2.
Aussitôt mon périple entamé, je fus saisi par une déception inexplicable. Que m'attendais-je donc à rencontrer sur ces sentiers sauvages ? Des champs verdoyants, des rivières tumultueuses, des forêts luxuriantes ? Hélas non, rien de tout cela. Seulement des falaises de pierre nue, un désert semi-aride, et une solitude accablante. Pouvait-on véritablement parler d'un trekking digne de ce nom, dans de telles conditions ?
Et pourtant, alors que je poursuivais ma route, mon attention fut soudain attirée par de curieux abris taillés à même la roche. Des péristyles, des colonnades, des ouvertures sombres qui donnaient sur des profondeurs insondables. Pas de décorations, pas d'inscriptions, pas même les trace d'un graffiti laissé par un touriste négligent. Que signifiaient donc ces étranges bâtiments ? Des palais oubliés, des temples abandonnés, des tombes à l'abandon ? Me revint alors en mémoire les voies d'accès des villes romaines, bordées de tombes familiales, et dont les inscriptions apostrophaient directement les voyageurs : "Toi, arrête-toi. Toi, pense à moi."
J’en ai ainsi visité plusieurs, sans parvenir à percer le mystère de leur destination. Dans une de ces bâtisses creusées dans l’épaisseur de la roche, je découvre une grande salle aux voutes géométriques ; L’ensemble fait comme une géode creusée dans la montagne. Et dans la partie extérieure, celle qui débouche vers le ciel, les caissons triangulaires forment des ouvertures vers le ciel. A ma grande surprise, ainsi découpé arbitrairement, le ciel bleu graphique fait comme ces ciels sauvages des primitifs flamands. Selon la manière dont je me déplace, ce sont dans le ciel des cascades et des nuées toujours changeantes. Les rouleaux de la mer et le fracas des tempêtes. C’est comme si chacune des ouvertures ouvrait vers un espace ou un temps différent. Je prends autant de photos que je peux. Une série. Pas un reportage. Il se trouvera bien une galerie pour les juxtaposer dans une sorte de mosaïque.
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