Chapitre 26

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« Amélia, Isis, Sam,

Je sais ce que vous allez penser. Cela ne fait que quelques jours que nous nous sommes retrouvés.

Mais Kendra et moi partons à la recherche de Kaleb.

Cette recherche va nous mener sur des sentiers inconnus pour nous deux, mais nous avons confiance l’une en l’autre.

Je sais ce que vous vous dites. Kaleb n’est pas censé être mort ? Et bien, nous ne le pensons pas.

Il y aurait tellement de choses à vous expliquer, tellement de choses à vous révéler. Mais nous avons peu de temps et peu de papier.

Ne nous suivez pas.

N’essayez pas de nous retrouver.

Vous devez relancer la résistance, raviver la flamme des humains.

Je vous jure que nous reviendrons sains·es et saufs·ves et, à ce moment-là, nous vous expliquerons tout.

Sam, Isis, je vous confie ma sœur, à moins que ce soit à elle que je vous confie.

Nous reviendrons. Et avec nous, Kaleb.

Oz. »

¤

— Je n’arrive pas à croire que tu aies réussi à me convaincre d’y aller aussi vite, chuchotait Kendra en s’extirpant du sous-sol par une bouche d’égout.

— Ah oui ? lui répondais-je avec un sourire le plus innocent possible.

— Tu me fais quitter mon patient et, surtout, mon rôle de protectrice.

J’acquiesçais plus sérieusement en repensant à Sam encore inconscient.

— Tu sais que ça ne va pas être facile pour toi d’entrer en enfer ? changea-t-elle de sujet.

— Je me doute bien.

— Tu n’es qu’à moitié démon. Je ne sais pas comment le sort va réagir.

— Un sort ?

— Avant de mourir, ma mère m’a transmis, en même temps que son rôle de protectrice, un sort qui servirait à faire revenir les jumeaux en enfer. Je vais juste le modifier légèrement pour qu’il s’adapte au mieux à nous.

Cela faisait deux fois que la brune faisait référence à une protection. Je ne comprenais pas pourquoi Kendra, sa mère ou même les jumeaux étaient sur Terre et surtout pourquoi spécialement ces derniers auraient besoin de protection. Alors, je me raclais la gorge et demandais :

— Tu sais, si on va en enfer, peut-être que je devrais en savoir un maximum sur les démons, Kaleb et Sam… Pourquoi ils ne sont au courant de rien ? Pourquoi ils doivent être protégés ?

Je sentais que mes questions ennuyaient Kendra. Elle resta silencieuse sur plusieurs mètres avant d’enfin dire :

— Je suppose que tu as raison. Tu as le droit de savoir, leur sang t’a changé.

Je hochais la tête et elle continuait :

— Tu ne dois pas en parler à quiconque, pas même les jumeaux tant qu’ils ne seront pas prêts. D’accord ?

J’acquiesçais de nouveau, attendant la suite.

— Kaleb et Sam sont les fils de Lucifer. Voilà pourquoi ils doivent être surveillés. Pour ce qui est de leur présence sur Terre et de leur ignorance, je ne peux pas t’en parler tout simplement parce que je ne sais pas. Ma mère était celle désignée pour ce job, pas moi.

Je ne savais pas quoi répondre, je n’arrivais pas à mesurer l’importance de l’information. Je ne connaissais rien de ce que disaient les écrits sur Lucifer ou même sur d’éventuels enfants. Est-ce que ça pourrait influer sur mon état actuel ?

Nous continuâmes à marcher en silence, la lune éclairait nos pas. Étonnamment, les lampadaires ne me manquaient pas. Je n’avais plus peur du noir.

— Où allons-nous ? demandais-je finalement. On ne va quand même pas marcher jusqu’aux enfers.

— Ne t’inquiète pas, je cherche juste un endroit assez grand. Un parc serait parfait. Sinon une grande avenue suffira.

— Je ne connais pas vraiment la zone. Et je pense que trainer longtemps ici n’est pas une bonne idée.

— Tu as raison, on risquerait d’attirer l’attention d’anges ou d’humains vers la cachette d’Amélia et les autres. Éloignons-nous vite.

Nous accélérâmes le pas. Mon endurance commençait à s’améliorer depuis ma dernière blessure, ainsi je pus tenir le rythme pendant une bonne demi-heure. J’aurais pu continuer ainsi, mais Kendra semblait satisfaite du lieu.

Ce n’était pas un parc, mais une très grande place. De grands arbres plantés en cercle la bordaient et une fontaine trônait au milieu.

— Parfait. La forme m’aidera à tracer le cercle.

Je retenais un frisson d’excitation et demandais :

— Ne me dis pas que tu vas faire une sorte de pentacle.

— Hum, disons que ça y ressemblera, mais en cent fois plus compliquées et sans étoile, riait-elle. Maintenant, surveille les alentours pendant que je dessine.

J’acquiesçais et dégainais ma lame. J’entamais mon tour du cercle d’arbre, les sens en alerte.

Tout à coup, un éclair de lumière verte tendit tous mes muscles. Je me retournais vers ma compagne les yeux exorbités. Elle me souriait d’un air désolé avant de réduire la flamme qui mangeait sa main en une flammèche au bout de son index. Puis elle se remit au travail, brûlant le sol avec son doigt.

J’approchais de mon centième tour du cercle sans qu’aucun problème n’apparaisse, lorsqu’elle se redressa enfin, l’air victorieux.

— Viens par là. Faisons vite.

J’accourais vers elle, carrément stressé·e. J’étais excité·e et nerveux·se à la fois, j’avais hâte de découvrir ce nouveau monde, mais j’avais peur de ce que j’allais y trouver.

— Mets-toi juste là.

Elle me montra du doigt un triangle parmi les centaines de symboles qu’elle avait tracés. La brune se plaça à son tour dans un autre triangle situé à la même distance du centre du cercle que le mien.

— Maintenant, tu ne bouges surtout pas. Si un de tes membres dépasse du triangle, tu pourrais le perdre.

— C’est noté, lui répondais-je en resserrant mes bras contre mon corps.

— Prêt·e ?

— Prêt·e.

Elle ferma les yeux, fit apparaitre une flamme verte dans chacune de ses mains, après avoir dit quelques mots que je ne compris pas, elle lança le feu vers le dessin au sol. Ce dernier s’alluma comme s’il était fait de poudre à canon. Les flammes augmentèrent de plus en plus jusqu’à monter au-dessus des arbres.

Pour la discrétion, on repassera.

Après la lumière, ce fut l’obscurité.

Le sol se déroba sous mes pieds et je me mettais à tomber dans le néant. Je ne voyais rien, la seule chose que je pouvais faire était de garder les bras et les jambes serrées. J’eu soudain l’impression de brûler, pourtant, il n’y avait pas de feu, seulement le noir. Ma chair était dévorée par quelque chose d’invisible, mais il m’était impossible de hurler. J’avais l’impression d’être de nouveau dans un de mes cauchemars où la chaleur me déchirait de l’intérieur.

Plus je tombais, plus la douleur devenait insoutenable.

Une pensée me traversa l’esprit. Et si Kendra m’avait tendu un piège ? Mais pourquoi ? Je n’eus pas plus le temps d’analyser cette idée que je sombrais dans l’inconscience.

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