Chapitre 2 : Les joies (et surprises) de l'installation

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La première nuit dans la ferme fut mémorable, mais pas pour de bonnes raisons. Adrien avait insisté pour "tester" leur nouvelle maison dès le premier soir.

Résultat : un matelas gonflable dans ce qui allait devenir leur chambre, une lampe torche en guise de lustre, et une famille emmitouflée sous quatre couvertures en raison du froid nocturne.

" Je crois que même les araignées sont en hibernation", murmura Claire, claquant des dents.

"C'est l'authenticité ! C'est pas la fin des haricots, ma chérie", répondit Adrien en souriant dans le noir.

"C'est pas la fête à Neu-neu non plus, et si par authenticité, tu veux dire "un frigo sans porte", je suis d'accord", grogna Claire.

À l'aube, Lou et Jules débarquèrent avec une énergie inébranlable. "On peut aller explorer s'illlll te plaît Maaaamannn ?" cria Lou.

" À vos risques et périls", répondit Claire, un léger sourire aux lèvres. Les enfants partirent en courant, laissant derrière eux une traînée de poussière et un parfum de chaos imminent.

Une demi-heure plus tard, Lou revint en pleurant, un morceau de ronce coincé dans ses cheveux, tandis que Jules riait aux éclats avec un vieux casque de chantier vissé sur la tête.

"C'est une jungle, cette maison !" s'exclama Lou, les larmes roulant sur ses joues.

Claire, haussa les sourcils. Surprise et attendrie, elle laissa échapper un léger rire. "Eh bien, bienvenue dans ta nouvelle vie, Jane."

Ils passèrent la matinée à faire l'inventaire des lieux. L'état de la ferme oscillait entre "potentiellement charmant" et "apocalyptique". Dans la grange, Adrien trouva un vélo rouillé, une botte seule et ce qu'il jura être une dent de sanglier.

"On pourrait ouvrir un musée des objets perdus", plaisanta-t-il.

Claire, elle, dénicha un vieux coffre couvert de toiles d'araignées. Après avoir réuni tout son courage (une balayette et une crise d'hypocondrie), elle l'ouvrit. À l'intérieur : un tas de papiers jaunis, un pot en terre cuite fissuré et une montre cassée.

"Un trésor", annonça Adrien avec ironie en passant derrière elle. "On est riche !"

Claire haussa les sourcils et, avec un sourire en coin, répondit en posant une main affectueuse sur l'épaule d'Adrien : "Avec tes trouvailles, on pourrait presque rivaliser avec le buffet de ta mère."

À l'heure du déjeuner, ils décidèrent de manger dans le jardin. Claire avait prévu un pique-nique improvisé : sandwiches jambons beurre, chips et fruits. Mais à peine avaient-ils sorti la nourriture qu'un poulet sauvage (ou du moins, un poulet particulièrement ambitieux) déboula de nulle part pour s'attaquer à leur repas.

"Mais... On n'a même pas encore de poules !" protesta Adrien en agitant les bras pour le faire fuir.

"Apparemment, elles viennent toutes seules", observa Claire, impressionnée malgré elle par l'audace de l'Aveyronnaise à plumes.

L'après-midi fut dédié aux présentations avec le voisinage. Le vieil homme au béret, qui s'appelait Jean-Pierre, revint avec un panier de légumes du jardin. "Un cadeau de bienvenue", dit-il en le déposant sur la table.

"C'est gentil, mais on n'a pas encore de cuisine fonctionnelle", expliqua Claire.

Jean-Pierre hocha la tête. "Pas grave, les carottes, ça se mange cru."

Ce fut également l'occasion de rencontrer Mireille, la propriétaire de la ferme voisine, qui arriva en trombe sur un tracteur rouge vif. "Vous êtes les Parisiens ?" demanda-t-elle en descendant d'un bond.

"On plaide coupable", répondit Adrien avec un sourire.

Mireille croisa les bras. "Alors vous allez apprendre : ici, on ne fait pas tout au feeling, hein. La terre, ça se respecte."

Claire failli répondre quelque chose de poli, mais Jules intervint : "C'est cool, votre tracteur !"

Mireille plissa les yeux avant de sourire. "Toi, je t'aime bien. T'as l'air d'avoir de l'avenir."

Le soir venu, après avoir nettoyé un coin du salon pour y installer une table bancale, Claire leva son verre de jus de pomme.

"À notre nouvelle vie."

Adrien hocha la tête. "Et à toutes les ronces qu'on va combattre."

"Et aux poulets qui nous volent nos chips", ajouta Jules, hilare.

Dans cette vieille maison, au milieu de nulle part, au bout d'un chemin de terre interminable, ils comprirent une chose essentielle. Ce n'étaient ni le confort, ni la perfection qui rendraient cette aventure spéciale. Et encore moins la plomberie défaillante !

Ce seraient les histoires. Celles qui font rire, celles qu'on raconte avec un soupir, et surtout celles tellement absurdes qu'on hésite à les croire nous-même.

Et avec l'Aveyron comme décor, entre voisins bavards, ronces conquérantes, brebis et poulets téméraires en liberté, l'aventure promettait d'être riche en rebondissements. Ils savaient déjà que leur périple au milieu de rivières fraîches, falaises abruptes et vallées encaissées, allait ressembler à un mélange de comédie et de film d'action... version low budget.

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