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Une nouvelle vie commença. Chaque soir, avant le coucher, ils s’isolaient dans une de leur chambre. Jérémy avait pris de l’assurance et Patrice préférait se laisser guider, ne revendiquant son plaisir qu’au dernier moment. Il avait cependant demandé au novice de se raser. Jacques avait un pubis lisse, en harmonie avec son corps glabre. Jérémy avait des poils épars et disgracieux. Il avait hésité, ne voulant pas se montrer ainsi dénudé dans sa tenue de sport. Craignant la fin des échanges, il céda, d’autant que Patrice l’aida pour les parties inatteignables. La fraîcheur ressentie lui plut, l’entrainant à la maintenir, à la satisfaction de Patrice.

Jérémy avait plusieurs fois tenté de retenir son amant pour partager la nuit, mais Patrice refusait systématiquement. Hors de la chambre, une distance revenait, dissimulant leur relation à tous leurs camarades.

Patrice aimait cette routine. Il avait observé les trois promotions, à la recherche d’autres occasions. Il ne comprenait plus rien : l’année précédente, il y avait eu lui et Jacques, Vaureilles et Dumont sûrement, plus leur partenaire respectif, plus Tibourg, qui devait avoir lui aussi un amant, plus les deux relations que Jacques lui avait avouées. Ils avaient été au moins une dizaine à partager ces pratiques ! Jacques avait avancé le chiffre d’une quinzaine ! Un sur quatre, uniquement dans leur promotion. Cette année, Jérémy ! Son badge n’avait attiré que des sarcasmes douteux, aucune curiosité. Il s’était cependant refusé à le décrocher, en mémoire de Jacques. Que s’était-il passé ? Il se sentait isolé dans un monde hostile. Sa seule distraction restait ces échanges avec Jérémy ! Il s’était habitué à ce corps osseux et dépourvu de rondeurs musculaires. Il était plutôt gentil, différent des mecs qui roulaient des mécaniques, jouant aux vrais hommes, avec leurs blagues salaces et leurs préjugés : la majorité des présents ! Les quelques filles ne se différenciaient pas trop de ce comportement. Patrice aimait penser que, parmi eux, forcément, se trouvaient d’autres Tibourg, prêts à défoncer un cul, le sien, pour prouver leur virilité de machos ! Auquel pouvait-il s’offrir ? Beaucoup associaient une lourdeur de traits, pour ne pas dire de laideurs. Tibourg était un con, mais beau ! Aujourd’hui, il aurait pris n’importe lequel ! Car ce n’était pas Jérémy qui allait le contenter !

Pourtant, à sa grande surprise, il lui montra un soir ces nouvelles acquisitions. Avec beaucoup de difficultés et de hontes, il avait profité d’une visite en ville pour pénétrer dans une sex-shop. Il avait abondamment regardé sur internet, mais il voulait voir ! Il déballa deux pénis de bonne taille, déclenchant immédiatement une réaction chez Patrice, se demandant pourquoi il n’avait jamais pensé à cette solution.

Jérémy voulait aller plus loin ! Jusqu’à cet instant, ils n’avaient pas franchi ce pas, n’ayant pas épuisé les plaisirs des mains et de la bouche. Patrice ne s’était pas senti la force de lui demander et, surtout, craignant d’être déçu par rapport à son viol. Maintenant, il considérait qu’il avait été forcé, manipulé par Tibourg qui avait abusé de lui. Il avait aimé, bien plus même, mais il n’avait pas choisi, refusant de se poser la question de savoir si la violence de l’abus ne lui avait pas également plu.

Jérémy et Patrice se parlaient peu, et surtout pas de ce qu’ils échangeaient. Leurs appréciations sur leurs camarades avaient également tourné court, puisque ne permettant pas de nouvelles ouvertures. Cette fois, avec ces deux sex-toys, Jérémy posait une question ! Chacun de leurs côtés, ils connaissaient, ayant échangé des adresses de sites.

Jérémy avait également apporté un flacon de gel. Ils se regardaient, chacun un objet dans la main, le pantalon tendu. Est-ce qu’il le faisait chacun de leur côté ou est-ce qu’ils partageaient ? Le demander était gênant, même s’ils n’avaient plus grand-chose à se cacher l’un l’autre! Patrice adorait raser les fesses de Jérémy et plusieurs fois, son doigt s’était attardé, sentant bien qu’il n’y aurait pas de refus.

Cette première séance fut pleine de maladresses, mais chacun affichait un sourire ensuite. Le nettoyage les amusa et ils conclurent par leur rapport habituel. Patrice avait retrouvé avec délice la dilatation, cette fois apportée avec douceur. Le lendemain, ils laissèrent les jouets de côté. Le sexe de Jérémy était très satisfaisant pour apporter tous les contentements. Patrice eut du mal à changer de rôle. Il le fit par politesse, pour rendre, sans éprouver la même puissance. Petit à petit, ils s’arrêtèrent chacun dans son rôle, très satisfaits de cette répartition, d’autant que l’habitude ayant effacé la douleur, le plaisir pouvait se développer.

Les deux années passèrent trop vite. Si leurs amusements les rapprochaient, finissant par une connaissance approfondie de leurs intimités et sensibilités, jamais un lien amical n’apparut. Ils se satisfaisaient pleinement sur le plan sexuel, sans éprouver le moindre sentiment l’un pour l’autre. La séparation en fin d’études se fit sur une simple poignée de main.

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