Prologue
Planète Paghorim - Cercle Central - L’acte de Dissidence
Surface : 200 millions km² - Habitants 3 milliards - Climat : tempéré, doux - Industrie, commerce et technologie très développés.
Les mondes du cercle central ainsi que quelques planètes des cercles médian et lointain de la galaxie connue étaient unis sous une seule et même bannière formant la République Royaliste. L'entente entre les Hommes n'a jamais été unanime mais les lois votées sur la planète mère Paghorim étaient mises en place par chacun avec le respect de la majorité, chaque souverain favorisant le bien être de son peuple et la stabilité des accords commerciaux entre les planètes, chacune apportant des denrées que d'autres n'ont pas.
Jusqu'au jour où le Roi Aurdel d'Azémor situé dans le lointain tomba gravement malade. À l'article de la mort, sa fille Eria prit la régence, la Reine n'étant plus et l'héritière ayant atteint sa vingt et unième année. Hélas, la jeune femme n'avait pas la sagesse de son père et contestait les décisions prises au Hall du Sénat avec virulence et insistance prônant le fait que plus important est l'investissement d'un monde dans l'union galactique, plus sa voix devait avoir de poids, tant et si bien qu'au fil des mois ses confrères et sœurs cherchèrent à l'évincer.
Vint le jour où elle se rendit compte que les réunions journalières ne l'étaient plus et que sa présence n'était plus requise que de façon irrégulière. Elle plaça un espion sur Paghorim qui n'eut pas besoin de bien longtemps pour lui dresser un rapport stipulant la date des réunions passées et à venir en surveillant l'entrée du Hall du Sénat et glanant des informations auprès des citoyens de la planète capitale.
Après avoir fait le long voyage d'Azémor à Paghorim, la Régente fit irruption en pleine séance du Sénat et s'insurgea de la trahison manifeste dont elle faisait l'objet.
- Vous semblez oublier qu'Azémor possède la plus grande ressource de minerai des mondes unis. Comment osez-vous en écarter sa souveraine ?!
La voix grave et puissante de son père retentit alors dans le Hall. La stupeur fut de mise chez Eria alors que le visage de son père pâle et les yeux cernés par l'épuisement apparut sur un écran de transmission longue porté depuis le trône d'Azémor.
- Père... ?
- Lui même. J'ignorais, ma fille... être mort... et que ta régence avait pris fin... célébrant ton couronnement...
- Il n'en est rien, en effet, père. Mais la gestion du Royaume d'Azémor m'incombe et je suis en droit de revendiquer ma place.
- Non, tu ne l'es pas. Ton attitude publique a déçu ton roi... et ton père. Regagnes Azémor sur le champ... pour le couronnement... de ton cousin.
- Erkoss n'est âgé que de dix ans, père !
- Mais lui... ne détruira pas... ce que j'ai mis une vie à bâtir.
La salle tomba dans un silence tendu où tous les regards se tournent sur la jeune femme qui se perdit un instant dans ses pensées. Elle finit par s'incliner pour son père et quitta la pièce d'un pas vif.
La quiétude de l'unification aurait dû revenir mais loin de s'avouer vaincue, Eria, ayant soudoyé l'un des généraux de son père, Zyler Wharqum, fomenta la mort précipitée de son père afin que le jeune roi Erkoss, alors âgé de douze ans, soit profondément affecté par la perte de son oncle et mentor. Eria la Désavouée a réuni son armée de fidèles sur Vophus, la Lune de jungle tropicale d'Azémor et y planifia sa rébellion et la reconquête de son trône perdu.
L'enfant, bien qu'entouré de nombreux conseillers bienveillants se fia aussi à ceux placés dans sa cour par Eria et laissa sa propre armée être démantelée progressivement n'ayant plus qu'une milice. Et personne ne put empêcher la prétendante d'accomplir son acte ultime de dissidence. L'invasion fut courte, la prise de la Citadelle Écarlate rapide. Mais devant l'enfant terrifié et prit de panique, le général Wharqum eut un moment d'hésitation.
Saisissant alors vivement la lame du général en lui arrachant des mains, Eria planta un estoc dans le cœur de l'enfant. Cet acte purement maléfique eut un écho à travers l'univers. La salle fut plongée dans l'obscurité et la lame trempée de sang dans la main de la jeune femme s'embrasa de flammes émeraudes sans chaleur. L'épée s'enveloppa d'une brume pourpre épaisse avant de révéler une forme nouvelle : la lame d'acier était devenue obsidienne, son fil orné de deux dragons, sa garde arborée non plus d'une tête unique de dragon mais d'un dragon aux ailes déployées ainsi qu'une griffe en guise de pommeau tenant une sphère dans laquelle était encerclé un rubis sphérique, la lame entourée d'une énergie sanguine pulsée par la main d'Eria.
La jeune femme admira sa nouvelle arme un sourire mauvais gagnant lentement ses lèvres. Elle écarta sans le toucher d'un geste large du bras le cadavre de l'enfant du trône et à peine le corps tombé aux pieds des marches s'asseyait-elle dessus, ses yeux devenus d'un vert éclatant. La lame dans la main, pointe posée au sol, un écho s'éleva depuis les profondeurs du temps et de l'espace dans la salle du trône, une multitude de murmures soufflèrent alors aux oreilles de tous.
"La puissance d'Allmogg renaît de ses cendres et offre le pouvoir de contrôler la vie et de vaincre la mort à ceux qui devant son émissaire se soumettent. Prosternez-vous maintenant... ou mourrez..."
Chose promise, chose due. Ceux qui dans l'instant posèrent le genou au sol devant Eria furent enveloppé d'une brume glauque, ainsi que ceux restés interdits ou pris de stupeur mais dont la volonté finit par les faire ployer. Les autres, dont l'hésitation et la peur glaçaient le cœur, hurlèrent de douleur alors que leurs âmes s'arrachèrent de leur corps se flétrissant et pour venir enlacer le cou de leur suzeraine qui l'instant d'après se vit orné d'une émeraude montée sur un collier de dentelle noire.
D'une voix suave et lointaine, Eria fit un geste lent de la main, intimant à son bras droit de se lever.
- Général Wharqum, approchez.
Ce qu'il fit avant de s'avancer vers le trône d'un pas sur mais lent, son regard fixant celui de la jeune femme. Il s'inclina une fois aux pieds des marches, la main sur le cœur.
- Ma reine.
D'un nouveau geste lent et souple de la main, elle l'approcha lentement en le faisant léviter tout entier. Le regard du Général s'écarquilla quelque peu bien qu'il n'opposât aucune résistance ni ne fit le moindre mouvement. Eria posa alors la main sur sa joue, leurs visages proches, la voix enjôleuse.
- Je vous ai promis pouvoir, puissance et gloire. Je n'ai qu'une parole. Vous m'avez bien servi.
La main droite toujours sur sa joue, l'autre se posant sur son torse, elle déposa un lent et tendre baiser sur ses lèvres. Les yeux d'abord clos du Général s'ouvrirent soudainement en se teintant du même vert éclatant que ceux d'Eria tandis qu'une brume sombre émeraude s'élevait sous la main gauche de la jeune femme avant de serpenter autour du cou du Général pour se matérialiser en une chaine noire ornée d'une pierre précieuse. Elle rompit le baiser et lui offrit un sourire malicieux ce à quoi il ne répondit qu'en acquiesçant lentement avant de descendre les quelques marches du trône et de parler d'une voix ferme et directive.
- Une ère nouvelle voit le jour. Nous avons été transcendés.
Il frappa alors sur son cœur dans un fracas métallique.
- Pour la gloire d'Allmogg ! Longue vie à l'impératrice Siuuk'a Delok !!
Tous se levèrent pour imiter leur Général. Dans un mouvement synchronisé à la perfection, ils rassemblèrent le pied droit en le frappant contre le sol à côté du gauche puis frappèrent leur torse du poing droit sur le cœur avant de ne parler comme un seul Homme.
- Longue vie à l'impératrice !
Un moment solennel dans ce hall sombre jonché de cadavres desséchés où seuls les yeux des membres de l'Ordre d'Allmogg brillaient de vice, de colère et de convoitise tous déterminés à servir et à s'élever pour accomplir les noirs desseins du Dieu Noir dans son vœu de domination et de destruction.
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