CHAPITRE 11 - Partie 2
- Monsieur Nolan Gerber, intervint le procureur. Comment avez-vous procédé pour envoyer ces messages ?
- Nous savons, récapitula le juge, que vous avez agi depuis le téléphone de Megan Bishop, mais la façon dont vous avez obtenu le numéro de la partie adverse et les informations que vous possédiez sur le déroulement des cours de M. Roumergue restent obscures…
Viviane se redressa sur le banc de l’Assemblée. Elle affichait toujours le même air sombre et plongé dans la réflexion, mais l’audience semblait maintenant enfin l’intéresser.
- Megan, marmonna Nolan. Megan est ma cousine.
Vincent lâcha un juron. Amanda se glaça. Les pièces commençaient à se mettre en place dans son esprit. Au premier rang, Megan gémit.
- Vous le savez sans doute, poursuivit Nolan, mais pas l’Assemblée. Et c’est tout simplement comme ça que j’ai obtenu les codes d’accès, et tout ce qui me fallait pour pirater son portable. J’étais son cousin, elle me faisait confi…
Nolan s’interrompit. Des glapissements s’élevaient des bancs. Amanda crut pendant un court instant qu’un chien était entré dans le tribunal. Finalement, elle aperçut Megan, secouée de sanglots convulsifs. Elle fit un geste pour poser sa main sur l’épaule de son élève, mais M. Bishop, d’un regard noir, l’en dissuada.
- Bref, une fois que j’avais les codes d’accès, c’était pour moi un jeu d’enfant. Enfin pas tout-à-fait. Il me manquait le numéro de ma « victime ». Pour ça, en me servant encore de la confiance qu’il me portrait, j’ai fouillé le téléphone de Vincent Leboeuf, mon entraîneur de boxe, et prof d’EPS au collège Tobias Stimmer. Dans la même après-midi, j’avais appris plus de chose que j’en espérais, et mes motivations ont changées du tout au tout. Au départ, je voulais me servir du téléphone de Megan pour harceler Amanda Breteille.
- Pourquoi ? siffla le juge.
- Pourquoi ? murmura Amanda pour elle-même.
Son cœur battait la chamade dans sa poitrine. A l’extérieur de la salle d’audience se trouvait une machine à café. Si elle parvenait à s’éclipser…
Mais l’envie, le besoin de savoir la tétanisait, et elle restait là, les fesses vissées sur le banc, le dos moite de sueur bien droit contre le dossier.
- J’y viens, reprit Nolan. Mais, comme je l’ai dit, mon plan A me semblait à présent futile, et quelque part… Trop bienveillant. Roumergue était le prétexte parfait. Même si, personnellement, je n’avais rien à voir avec son attitude, je me suis servi des infos que Vincent avait laissées fuiter pour me faire passer pour un élève. Toujours grâce à ce cher Vincent, je savais que le téléphone de Megan était en possession de Mme Breteille. Mon plan était parfait.
Et Amanda, bien malgré elle, admit qu’il avait raison.
- Mais j’ai commis une erreur, dans un de mes derniers messages à Roumergue, admit Nolan. Je me suis laissé griser par le succès de mon plan. J’ai glissé un message à Amanda. Je pensais qu’elle en aurait peut-être connaissance, mais en aucun cas qu’elle irait jusqu’à témoigner contre moi avec cette seule preuve. Et que la police prenne sa déposition au sérieux me semblait absurde. Comme je me trompais… Et la suite, vous la connaissez.
Un long silence accueillit les révélations de Nolan. Le juge souffla au procureur :
- Vous notez ? Vous notez bien ?
Oui, il notait, il notait bien, puisqu’Amanda distingua qu’il tournait une page noircie de gribouillages. Enfin, Viviane détacha les yeux de l’estrade. Vincent, Amanda et elle échangèrent un regard. Si ses deux collègues semblaient soulagés, ou au moins heureux de connaître la vérité, Mme Breteille savait que le pire était encore à venir.
- Et maintenant, reprit le juge de sa voix de stentor, pouvez-vous décrire le mobile de votre délit ?
Nolan esquissa un sourire triste.
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