Chapitre 3 - L'automne

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Malheureusement, le lendemain, la lumière du jour ne m'apporta pas le renouveau espéré, j'avais encore un visage pâle, les yeux cernés et sans éclat. Mon fiancé avait découché, ce qui était sans doute mieux ainsi, il ne me verrait pas avec cette mine affreuse. Je passais une journée seule cloîtrée chez moi, je regardais des films sur l'écran plat qui recouvrait un mur entier dans une pièce dédiée, un home cinéma que mon fiancé avait insisté pour faire installer dans cet appartement que nous avions acheté ensemble.

Il rentra en fin d'après-midi, il m'appela mais je restais terrée dans l'obscurité de notre home cinéma. Il entra finalement dans la pièce, mais dans la pénombre et dans son état de fatigue il ne remarqua rien, il se contenta de m'embrasser et il s'affala à côté de moi pour finalement s'endormir.

Le lendemain, il me découvrit dans la cuisine alors qu'il prenait son café, il haussa un sourcil, me dit quelques mots rassurants, oublia de m'embrasser, et partit à son travail.

Les jours suivant virent mon état se dégrader, mes joues s’affaissaient et des pattes d'oies apparaissaient aux coins de mes yeux autrefois vifs. Je compensais du mieux que je pouvais en faisant comme le commun des femmes qui se fardent pour dissimuler leurs imperfections. Pourtant j'étais parfaite ! La plus belle, la plus désirée, mais que m'arrivait-il ?

 La mort dans l'âme je me décidai finalement à prendre rendez-vous chez notre médecin. L'homme m'horripila avec ses paroles compatissantes et paternalistes. C'est avec un ton philosophe qu'il me dit en substance que personne ne pouvait se dispenser de repos et s'abstenir des conséquences des excès. Il me prescrit une période de repos total. Je rentrai chez moi sans prendre le temps de flâner dans les magasins ou de m’arrêter prendre un cappuccino.

 Le soir, après le retour de mon fiancé, celui-ci me proposa avec un peu trop d’insistance de prendre ces quinze jours de repos chez mes parents. Je fus meurtri un peu plus par son attitude hypocrite, une fausse compassion motivée sans aucun doute par la honte que je lui suscitais dans mon état.

***

C'est avec des yeux pleins de reproche que mes parents m’accueillirent. Ils étaient froids, ils désapprouvaient ma façon de vivre, mes excès et pardessus tout, de ne pas leur avoir donné de nouvelles depuis longtemps. C'est vrai que j'avais été très prise dans ma vie parisienne trépidante, et ce n'était que maintenant que je m'en rendais compte. Je sentai un nœud me serrer le ventre, je regrettai de n'avoir pas pris plus de temps pour les appeler ou pour venir les voir dans ce petit pavillon de banlieue. Je m'excusai du mieux que je pouvais et ma mère, me voyant au bord des larmes, me serra dans ses bras.

Durant quelques jours je me sentis mieux, je dormais calmement et ma mère me préparait de bons petits plats. Je retrouvais ma chambre d'enfant, ce refuge aux livres innombrables, un corpus de mondes et d'histoires dissimulés entre quatre murs. Je m'avançai et je pris un livre au hasard, je l'ouvris en m'asseyant sur le bord du lit. Malheureusement, le réconfort des livres et l'amour de mes parents ne suffirent pas à ressusciter ma beauté fanée trop tôt. ce fût même l'inverse qui se produisit, de longues rides traversaient maintenant mon visage et ma blonde chevelure devenait blanche. Mon fiancé vint chez mes parents, mais de peur de sa réaction devant le flétrissement de ma beauté, je refusai de le voir.

Alors que la période de convalescence touchait à sa fin, mon état était lamentable, ma peau était parcheminée et j'étais voûtée. Je refusais de sortir de ma chambre d'enfance et je prolongeai mon arrêt maladie. Mes parents insistèrent pour que j'aille voir un médecin, je cédai et ma mère m'accompagna. Ne comprenant pas mon cas, le médecin de famille nous dirigea vers un spécialiste sur Paris.

Un spécialiste des maladies rares m'examina et déclara que j'étais atteinte d'une forme rare de vieillissement accéléré. Mais je n'avais que vingt cinq ans ! J'étais effondrée.

l'automne de la vie

l'esprit indécis

les cheveux grisonnants

visage vieillissant

ainsi passe le temps

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