Chapitre 2

3 minutes de lecture

Il est temps de changer tout ça, de ne plus être l’esclave de mon amour en cage …

Chéri ? Que fais-tu ? Tu n’es pas venu nous voir ce soir ? Ta commande est arrivée, elle attend bien sagement sur la commode, tu n’es pas impatient de l’ouvrir ? Chéri ? Tu sais que nous n’aimons pas que tu passes du temps sur ton ordinateur en oubliant les vraies choses, en nous oubliant nous, en oubliant que nous t’aimons. Nous avons tellement peur que tu nous quittes.

Je décide de prendre les choses en main et m’inscris sur un site de rencontres.

« Bonjour Mélanie, tu habites à quelques rues de chez moi. J'imagine qu'on a déjà dû se croiser à Monop - smiley qui rit à sa propre blague - Tu organises vraiment des soirées projection de films sur écran géant ? Tu dois être une vraie passionnée - smiley qui tire la langue et qui n'a rien à voir avec le sujet en cours - Moi même j'ai fait une projection sur le thème de Kubrick l'année dernière, sur un écran de location, ça avait cartonné - Smiley sourire simple qui montre un peu de gentillesse et rend le mensonge plus crédible - Surtout préviens moi d'urgence la prochaine fois que tu en refais une, j'amènerai des Curly - Smiley clin d'oeil pour souligner la niaiserie d'un humour qui transpire la fausseté - Biz"

Avec un peu de temps, elle apprendra sans doute à me connaître et verra que je ne suis pas si nul que ça. Je ne pouvais pas non plus être trop direct et dire que j'en frétillais d'avance de lui suçoter le bonbon comme la tétine d’un biberon. En rafraichissant la page toutes les 15 secondes, je me rends compte qu'elle ne compte pas répondre. Alors je me relève et file à la cuisine prendre quelques M&M’s. Cette conne se croit tellement supérieure avec ses gros seins ! Toutes aussi superficielles les unes que les autres. Salope !

Qu'est ce qu'il y a doudou, tu tournes en rond ? Nous n'aimons pas que tu sois comme ça. Nous savons ce que tu es en train de faire. Nous ne t'en voulons pas. On te pardonne. Désinscris-toi tout de suite de ce site et viens nous rejoindre.

Le rituel reprend. Je monte chercher l'énorme caisse qui surplombe ma bibliothèque et le "boum boum" de ma locataire muselée se fait à nouveau entendre. Une fois la caisse au sol, je déballe mes dernières courses puis les pose sur le reste de ma collection. Un festin m'attend, et je vais le partager avec ma locataire pour me faire pardonner de l'avoir si mal nourrie ces derniers jours. Une bonne heure aura été nécessaire pour déguster des mets exotiques qui en valaient la peine car on ne les trouve pas partout, et c'est la raison pour laquelle je les paye si cher. Je replace la caisse à sa place.

Tu es heureux doudou, nous le voyons à ton regard. Tu es beau, nous t'aimons à la folie.

Le temps de me rassoir, j'avais une réponse de Mélanie. Mon cœur s'emballe, je file lire son message.

"Salut, je ne fais plus de projections - smiley triste - mon projecteur est cassé."

C'est tout ? Juste une phrase ? Bon dieu elle m'a pris pour un chien ? Je vais te répondre moi !

"Mélanie, j'en ai rien à foutre de ton projecteur de merde. Salut."

Puis finalement, je décide de reprendre le message, de ne pas l'envoyer. Je prends les choses trop à cœur. Elle est détachée, faisons-en autant.

"Oh quel dommage. Mais si tu as toujours ton écran, on peut sans doute organiser quelque chose tous les deux puisque j'ai mon projecteur. On pourra inviter nos amis et faire comme au bon vieux temps ou tout roulait ! - smiley d'un pouce en l'air- " Envoi.

Je me sens un peu honteux d'avoir renié ma colère, mais il faut savoir être intelligent et prendre du recul.

Chéri, tu as répondu à cette dévergondée qui se fout complètement de toi ? Nous sommes très déçues par ton attitude. Sache que si elle met les pieds ici, ce sera terminé entre toi et nous !

...

Oh pardon, nos mots ont dépassé notre pensée. Ne nous laisse pas. Viens, viens nous voir encore. Rappelle-toi ce délicieux moment que nous venons de passer, il reste encore de bonnes choses à découvrir.

Mélanie a répondu une fois de plus, je n'ai plus d'énergie à consacrer à mes passes temps usuels. Je lui réponds.

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