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Le soir du match, quelques jours après la rentrée, la salle se vida après le coup de sifflet final. Les supporters de chaque équipe se levèrent pour continuer le match au bar du foyer. Jacques et Patrice s’étaient calés dans le fond. Patrice commençait à se lever, mais se rassit devant l’immobilité de son compagnon, l’interrogeant des yeux.
Patrice jure encore aujourd’hui que ce n’est pas lui qui fit le premier geste. Pourtant, c’est sa main qui se posa sur le bras nu de son ami. Pas comme d’habitude, car il y mit une longue pression, prenant le temps d’apprécier la douceur de cette peau. Jamais il ne s’était rendu compte de cette finesse, l’obligeant à poursuivre ses caresses, tandis que des pulsions envahissaient son corps et son esprit. Jacques maintint la main quand l’autre, dépassé par son charivari interne, voulut y mettre fin. Ce mouvement rapprocha leur tête. Le souffle rapide de Patrice s’offrait en demande, tandis que l’haleine de Jacques enivrait. Quand leurs lèvres se touchèrent, les mains vinrent renforcer la pression. Maladroit, Patrice ne comprit d’abord pas la douce poussée de la langue de son ami, avant de céder et d’être emporté dans le déferlement irrésistible d’un désir. Plus rien ne comptait que ces sensations.
Essoufflés, ils durent s’écarter. Jacques se leva brusquement, saisit la main de Patrice et l’entraina en lui murmurant :
— Viens !
Il l’entraina en courant vers la partie administrative du lycée, déserte à cette heure nocturne. Cet interminable parcours refroidit Patrice, regrettant déjà leur étreinte, avide de la recommencer. Il fut soudainement plaqué contre le mur, tandis que deux mains lui maintenaient la tête et que ses lèvres retrouvaient ce goût délicieux. Ses mains se posèrent sur les fesses de Jacques, découvrant ces petites rondeurs fermes et commença à les caresser. Il sentit alors leur pubis se serrer, puis leur érection se frotter. Il augmenta la pression, désirant être écrasé par ce corps tendu comme un arc, qu’il parcourait de ses mains affolées, quand, soudain, il sentit une vague le submerger tandis que de violents soubresauts agitaient son sexe et qu’il se mouillait. Jacques n’avait pas pu ne pas le remarquer, pourtant, il continuait à lui ravager la bouche.
Patrice l’écarta, profondément gêné par son accident. Jacques revint lui poser un petit baiser, en murmurant avec tendresse :
— Ce n’est pas grave ! Ça arrive. Viens, on va nettoyer !
Il le poussa dans les toilettes, lui enjoignant de baiser son jean, avant de revenir avec du papier dans les mains. Il s’agenouilla devant lui, abaissa son boxer et commença à lui essuyer le pubis, le ventre, avant de descendre sur son pénis et son scrotum. Aucune main ne s’était jamais promenée sur ces zones, le jet de la douche jugé suffisant pour son hygiène. La réaction ne se fit pas attendre et Jacques continuait son nettoyage silencieusement avec méticulosité. Penaud, Patrice mit un peu de temps à comprendre que le geste se prolongeait bien au-delà du nécessaire, mais le ressenti était tellement plaisant qu’il n’osait lui demander d’arrêter.
Jacques termina par un baiser sur le bout du gland, déclenchant un éclair fulgurant dans le corps de Patrice.
— On ramasse tout ça, tu vas te changer et on rejoint les autres ?
L’annonce de la fin de partie terrassa Patrice. Non seulement il avait transgressé toute sa morale, mais il se retrouvait les fesses à l’air devant un mec qui venait de lui tripoter la bite et venait de lui dire d’aller se rhabiller ! Il baissa la tête, abattu, ridicule, laminé. Une main vint la lui relever, des lèvres couvrir les siennes et une main caresser ses fesses.
— Eh, mec, tout commence ! Soit heureux ! Tu me plais, je t’aime !
La bourrasque ne se termina pas pour autant. Jacques lui défit ses chaussures, l’aida à retirer son pantalon et son boxer, qu’il lui mit sous le nez.
— Sens ! C’est l’odeur du plaisir ! De ton plaisir !
Il le força à remettre son pantalon, sans sous-vêtements.
— Tu vas voir ! Cela fait des sensations et puis, surtout, c’est beaucoup plus rapide en cas d’urgence !
En retournant vers le dortoir, Jacques lui tenait la main, avec gentillesse, le réconfortant :
— Tu sais, c’est courant ! … Je suis sûr que beaucoup de nos camarades ont eu cette chance… J’ai aimé, beaucoup !... C’était ta première fois, c’est ça ? C’est normal !... Tu es un sacré branleur !... On n’est pas obligé de continuer… Tu es un mec bien, Patrice !
Un petit souci les attendait : Patrice n’avait plus de boxer pour se changer.
— Tiens ! Je te le donne.
Patrice rougit devant le minuscule slip rouge. L’enfiler fut une surprise, car, très extensible, on ne le sentait plus. Il ne put retenir un sourire de joie, récompensé par un baiser. Une dernière bourrade avec des yeux chaleureux lui permit d’oublier le négatif de cette soirée. Au contraire, il avait maintenant envie de sentir la chaleur de son ami contre lui, tout contre lui. C’est ainsi qu’ils pénétrèrent dans le foyer, se tenant par la main, dans l’indifférence générale. La vie était belle !
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