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Patrice s’était épanoui. À tel point qu’il se permettait des gestes en public que Jacques lui demandait d’arrêter. Pourtant, jamais il ne fut harcelé. Il menait une triple vie, la plus intense dans les moments de partage avec Jacques, la banale, avec une liberté en semaine avec leurs camarades et la plus éprouvante en fin de semaine, dans sa famille. Malheureusement, c’est à cette dernière qu’il était condamné. Il profitait donc au maximum des deux autres.

Il n’avait pas reparlé avec Jacques du comportement de leurs camarades. Patrice savait pour Vaureilles et Dumont, peut-être Pinault. Aucun ne le stimulait. Il se souvenait parfaitement des autres noms, mais comment savoir ceux qui pratiquaient vraiment, dont les deux initiés, et ceux qui n’avaient montré qu’une curiosité ? Dans les usagers, Jacques lui avait dit qu’il avait deux « amants occasionnels ». Comment savoir ? Il adorait les jeux secrets avec Jacques et il s’était monté un plan pour savoir s’il était vraiment homosexuel : simplement, avoir des rapports avec un autre garçon que Jacques. Dans la réalité, c’était beaucoup plus compliqué, car il fallait trouver le bon partenaire, c’est-à-dire un qui lui plaise et qui accepte. C’est ce dernier point qui posait le vrai problème : comment demander ? Avec Jacques, cela s’était passé naturellement. Comment ne pas se faire rejeter, avec ensuite la réputation d’un pervers ? Sa relation avec Jacques n'entrait pas dans cette catégorie, car il s’agissait juste d’une forte amitié partagée, même si Jacques s’affichait comme homo, mais pas comme pervers. Il aurait bien été lui demander, mais cela aurait été lui avouer qu’il cherchait autre chose.

Dans la liste, deux avaient retenu son attention : Jérémy Germain et Gauthier Tibourg, avec une conformation plus fine que la moyenne, proche de celle de Jacques. Tibourg était le plus mignon, le plus tentant et appartenait à la même classe, même s’ils ne se connaissaient pas plus que ça. Patrice commença par le plus facile, se retrouver, « par hasard », à ses côtés au vestiaire. Il n’avait jamais prêté attention à ce garçon, se mentit-il. Ses jambes étaient simplement magnifiques. Il n’avait pas dû être discret, car Tibourg lui lança :

— Je te plais ? déclenchant des rires, car Patrice avait déjà entendu des réflexions insinueuses sur sa relation avec Jacques. Il n’avait pas réagi, fuyant les conflits et, après tout, ressentant une petite fierté, car Jacques était vraiment son ami.

Patrice plongea le nez, en murmurant un oui discret. Tibourg passa à autre chose, mais, à la sortie, il bouscula Patrice en lui glissant :

— Ce soir, tu me suis.

C’est flageolant que Patrice rejoignit ses camarades.

Le soir, lors de l’étude, Tibourg lui fit un signe en se levant. Quelques instants plus tard, Patrice l’imita et le retrouva dans le couloir, pour le suivre dans les toilettes. Immédiatement, Tibourg le colla au mur, lui ravageant la bouche, tandis que sa main broyait son entrejambe. Patrice suffoquait, emporté par cette violence autrement différente de la douceur de Jacques. Il ne se débâtit pas, car il aimait cette force qui le maitrisait. Bientôt, il se trouva dans la bouche de Tibourg, avec une vigueur étonnante, avant de se retrouver en position inverse avec brutalité. C’était fini. Déjà ! Quelle intensité !

— Tu es un bon ! Si tu veux plus, tu restes le weekend dans deux semaines. Tchao ! Ah, tu prends des capotes et du gel !

Patrice se rhabilla lentement, encore essoufflé, sonné par ce qui venait de se passer. Le soir, quand Jacques viendra lui caresser la joue pour lui souhaiter une bonne nuit, il retirera de ses cheveux une goutte de foutre, avec un petit sourire de connivence. Son infidélité était donc devinée et acceptée ; son ami était vraiment le meilleur des garçons !

Le samedi suivant, acheter des capotes et du gel à la pharmacie du village le terrorisa : tout le monde allait savoir… Ce fut facile et discret. Le plus difficile fut de les cacher, puis de les mettre dans le sac, activité réservée à sa mère. Il avait suivi les ordres de Tibourg, plus préoccupé de leur réalisation de ce qu’ils présupposaient, trouvant une vague excuse pour expliquer son absence le weekend suivant.

La semaine s’écoula curieusement, avec un Tibourg l’ignorant complètement. Jacques lui demanda plusieurs fois à quoi il rêvait, sans que Patrice ne puisse lui répondre. Le vendredi soir, à peine les deniers partis, Tibourg se tenait près de lui. Il porta la main sur son sexe.

— Va chercher le matériel. Tu me rejoins chambre 37, dortoir des terminales.

Patrice se demande encore pourquoi il a obéi, car quelques minutes après, il toquait à la porte.

— C'est la piaule d’un pote ! Si tu vois ce que je veux dire ! On est tranquilles jusqu’au diner, dans deux heures. Tu sais que tu me plais, Mozel ? en le jetant sur le lit.

Tibourg était moins corpulent et plus petit que Patrice, mais son énergie était irrésistible. Ce dernier se laissa entrainer vers ce qu’il refusait et attendait. Tibourg le manipulait, le retournait, l’écrasait, sans la moindre réaction. Patrice avançait dans un monde inconnu, guidé par une main assurée. Pourtant, le corps de Tibourg, avec sa finesse et de belles rondeurs de muscles l’affolait. Sa pilosité abondante faisait partie du plaisir de la transgression. Tibourg fit monter la pression longuement, car quand il sentait Patrice au bord de l’explosion, il arrêtait tout, déclenchant une frustration totale, obligeant ensuite la victime à une soumission plus forte, pour ne pas être à nouveau stoppée, à un contrôle de ses pulsions qui lui faisait perdre la tête.

Aussi, quand Patrice se retrouva sur le dos, les jambes écartées, avec Tibourg gonflé dans son préservatif, aucune résistance n’était plus possible. Encore une fois, une pause arriva. Tibourg se saisit du flacon et en versa une bonne rasade sur ces mains, avant de venir étaler cette liqueur froide dans la raie de Patrice, la faisant pénétrer d’un doigt dans son anus.

Cette première introduction crispa l’étudiant. Tibourg ne prononça aucun mot, se contentant d’une sollicitation digitale, jusqu’à ce que Patrice apprenne à contrôler et à détendre ce muscle. Malgré cela, la pénétration fut aussi douloureuse qu’extraordinaire. Jamais une telle vague de plaisir ne l’avait emporté. Il tira Tibourg, le forçant à aller jusqu’au bout, malgré le déchirement. Rester ainsi, mourir maintenant !

Il haletait, les yeux fermés, ne parvenant pas à redescendre. Tibourg lui avait juste lancé :

— C'était bien. T’es une bonne petite pute !

Il était déjà habillé. Patrice resta un bon moment à retrouver ses esprits, le corps démantibulé. Au sol, près du lit, complètement défait, la capote salie de sa… Son premier mouvement lui rappela le déchirement. Il se redressa, tituba jusqu’à la douche. Son anus était particulièrement douloureux et il vit des traces de sang. Il tenta de constater les dégâts, avec un doigt, relançant les élancements, avec une si faible intensité. Une seule envie l’habitait.

Au diner, ils étaient une douzaine. Tibourg était le plus bavard, alors qu’il avait emprisonné les jambes de Patrice dans les siennes, alors qu’il paraissait l’ignorer. Patrice le regardait. Il avait du charme, de la beauté.

La suite reste incompréhensible. Après le diner, le petit groupe se dispersa et Tibourg disparut. Patrice passa la soirée devant la télé, avec deux autres mecs. Il voulut repasser chambre 37, pour récupérer préservatifs et gel, la porte était fermée. Ils étaient trois dans le dortoir, quatre si Tibourg avait été là. Le lendemain, il se débrouilla pour rentrer chez lui en stop, puisqu'il n’y avait plus la navette. Durant tout le weekend, il eut mal, l’obligeant à marcher d’une façon qui attira des questions. Répondre : « Je me suis fait enculer ! » le tenta, mais il n’osa pas. Il avait franchi le pas, sans bien le vouloir, plutôt sans bien discerner sa réelle volonté entre vivre ce qu’il se pensait et ressentait être et vivre une vie « normale ». Rompre brutalement et irrémédiablement avec ses parents, ce n’était pas le moment.

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