et partie une nuit en toute discrétion. Désireuse d'aventure mais encore trop inexpérimentée, elle se perdit rapidement à la lisière d'une forêt, jusqu'à ce qu'arriva Tyrone. Rapidement ils arpentèrent ensemble les plaines, montagnes et autres magnificences du continents, dormant à la belle étoile le plus souvent. Rapidement les mois passèrent ainsi.

C'était pour lui la personne parfaite, celle qui pouvait le suivre partout dans ses rêves d'explorations, si belle, et qui n'avait peur de rien.

— Tu ne regrettes jamais ton village ? lui demandait-il alors qu'ils étaient couchés tout deux sur des rochers, près d'un lac, à contempler les étoiles.

— Jamais ! répondait-elle instantanément en le regardant avec ses yeux caramel. Si je n'étais pas parti je serais certainement engrossée, en train de vider les pots de chambre de mon mari, et vérifier si mes salades poussent correctement. Je préfèrerais mourir que d'avoir une vie de servitude à qui il n'en manque que le nom.

— Et qu'est-ce que l'on va faire quand l'on aura vu tout ce qu'il y a à voir ?

— Il y aura toujours quelque chose à découvrir. Personne en me dira jamais ce que j'aurais à faire. Je fais ce que je veux, quand je le veux, où je le veux. La vraie vie c’est ça, n’être l’esclave de personne.

Je ne sais pas si je dois lui dire. Mais un jour je voudrais des enfants d'elle. Je voudrais qu'elle soit ma femme. Cela ne fait que quelques semaines que je l’ai rencontrée mais je l'aime déjà. J'ai peur de la faire fuir en lui avouant.

Elle voyait bien que quelque chose le tracassait puisqu’il était devenu tout à coup silencieux. Ce qui n’était pas son genre.

« Promets-moi Tyrone, ne m'emprisonne jamais. Je suis super bien avec toi, je t'aime maintenant, mais si je dois partir tu dois me laisser partir. Parce que je suis comme ça.

— Tu m'aimes ?

C'est la première fois qu'elle me dis ça ! Que quelqu’un me le dise !

— Oui bien sûr que je t'aime pour le moment. Tu m'as sauvée, tu penses comme moi, tu es beau, tu baises bien. Juste je ne sais pas combien de temps cela durera, alors ne gâche pas tout d’accord ?

— Moi aussi je t'aime. Et ne t'inquiètes pas jamais je ne te retiendrais. Jamais je ne deviendrais tes chaînes. Tu continueras à suivre tes envies.

Parce que je n'aurais pas à te retenir, tu ne voudras jamais partir, je t'en fais la promesse !

— Parfait alors ! Et tu sais de quoi j'ai envie là tout de suite ?

Il n'avait pas le temps de répondre qu'elle se redressa, et commença à se dévêtir.

— J’ai bien une petite idée.

Elle était désormais entièrement nue devant lui. S'accroupissant lentement vers lui, avant de s'allonger de tout son long contre son corps. Etant déjà torse nu, il enleva comme il le pouvait ses bas pour l’imiter. En prenant appui de ses mains sur son torse, Zéphyra pouvait voir que Tyrone avait déjà le souffle haletant, ce qui semblait l'excitée encore plus. Avec ses fesses, elle effectuait de légers va-et-vient contre son membre, laissant languir le moment où il pourrait rentrer en elle. Il était déjà très dur mais elle le faisait patienter encore. A chaque fois qu'il s'osait à se redresser ou attraper ses seins elle repoussait ses mains. Délicatement elle approchait ses lèvres des siennes sans tout de fois l'embrasser. La jeune femme relevait légèrement ses fesses pour pouvoir y glisser une main et l'attraper.

Il se mordait la lèvre, cette atroce torture bousculait ses sensations, désirant à la fois que cela s'arrête mais également que le temps puisse se stopper à jamais. Quand enfin elle se laissa envahir, il relâcha un nouveau râle de plaisir. Il lui attrapa alors enfin les hanches, l'aidant dans ses mouvements. Au bout d'un court moment, alors qu'elle lui mordillait le lobe de l'oreille, elle le surprit encore :

— Frappe-moi ! lui susurra-t-elle.

— Quoi ? lâcha-t-il alors que les ondulations continuaient comme si de rien était.

Alors qu'elle lui mordait à nouveau l'oreille, elle lui attrapa une main avant de la coller violemment contre sa fesse, puis l'autre.

— Fort ! lui murmura-t-elle.

Il n'arrivait pas à réfléchir correctement, et s’exécuta au rythme des va-et-vient. Un gémissement venait confirmer qu'elle appréciait.

« Plus fort, lâche-toi, aussi fort que tu le peux, j'aurais pas mal ne t'inquiètes pas, au contraire !

Alors que le plaisir montait en lui, il ne voulait pas non plus lui faire mal, mais il continuait, augmentant la fréquence et la force de ses frappes. Quand sa conscience lui indiquait d‘arrêter, les cris de plaisir qu’elle effectuait s’emparait de lui, de son excitation. Impossible de ralentir désormais, le plaisir devenait partagé. Il ne se retenait plus désormais, allant toujours plus fort, jusqu'à ce que sa semence soit en elle.

Tous deux exténués, ils reprenaient leurs souffles. Zéphyra se retira pour s'allonger à ses côtés.

— Beau travail toi, lui murmura-t-elle au travers d'un sourire en lui caressant la joue.

Il était néanmoins préoccupé, gêné, non pas qu'il n'avait pas aimé ce moment, mais ce n'était pas quelque chose qui lui semblait pour autant normale. Après un dernier baiser, ils s'endormirent sous leurs couvertures de peaux.

Au lendemain matin, quand le chant d'un oiseau le sortit de ses rêves, il constatait qu'elle n'était plus là. Attrapant rapidement de quoi se couvrir un peu, il inspecta les alentours. Il ne mettait pas longtemps à la retrouver, faisant sa toilette dans le lac, un peu plus bas.

Soulagé de la voir il se dirigeait vers elle.

— Eh bonjour toi ! Tu auras pu me réveiller, on y serait aller ensemble.

— Bonjour toi aussi, j'aime bien être seul pour me réveiller ne m'en veux pas.

Elle finissait d’essorer ses longs cheveux noirs en arrière. Tyrone en profitait pour contempler son corps encore une fois. L’eau arrivant jusqu’à sa taille cela lui permettait d’avoir une vue de premier choix sur sa poitrine.

— J'ai faim vient manger quelque chose avec moi.

— J'arrive.

Jamais je ne pourrais me lasser de la voir comme ça.

« Manger des aliments hein ! plaisanta-t-elle une fois arrivée à lui en lui effleurant le menton de ses doigts.

Une fois positionné derrière elle en ordre de marche il s'apprêtait à pouvoir déguster des yeux les délices de ses courbes quand il s'arrêta sur des marques rongeant son corps, aux niveaux de ses fesses, descendant jusqu’à l’arrière de ses cuisses.

— C'est quoi ces marques ?

— Ah ça, bravo ! C'est toi hier soir je te rappelle. Apparemment tu m’as bien comprise quand je t’ai dit de te lâcher.

A la vue du regard de Tyrone rempli de culpabilité elle renchérissait.

« C'est une bonne douleur hein, tu pourras recommencer ce soir si tu veux, j’ai déjà hâte !

C'est moi qui ai fait ça ? Je ne pensais pas avoir frappé si fort.

Sa peau était recouverte d’hématomes, aussi large que ses mains.

— Je suis désolé Zéphyra.

— Non surtout ne soit pas désolé, c'était géniale alors arrêtes de faire cette tête. C’est ça que j’aime.

Il continuait de la regarder sans pouvoir détacher ses yeux des empreintes qu'il avait déposées sur elle. D’un seul coup elle ne paraissait plus aussi attirante désormais, comme s’il l’avait sali.

Ça va trop loin, je ne suis pas comme ça. Jamais je ne pourrais la retoucher de cette manière. Je ne peux plus lui faire du mal.

Kira venant de finir de désinfecter la plaie à l'aide de plantes, elle la recouvrit d'un épais bandage en liane. De plusieurs gestes des mains elle lui indiquait de bouger son bras le moins possible pour que son épaule puisse guérir vite. Tyrone était atteint du même mutisme depuis la fin de son terrible combat, ne sachant pas comment aborder le sujet, ni même s'il fallait l'aborder. Il sentait pourtant qu'une gêne s'était installé et il n'aimait pas ça. C’était sa femme, et aucun sujet ne saurait rester silencieux.

— Kira...Je… Ce que tu as vu tout à l’heure...

Elle le stoppa d'un nouveau geste. Lui sommant qu'il n'avait pas besoin de s'expliquer, qu'il avait fait ce qu'il devait pour survivre, pour ne pas les abandonner elle et son fils.

« Je ne suis plus cet homme tu sais, je veux juste que tu le saches.

Elle lui répondait qu'elle comprenait mais qu'elle avait simplement besoin d'un peu de temps pour assimiler. Le revoir ainsi après toute ces années l’avaient quelque peu déstabilisé. Parmi tous les combats, jamais à une telle boucherie n’avait été montré. La violence qui l’habité avait pu être contrôlé grâce à Kira, mais rien qu’à la pensée de la perdre, tout ce travail sur lui-même s’était évaporé en un instant. Ainsi cela signifiait que cette part de lui restera toujours caché, profitant du moindre moment de faiblesse de Tyrone pour se montrer au grand jour. C’était ça qu’elle avait besoin d’encaisser, le fait que d’un côté elle avait failli à sa mission, qu’elle pensait l’avoir définitivement changé, réparé.

Elle se retournait pour ranger le pot contenant les plantes médicinales, quand il se leva à son tour pour aller la prendre dans ses bras. Délicatement, vu qu'elle était encore de dos, il lui effleura le bras, ce qui la faisait sursauter, renversant le pot qui allait se briser contre le sol.

Elle a eu peur de moi. J’ai déjà fait ce geste des milliers de fois pourtant. Quelque chose a vraiment changé

Elle se pencha en s'excusant pour ramasser les débris. De crainte d'envenimer la situation, il préféra sortir pour aller prendre l'air.

— Je t'aime Kira. Jamais je ne te ferais de mal, je suis incapable d'en faire aux gens que j'aime, expliquait-il avant de passer la porte, et de se retourner avant qu'il ne puisse voir sa réponse, de peur qu'elle ne n'en donne pas.

Tyrone et Zéphyra approchait d'un nouveau village, Sisto, au Sud-Ouest du Malaki, afin de pouvoir se réapprovisionner en fourniture de survie et en nourriture. Depuis quelques semaines, une légère tension s'était installée entre les deux amoureux. Depuis la fameuse fois au bord du lac, il ne pouvait plus agir de la même façon avec elle, ce qui à son tour l’agaçait. Ils avaient bien recouché ensemble quelques fois, mais de manière plus traditionnelle. Les bleues avaient disparu de sa peau mais pas de sa mémoire. Chaque fois qu’il tenta une caresse, sentant sa chaleur contre la sienne, il ne pouvait s’empêcher de vérifier qu’aucun stigmate ne se formait. L’instant présent n’existait plus, impossible d’en profiter comme autrefois. Un stress et une gêne évidemment perceptible par sa moitié qui commençaient à ne plus prendre de plaisir à son tour. Zéphyra lui avait demandée de recommencer ces séances de violences charnelles, mais qui ne recevaient pas les réponses escomptées. Avant de peu à peu ne plus rien demander.

Impressionné par les récits de leur voyage, un des vendeurs du marché leur offrait l'hospitalité, en vue de les protéger de la pluie qui menaçait de s'abattre pour la nuit suivante. Un homme aussi bronzé qu'eux, plus âgé néanmoins mais n'ayant aucun trait menaçant apparent. Ils acceptèrent, confiants.

Une fois au lit, dans une chambre à eux. La femme enleva ses vêtements pour dormir comme elle en avait l’habitude, nue. Instinctivement il avait envie d’elle, il n'avait jamais cessé réellement d’en avoir envie. Sa longue chevelure s’arrêtant jusqu’au creux de reins, il était à nouveau comme immobilisé. Zéphyra se retourna, constatant son désir apparent.

Je l’aime vraiment, elle me rend fou. Je suis complètement perdu.

Il en oubliait les évènements à la belle étoile, oubliait les disputes inutiles qui en ont suivis, il ne voyait que cette femme qui s’était posée sur le lit, les jambes entrouvertes, prêtent à l’accueillir. A son tour il ne pouvait que la rejoindre, avant de rapidement s'y glisser entièrement. D’un baiser passionné le ballet de ses reins commença jusqu'à ce qu'il sente en plus de son plaisir montant, de petits pics tout le long de son dos. Comme si pleins de petites aiguilles tentaient de le transpercer.

— J’ai compris pourquoi tu n’aimes pas faire ce dont j’ai besoin, souffla-t-elle entre deux respirations sensuelles. Je dois te montrer ce que ça fait pour que tu comprennes.

Alors que leurs lèvres se rencontrèrent à nouveaux, ses ongles, bien ancrés dans sa peau, descendirent d'un coup plus bas vers ses hanches. Il gémissait mais bien de douleur et non de plaisir.

— Putain tu fais chier, qu'est-ce que tu fou merde ! Il se retira aussitôt, se mit debout pour inspecter son dos, constatant qu'une des griffures l'avait fait saigner.

Elle semblait aussi frustrée qu'abasourdie, ne trouvant aucun mot à dire.

« Je sors prendre l’air, je reviens plus tard. Merde tu m'as fait mal !

Il était furieux, il l'aimait mais ce genre de relation n’était pas concevable, une solution allait devoir être trouvée.

Mais qu’est-ce qu’elle peut bien aimer là-dedans ?

Tyrone avait marché plusieurs bonnes minutes jusqu'à l'entrée de Sisto. Tout était calme, personne à part lui n’arpentait les rues sombres. La pluie avait cessé avant qu'il ne sorte et les températures restaient douces, ce qui lui permettait de pouvoir rester aussi longtemps qu'il le désirait. Il se reposait ainsi contre une grande botte de foin, contemplant les étoiles. Une passion solitaire qu’il avait quelque peu délaissée récemment. Dans ces moments de doutes ou de colère, ce passe-temps pouvait durer des heures.

Beaucoup de théories existaient sur la signification précises des étoiles. Sa propre théorie consistait à dire que chacune d’entre elles représentaient un fragment d'âme de la Sainte Nature, soit chaque arbre, goutte d'eau, ou animal, et que ce tout veillait sur le bien-être de la planète. La lune, de son côté était l'élue de cette infinité d'étoiles, habité désormais par l’esprit de Thum Bator, celui qui avait créé toute chose en ce continent il y a bien longtemps déjà. Après que le chaos de la journée avait fini son cycle, cette harmonie qui dansaient au-delàs des nuages apaisaient ainsi toute vie existante en les faisant dormir.

Alors qu'il se rendait compte qu'il s'était assoupis, il se rendait compte que la lune avait beaucoup bougée. Le matin ne tarderait pas à arriver

Il faut que je rentre, elle va s'inquiéter. Je n'aurais pas dû la laisser seul.

Il regagna l’auberge qui les accueillait après avoir retraversé le village, puis la direction de la chambre, en essayant d'être le plus discret possible. Au vu de l'heure tardive, elle devait déjà être bien endormie. En rentrant il remarquait que la bougie était encore allumée, lui permettant de voir Zéphyra allongée sur le ventre, toujours nue, sur le lit, une jambe seulement cachée par les couvertures. Il l'entendait respirer pendant son sommeil, un son qu'il aimait écouter. Au moment où il s'apprêter à se coucher près d'elle, il ne pouvait s'empêcher de regarder ses fesses, entièrement marquée de traces de mains et d'hématomes.

Putain voilà que j'hallucine et que je revois encore ces fichus marques. Elles ont même l'air encore plus grandes que la dernière fois.

Un léger bruit venant de la pièce commune se faisait entendre. Ne pouvait pas prendre le risque que quelqu'un ne l’ai suivi dans la pénombre, le mettant en danger, lui, sa femme, et son hôte. Il ne prenait pas la peine de la réveiller pour ne pas l'inquiéter et alla voir ce qu'il en était. Une fois arrivé dans l'autre pièce, Tyrone découvrait le marchand qui se servait un verre de vin.

— Ah c'est vous, j'ai cru que quelqu'un m’avait suivi et était entré, je suis désolé de vous avoir dérangé.

Cela faisait rire l'homme qui tirait sur sa barbe.

— Elle pensait que vous ne reviendriez pas.

Comment est-il au courant de ce qu’elle pense ? Pourquoi lui a-t-il parlé ?

— Je ne comprends pas, pourquoi ne reviendrais-je pas ?

— Après votre dispute, ne vous revoyant pas depuis plusieurs heures, bah pour elle vous étiez partis en la laissant ici. Du coup elle est venue me retrouver. Ben mon gars, j’en ai connu des tarées mais une comme ça faut la garder. Elle vous fait passer de ces nuits ! Je comprends pourquoi vous êtes revenus !

Je suis parti quelques heures, et elle a déjà rejoint un inconnu dans son lit. D'où les nouvelles marques alors. Non, ce n'est pas possible, elle ne me ferait pas ça. Elle m’aime !

« Hé, petit, ne m’en veux pas, moi aussi je ne savais pas que tu allais revenir, et puis entre nous, une beauté comme ça qui se glisse entre mes jambes ça ne m'arrive pas tous les jours.

Il riait encore une fois, en se resservait encore un verre. Ses poings à lui se crispaient. Ses projets avec elle, ses rêves, tout s’envolait en éclat.

Impossible ! Elle ne pouvait pas être consentante, il a dû la violer.

Il lui faisait signe qu'il voulait bien du vin aussi.

« Bouges pas petit, je t'en récupère. C'est ma tournée.

Alors qu'il se retournait pour chercher une autre bouteille, Tyrone se rua dessus, muni du poignard qu'il gardait toujours à sa ceinture, et lui ouvrit la gorge. Il accompagna le corps jusqu'au sol pour éviter le plus de bruit possible, avant de se rendre le plus rapidement possible jusqu'à la chambre où son amour dormait toujours pour la réveiller. Il fallait partir avant le lever du soleil pour éviter que quelqu'un d'autre ne découvre le corps.

— Hey, réveilles-toi, ne fais pas de bruit, il faut partir vite.

— Humm, Tyrone ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu étais parti ? demandait-elle mollement en se frottant les yeux.

— Non jamais je ne partirais sans toi. Ne t’inquiète pas je sais ce qu'il t’a fait, il a payé tu n'as pas à avoir peur.

— De quoi tu parles ? Qui m'as fait quoi ?

— Notre hôte, je sais qu'il a abusé de toi. Mais ne t'inquiète pas je suis là maintenant.

— Non, je pensais que tu m'avais quitté, tu es parti en plein milieu, j’étais frustré alors je l'ai rejoint.

Non !

— Pourquoi ?

— Je viens de te le dire. J'avais envie de baiser, et tu étais partit sans que je sache si tu allais réellement revenir. Et puis tu ne veux plus le faire comme j'aime.

Elle commençait à se redresser sur le lit

« Lui au moins il faisait ce que je lui demandais. Après ce n’est pas grave, on peut encore partir ensemble, je suis bien avec toi quand même.

Comment peut-elle faire comme si de rien était ?

— C'est impossible ! Tu as couché avec quelqu'un d'autre, tu m‘as trompée. Je ne pourrais plus jamais te regarder de la même manière. Je t’aimais !

— Ne dis pas n'importe quoi, tu sais très bien que tu n'as pas l'exclusivité et que je n'ai pas la tienne, c'est comme ça que l'on fonctionne. Je fais ce que je veux, quand je le veux, où je le veux. Tu te souviens ? Je suis quelqu'un de libre. Si tu veux tu peux te trouver une autre fille du village à sauter de la manière que tu aimes ça ne me dérange pas. Et on repart parcourir le monde tous les deux.

Plus elle parlait, plus il la haïssait. Il réfléchissait à quoi pouvoir faire, mais aucune réponse valable ne semblait lui venir.

Elle ne portera jamais mes enfants, elle ne se mariera jamais avec moi. Putain pourquoi elle a fait ça. On allait être si heureux ensemble. Fais chier elle a tout détruit.

Il se retournait, la dévisageant. Il cherchait dans ses yeux caramel dont il avait tant aimé s'y plonger, la moindre once d'amour qu'il pouvait encore sauver, mais ne la trouva pas. Il s'approchait alors du lit, avant de l'attraper à la gorge et de la projeter sur le lit. Elle hurla à la fois de surprise et de peur. Pour éviter d'alerter le voisinage il la retourna sur le ventre, plongea le visage de celle qui aurait pu lui dire oui un jour dans les couvertures, et grimpa sur elle pour bloquer également ses mouvements.

— Je vais te donner ce que tu aimes finalement !

Pendant qu'il tenait toujours sa tête d’une main, il serra son autre poing très fort, avant de l'abattre dans le haut dos de Zéphyra. Même avec le visage enfoncé dans le lit, il l'avait entendu crier.

« Tu aimes ça non ? C’est ce que tu voulais ? Tu vas pouvoir jouir maintenant !

Il la cogna une deuxième fois entre les omoplates, puis dans les côtes. Chaque fois qu'il entendait un cri, il répéta le mouvement, comme aux bords du lac ou chacun de ses gémissements en appelait un autre. Il la frappait encore, et encore, parfois même à la tête. Il ne pouvait pas dire combien de temps cela avait durer, ni combien de coups il avait envoyé, mais à un moment elle avait arrêté de crier et de se débattre, ce qui le stoppa à son tour. Il se releva, contempla ce qu'elle l'avait obligé à faire, et sécha des larmes qu'il n'avait même pas vu venir. Ses mains étaient devenues toutes gonflées, tuméfiées.

« Je t'aurais donné tout ce que j'avais, jusqu'à ma propre vie. Je t’aimais ! Mais tu as préférée m’abandonner !

Le corps était toujours inerte, le visage à peine visible dans le lit.

Pourtant je ne suis pas comme ça. Je suis quelqu'un de bien, pourquoi m'a-t-elle fait ça, je voulais juste être heureux.

Tournant en rond dans Chamdi depuis plusieurs heures déjà, l’envie de retrouver son fils ou sa femme se faisait déjà sentir. Pourtant l’idée même que leurs regards envers lui aient définitivement changé le terrifié. Il fallait trouver quelque chose pour leur redonner le sourire et leurs faire oublier ce qu’ils ont vus. Une bonne nouvelle pouvait jouer ce rôle de pansement, et la personne capable de lui procurer une telle chose si rapidement était son grand ami Warren. Il était temps pour lui d’avoir l’autorisation de se retirer des combats définitivement.

Comme rien ne semblait vouloir aller dans son sens en ce moment, les gardes devant ses appartements lui signifièrent qu'il n'était pas là, qu'il avait été appelé en urgence par l'Ancien à l'entrée du village.

Encore une urgence ? C'est quoi encore ce bordel !? Est-ce que à un moment donné je pourrais pouvoir me poser un peu ?

S'approchant du point de rendez-vous, il était facile de comprendre qu’il se trouvait au bon endroit, une foule s'y étant largement amassée, provoquant un brouhaha quasi incessant. Il devait bousculer légèrement bons nombres d'hommes et de femmes sur son passage pour se frayer un chemin jusqu'à Warren, qu’il devinait facilement aux avant-postes.

— Ah Tyrone, tu es là.

— Oui je te cherchais, je voulais être sûr que tu tiendrais ta promesse de l’autre jour, que je n’ai plus à me battre. Et qu'est-ce que c'est que ce bazar ici ?

— Ta retraite va attendre je le crains, un autre combattant arrive, disait-il de son air soucieux habituel.

C'est une blague ? Le monde entier s'est décidé à me faire chier !

— Comment ça encore un ? Je suis désolé mais je t’ai dit que j’arrêtais, c’est fini je ne peux plus faire ça.

— Je t'ai promis à la fin de l'année. Effectivement je ne pensais pas qu'un autre viendrait mais finalement on dirait que j’ai eu raison de ne pas prendre ce risque.

— C'est au tour de Milos de combattre de toute façon. On le connaît ?

Warren se tourna vers lui, avant de prendre sa voix la plus grave possible.

— On ne sait pas vraiment. Apparemment il s'appelle Isaiah, personne n'a d'information sur lui, ni même l'Ancien.

— Le seul Isaiah que je connais, est un vieil homme de Koundour, probablement mort maintenant d'ailleurs. Qu'est-ce qu'il te fait si peur encore une fois, si personne ne le connaît c'est qu'il ne doit pas être si bon.

— Le messager qui nous a averti pendant que tu te soignais, à déclarer que c'était un nouvel élu de la Sainte Nature, un nouveau Thum Bator !

Sérieusement ? Es-tu devenu si naïf que ça ?

— Combien dans notre histoire se sont prétendu être le nouveau Thum ? Ou ses descendants ? Pourtant tous sont morts comme les simple humains qu’ils sont. Il n'y a eu qu'un Thum Bator, et il nous a quitté il y a un longtemps maintenant. Il veille sur nous encore aujourd'hui, je le crois, mais personne d'autre ne prendra sa place. C'est encore un gamin qui essaye d'être celui qu'il n'est pas, qui essaye d’impressionner le monde pour s’en attirer les faveurs. Je ne comprends pas après toutes ces années comment tu peux encore croire à tout ça.

Son inquiétude ne s'était pas dissipée.

— Je t’assure Ty, il est différent. Sur le chemin pour venir, il aurait traversé trois villages, qui le vénère déjà. On rapporte aussi que la présence de la Sainte Nature à ses côtés est visible. Seul Thum avait un réel effet sur le monde auparavant. Nous aurons notre réponse d'ici quelques instants, il ne devrait pas tarder.

Résonner un homme aussi craintif que Warren était vain, alors Tyrone n’avait d’autre choix que d’attendre avec lui et le reste de son peuple derrière lui. Tous les yeux rivés vers le fond de la clairière séparant le début de la forêt de Chamdi. Contrairement aux autres il n’espérait pas l'arrivée d'un Dieu, mais simplement par curiosité, pour découvrir qui avait créé ce nouveau remue-ménage. Les minutes défilaient, et la seule chose qui finissait par bouger était une large nuée d'oiseaux qui passait au-dessus d'eux. A cette vue, Warren le dévisagea d'un coup.

— Warren stop ! Des oiseaux qui migrent on en a déjà vu passer, tu ne vas pas non plus craindre les oiseaux maintenant ?

— Un présage. Un mauvais. Je le sens.

Des cris de singes commençaient à leurs tours à se faire entendre depuis la forêt. Deux ou trois étant même visible depuis les premières branches pour ceux disposant encore d’une bonne vue. Une coccinelle se posait sur son bras, qu’il éloigna rapidement d’un revers de la main. Cette dernière se reposa sur lui, accompagné d’une seconde. Une nuée de divers insectes, comme des sauterelles ou des abeilles, était en faîte présent, passant à travers les jambes ou près de leurs visages

Je reconnais que quelque chose n'est pas normale. Mais il doit y avoir une explication.

Un puissant barrissement secoua toutes les têtes, certains, de panique se renversèrent en arrière. Ce cri provenait directement de la lisière à son tour, où moins de quelques secondes après, un éléphant en sortait lentement, se dirigeant vers eux. Il ne chargeait pas, ni n’avait l’air de vouloir les attaquer. Simplement le mammifère avançait pas à pas.

— Impossible ! s'écriait un homme plus loin derrière lui. Un éléphant ici !

Ces mastodontes ne vivaient qu'à une certaines partit sud du continent, mais jamais l'on en avait vu s'aventurer jusqu'ici. Un deuxième, encore plus grand, lui emboîtait le pas. A leurs côtés, une multitude d'animaux plus petits les entouraient. Là encore certains n’étant pas à leurs places dans cette région du Malaki. Des loups, renards, chimpanzés, tapirs, et même un rhinocéros marchaient d’un seul pas. C’était pourtant un seul d’entre eux qui focalisait l’attention de tous, Tyrone y comprit. Une bête qu'il n'avait jamais vu auparavant y apparaissait à son tour. Une fois entièrement visible de tous, ce dernier était le seul à finir les derniers kilomètres les séparant. Le reste de la faune s'étant arrêté net.

Cette créature inconnue était montée par un homme, probablement Isaiah. La bête ressemblait à un cerf démesurément grand, avec des bois très longs qui partaient vers l’arrière finissant jusqu’à son train. Une crinière argentée lui recouvrait le dos jusqu'à sa très longue et massive queue. Tout le reste de sa peau semblait recouvert d'écailles brunes ou grises, suivant les reflets que lui donnait le soleil. Seul sa tête avait des airs de dragons plus que du cerf, agrémentée de deux yeux entièrement noirs. Il marchait majestueusement bien, ses sabots ne faisant même aucun bruit sur le sol.

— C'est le Qilin, cria l'Ancien de sa petite voix vieillissante. La créature de la Sainte Nature. Agenouillez-vous devant cette merveille !

Le vieil homme se précipita au sol, rapidement imité par les chamdiens derrière lui. Seul Tyrone, Warrem et Milos restèrent debout.

Le cavalier descendait de la bête, avant de s'approchait lentement d’eux.

— Thum Bator et la Sainte Nature l'ont envoyé pour nous punir de ce que nous avons fait à Djaro, murmura Warrem à Tyrone qui s'empressa de le faire un signe de se taire.

— Pas ici. Et ne t’avises pas de te mettre à genoux aussi, c’est déjà assez humiliant que nos propres gardes le soient.

C'est impressionnant certes, mais je ne pense pas que ce soit un Dieu ou un de ses élus. Personne ne peut remplacer Thum.

— Bonjour à tous, je m'appelle Isaiah, se présentait-il dans un large sourire laissant apparaître toutes ses dents blanches, qu’il détestait déjà. Je viens vers vous aujourd'hui pour devenir le nouveau roi du Malaki.

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