Chapitre 31 : Rien de tel qu’un bain chaud pour se relaxer (Mike)
28 janvier 2022, 17h30 - Centre Tao.
Putain, ce cochon bande autant que moi ! La méditation aurait-elle, sur lui, le même effet que le sport sur moi ? Au final, cette situation est tellement surréaliste, que je ne peux m'empêcher d'éclater de rire, réussissant tout de même, entre deux gloussements, à lui faire remarquer son état comparable au mien.
— Oh, et puis, merde, désolé, mais je ne peux pas toujours tout contrôler ! Ah, mais, je vois que je ne suis pas le seul ! lui glissé-je donc, perfidement.
Après deux bonnes minutes de fou-rire, le calme revient et nous profitons de la chaleur relaxante du bassin. Par contre, pas moyen de me débarrasser de cette érection à la con, et je crois bien que la proximité du corps de Tom, toujours dans le même état que le mien, n'y est pas pour rien. Je tourne ma tête dans sa direction et ne peux m'empêcher de lui sourire. Nos regards se croisent et ses lèvres s'étirent doucement vers le haut. Une tension étrange règne à nouveau dans la pièce, mais elle n'est plus de celle qu'une bonne rigolade pourrait atténuer. Des images de Louis me reviennent, mais je ferme les yeux et les chasse d'une profonde et lente respiration. Je garde mes paupières closes quelques secondes, cherchant à capter l'énergie qui m'entoure et à laisser les pensées qui arrivent dans mon esprit le traverser et s'évaporer dans le lointain. Je sens que Tom s'est légèrement déplacé pour se rapprocher de moi. J'ouvre les yeux. Il n'est effectivement plus qu'à quelques centimètres. Il se tourne dans ma direction, sa tête s'approchant inexorablement de la mienne.
Bordel de merde, il ne va quand-même pas faire ça !
Il s'arrête. La distance entre nos deux visages s'est tellement réduite, que je peux distinguer le moindre petit détail de ses iris. Bleus. Quelques paillettes de gris, dont une minuscule qui me fait penser à une goutte d'eau. J'entends sa respiration. Calme. Son haleine dégage une légère odeur de menthe, sans doute dû à un thé que lui aura servi Maître Xing. Je déplace mon attention. Son nez, puis ses lèvres. Comme moi, il n'est pas très bien rasé. Sans doute, la précipitation des évènements de ces derniers jours, où peut-être une habitude, pour accentuer son charme. Je continue mon exploration visuelle. Son cou, avec de chaque côté des trapèzes qui ne sont que très légèrement dessinés. Puis encore plus bas. L'eau claire laissant deviner ses pectoraux et ensuite le début de sa ceinture abdominale. Sa minceur permettant de voir le dessin de chacun de ses muscles. Et enfin son sexe, pointé en direction de son nombril. Son érection n'a pas faibli. Et son gland, complètement décalotté, ramène une nouvelle fois mes pensées vers Louis. Ma bouche. Son sexe. Je redresse rapidement ma tête, espérant ainsi chasser toutes ses images avant qu'elles ne me trahissent.
Tom ne bouge pas. Je ne sais pas comment il fait pour sembler aussi détendu. De mon côté, malgré tous mes efforts, je sens bien que ma respiration s'est accélérée. Quelques gouttes de sueurs descendent le long de mes tempes. Nous sommes à présent tous les deux complètement immobiles. Il semble prêt à attendre des heures. J'hésite. Pendant mon exploration visuelle, je me suis légèrement éloigné de lui. Je me rapproche légèrement, espérant sans doute qu'il prenne l'initiative de franchir les derniers centimètres qui séparent nos deux bouches. Mais il n'en fait rien, me laissant libre de choisir la suite des évènements.
Le dragon. Le tigre. Est-ce que tout ça est bien raisonnable ?
Je pose délicatement mes lèvres sur les siennes. Un simple baiser, avant de reculer doucement. Mais il n'y a plus de retour en arrière possible. Je m'avance à nouveau pour explorer la surface de sa bouche avec la pointe de ma langue. Cette fois, il répond à mon approche. Sa langue rejoint la mienne. Nos deux corps sont maintenant collés l'un à l'autre. D'une main, j'explore le bas de son dos, glissant doucement vers l'entrée du sillon qui sépare ses fesses. Tom, lui, a commencé de lent va vient autour de mon sexe. Sa main entourant délicatement mon gland, le caressant. De haut en bas. De bas en haut. Je me retiens de lui hurler de serrer plus fort, mais il me semble qu'un accélère est sortie accidentellement de ma gorge. Ou peut-être que je l'ai juste pensé ? Peu importe. Sa main s'agite de plus en plus rapidement et la chaleur irradie l'ensemble de mon corps. Ma tête et mes épaules basculent en arrière et un cri m'échappe. Mon sexe pulse contre sa paume et ses doigts.
*
— Mike ! Miiike !
Bordel de merde ! Je sursaute et glisse, manquant de justesse de boire la tasse.
— Tu t'es endormi.
— Longtemps ?
— Non, à peine dix minutes. Mais si on veut avancer un peu dans nos recherches...
— OK, on bouge !
Je sors de l'eau. Des images défilent dans ma tête. Qu'est qu'on a fait, Tom et moi ?! J'ai rêvé ? Je me retourne vers lui au moment où il me rejoint au bord du bassin. Il est comme la plupart du temps : calme et souriant. Il ne s'est rien passé, j'en suis sûr. Il me sourit, avec tendresse. Putain, c'était bien réel.
— Ça va Mike ? Tu m'as l'air... troublé.
Bon, on n'a rien dû faire finalement. Il se rapproche, sa main efflore ma joue. Oh, merde ! On a baisé ensemble, c'est sûr !
— Un cil ou plutôt un poil, dit-il en rigolant.
Ce n'était pas une caresse ! Donc, j'ai simplement fait un rêve… pourtant, il me regarde bizarrement.
— Euh...tu ne viens pas t'habiller ?
C’est vrai que je n'ai pas bougé, alors que lui est sur le point de rentrer dans le vestiaire. Je ne peux pas rester comme ça, il faut que j’en aie le cœur net.
— Attends Tom ! Je voulais te demander… tout à l’heure… est-ce que…
Une porte s’ouvre sur un Liang tout souriant.
— Vous vous sentez mieux ? Rien de tel qu’un bain chaud pour se relaxer. Je vous ai appelé un taxi, il devrait être là dans cinq minutes. Je vous laisse vous habiller. Vous retrouverez l’entrée tout seuls ? j’ai un cours qui va commencer.
— Oui sans problème. Et encore merci pour le Tai Chi Chuan… et puis pour le reste, dis-je en lui montrant mon dos.
— Oh, ça je n’y suis pour rien ! C’est toi et uniquement toi, dit-il en ressortant.
— Tu sauras retrouver l’entrée, Tom ?
— Oui, je pense. Au fait, tu voulais me demander quelque chose ?
— Non, laisse tomber. Le taxi va nous attendre. On en reparlera lorsqu’on aura un peu plus de temps.
Bon, je me suis dégonflé. Il faudra quand-même que je trouve un moyen de le savoir, mais comment faire sans être trop direct. En plus, si je lui demande et qu’il ne s’est rien passé, il va se foutre de moi… et si on a… eh ben c’est la merde ! Je ne comprends pas, je devrais pouvoir être sûr de moi sur un truc comme ça. La seule fois ou j’ai oublié que j’avais tiré un coup, j’étais pété comme un polonais. Donc, on n’a rien fait ! Où alors, c’est le dragon et le tigre qui nous ont joué un mauvais tour. Fait chier !
*
Le taxi nous dépose devant l’hôtel et nous nous empressons de monter dans notre chambre. Nous avons prévu de manger au restaurant, où seront présentes quelques sommités, et surement une grande partie des journalistes qui couvrent le congrès. Peut-être réussirons-nous à glaner des informations importantes ?
— Attends !
Tom m’empêche d’ouvrir la porte, je le regarde avec un haussement de sourcil. Il se rapproche de moi et m’attrape par l’épaule. Il ne va tout de même pas…
— Il y a truc pas net. Je sens comme une énergie bizarre. Tu ne ressens rien ?
— Ben non mec ! C’est pas parce que j’ai un tigre dans le dos que je suis devenu un mage machin truc.
Il entre dans la chambre en essayant d'être le plus discret possible. Je le suis de près et j'allume la lumière. Rien. Personne, et tout semble normal.
— Il n'y a rien qui te semble étrange ? me demande Tom.
Je prends le temps d'examiner scrupuleusement l'espace qui nous entoure et quelques petits détails ne collent effectivement pas. Quelqu'un est passé ici, mais peut-être est-ce simplement le personnel en charge du nettoyage.
— Des choses ont été déplacées, mais est-ce qu'on ne deviendrait pas un peu parano ?
— Non, je ne crois pas. Tous mes sens m'envoient des signaux d'alerte. Regarde sur le lit.
Deux smoking y sont posés, avec sur chacun d'eux une enveloppe blanche, sans aucune inscription.
— Bon, OK tu as raison quelqu'un est bien entré dans la chambre et a même surement procédé à une fouille. De toute façon, il n'y a rien à trouver.
Je m'empare d'une des deux enveloppes et je regarde ce qu'elle contient. Une simple carte, avec d'un côté, un château dessiné avec une inscription, "Schloss Solitude" et, de l'autre, un texte rédigé en français :
AMOUR – SOIF – PASSION
20h00, Château de la solitude.
Les amis de Céline sont les nôtres.
Karl et Sofia
— Une invitation ?! Décidément, c'est la journée. Qu'est-ce qu'on fait ?
— Je reste sur ma première impression, cette histoire ne sent pas bon, me répond mon ami en faisant la moue.
— Donc on n'y va pas !
— Evidemment que si, on y va ! Jetons-nous dans la gueule du loup !
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