6

7 minutes de lecture

Chaque soir, ils se trouvaient un moment, de plus en plus long, toujours dans cette partie déserte, pour s’embrasser et se caresser. Patrice mit un certain temps pour imiter les gestes de son ami et, enfin, porter ses mains sur son entrejambe. Sentir cette raideur, dont il se savait être la cause, renforçait la sienne, déjà fortement stimulé par des passages appuyés. Jacques sut attendre, avant de demander :
— Je peux ?
Patrice, incapable de prononcer le mot, renforça simplement ses caresses. Quand son pantalon glissa, ne laissant plus qu’une épaisseur ridicule, il accepta la suite, la main chaude s’introduisant sur son pubis, puis enfermant son sexe, sans pouvoir retenir un soupir de satisfaction. La main se glissa entre ses deux jambes, remontant vers la raie de ses fesses, lui procurant une sensation merveilleuse. Plus rien ne comptait que son emportement. Son ami entreprit ensuite une lente masturbation, l’emmenant dans des contrées inconnues et un enlacement plein de pleurs après son apogée.
Ce n’est que plusieurs jours plus tard que Jacques défit sa ceinture et sa braguette, sans paroles. Patrice hésita, alors qu’il en rêvait, puis plongea directement sa main sur le sexe de son ami, qu’il ne l’avait jamais vu nu. La finesse et la dureté du membre l’étonnèrent et il regretta qu’ils soient restés dans l’obscurité l’empêchant de voir cette merveille. Le tenir, le caresser l’emporta et il se jeta sur son mai pour l’embrasser avec fougue. Il reproduit les gestes, sentant l’évolution du plaisir, son arrivée, son déferlement. Jacques le remercia d’un langoureux baiser, avant de lui murmurer :
— Je t’aime !
Cette routine se heurtait de temps en temps à un refus de Jacques. En l’observant revenir, Patrice comprit qu’il rencontrait alors un de ses trois autres amants, ou peut-être plus maintenant. Il n’était pas jaloux, juste triste de ne pouvoir le satisfaire entièrement. Qu’avaient-ils de plus qu’il ne pouvait lui donner ? Il se refusait à l’épier, pour savoir lequel de leurs camarades avait sa préférence ce soir-là. Il savait ce qui manquait ! Il avait profité de l’absence de ses parents, partis à la messe, pour utiliser l’ordinateur. Il le faisait depuis longtemps, ayant découvert des sites où il apprenait la sexualité des hommes et des femmes. Il regardait avidement, étonné de ne rien ressentir, ou si peu. Ce jour-là, il s’autorisa ce qu’il s’était refusé pour ne pas se sentir un perverti. Les images de jeunes hommes s’adonnant aux plaisirs avaient provoqué les mêmes résultats que ses apartés avec Jacques.
Il stoppa tout et partit marcher dans la campagne, criant, soufflant devant cette énormité : il était comme Jacques, un pédé ! Mais penser reproduire ces gestes le révulsait : voir un sexe pénétrer un cul l’excitait, mais penser le faire lui était impossible. Jamais il ne pourrait satisfaire Jacques !
Chaque fois, il s’attendait à ce que Jacques lui demande, se préparant à lui refuser. Ce dernier avait dû deviner, car ils avançaient très lentement. Patrice se souvenait trop bien du baiser posé sur son gland. Il n’osait demander, alors, un soir, c’est lui qui s’agenouilla, d’abord confus sur ce qu’il allait faire, ne parvenant pas à reproduire ce qu’il avait vu sur l’ordinateur. Que ce membre était tentant ! Jacques attendit, lui caressant les cheveux.
— Tu n’es pas obligé ! Juste si tu en as envie !
Patrice ne pouvait plus reculer. Sa main souleva la belle tige turgescente. Il approcha le visage, fut surpris par cette odeur particulière, tendit les lèvres et avala le tout, ne pouvant plus retenir son envie, son besoin. Les soupirs de Jacques lui montraient qu’il ne se trompait pas. Encouragé, il se mit à jouer avec, utilisant sa langue, tandis que ses mains jouaient sur la profondeur à partir de ces petites fesses qu’il adorait. Emporté par l’action, il ne sentit pas venir l’aboutissement, refusant à Jacques la tentative de se défaire. Son gosier se remplit d’un nectar dont les effluves lui chatouillaient les narines. Il avala, arrêtant le mouvement, assommé et ravi par cet épisode. Quand il se releva, une bouche vint lui murmurer un merci, avant de l’embrasser. Ils quittèrent les lieux, Patrice flottant dans les nuages.
Un soir, alors qu’exceptionnellement ils s’étaient introduits dans une cabine, ils entendirent deux autres garçons pénétrer dans les toilettes, murmurant à peine, car se croyant seuls. Jacques se tenait accroupi devant Patrice, lui prodiguant un beau plaisir avec sa langue. Patrice ralentit sa respiration, se retenant de soupirer, tandis qu’ils entendaient les deux autres se donner du plaisir. Leur discrétion décuplait la sensation et Patrice ne put retenir un cri lors du jaillissement, stoppant les autres bruits. Se tenant immobiles et silencieux, ils attendirent le départ des deux autres, avant de s’embrasser, le temps de les laisser s’esquiver. Ils sortirent de l’autre côté, ne tenant pas à être reconnus.
— Dumont et Bonnet ? proposa Jacques.
— Dumont, c’est sûr ! Je ne le savais pas… Bonnet ou Pinault ? Je verrais plutôt Pinault ! Il a un aussi beau cul que le tien !
— Parce que tu regardes les culs des garçons, maintenant ?
— Ça fait longtemps ! Je ne savais pas pourquoi je trouvais ça beau ! Mais, c’est le tien le plus beau !
Il posa sa main dessus, entrainant un rapprochement de Jacques.
— Je sais ! Il est à toi !
Patrice avala, ne sachant répondre, ne pouvant prendre le risque de froisser son ami en refusant. Il préféra faire bifurquer leur conversation.
— Tu vois qui d’autres, faire comme nous, et les deux autres ?
Jacques répondit par une quinzaine de noms, dont, pour la première fois, celui de Jérémy. Celui de Vaureilles l’étonna.
— Mais il n’arrête pas de nous harceler !
— Sans aller trop loin, pour la frime, car il sait que je sais !
— Et comment tu sais ?
— Parce que je l’ai séduit ! Très facilement, même trop facilement ! Il y avait une telle invite dans ses agressions ! Il a eu du mal à accepter, mais il a ensuite complètement cédé !
— Tu continues avec lui ?
— Non. Enfin, si. De temps en temps, il revient à la charge et je le calme ! C’est de l’hygiène sociale !
— Tu les connais tous ? Je veux dire…
— Mon petit drapeau en a interrogé beaucoup plus ! Je ne cite que ceux qui se sont montrés intéressés…
— Autant que moi ?
— Non ! Toi, tu es spécial ! Je t’aime, c’est pas pareil !
Patrice sentit son front chauffer. Quelle déclaration ! Et lui, en retour, l’aimait-il ? Il avait une profonde fascination et une forte attirance pour son corps et une grande et réelle affection pour sa personnalité : cela s’appelait-il de l’amour ? Encore une fois, à l’instar de son ami, il biaisa :
— Tu es incroyable ! Tu m’avais dit que tu n’avais pas d’expérience…
— Dans cette liste, un ou deux en ont beaucoup ! J’ai appris ! Et j’ai apprécié ! Sinon, tu sais, la plupart étaient simplement curieux, attirés par une différence indéfinissable.
— Tu veux dire quoi ?
— J’ai aussi appris ça ! Ils ne savent pas ce qu’ils attendent, mais tu leur mets la main aux fesses, ou tu leur caresses la bosse et ils prennent peur. Ils ont eu le frisson, ça leur suffit !
— Tout ça m’étonne ! Il y a pourtant des filles dans notre promo… Et toutes draguées…
— On peut aimer les deux ! Fille et garçon ! Ou être mono choix ! Comme moi. Et comme toi, je crois !
— Jamais ! Je ne suis pas comme toi ! Jamais je…
Il n’arrivait pas à mentir. Les filles ne l'attiraient absolument pas. Déjà, il avait retenu trois ou quatre noms, se promettant de tenter sa chance, tout en sachant qu’il n’irait jamais au bout.
— Patrice, tu viens de loin ! Je suis étonné par ta progression, plutôt ta libération. Ne dis pas jamais, tu n’es pas au bout ! Je sais que c’est encore plus dur pour toi…
Il faisait allusion à l’épisode rapporté par Patrice quand sa mère avait découvert le slip donné par Jacques. Elle l’avait pris à part, lui expliquant qu’elle avait caché au père cet « accoutrement de fille ».
— Mais, maman, c’est un slip pour homme, comme les autres !
— Un truc de fille ! Je l’ai jeté ! C’est dégoûtant !
Jacques en avait ri. La semaine suivante, il en avait rapporté une demi-douzaine, qu’il lui offrit.
— Tu sais, ce sont des slips que j’achète en grande surface. Si tu en veux des coquins, ce sera avec plaisir !
Patrice rougit d’envie. Il avait déjà été regardé.
— Ici, je ne peux pas les porter, et à la maison… Mais sur toi, ce doit être superbe !
Le lendemain, qu’elle ne fut pas la surprise de voir son ami dans une dentelle ! De plus loin, pour leurs autres camarades de box, qui s’en foutaient, on ne pouvait voir la transparence. Patrice sentit son envie le gonfler.
Sciemment, il ne porta plus que ces nouveaux sous-vêtements, dans lesquels il se ressentait très agréablement nu. Cette fois, la confrontation devint inévitable. Ils étaient alignés sur la table, non lavés, devant son père.
— C’est quoi, ça ?
Le ton de dégoût indiquait la suite.
— Mes slips !
— C’est ton pédé de copain qui t’a contaminé ?
— Un, j’ignore si c’est un pédé. Deux, c’est mon ami et je te demande de le respecter. Trois, j’ai seize ans et je peux choisir de m’habiller comme je veux ! Surtout pour des sous-vêtements !
Depuis le temps qu’il attendait ! Son plus grand désir était de reprendre l’exploitation : la culture, les bêtes, il aimait ça ! Ce n’était pas sa sœur, une mijaurée, qui pouvait s’aligner. Sa plus grande crainte était de travailler avec son père, un homme obtus, colérique et aucunement paternel. Il savait qu’il faudrait passer par l’affrontement brutal pour ne pas être écrasé. Il n’était pas encore assez sûr de lui sur le plan technique, alors autant profiter de ces slips, qui portaient toute sa liberté future.
— Tu es mineur. Tu dois le respect et l’obéissance à ton père. Je t’interdis de porter ce genre de chose !
— Je t’obéis pour tout ! Mais pour ça, ce sera non, toujours non !
Il se leva, retira son pantalon, son slip qu’il jeta sur les autres, puis renfila son jean, avant de tourner le dos et de sortir. Le lundi, il repartit avec les slips lavés et un sentiment de victoire. Sans Jacques, rien n’aurait été possible ! Jacques, son ami pédé qui l’avait contaminé et qu’il avait hâte d’avoir en bouche pour le faire gémir de jouissance, d’avaler le miel et de l’embrasser à en avoir mal aux lèvres.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire gai motus ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0