La souveraine sortit de sa cachette,

Sous le regard émerveillé des deux fillettes

Qui, sans quenotte à lui mettre sous la dent

S’excusèrent dans un soupir hésitant.

— Détrompez-vous, je ne veux point de vos molaires,

Je ne saurai les transformer en or !

— Pourquoi es-tu donc venue alors ?

— Pour vous emmener voir le Royaume d’Hiver.

ANIS, méfiante, recula de quelques pas

Tandis qu’IVOIRE, enfila sa veste en sherpa.

— Je vous ramènerai avant le petit jour,

Promis, juré, foi de velours !

Les bras croisés, ANIS refusa de bouger.

Suivre un rat en pleine nuit ? Quelle idiotie !

Sans Maman et sans Papa pour la protéger,

Elle se sentait bien démunie.

IVOIRE, sensible aux inquiétudes de sa sœur

La pressa tout contre son cœur.

— Prenez votre temps les enfants,

Rien n’est plus important que la confiance !

« Quand les flocons gorgés de miel

Se mettent à danser puis s’élèvent,

C’est que quelque part dans le ciel

Un ange veille sur tes rêves »

Comme une douce promesse,

Les paroles de Maman PLUMETTE

Firent écho aux gestes de la princesse

Qui transforma deux flocons blancs en amulettes.

— Lorsque vous vous sentirez prêtes,

Vous soufflerez sur ces branches de cristal,

Alors je sortirai de ma cachette,

Et vous emmènerai contempler les étoiles.

Sur ces mots, la Reine des Souris

S’enveloppa de poudre d’or

Et, sans faire de bruit,

Se mêla aux couleurs de l’Aurore.

Les fillettes débattirent des risques et périls

À suivre une inconnue, aussi majestueuse soit-elle.

Et, se rappelant l’histoire d’Ariane et de son fil,

Elles attachèrent au pied de leur lit, une longue ficelle.

Quand vint le soir suivant,

Elles soufflèrent sur le précieux diamant.