26 juin 1771
Nous sortons dans Canever avec Elisabeth et ses parents. Soucieux de sa bonne image, mon épouse souhaite se rendre dans plusieurs bons magasins de la ville. Les robes, les parfums, rien ne lui échappe. Malheureusement, je suis son porte feuille. Et puis, lors d’un troisième passage dans une boutique de chapeaux, je me rends compte que je ne peux payer les quatre chapeaux qu’Elisabeth a choisi. Rouge de honte, je laisse la place à Monsieur de la Cambrière qui, très vite, me pousse presque du comptoir et règle la somme demandée.
En sortant, Elisabeth me fait la morale. Son père en rajoute, très déçu de mon manque d’attention envers sa petite fille chérie.
« Ce mariage n’est pas une bonne solution. Je ne sais pas comment faites-vous ma fille pour supporter cet être. Il n’a même pas le sou pour t’offrir un bijou. J’espère que vos livres auront bien du succès, nous tenons à ce que le domaine soit entretenu, peu importe vos dettes. Notre fille doit se trouver dans un foyer chaleureux et bienveillant ».
Des paroles que j’essaye d’ignorer. Malgré ma timidité, il faut que je publie ce que j’écris. Je finirai à la rue, Elisabeth me quittera. La deuxième option ne me gêne pas.
Enfin rentré chez nous, le majordome me tend une lettre de Natacha de Lèverie. Retranché dans ma chambre, je lis consciencieusement l’écriture très visible de la jeune femme :
« Monsieur de la Guillère,
En recevant votre écrit, j’ai cru en une déclaration de votre part. En m’apercevant finalement que vos sentiments seront impossibles envers moi, mon cœur s’est serré. Pour une femme, les ressentis sont violents, insupportables, mais je suis forte et comprends ce que vous me dites. Vous êtes un homme fidèle, sans frasques et tromper votre épouse avec moi serait une véritable imprudence. Je vous aime beaucoup, cela ne me dérange point que nous continuons à parler comme de bons amis et sans arrière-pensées. Je serai même heureuse d’avoir un second rendez-vous avec vous. Votre compagnie m’est si précieuse que je ne peux me passer de vous. Et pourtant, hier, en cette belle journée de conversations, je n’avais pas l’envie de vous quitter.
Rentrée en mon château, j’ai ressenti un grand vide. Vous êtes plus important que vous ne le pensez. Je ne suis point vexée mais mon âme de femme est contrainte de réagir autrement face à ces mots violents.
Prenez soin de vous,
Natacha de Lèverie.
Elle ne l’a pas mal pris. Nous resterons bons camarades. Que demander de plus ? J’accepte une autre rencontre avec elle. La porte s’ouvre.
Je tourne la tête. Je n’y crois pas. Mona de Convilia, devant moi, un sourire sur les lèvres. Je m’approche doucement d’elle, je ne veux pas l’effrayer. Elle se retourne. Met mes mains sur sa taille. Voilà qu’elle souhaite me câliner. Cette femme change du tout au tout.
« Je vous en prie Axel, vous me manquez ».
Je comprends ce qu’elle veut. Moi, et moi seul.
Nous allongeons dans les draps. Je sens son corps contre le mien, ses mains me donnent une nouvelle énergie. Je revis ! Sa bouche épouse la mienne, nos sexes sont tous les deux chauds et excités. Nous vivons un merveilleux moment, j’oublie Elisabeth pour quelque temps. Prendre ma maîtresse dans les bras, la rassurer après l’amour et lui souhaiter une bonne nuit. Voilà ce que j’ai toujours voulu.
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