Chapitre 27

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La chaleur qui me réveilla était bien plus douce, bien plus agréable que celle qui m’avait dévoré quelques minutes plus tôt. À moins que ce ne soit quelques heures plus tôt. Sans ouvrir les yeux, je tâtais mon corps à la recherche d’éventuelles brûlures. Mais pourquoi d’ailleurs ? Que c’était-il passé ? N’était-ce pas tout simplement un rêve ?

Toute cette histoire d’ange et de démon, c’était vraiment n’importe quoi.

Je me résignais à ouvrir les yeux, prêt·e à tout, mais surtout espérant voir le mur bleu de ma chambre.

Il y avait bien du bleu. Mais ce n’était clairement pas celui que j’espérais. Au-dessus de moi s’étendait un ciel d’une couleur proche de celle de l’océan le plus profond. La lumière de deux soleils me caressait la peau.

Je me redressais, cherchant des yeux Kendra. Mon regard ne rencontrait que de l’herbe, à l’infini. Quelque chose clochait, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus.

— C’est le vent qui manque, disait quelqu’un dans mon dos, me faisant sursauter.

Je me retournais vivement, découvrant ma compagne de voyage en meilleure forme que moi.

— Ça fait une bonne heure que j’attends que tu te réveilles, continua-t-elle. Je t’ai ausculté, tu n’as rien.

— La traversée n’a pas été de tout repos, lui disais-je en m’étirant. Mais au moins, je n’ai pas perdu de membre. Qu’est-ce que tu disais sur le vent ?

— Il n’y en a pas. Regarde l’herbe, elle semble figée. Et il n’y a aucun nuage à l’horizon.

Je promenais mon regard, constatant qu’elle avait raison.

— Bienvenue en enfer ! s’exclama-t-elle.

Je souriais nerveusement, cela ne ressemblait pas du tout à ce à quoi je m’attendais. Avec l’aide de la brune, je me levais. Mes jambes étaient encore un peu faibles, mais je pensais pouvoir marcher.

— Où allons-nous ? Il y a des sortes de villes ou quelque chose dans le genre dans les environs ?

— Oui, j’ai choisi de nous faire apparaitre près de Zael, la ville des arrivées. Normalement, elle se trouve derrière cette colline.

Kendra me montra un point du doigt, mais je ne pouvais m’empêcher de poser une énième question :

— La ville des arrivées ?

— Comme tu dois t’en douter, il y a certains démons qui naissent sur Terre et qui n’ont donc jamais mis les pieds en enfer. Or, il faut une destination précise pour y entrer. Lucifer a donc créé une ville près de laquelle les démons qui arrivent pour la première fois en enfer apparaitraient automatiquement. J’ai donc pensé que Kaleb serait passé par là.

— Les jumeaux sont nés sur Terre ?

— Non, mais, dès leur naissance, ils ont été envoyés là-bas. Kaleb est donc soit ici, soit au seul endroit qu’il a connu, le palais de Lucifer, à la capitale.

J’acquiesçais, soucieux·se. J’espérais que Kaleb n’était pas loin, je n’avais pas vraiment envie de croiser Lucifer. Peut-être que tout ce qu’on disait sur lui était faux, mais je ne voulais vraiment pas le savoir.

Alors que nous grimpions la pente douce de la colline, Kendra reprit la parole :

— Tu devrais déplacer ton bandeau. Afin de cacher ton œil humain et de dévoiler celui qui est accepté socialement ici.

— D’accord. Mais tu as des yeux qui semblent humains toi aussi.

Elle se tourna vers moi, l’air malicieux. Ses iris habituellement bleus virèrent doucement au rouge. J’eu malgré moi un mouvement de recul. Je me rappelais soudain de l’hallucination qui m’avait amené à mordre au sang Kaleb. Avais-je aperçu ces yeux de démon ?

— Voici leur vraie couleur, disait-elle.

Je ne disais rien et changeais de place mon cache-œil tandis que nous approchions de la ville. Cela me fit bizarre quelques instants, le temps que ma vision se stabilise. Cela faisait si longtemps que cet œil n’avait pas vu la lumière. Je clignais plusieurs fois des paupières lorsque je remarquais d’étranges symboles au sol autour de la ville.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Quoi donc ?

— Ces sortes d’inscriptions au sol.

— Je ne vois rien. Décris-les-moi.

Je baissais la voix, car nous nous approchions de plus en plus de l’entrée.

— Je ne les comprends pas, mais certains symboles ressemblent à ceux que tu as tracés dans ton cercle.

— Peut-être un sort de protection, mais pour protéger de quoi ? chuchotait la jeune femme en se frottant le menton.

Nous passâmes les grandes portes de la ville et les symboles me sortirent de la tête devant tant de nouveauté. Il y avait des démons de toutes les couleurs et de toutes les formes. Certains avaient gardé forme humaine tandis que d’autres arboraient cornes, queue, ailes, fourrure ou écailles. Étonnamment, je ne ressentais aucune peur, il émanait d’eux un sentiment de normalité incroyable.

— Les démons peuvent changer leur apparence, chuchotait à mon attention Kendra.

Après ses occupants, ce fut la ville en elle-même qui attira mon attention. Il n’y avait aucune logique dans l’architecture qui nous entourait. C’était comme-ci tous les styles de bâtiments de mon monde avaient été rassemblés au même endroit, des coupoles du Moyen-Orient côtoyaient des maisons aux toits couverts d’herbe verte d’Islande. Ici et là, on retrouvait des habitations qui auraient pu être vues au japon côtoyant des colonnades antiques.

Je suivais mécaniquement ma compagne, essayant d’enregistrer le plus d’informations possible. Je me cognais contre elle quand soudain elle s’arrêta devant un bâtiment à colombage.

— Où sommes-nous ? demandais-je après m’être excusé.

— Dans un endroit où tout le monde sait tout, une auberge, me souriait-elle.

Elle poussa ensuite la porte en bois, laissant sortir un flot de bruit et d’odeur. J’eus alors l’impression de faire un saut dans le seigneur des anneaux ou n’importe quel film de fantasy. Les tables en bois massif où étaient attablées de nombreuses personnes semblaient avoir vécu de nombreux services. Je ne voyais pas jusqu’au fond de la salle, car l’atmosphère était trop enfumée, de nombreux clients fumaient à l’intérieur, pourtant, l’odeur la plus présente était celle de la nourriture. Cette dernière réveilla mon estomac.

— Installons-nous, suggéra ma compagne avant de faufiler entre les tables.

Je la suivais tant bien que mal. Je n’aimais pas la proximité des gens et encore moins maintenant que j’étais dans un monde inconnu. Que se passerait-il si on découvrait que je n’étais qu’à moitié démon·e ? Ils avaient l’air tous plutôt ouverts d’esprit, mais je me doutais bien que, comme les humains, il y en avait qui ne devait pas aimer les étrangers.

Malgré mes doutes, je m’installais en face de Kendra à une table près du mur du fond, proche du bar.

Rapidement, une démone filiforme à l’aspect humain vint prendre notre commande. La brune décida pour nous deux et ce fut donc deux chopes de bière locale ainsi que des brochettes de viande.

— Est-ce une bonne idée de boire ? Je veux dire, nous avons peut-être besoin d’avoir l’esprit clair, disais-je lorsque la serveuse fut partie.

— Ne t’inquiète pas, ce n’est pas un verre qui va nous faire tourner la tête. En plus, regarde autour de toi, ici tout le monde boit, il faut se fondre dans la masse.

— Dis plutôt que tu voulais gouter leur bière.

— Tu ne peux pas m’en vouloir, moi aussi, c’est la première fois que je viens, me souriait-elle. Et puis, j’ai bien envie de me détendre un peu, ça fait si longtemps.

Je secouais la tête en soufflant, je la comprenais, mais il y avait d’autres sujets plus urgents que de se détendre. Comme l’apocalypse qui se déroulait sur Terre par exemple.

Ce ne fut pas la même femme qui nous amena nos commandes, plus petite et plus ronde, elle semblait aussi plus jeune et arborait une jolie queue grise touffue. Après avoir déposé nos plats et nos boissons, elle resta quelques instants, comme si elle hésitait sur quelque chose. Ses yeux n’arrêtaient pas de passer de mon bandeau au sol. Elle savait quelque chose, c’était évident.

— Qu’y a-t-il ? finissais-je par demander.

Elle sursauta presque, rivant de nouveau ses yeux sur ses pieds avant de bafouiller :

— J-je-vous ressemblez à une description que quelqu’un m’a faite.

— Qui ! m’exclamais-je un peu trop fort avant de baisser la voix. Qui vous a parlé de nous ? Et pour dire quoi ?

— Un garçon un peu perdu est passé par ici, il avait faim, mais rien pour payer, il a donc travaillé ici quelque temps avant de partir.

Elle avait dit ça d’une traite, sans respirer.

— À quoi ressemblait-il, et surtout, où est-il parti ? demanda Kendra.

— Il était sous forme humaine, brun, grand. Quand il est venu, il avait les vêtements dans un sale état. D’ailleurs, son corps aussi n’allait pas très bien. Il est parti vers l’ouest avec un démon en armure rouge.

— Merci, la congédia ma compagne en lui tendant une pièce en or.

La jeune femme écarquilla les yeux si forts que je crus qu’ils allaient sortir de leur orbite. Elle ne disait pourtant rien et retourna derrière le bar.

— Elle semblait vraiment très étonnée de ta pièce, faisais-je remarquer à Kendra.

— Je t’explique. La monnaie en Enfer s’appelle le Lus. Il existe trois sortes de pièces. Les pièces de bronze qui valent un Lus. Les pièces d’argent qui valent dix Luce. Et les pièces d’or qui valent cinquante Luce. Le salaire de cette serveuse doit être de vingt-cinq Luce par mois, peut-être moins.

— Je comprends, c’est comme si tu lui avais donné deux autres salaires.

L’autre acquiesça en prenant une gorgée de bière.

— Nous aurions pu lui poser d’autres questions, disais-je en croquant dans ma première brochette.

C’était tendre et légèrement épicé, un délice. Je réalisais soudain que je mangeais un aliment d’un monde inconnu.

— Rassure-moi, ce n’est pas de la viande de bébé ou je ne sais pas quoi.

La jeune femme faillit s’étouffer dans sa boisson, son rire résonna dans la salle enfumée, communicatif.

— Évidemment que non ! Tu nous prends pour qui, Oz. Cette viande doit venir d’une sorte de bœuf. En tout cas, c’est très bon. Mais trêve de plaisanterie.

— Qui y a-t-il ?

— Le démon en armure rouge, je pense qu’il s’agit de Bélial, fils de Lucifer et frère des jumeaux.

Son air soudainement sérieux m’avait presque glacé le sang. J’étais d’ailleurs sur le point de lui demander si c’était une mauvaise nouvelle que Kaleb soit parti avec ce Bélial, lorsqu’un cri résonna dans la rue. Il y eut alors deux réactions dans la salle, d’un côté, ceux qui fréquentaient la ville depuis un bout de temps, qui ne levèrent même pas la tête de leur assiette, de l’autre côté, les petits nouveaux comme nous, qui se précipitèrent vers la sortie.

Abandonnant boisson et nourriture, nous débouchâmes dans la rue. Le ciel strié d’éclairs rougeoyants me fit frissonner. Voilà comment j’imaginais la voute céleste des enfers.

— Que se passe-t-il ? demandais-je à Kendra.

— Je n’en sais rien, je n’ai jamais mis les pieds ici, je te rappelle. Mais je pense que les symboles que tu as vus autour de la ville y sont pour quelque chose.

— La ville serait attaquée ?

Je n’attendais évidemment pas de réponse de sa part, ma compagne n’en savait qu’à peine plus que moi sur ce monde, pourtant, quelqu’un me répondit :

— Non.

C’était la petite serveuse de tout à l’heure, elle semblait un peu plus assurée et presque blasée de la situation.

— Quelqu’un a encore fait une bêtise, soupira-t-elle avant de retourner dans la salle enfumée.

Je lançais un regard plein d’interrogation à Kendra qui haussa les épaules. Un autre cri retentit alors, et, sans nous consulter, nous nous précipitâmes vers sa source.

Soudain, s’ouvrit devant nous, au détour d’une ruelle, une grande place bondée de monde. C’était au milieu de tous ces gens que quelqu’un criait. Nous nous faufilâmes entre les corps, curieux·ses et un peu apeuré·es. Derrière un très grand démon à la peau très pâle, nous découvrîmes une scène irréaliste.

Un homme était suspendu dans les airs, à bien trois mètres du sol, il se tortillait pour échapper à des liens aussi rouges que le ciel. Au sol gisait le cadavre d’une démone.

— C’est comme-ci la ville se défendait, chuchotait Kendra.

— Les symboles serviraient donc à protéger de ce qu’il se trouve à l’intérieur.

Une grande femme, à la peau noir ébène, très élégante s’avança alors au centre du cercle, elle dégageait quelque chose de princier, de puissant. Elle leva la main et le ciel redevint bleu tandis que l’homme redescendait doucement vers elle. Lorsque le meurtrier toucha le sol, de nouveaux liens lui lièrent les mains et les pieds.

La femme à la grande robe le plaqua au sol d’un geste de la main avant de prendre la parole :

— Zael ne se trompe jamais. Cet homme est coupable du meurtre de cette jeune démone qui venait à peine d’arriver en Enfer. Peut-être, comme vous, ne savait-il pas que la ville ne tolérait aucun crime ou délit ? Peut-être, pensait-il qu’il pouvait faire ce qu’il voulait, maintenant qu’il était en Enfer ? Que cela vous serve, à tous, d’exemple. Tant que vous resterez à Zael, vous devriez respecter ses lois, en espérant que cela vous apprenne à vivre dans la légalité.

Elle promena alors son regard dans la foule, alors que ses yeux rouges allaient rencontrer le mien, Kendra me tira en arrière. Nous disparûmes dans la foule.

— Qu’est-ce qu’il t’a pris ? m’exclamais-je lorsqu’elle s’arrêta enfin de me trainer.

Nous étions revenus à l’auberge.

— Elle nous analysait tous, j’ai craint qu’elle comprenne qui tu étais.

— Merci.

Nous retournâmes dans la salle où nous retrouvâmes notre table comme nous l’avions laissée. Nous mangeâmes en silence et, lorsque nous eûmes fini, Kendra appela de nouveau la serveuse.

— Où pourrions-nous trouver des montures ? demanda-t-elle tandis que la jeune femme ramassait les assiettes vides.

— Il y a une écurie près de chaque porte de la ville, indiqua la démone. Vous devriez y trouver des chevaux.

— Merci beaucoup pour votre aide, disais-je avec un grand sourire.

Je suivais ensuite Kendra dans les rues encore pleines de monde, je me perdais de nouveau dans leur contemplation. Je me sentais bien ici, même en sachant que la moindre erreur pourrait dévoiler mon identité et peut-être me mettre en danger. Je savais qu’ici, la ville ne tolèrerait aucun meurtre.

De nouveau, je ne me rendais pas compte du temps de trajet lorsque ma compagne s’arrêta devant le bâtiment qui nous intéressait. À un seul étage et tout en longueur, l’écurie sentait exactement comme celle sur Terre. Les bêtes à l’intérieur semblaient très calmes, mais la pénombre m’empêchait de trop les détailler. Un homme vint alors à notre rencontre.

— Bonjour, mesdemoiselles, que puis-je faire pour vous ?

Je fronçais les sourcils au mot « mesdemoiselles », s’ajoutait à cela que son sourire ne me plaisait pas, mais puisqu’il le fallait… Je ne disais rien et restais en retrait alors que Kendra expliquait notre situation :

— Nous aimerions vous emprunter deux chevaux, mais nous ne savons pas quand nous pourrions vous les ramener.

— Ne vous inquiétez pas pour ça, grâce à la ville, mes bêtes reviennent toujours à la maison. Je peux vous faire un tarif pour, disons, déjà un mois puis nous verrons.

— Un mois sera parfait, répondait Kendra sans me consulter.

L’autre acquiesça content de lui et nous amena deux belles bêtes. Je caressais l’encolure de ce qui semblait être une jument marronne tout ce qu’il y a de plus normale tandis que la brune payait l’homme. Elle s’approcha ensuite de l’autre monture, attrapa la longe.

— Allons-y, me dit-elle avec un sourire.

Nous traversâmes les portes ouest de Zael sans un regard en arrière. Les chevaux semblaient quelque peu excités de sortir en dehors de la ville, nous les fîmes marcher quelques instants puis Kendra monta sur le sien.

— Alors ? Tu viens ? disait la brune en faisant faire quelque pas à sa monture.

— Euh, c’est que je n’ai jamais fait ça moi.

— Ne t’inquiète pas, ils sont très bien dressés et puis je ne les ai pas payés pour que tu te contentes de marcher à leur côté.

Je lui fis la grimace et, prenant une grande inspiration, j’essayais une première fois de monter sur la jument aussi grande que moi. L’échec fut cuisant et Kendra ne se gêna pas pour rire. Je réessayais plusieurs fois, en vain. J’étais tout simplement trop petit·e.

— Besoin d’aide peut-être, proposa finalement ma compagne.

Elle n’attendit pas que je lui réponde pour venir me soulever. J’étais maintenant perché sur la bête sans vraiment savoir quoi faire.

— Ne t’inquiète pas, nous allons commencer doucement, je ne vais pas te faire galoper tout de suite, ricanait la jeune femme. Allez, suis-moi.

Nous avançâmes doucement le reste de la journée, puis nous fîmes une pause pour la nuit.

Assis·es près d’un feu que Kendra avait allumé, elle me disait :

— Je suis désolé pour tout à l’heure.

— Désoler de quoi ?

— J’aurais dû reprendre le mec de l’écurie sur le « mesdemoiselles ».

— C’est pas grave. On n’avait pas de temps à perdre et puis je ne sais pas si ici le neutre est utilisé.

L’autre haussa les épaules.

— On aurait pu tenter.

— On ne peut pas éduquer tout le monde, tu sais. Et encore moins chaque personne inconnue que l’on croise. Le fait que mes amis respectent ma non-binarité est déjà super, lui disais-je en souriant.

Elle me rendit mon sourire et nous nous couchâmes près du feu qui mourrait doucement.

J’eus beaucoup de mal à dormir, les étoiles étaient si différentes et si lumineuses. Il n’y avait pas de lune, seulement quelques gros cailloux qui volaient autour de la planète. Oui, planète, parce que désormais, j’en avais la certitude, les enfers n’étaient pas sous terre, mais bel et bien sur une autre planète, bien loin de la mienne, de la nôtre.

J’étais surement le premier humain, ou du moins semi-humain, à aller aussi loin dans l’espace. En ressortait une grande fierté, teintée de peur. La peur de l’infini. À quelle distance de la Terre me trouvais-je ?

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