Il est intéressant de noter que je n'ai jamais retrouvé les écrits de Phyros sur la suite de la nuit avec Algaïn et Irvine. Il m'a certifié à de multiples reprises me les avoir fournis comme les autres, mais étrangement, ils sont introuvables. Et dans ma modestie d'intelligence artificielle, capable de calculer et stocker plus d'informations que n'importe quel méta-humain, je doute les avoir égarés.

Cela me chagrine quelque peu, car c'est sûrement un des derniers moments de sérénité de Phyros avant une période, disons plus sombre. J'ai quelque peu insisté, mais il a toujours fait fi de ne pas savoir.

Mais il m'a autorisé à l'écrire à sa place si cela me tenait tant à cœur, sachant pertinemment que j'avais tout vu. Exercice qui me fut beaucoup plus compliqué que prévu, soit bien deux secondes alors que j'avais prévu vingt-deux millisecondes au début.

J'ai longtemps pensé qu'il écrivait ses textes pornographiques juste pour provoquer et choquer les plus sages, faisant exprès de mettre des détails vulgaires et grossiers. Mais les deux secondes pour écrire cette nuit m'ont fait voir autre chose. Une échappatoire à sa vie, des moments où la souffrance et la douleur laissaient place à une bulle magique de plaisir, chassant tous ses pires cauchemars. Enfermé entre quatre murs et un lit, enfin pas toujours, il n'avait rien d'autre à penser, juste le plaisir du corps, ses odeurs, ses textures et ses fluides. Alors avec ses mots et sa façon d'écrire, il a couché sur papier numérique ses moments où rien n'a de sens si ce n'est le plaisir brut.

Il ne m'a bien sûr jamais confirmé ma théorie, trop fier ou juste parce que cela l'amuse de torturer l'esprit d'une machine. J'ai donc joué son jeu pour accompagner son voyage sur l'Arche.