Chapitre 7

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La lame tendue droit devant moi, je m’apprêtais à attaquer.

Mon adversaire semblait bien plus à l’aise que moi qui ne pratiquais cette position que depuis peu. Tous mes muscles étaient visiblement tendus alors que j’étais encore théoriquement au repos, Kaleb semblait si détendu.

Je ne me laissais pas impressionner et me lançais vers lui.

Je fis mine de vouloir le frapper vers son épaule droite, mais changeai de direction à la dernière seconde pour frapper dans l’estomac. Ma lame rencontra rapidement la sienne dans un tintement. Il fit un geste rapide, comme enroulant son épée autour de la mienne, pour me tordre le poignet. Je lâchais mon arme avec une grimace peu gracieuse.

— Tu es meilleur·e en défense, clairement.

— Tu ne m’as appris que la défense.

— Il fallait bien commencer par quelque chose et tu aurais dû observer comment je t’attaquais.

Il avait raison, cela me coûtait de seulement le penser. Je n’étais pas assez attentive, mais quelque chose me tracassait. J’avais passé trois jours à tenir la même position pendant des heures, puis nous étions passés à la défense pendant une dizaine de jours intensifs. Je savais pertinemment que ça ne suffisait pas pour faire de moi un·e bon·ne combattant·e, ainsi je lâchais :

— Je n’arriverai jamais à ton niveau, Kaleb. Tu as eu des années pour t’entrainer et moi je n’ai que très peu de temps.

— Tu as autant de temps que tu veux.

— Pas si je veux retrouver ma famille en vie !

— Alors, concentre-toi, dit-il en me tendant mon arme.

Je l’attrapais et reprenais ma position pour attaquer de nouveau.

Et ce fut ainsi tout le reste de la journée, encore et encore, j’attaquais, sans jamais le toucher.

— On va s’arrêter là, disait soudain Kaleb.

— Déjà ?

— Je vois bien que tu es fatigué·e, tu n’arrives même plus à tenir la position de départ.

— Laisse-moi quelques instants et ça ira.

— Non. Et puis, Sam doit surement nous attendre à l’heure qu’il est, répondait le brun en regardant sa montre.

Il rangeait sa lame dans un long fourreau à sa taille et se dirigeait vers la sortie. Je l’imitais, un peu déçu·e, mais aussi intrigué·e.

Nous ne remontâmes pas au rez-de-chaussée, mais nous enfonçâmes plus loin dans le sous-sol. De la lumière venait d’une autre porte métallique entre-ouverte.

Sam nous attendait effectivement à l’intérieur.

Autour de lui, je découvrais une collection impressionnante d’armes médiévales et d’armures plus ou moins en bon état.

— Wouah, laissais-je échapper.

— Tu te souviens de la collection de mon père dont je t’avais parlé ? Et bien la voilà, disait simplement Sam avec un sourire.

— C’est impressionnant, vraiment. On dirait un musée.

Kaleb était resté près de l’entrée alors que je m’enfonçais avec son frère entre les étales et autres vitrines. À chaque mouvement d’œil, je tombais sur un objet qui semblait avoir des siècles. Il y en avait tellement, que rapidement, Kaleb fut hors de vue.

— J’ai demandé à Kaleb de t’amener ici, parce qu’il va falloir t’armer, enfin plutôt te protéger correctement.

— Comment ça ?

— Tu as déjà ton épée, mais il va te falloir autre chose qu’un de mes pulls pour te protéger.

— Attends, attends, tu veux dire que je vais porter une armure ?

— Pas exactement, tu vas en porter des morceaux stratégiques.

Nous étions arrivés au fond de la grande pièce. Sur un étal reposaient des pièces d’armures ainsi que des gilets pare-balles. Sam en attrapant un et me le tendit.

— Tiens, commence par ça. C’est moins stylé qu’un plastron, mais c’est plus pratique. Nous les avons récupérés récemment avec Kendra.

L’objet en main, je me demandais comment l’enfiler alors que mon ami farfouillait dans les pièces de métal et de cuir plus anciennes. Je décidais de mettre le gilet au-dessus de mon pull à capuche noir. La protection se fondait plutôt bien avec le tissu et semblait à ma taille, les scratchs aidant à s’adapter à ma morphologie.

Sam revint alors vers moi avec des pièces en métal sombres.

— Je peux t’aider à les mettre si tu veux, au moins pour la première fois.

J’acquiesçais avec un sourire et il se baissait pour s’attaquer à mes mollets.

Rapidement, mes jambes furent protégées et il se releva.

— Maintenant les avant-bras, c’est souvent là qu’on se prend des coups au combat à l’épée. Même à l’entrainement d’ailleurs.

Je tendais mon bras droit et il y glissait une pièce d’armure qu’il attachait grâce à des sangles en cuir. Ensuite ce fut au tour de mon bras gauche.

— Il ne manque plus que tes chaussures. Tes ranges feront largement l’affaire.

— Je les ai laissés dans la salle d’entrainement.

— Kaleb ! criait soudain le garçon.

— Chut ! lui répondait son frère. Je te rappelle que des créatures tueuses d’hommes rôdent dehors. Qu’est-ce qu’il y a ?

— Tu peux aller chercher les chaussures d’Oz, s’il te plait.

L’autre grogna, mais on l’entendit partir.

Il revint rapidement mes bottes à la main. Je les enfilais et Sam poussa un miroir devant moi.

Je semblais prêt·e pour la guerre. Ou pour participer à une convention de cosplay, au choix.

— Oh, j’ai oublié le plus important, disait Sam en repartant entre les vitrines.

Il revint avec un fourreau en cuir que je passais à ma taille avant d’y glisser ma lame.

— Dorénavant, tu porteras cet équipement à tous nos entrainements, disait Kaleb.

— Ça ne sera pas trop encombrant ?

— Tu t’y habitueras, me rassurait Sam.

— Et je peux t’assurer que tu seras bien content·e d’en avoir lorsque tu seras de nouveau face à une de ces créatures, ajouta l’autre.

Le silence s’installa entre nous. Kaleb nous avait ramenés à la réalité. Car je m’entrainais pour une chose : survivre à l’extérieur. Et un jour, malgré tous mes efforts pour être discret·e, je me retrouverais à combattre pour ma vie face à un ange.

Sam se racla la gorge, manifestement gêné par l’atmosphère qui s’était installée.

— Nous devrions remonter.

Kaleb partit devant alors que je restais aux côtés de Sam, il semblait vouloir me dire quelque chose.

— Allez, dis-moi tout, souriais-je. Je sens bien que tu hésites.

— Désolé, c’est juste que j’appréhende un peu la réaction de Kaleb.

Il lança un regard vers son frère qui montait déjà les premières marches vers le rez-de-chaussée. Il ne semblait pas faire attention à nous.

— Nous avons été contactés par un groupe de survivants.

— C’est une bonne chose non ? Pour la résistance, tout ça.

— Oui oui, c’est une bonne nouvelle, nous allons être encore plus nombreux.

— Et donc ? Qu’est-ce que tu voulais me demander ?

— J’aimerais que tu ailles à leur rencontre.

Je m’arrêtais en bas des escaliers alors que Sam commençait son ascension.

— Ça serait une sorte de test, pour voir si tu es prêt·e à partir à la recherche de tes parents.

J’attendais ça depuis que j’étais arrivé·e ici, sortir, mais étais-je vraiment à la hauteur ?

— Tu n’es pas obligé·e, évidemment, sinon j’enverrais Kendra ou Kaleb ou peut-être même irais-je moi-même.

Je grimpais les marches qui me séparaient de lui.

— Non. J’irais.

Il me souriait et nous rejoignîmes Kaleb à l’étage. Ce dernier finissait d’engloutir une tartine de confiture.

— Vous en avez mis du temps, faisait-il remarquer.

— Je racontais à Oz les histoires de certaines de nos armures, expliquait Sam.

— Je vais me laver, merci pour l’équipement, disais-je. Et pour les histoires.

Lorsque je quittais la cuisine, je sentis le regard de Kaleb me suivre avec suspicion. Évidemment, je voyais pourquoi Sam ne voulait pas parler de ma sortie à son frère : il serait absolument contre.

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