13 juin 1771
Je me sens mieux. Mon ventre est soulagé par les nombreuses infusions que le médecin m’a prescrites. La nuit a été difficile, j’ai vomi mon maigre dîner et plus encore. Ce matin, la bonne prévient le médecin qui me donne de quoi me reposer. Docteur Méguard arrive, souriant et allant aux nouvelles. Il décrit ma mauvaise mine, demande des nouvelles de mon épouse qui est encore au lit et n’a pas jugé utile de venir me voir. Il m’examine, je sens que quelque chose ne tourne pas rond.
« Je ne saurais décrire le mal qui vous frappe Monsieur de la Guillère. La transpiration, la fièvre, le mal de ventre…cela ressemble à ce que l’on attrape en hiver. Peut-être un coup de soleil mais ça me semble trop violent. »
« Vous n’êtes pas capable de savoir ce que j’ai, docteur ? »
« Malheureusement non. Quelques jours de repos vous feront du bien et si cela persiste, revenez me chercher. »
Je hoche la tête. Le docteur Méguard m’autorise tout de même à sortir sur la terrasse du domaine. Affolée, Elisabeth apparaît à mon chevet. Elle discute un moment avec le médecin de famille et revient vers moi. Elle promet de prendre soin de moi jusqu’à ce que je guérisse. Puis, elle me parle de l’avenir après la maladie : l’envie d’avoir un enfant, de posséder des biens et de nombreux domestiques. Trempé de sueur, je ne pense qu’à une chose : me laver. Je la congédie de mes appartements. Très affaibli, je me laisse faire par la domestique.
Elisabeth revient à la charge concernant les héritiers. Elle me supplie, me saisit le poignet, me tire vers le lit pour que je m’y allonge. Je me débarrasse de sa main, lui hurle que je ne souhaite pas en parlant. Elle tente de me gifler. Pas cette fois-ci, je ne cèderai pas à l’un de ses caprices.
« Tu es si insensible, Murmure-t-elle, les larmes aux yeux. Je souhaite que nous soyons heureux et tu me refuses le bonheur ? Tu es cruel. »
« Je ne suis pas un pantin que l’on dirige Elisabeth. Comprends bien cela. »
« Eh bien, c’est ce que nous allons voir. »
Elle tourne les talons et claque la porte. Soit. Me voilà encore piégé.
La journée se déroule rapidement, j’alterne entre de longues siestes et sommeil profond entrecoupés de cauchemars.
Le soir, j’ai le courage de dîner avec ma femme. Je ne termine pas mon assiette, je suis trop faible et bien trop épuisé. Allongé dans mon lit, je plonge immédiatement dans un sommeil profond. Je rêve que je fais l’amour. La pièce rayonne de lumière, les fenêtres sont ouvertes et l’air frais agitent doucement les rideaux. J’ouvre les yeux et m’aperçois qu’une jeune femme me serre dans ses bras. Elle est nue, la peau blanche, sa respiration caresse ma peau. Ses cheveux blonds coulent le long de mon torse. Elle est belle. Je crois encore à un rêve mais je sens bien la texture de la peau, la vallée de ses reins et la courbe de ses fesses. Je tremble. Ai-je couché avec elle ?
Je n’ose pas bouger. L’inconnue grogne, se relève. Ses yeux fatigués sont d’un bleu profond. Sans un mot, elle caresse mon torse, me faisant doucement gémir. Ses mains atteignent mon entrejambe puis mon sexe. Sans aucune pudeur, elle s’en saisit d’une main et commence un long va-et-vient. Délicieux. Elle se réajuste, s’empale sur moi. Surpris par son initiative, ma tête s’enfonce dans l’oreiller. Je fixe le plafond, incapable de contenir mon excitation. Elle prend beaucoup de plaisirs, jouit de mon impuissance. Je ne vois pas son visage, sa tête est renversée, ses mains sont positionnées de chaque côté de mes jambes et elle se cambre. Je suis en train de tromper Elisabeth. Nos cris sont tellement puissants qu’elle pourrait nous entendre. Je ne peux pas la toucher. J’en ai envie. Ma gorge provoque d'étranges gargouillements, je suis si faible qu’aucun son ne sort de ma bouche. Cette dernière est pâteuse, très sèche. L’inconnue pousse un long râle, je sombre.
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