Je regardai mes mains constellées de taches de rousseurs, un sourire flottant sur mes lèvres. Les gens se plaisaient à dire que nous étions comme les cinq doigts d’une main, et c’était vrai, puisque nous étions inséparables. Mais cette comparaison était trop banale à mes yeux, elle ne définissait pas assez bien ce que nous étions.

Non, ils étaient simplement les éléments d’un monde, et je vivais grâce à eux. L’air, changeant et pourtant si stable, indispensable. La terre, maintenant mes pieds au sol et faisant naître la vie. L’eau, coulant avec douceur ou par torrents, se déversant parfois quand on s’y attend le moins. Et le feu, si vivant et imprévisible qu’on ne peut en détacher les yeux. Ils étaient les quatre éléments, et moi, celui qu’ils maintenaient en vie. Peut-être que nous pensions tous la même chose, ou peut-être étais-je le seul à être si dépendant de tout cela, mais ça ne changeait rien.

Selon moi, j’étais celui qui respirait, brûlait, buvait et marchait, et ils étaient l’air, le feu, l’eau et la terre.

Mais nous étions aussi les cinq doigts d’une main, parce que nous étions inséparables.
Nous étions cinq.