Chapitre 2 : Les petites pilules magiques

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 Samuel soupira devant cette situation un peu trop familière à son goût. Son côté impulsif devait sûrement en être la cause, du moins, c’est ce qu’il se répétait à chaque fois. Au moins, l’arrivée des policiers cloua le bec de cette journaliste, ce qui ne fut pas pour lui déplaire.

— Vous allez tranquillement sortir votre carte d’identité, vous mettre à genoux et garder vos mains sur la tête.

— Pas de gestes brusques ! surenchérit le grand gaillard en uniforme bleu.

Il sortit à son tour une paire de menottes tout en arborant une expression moqueuse qui déplaisait fortement à Sam.

— Tu les reconnais Arty ? Ce sont bien deux des fouineurs qui traînaient près du cordon ? Tu sais, après qu’on ait trouvé le corps. La blonde est journaliste et l’autre… je sais pas trop.

Le dénommé Arty plissa les yeux dans un effort de concentration.

— Maintenant que tu le dis, c’est vrai que leurs visages me sont familiers.

Ses sourcils se froncèrent devant l’inaction des deux intrus. Le policier s’éclaircit la gorge comme prêt à énoncer son plus grand discours moralisateur :

— Mam’zelle la journaliste, vous n’avez pas compris quoi dans « personne ne peut entrer dans une zone sous scellés » ? Et puis vous, vous êtes quoi d’ailleurs ? Un genre de détect...

Samuel ne l’écoutait plus. Un sourire satisfait étirait ses lèvres accompagné par un regard malicieux.

— Alors « mam’zelle » la journaliste, on s'est fait recaler ?

Cette dernière souffla sur une mèche blonde qui s’était glissée devant ses yeux.

— Toi aussi tocard.

— Fermez-là ! rugit le policier, vexé de retenir aussi peu l’attention. Assez parlé, maintenant à genoux et montrez-nous vos cartes d’identité. Je peux vous garantir que vous allez finir en cellule. Ça vous passera peut-être l’envie d’aller fouiner là où vous n’êtes pas censé être, en plus de vous inculquer le respect.

La jeune femme extirpa à contre-cœur sa carte de son jean, mais ne plia pas les genoux. Samuel, de son côté, préféra faire un pas. Puis deux.

Les policiers reculèrent, décontenancés par tant d’audace. Leurs doigts vinrent effleurer l’étui de leurs armes, puis dégainèrent.

— Plus un geste, ordonnèrent les deux agents à l’unisson.

Cependant les pistolets braqués dans sa direction ne semblaient pas le déranger. Samuel porta lentement sa main vers son flanc gauche. Arty et son collègue se crispèrent sur leur crosse. Le pan de son manteau remua. Les deux policiers serrèrent les dents.

Dans une rapidité surhumaine, qui ne laissa entrevoir qu'un éclat bleu, Sam saisit une poignée invisible sous son manteau. Aussitôt, une épée se matérialisa entre ses doigts.

La lame fendit l’air dans un coup vertical, puis trancha net les deux pistolets. Le « clic » de leurs gâchettes se répéta compulsivement sans qu’aucune détonation ne vînt arrêter leur assaillant. Vu la tête que tiraient les deux policiers, maîtriser un taré avec une épée ne devait pas figurer dans leur manuel d’entraînement.

D’un bond sur sa gauche, Samuel prit de flanc le pauvre Arty. La tête de ce dernier ne tarda pas à rencontrer le plat de sa lame. La puissance du coup l’envoya valdinguer contre un mur, après quoi, il s’effondra comme une masse.

Le deuxième, à la vision de son collègue au sol, sortit de sa stupeur. Ce qui restait de son arme tomba dans l’herbe avant qu’il ne se rue sur Samuel. Du moins, il essaya. Dans une esquive qui rappelait celle d’un dessin animé, celui-ci se mit de profil pour le laisser passer.

Le policier s’écrasa contre le mur dans un couinement puis se retourna, le regard vague. Un nouvel éclat bleu flotta devant ses yeux, après quoi, la garde de l'épée frappa le milieu de son front.

Le compagnon d’Arty s’écrasa au sol.

Le forcené fit quelques moulinets, ensuite il écarta le côté gauche de son manteau. La lame s’inséra progressivement dans un baudrier invisible avant de disparaître dans un ultime éclat bleu provenant du pommeau. À quelques centimètres de sa ceinture, le saphir restait en suspension alors qu’aucun support ne le maintenait.

Samuel rabattit son manteau pour le cacher.

— Ce n'était pas un peu disproportionné ? déclara une voix féminine à demi-assurée.

Il se tourna vers la journaliste, puis haussa les épaules.

Le calepin de cette dernière gisait au sol, comme son crayon, alors que ses traits oscillaient entre de la peur et un enthousiasme débordant. À en croire son expression, elle venait de trouver le scoop de l'année.

— Peu importe, je veux l'exclusivité.

Un grognement interrogatif fut sa seule réponse pendant qu’il s’agenouillait auprès du vieux Arty.

— Vous serez bientôt recherché pour, je sais pas moi, agression sur agent des forces de l'ordre. Donc...

Le mystérieux personnage sortit une petite boite métallique de son manteau. Cette dernière ressemblait beaucoup à une boite de bonbons et donnait l’irrésistible envie de se goinfrer de sucreries.

— Ça n'arrivera pas.

Ses mains l'ouvrirent pour laisser apparaître une grande quantité de pilules bleues.

— Vous allez les droguer ? s’indigna la journaliste.

Samuel en prit une, la fit voltiger sur quelques centimètres puis l’engouffra dans la bouche du policier.

— Bien sûr que non, je vais juste faire en sorte qu'ils nous oublient.

Il répéta l’opération sur le second avant de déclamer distinctement :

— Votre surveillance s’est déroulée sans incident notable. À un moment, Arty a entendu un bruit mais ce n’était qu’un écureuil. Quand vous vous réveillerez, vous ramasserez vos armes comme si de rien n’était. Vous les remplacerez en arrivant à votre commissariat.

Samuel rangea la boite, la routine semblait-il.

— Mais… qu'est-ce que c'est ? Pourquoi avez-vous dit…

Il se redressa.

— Ce sont des petites pilules magiques qui permettent d'effacer et modifier la mémoire de celui qui en prend.

La journaliste leva les yeux au ciel, visiblement pas très convaincue.

— Oui, c'est ça et moi je suis une licorne.

— Je peux vous le faire croire avec ça si vous le souhaitez.

Sa boite, ressortit en un instant, tinta sous les tapotements son couvercle, puis il décocha un clin d’œil à la jeune femme. Cette dernière pencha légèrement la tête, l'air perplexe.

— Et pourquoi moi je n'ai pas le droit à une « petite pilule magique » ?

— Parce que je suis sûr que vous avez pleins de petites choses à me raconter sur notre affaire.

La réponse ouvrit légèrement sa bouche, comme si une phrase voulait en sortir, mais qu’elle s’était ravisé. Après un long silence, durant lequel ils se regardèrent droit dans les yeux, la blondinette revint à la charge :

— Et le geste ?

Samuel fronça les sourcils.

— Le geste ?

— Oui, vous avez lancé chaque pilule en l’air avant de leur faire avaler. C'est un rituel ?

— Non, c'est juste pour le style.

Sa façon de le dire laissait penser que de longues heures d’entraînement se cachaient derrière cette manie.

— Je pourrai très bien leur donner directement sans qu'il n’y ait de différence.

Le silence revint. Le regard perçant de la journaliste plongea de nouveau dans le siens. Elle n’arrivait pas à l’analyser et ça l’agaçait.

— Je m’appelle Ashley Rills.

Sa main se tendit et il la serra avec vigueur.

— Samuel Waren.

— Je n’ai pas pour habitude de faire équipe avec un toquard de votre genre, mais j’imagine que ce sera plus simple de mettre cette histoire au clair avec vous.

Son nouvel associé acquiesça, un sourcil plus élevé que l’autre. Malgré son rejet des journalistes, il pressentait que celle-là pourrait lui être utile.

Les deux nouveaux partenaires mirent pas moins d'une demie-heure pour sortir des alentours de la cathédrale. Ils auraient pu mettre beaucoup moins si Samuel ne s’était pas entêté à chercher un autre chemin que celui qu’il avait emprunté pour s’introduire dans l’enceinte. Selon lui, Ashley était « incapable d’escalader le mur ».

Au bout de plusieurs longues minutes de discussion animée, des bruits de pas attirèrent leur attention. Sam eut juste le temps de plaquer la journaliste derrière des buissons qu’Arty et son collègue déboulaient à l’angle du mur. Leurs deux revolvers s’emboîtaient maladroitement dans leur holster respectif, néanmoins cela-s ne paraissait pas les inquiéter.

Ils ne cherchèrent pas la présence de potentiels intrus, le plus grand des policiers se contenta d’une boutade à propos d’un écureuil avant qu’ils ne repartent d’où ils venaient.

À peine eurent-ils disparu qu'Ashley sortit de leur cachette. Après quelques mètres d'élan, elle s’élança contre le mur, puis donna une puissante impulsion qui lui permit de se hisser sans aucune difficulté. Atterrir de l’autre côté ne fut qu’une formalité.

Quelques instants plus tard, Samuel se tenait à ses côtés, la bouche si grande ouverte que la jeune femme faillit éclater de rire.

— Premièrement, tu crois que je suis passée par où pour entrer ? (Durant leur dernière discussion, ils avaient convenu que le mieux était de se tutoyer) Deuxièmement, je fais du karaté depuis que j'ai huit ans. Je suis largement assez forte pour grimper un simple mur.

Sam leva les yeux au ciel devant le sourire satisfait de la journaliste.

— Ok Bruce Lee, c'est noté.


***


Arrivé au centre-ville, Samuel proposa de se poser dans un bar du coin pour discuter de manière plus confortable. Le duo jeta son dévolu sur le « Bar à Thain », dont la façade bordeaux paraissait des plus accueillantes. Les habitués alimentaient sans gêne le bruit ambiant. Un bon nombre buvait joyeusement entre deux pronostics sur des résultats de matchs de foot, tandis que d’autres argumentaient sur les chances de victoire d’un certain cheval nommé « Pantoufle ».

Samuel et Ashley s'installèrent dans un coin, bien à l'écart des joyeux lurons présents au comptoir et ses environs. Une serveuse vint immédiatement leur demander s'ils souhaitaient commander, Sam demanda deux bières. La jeune femme leur apporta une chope à chacun, puis les gratifia d'un sourire chaleureux avant de retourner au comptoir.

L’homme au long manteau gris-noir se pencha sur la table à la manière d’un inspecteur en plein interrogatoire.

— Je veux savoir tout ce que tu sais sur l'affaire et la cathédrale.

La journaliste soutint son regard avec une désinvolture qui plaçait un doute sur son envie de l’aider. Ses bras se croisèrent et elle s’inclina à son tour vers la table.

— Voyons Samuel…

— Appelle-moi Sam.

— Sam, ai-je une tête d’historienne ?

Il voulut répondre mais l’expression de la blondinette indiquait clairement qu’il n’en avait pas intérêt.

— Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y a d’étranges impacts au niveau de la cour du premier niveau, et que le prêtre est tombé de cette même cour.

Ces quelques mots éveillèrent un grand intérêt chez Samuel, même s’il restait sur sa faim.

— Ta source ?

— Le flic à la voix qui déraille.

— Rien de plus ?

La jeune femme secoua la tête.

— C'est assez maigre comme infos…

Ashley prit la remarque comme une attaque personnelle.

— Très bien, à moi de poser les questions : qu'est-ce que tu sais ? C'est un meurtre ? C'est qui ou quoi le responsable ?

Il prit une gorgée de sa bière. Chaque seconde de plus où il faisait languir la journaliste lui procurait un malin plaisir.

— Ça me paraît évident que c’est un meurtre.

Samuel reprit une autre gorgée au plus grand désarroi d’Ashley.

— En revanche, je ne peux répondre au reste pour le moment.

Les yeux de la jeune femme faillirent sortir de leurs orbites. Son visage affichait une drôle d’expression qui chavirait entre de la réprobation et de la frustration.

— Tu en sais encore moins que moi. Et qui t'a dit que c'était un meurtre ? Un lutin ?

— Presque.

Ses sourcils se froncèrent.

— Tu me fais marcher ?

Le sourire de Samuel indiquait que ce n’était pas le cas. Ce fut au tour d’Ashley de prendre une gorgée.

— Vois-tu ma chère Ash… Je peux t’appeler Ash ?

La concernée haussa les épaules, le nez encore dans sa chope.

— Notre monde est rempli de créatures étonnantes. Enfin, si on sait comment les trouver. Parfois, ce sont elles qui nous trouvent, et dans une majorité des cas il n'y a pas de problème.

— Et dans l'autre partie des cas ? lança faussement Ashley.

Samuel ne put s’empêcher d’agrandir son sourire.

— Il y a des problèmes.

Un insecte, probablement une mouche, se prit d'affection pour leur table. Ses ailes battaient autour d’eux comme si sa vie en dépendait.

— Laisse-moi deviner, toi, tu es le gars qui règle les problèmes ?

Son compagnon acquiesça, la mine soudainement grave. Ashley le fixa, les yeux grands ouverts tel un hibou. On aurait dit qu’elle venait de croiser un évadé d’un hôpital psychiatrique.

Plusieurs secondes lui furent nécessaires pour réaliser qu’elle le dévisageait, ce n’est pas pour autant qu’elle cessa. Après avoir remis une mèche qui lui tombait sur le front, Ashley reprit d’un ton calme :

— Quels genres de créatures peuvent me « tomber dessus » ?

Sam prit une inspiration tout en se repositionnant sur sa chaise.

— Celles des légendes, de l’imaginaire et bien plus. Des pégases aux griffons, des licornes aux dragons, des fantômes aux Gnorf…

— C’est quoi un Gnorf ?

La question le prit au dépourvu.

— Et bien… c’est petit, bleu avec un long nez et…

— Ça porte un chapeau blanc et chante « La la le schtroumpf la la » ?

Samuel la foudroya du regard avec une telle intensité qu’on aurait pu ressentir un courant électrique circuler.

— Non. À la limite tu peux comparer un Gnorf à un lutin. Un lutin très joueur et qui déteste perdre.

Ashley prit une gorgée de sa bière, comme pour y puiser la force de croire à toutes ces absurdités.

— Écoute Sam, tous ça a l’air sympa, mais pour moi, c’est du vent.

Sa réponse ne l’étonna pas.

— Ashley, si les gens se rendaient compte de ce qu'il y a dehors, ils n'oseraient plus sortir. C'est normal que tu n'y croies pas.

La mouche se fit plus insistante. Ses tournoiements concernaient à présent uniquement les cheveux blonds de la jeune femme. Du moins, jusqu’à ce que celle-ci ne la chasse d'un revers de la main. L’insecte en fut visiblement vexé et parti voltiger autour de Samuel.

— Comment cela se fait-il que nous, simples humains, n'ayons jamais vu de preuves indiscutables de leur existence ? questionna la journaliste.

Son instinct reprenait le dessus, et Samuel n'aurait absolument pas été étonné qu'elle sorte son bloc note pour prendre des notes. Ashley continua sans laisser un temps pour une quelconque réponse :

— Si un dragon se baladait au-dessus d'une ville, je pense qu'il y aurait au moins une personne pour s'en rendre compte.

Samuel inclina légèrement sa tête dans un haussement de sourcils.

— As-tu déjà entendu parler du Grand incendie de Chicago ?

— Tu ne vas pas me faire croire que…

Il attrapa les deux pans de son manteau afin de l’exposer tel un trophée.

— Oh que si, mais rassure-toi celui-là ne posera plus de problèmes.

Après une poignée de secondes, Sam reposa ses mains sur la table.

— La majorité des créatures ont des moyens de se camoufler des « simples humains ».

Son index se leva jusqu’au niveau de son visage.

— Malgré tout, certains sont capables de percer leurs subterfuges. Pour des raisons évidentes, rares sont ceux qui crient voir des dragons ou d’autres choses du genre. Dans le meilleur des cas, ils seraient conduits chez un psy, et dans le pire, on les internerait.

Ashley prit une plus grosse gorgée de sa chope.

— Ton épée, tes pilules… tu sors ça d'où ? J'imagine que ça ne t'est pas tombé du ciel ?

Samuel percevait une pointe d'ironie dans sa voix, comme si la seule chose qui la convainquait était qu'on lui faisait le plus gros canular du monde. Il passa outre :

— Ce sont des objets magiques. L'épée a été forgée peu de temps après la naissance de l’humanité et se nomme Prison.

Son ton rapide et sec indiquait clairement qu’il ne souhaitait pas en dire plus à ce sujet.

— Pour les pilules, c'est Asclépios qui me les a données. Elles réapparaissent à l'infini dans la boîte, ce qui est assez pratique pour éviter les ruptures de stocks.

— Asclépios ? Qui est-ce ?

Ce nom disait vaguement quelque chose à Ashley, comme un souvenir d'école depuis longtemps oublié.

— C'était le dieu grec de la médecine.

Le visage de Samuel garda sa neutralité. On aurait dit qu'il venait de regarder par la fenêtre et donnait simplement le temps observé. Au contraire, les traits de la jeune femme s’étirèrent dans une surprise non-dissimulée.

— Le « dieu » ? Tu es en train d’affirmer que les dieux existent ?

— Pour lui, le terme exact est « existait ». Les dieux font partie des légendes, et pour être plus exact, ceux-ci sont répertoriés dans les légendes dépendantes. Ce qui signifie, reprit-il sous le regard interrogateur d’Ashley, que si personne ne croit en eux, ils disparaissent.

— Le Père Noël est dans quelle catégorie ?

La question le désarçonna. Se moquait-elle de lui ou bien était-ce sérieux ? Il se ressaisit grâce à une… non, deux lampées de bière.

— Le Père Noël faisait aussi partie de la catégorie dépendante. Enfin, jusqu'à la révolte des lutins où il fut taillé en pièces. En même temps, les payer qu'avec des sucres d'orge et du pain d'épices n'était vraiment pas une bonne idée… c'est que ça a mauvais caractère un lutin.

— Ah...

Ashley ressentit une pointe de tristesse pour ce bon vieux gros bonhomme... En admettant que ce soit vrai, bien sûr !

— Il existe trois autres catégories, continua Samuel pour changer de sujet. On a les légendes indépendantes qui regroupent les légendes mineures et majeures. Cette catégorie englobe la plupart des monstres et objets magiques : les loups-garous, les fantômes, Excalibur, les capes d'invisibilités…

Ashley acquiesça sans sourciller.

— Nous avons aussi les légendes mutées, qui concernent les créatures ayant obtenu certains… changements comparés à leur légende originelle. Ça peut aller de l'Ogre végétarien à un sphinx qui obtiendrait une option lance-flammes.

Sam dit ces derniers mots comme s'il sentait encore la chaleur des flammes.

— Et la dernière catégorie ? pressa la journaliste, comme attirée par l’envie de prendre congé.

Après tout, lui raconter toutes ces bêtises n'avait aucun sens !

— Elle contient les légendes Apocalyptique, mais ça n’a pas d’importance. Elles ne respectent pas l'une des règles fondamentales : toute légende doit posséder au moins un point faible permettant de la détruire. Du coup, ces légendes ne peuvent pas subsister plus de quelques centièmes de seconde. Question d'équilibre.

Ashley cligna plusieurs fois des yeux.

— Je vois... Et donc, je suis censée croire en tout cela parce que j'ai vu un toquard avec une épée qui clignote faire avaler deux pilules à des flics qu'il a mis K.O ?

Un sourire désinvolte vint aux lèvres de Sam.

— Si tu te concentrais un peu plus, tu aurais toutes les preuves que tu désires.

La mouche cessa ses cercles frénétiques. Elle restait en suspension à quelques centimètres au-dessus de l'épaule de Samuel, ce qui était assez étonnant. À vrai dire, plus Ashley la regardait, plus elle la trouvait étrange. Le petit animal flottait, mais ses ailes ne battaient pas.

Un flash lumineux lui occulta la vue pendant quelques secondes, comme si on venait de prendre une photo avec le flash depuis son nez. Ce fut à partir de ce moment-là qu’elle l’aperçut.

Une petite bonne femme haute d'une vingtaine de centimètres se tenait debout, là où aurait dû se tenir la mouche. Elle clignotait tantôt en insecte, tantôt en une jeune femme blonde aux cheveux bouclés. Le petit être était vêtu d'un treillis militaire d’où dépassait deux ailes dans son dos. Ces dernières, d’un blanc transparent, ressemblaient beaucoup à celles d’un papillon.

Ashley ouvrit des yeux ronds. Sa bouche pendait comme si elle venait de découvrir le sens de la vie. Elle ne parvint qu’à bafouiller dans une sorte de murmure :

— Mais… c'est une fée !

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