Jeudi 14 juillet 1988. Après-midi. Île d'Oléron.

Le trio était arrivé à la plage en vélo. Une demi-heure plus tard, sous un soleil de plomb, Tristan était toujours allongé sur sa serviette, les écouteurs de son walkman sur les oreilles, sa casquette sur la tête, ses lunettes de soleil sur le nez. Il réajusta son slip de bain et enleva discrètement les grains de sable qui s’étaient infiltrés à l’intérieur. Aaaaah, enfin sur la plage à buller. Les vacances commencent ! Il regarda de chaque côté de lui. Il avait l’air ridicule. Tout le monde était en tenue d’Adam et Eve sauf lui et une autre personne aperçue à quelques mètres. Plus loin, un jeune homme et une fille plus âgée jouaient aux raquettes avec allégresse dans leur plus simple appareil. Il les regarda tout un moment sans penser à autre chose que leur échange de balle. Il finit par s'allonger, les yeux fermés, entraîné par le rythme saccadé de la chanson qu’il écoutait. Dans sa tête, les images du clip de George Michael, avec sa boucle d’oreille en forme de croix qui lui donnait un sex-appeal étonnant.

I want your sex

I want your love

I want your sex

I want your, sex, sex

It's natural

It's chemical (let's do it)

It's logical

Habitual (can we do it?)

It's sensual

But most of all

Sex is something that we should do

Sex is something for me and you

Il sentit soudain des gouttes d’eau fraîche sur son torse. Paul et Tom ébouriffaient leurs cheveux au-dessus de lui, en riant.

— Vous êtes cons les mecs, arrêtez, mon walkman !

Il stoppa sa musique, rangea son matériel dans son sac, sachant pertinemment que ses deux comparses ne le laisseraient pas tranquille. Paul finit par s’asseoir à sa gauche, Tom à sa droite.

Au moins, je suis sûr que vous ne vous sauterez pas dessus sans arrêt si je me mets au milieu de vous deux ! avait-il dit lors de leur arrivée.

— L’eau est super bonne. Allez, viens te baigner, tu vas cramer si tu restes toute l’après-midi, comme ça, allongé. J’y retourne avec toi si tu veux, lui proposa Paul, surexcité.

— Mouais, je vous ai vu vous chamailler tout à l’heure dans l’eau comme des tarés. Si on y va ensemble, tu me laisses entrer dans l’eau tranquillement, ok ?

— Promis, par contre, tu vires ton slip.

— Putain vous faites vraiment chier.

— Ici, pas de maillot. On te l’a déjà dit, annonça Tom, tout sourire.

— Vous n’allez pas faire comme Philippe et Rickie, qui ramènent toujours tout au cul j’espère !

— Et à la bite, plaisanta Paul.

— Paul Rivière, vous filez un mauvais coton depuis que vous fréquentez le Petit Marcel ! répondit Tristan, moqueur.

— Je fais un effort pour vous, retenez bien ! Mais j’ai pas l’habitude de montrer mon anatomie comme ça à tout le monde, ça me gêne un peu, voyez-vous !

— Tu verras, après t’oublies que t’es à poil. Tu t’en fous. La sensation de nager nu dans la mer est si agréable ! dit Paul, dont l'expérience ne datait que de quelques jours seulement.

— Mouais, mouais mouais. Bon allez, je me lance. Je me passe juste un peu de crème et j’arrive, Paul.