Acte IV- Scène 3
La scène est dans la salle du Trône du Palais royal.
Don Fernand (Le Roi), Don Diègue, Don Sanche, un cavalier
- Le Cavalier
Revenu du combat je viens faire rapport
Du choc de notre charge et quel en fut le sort.
Sous les ordres du Cid notre troupe s'avance
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes trois mille mais sous la mitraille
Nous nous vîmes cinq cents refluant en pagaille.
Tant, à nous voir courir avec verte frimousse,
Les plus épouvantés devenaient bleus de frousse.
Le plus gros des fuyards est alors massacré
Lorsque sous les Remparts nous nous vîmes coincés.
Le reste, dont le lot diminuait sans cesse,
Dans les douves se noie où les Maures nous pressent.
Ils nous poussent dans l’eau, nous bousculent sur terre ;
Qui ne meurt noyé meurt à coup de cimeterre.
Ô combien de Rolands, combien de fiers Pégases
Sont morts ignoblement au milieu de la vase
Où chacun, seul témoin des grands traits qu’il buvait,
Ne pouvait discerner où le flot l’emportait !
Tous occis ou noyés, - moi seul en revenant –
Le carnage cessa faute de survivant.
- Don Fernand
Et Rodrigue ton chef, le Cid, cet intrépide ?
- Le Cavalier
Je l’ai vu dériver dans les Douves putrides,
Et le flot emporta ce Héros Andalou,
Rodrigue de Bivar, dans le tout-à-l’égout.
Et les rats seuls escortent vers un autre monde
Sa dépouille à travers un Achéron immonde.
Le combat fut affreux, le désastre accablant,
Et je suis bien content d'en ressortir vivant !
(Il expire)
- Don Fernand
Si Séville en une heure est tombée en leurs mains,
La Castille en un jour est royaume africain !
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