L'été battait son plein, et Claire et Adrien profitaient enfin d'une journée où tout semblait sous contrôle. Lou et Jules jouaient dans le jardin sous le petit kiosque, les guirlandes lumineuses fonctionnaient sans court-circuit, et même Gégé le mouton semblait avoir décidé de rester chez lui. Mais, comme dans toute bonne histoire, le calme ne dure jamais longtemps.

Peu après le déjeuner, une vieille 205 bleu ciel vint troubler leur tranquilité en se garant devant la maison. Claire, intriguée, essuya ses mains sur son tablier et sortit accueillir l'invitée surprise.

Une femme élégante descendit de la voiture, portant un foulard à motifs vifs et des lunettes de soleils oversize. Elle affichait un sourire poli mais réservé, comme si elle n'était pas tout à fait sûre de sa place ici.

"Bonjour, je suis Pauline. J'epère que vous avez encore une chambre de libre ?" demanda-t-elle avec une voix douce, presque timide.

Claire lui rendit son sourire. "Bien sûr ! Vous êtes seule ?"

"Oui, je fais un petit voyage... disons, improvisé" répondit Pauline en regardant la maison avec une intensité étrange.

Adrien, qui arrivait derrière Claire, remarqua le sac de Pauline. Cuir, usé, mais chic, et surtout, étonnamment lourd.

"Vous voyagez avec des briques ou c'est juste un goût prononcé pour la lecture ?" plaisanta-t-il en attrapant le sac.

Pauline rit doucement, mais elle ne répondit pas, laissant planer un petit mystère.

En passant par le salon, Pauline s'arrêta brusquement.

Ses yeux balayèrent la pièce, s'arrêtant sur chaque détail : les poutres, les murs de pierre, le coffre ancien dans le coin.

"Cette maison a une belle âme", dit-elle, presque pour elle-même.

Claire sourit. "Oui, elle a du caractère ! On a fait beaucoup de travaux, mais on a gardé l'esprit d'origine."

Pauline hocha la tête, mais son regard semblait chercher autre chose, comme si elle essayait de percer un secret invisible.

Alors que Pauline s'installait dans sa chambre, la voix de Mireille résonna à travers le jardin.

"Je viens vérifier que vous ne transformez pas cette maison en hôtel de luxe !" lança-t-elle en franchissant la grille.

Quand Pauline descendit pour rejoindre la terrasse, elle s'arrêta net en voyant Mireille. L'expression de son visage changea : un mélange de surprise et ... d'appréhension.

Mireille, en pleine discussion avec Adrien sur les mérites des clôtures en bois, tourna la tête et s'immobilisa.

"Eh ben... Pauline ?" dit-elle, plissant les yeux comme si elle venait de reconnaître une vieille connaissance inattendue.

Pauline, toujours souriante mais visiblement sur la défensive, répondit calmement. "Mireille. Quelle surprise."

Adrien, intrigué, regarda Claire, qui haussa les épaules.

"Vous vous connaissez ?" demanda Claire, tentant de briser la tension.

"On s'est croisées, autrefois", répondit Pauline avec un sourire qui ne révélait rien.

Mireille, fidèle à elle-même, haussa les épaules. "Oh, la vie à la campagne est pleine de coïncidences", dit-elle d'un ton énigmatique, avant de changer de sujet comme si de rien n'était.

Pendant le dîner, Pauline se montra discrète, parlant peu mais observant beaucoup. Surtout le vieux coffre en bois, posé dans un coin du salon. Plusieurs fois, Claire surprit son regard fixé dessus, comme si elle essayait de deviner ce qu'il contenait.

Adrien, toujours prêt à plaisanter, lança : "On dirait que notre coffre vous intrigue ! Promis, il ne contient pas de trésor... enfin, à moins qu'on ait oublié quelque chose dedans !"

Pauline sourit, mais ne répondit rien.

Plus tard dans la soirée, alors que tout le monde était couché, Claire descendit chercher un verre d'eau. Elle trouva Pauline dans le salon, assise près du coffre, les doigts effleurant le bois.

"Vous allez bien ?" demanda Claire, un peu surprise.

Pauline se redressa aussitôt. "Oh, pardon... Je n'arrivais pas à dormir. Cette maison est tellement fascinante."

Claire sentit un léger frisson, sans savoir pourquoi.

Pauline retourna se coucher, mais une question restait en suspens : que cherchait-elle vraiment dans cette maison ?