Chapitre 28
Le procès de Scott Davis pour le viol de Melina Williams dura près d’une semaine et se termina de manière aussi inattendue que celui des Westbrook contre le lycée Lincoln : à la surprise générale, le garçon ne fut condamné qu’à trois mois de mise à l’épreuve avec ordonnance restrictive. Une peine dérisoire, comparée à la gravité de son crime et aux six mois de mise à l’épreuve dont écopa Jason Rockwell pour non-assistance à personne en danger. Sans doute Scott avait-il encore réussi à amadouer le jury avec son costard taillé sur mesure et ses lunettes d’intello… Lisa était bien placée pour savoir l’effet que pouvait avoir une tenue propre et soignée : la façon de s’habiller de M. Bates n’était-elle pas une des raisons pour lesquelles elle était tombée amoureuse de lui ?
- Quand je pense qu’on va voir Scott rappliquer au lycée dès demain…, soupira Abigail en reposant son stylo sur son cahier de brouillon. Finalement, Mike avait raison : quelles que soient les accusations portées contre lui, ce pervers arrive toujours à s’en tirer…
Lisa poussa elle aussi un soupir de désespoir à la pensée qu’elle allait à nouveau devoir côtoyer Scott dans la classe de M. Bates. Comme tous les jeudis soirs, elle était venue chez Abigail pour son cours de soutien à domicile. La rouquine, qui s’était inscrite à l’examen du SAT du samedi 5 mai, sentait plus que jamais le besoin de s’entraîner avec Lisa pour se préparer à l’épreuve de maths de niveau 1. Hélas, l’annonce en milieu de journée du verdict au procès de Scott l’avait tellement scandalisée qu’elle était désormais incapable de se concentrer sur le moindre exercice.
- En tout cas, il n’a pas intérêt à se pointer demain à la cérémonie d’hommage à Ashley, reprit Abigail. Tu as prévu d’y aller, toi ?
- Quoi ? s’exclama Lisa. Je ne savais même pas qu’il y avait une telle cérémonie !
- Si, ce sont les parents d’Ashley qui ont tenu à célébrer une messe à sa mémoire. Elle aura lieu à l’église St Christoph, demain après-midi, à deux heures. D’après ce que j’ai entendu, ils organisent aussi une collation à partir de quatre heures au café Gourmet’s.
- Dans ce cas, ce sera sans moi... Je n’ai pas été invitée..., déclara Lisa avec un brin d’amertume.
- Pas besoin d’invitation : il paraît que tous les élèves qui soutiennent la cause d’Ashley peuvent venir.
- Bah, de toute façon, ça tombe pile pendant la conférence sur les mathématiques de l’origami !
En effet, celle-ci avait lieu à trois heures et demi, juste après les cours, ce qui ne permettait à Lisa de se rendre ni à l’office religieux, ni à la réception au Gourmet’s. Même si elle était un peu déçue de ne pouvoir apporter son soutien aux parents d’Ashley, elle préférait encore assister à la présentation du Dr Demaine : au moins, elle était sûre d’y voir M. Bates.
- Et toi, alors ? s’enquit-elle. Tu vas y aller ?
- Non plus, répondit Abigail. J’ai un rencard avec Zach au Mollie’s Diner.
- Zach ? répéta Lisa avec étonnement. Celui qui traîne tout le temps avec Mike et qui porte toujours un bonnet ?
- Lui-même, confirma Abigail en rougissant légèrement. Ça fait bientôt trois semaines qu’on sort ensemble.
Décidément, Lisa n’en finissait pas de tomber des nues ! Comment faisait-elle pour ne jamais être au courant de rien ? Etait-ce son obsession pour M. Bates qui l’empêchait de voir tout ce qui se passait autour d’elle ? Une chose était sûre : si Abigail avait eu un faible pour Nils lorsqu’elle était sortie avec lui au cinéma, ses sentiments n’avaient pas duré bien longtemps. A peine avait-il été envoyé au centre de redressement pour jeunes délinquants qu’elle s’était déjà mise en couple avec Zach !
- J’imagine que vous avez prévu d’aller au Spring Fling tous les deux ? s’informa Lisa, non sans éprouver une pointe de jalousie.
- Oui, ce sera notre premier bal ensemble, répondit fièrement Abigail. Tu es sûre que tu ne veux pas venir avec nous ? Mike m’a dit qu’il comptait y aller, lui aussi.
- Mike ? répéta à nouveau Lisa. Mais je croyais qu’il avait horreur des bals !
- Moi aussi, je pensais qu’il ne serait pas intéressé, mais finalement il a l’air d’être plutôt motivé. Après tout, comme on dit : il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !
« Si seulement c’était vrai aussi pour M. Bates ! » songea alors Lisa avec une faible lueur d’espoir.
L’absence de M. Bates au bal de printemps ne fit malheureusement plus aucun doute lorsque Lisa se rendit le lendemain à la conférence sur les mathématiques de l’origami. Arrivée la première dans l’amphithéâtre du lycée, elle eut tout l’embarras du choix pour s’asseoir, et opta pour une place au milieu du deuxième rang. Ni trop près, ni trop loin de l’estrade, ce siège lui semblait un bon compromis, et elle vit bientôt ses camarades suivre son exemple en venant s’installer à côté d’elle. Sans surprise, tous les matheux et autres intellos du lycée étaient au rendez-vous. Arthur Macmillan ne fut pas le dernier à faire son apparition. Fidèle à ses habitudes, il rejoignit Lisa et s’assit à sa gauche, avant de commencer à déballer ses affaires.
- Ah, toi aussi tu as pris de quoi noter ? s’enquit la jeune fille en voyant son camarade poser un carnet à spirales sur la tablette écritoire de son siège.
- J’ai surtout pris de quoi faire des origamis, expliqua Arthur en arrachant une des feuilles de son cahier et en se mettant à la plier méthodiquement.
En moins d’une minute, le binoclard réussit à fabriquer un petit cygne qu’il posa fièrement sur le rebord de sa tablette.
- Waouh ! fit Lisa, qui savait à peine comment confectionner un avion en papier.
Par le plus heureux des hasards, M. Bates vint s’installer au premier rang, pile en face de Lisa, ce qui acheva de lui rappeler l’agencement des places qu’elle, Arthur et l’enseignant occupaient dans la salle de maths. La jeune fille n’en revenait pas de la chance qu’elle avait de se retrouver juste derrière son prof adoré et d’avoir ainsi tout le loisir de l’observer de dos. L’un de ses collègues, M. Abbott, ne tarda pas à s’asseoir à ses côtés et à entamer la conversation avec lui.
- J’ai cru comprendre qu’Erik Demaine était une de tes connaissances ? demanda-t-il avec une pointe de curiosité. Vous avez fait vos études ensemble ?
- Pas du tout, répondit M. Bates. Mais c’est bien à Boston que nous nous sommes rencontrés. Erik a intégré le MIT en tant qu’enseignant au moment où je commençais ma troisième année d’études à Harvard.
- Vraiment ? s’étonna M. Abbott. Il n’a pourtant pas l’air très vieux...
- Nous avons à peu près le même âge, précisa M. Bates, mais Erik est entré à l’université bien avant moi. A vingt ans, il avait déjà son doctorat !
Lisa, qui écoutait attentivement la discussion des deux adultes, était frappée d’entendre son prof parler avec autant d’éloges d’un de ses confrères. Lui qu’elle considérait comme un dieu des mathématiques, il connaissait donc quelqu’un d’encore plus doué que lui dans ce domaine ? Non, ce n’était pas possible ! Il devait simplement faire preuve de modestie, comme à son habitude... Lisa savait bien qu’il n’existait pas d’enseignant plus brillant que M. Bates.
L’autre détail qui l’avait marquée était la révélation que son prof venait de faire sur son âge : à en croire ses mots, il avait « à peu près le même » que celui d’Erik Demaine... Or, d’après la page Wikipédia que Lisa avait consultée la veille, le mathématicien avait fêté sa trente-septième année en février dernier. Cela signifiait donc que M. Bates avait « à peu près » vingt ans de plus qu’elle...
« J’aurais pourtant parié qu’il en avait moins ! » se dit Lisa, comme pour justifier l’attirance qu’elle ressentait pour lui.
- En tout cas, c’est une chance que tu aies réussi à le convaincre de venir jusqu’ici faire son exposé, reprit M. Abbott. Boston n’est pas la porte à côté !
- En vérité, Erik était de passage en Californie pour deux autres conférences qu’il donnait à l’université de San Diego lundi et hier soir. Il a profité de se trouver dans la région pour faire un tour à Greentown. Sachant qu’il repart demain soir pour Barcelone, où il intervient lors d’un colloque de mathématiques qui dure toute la semaine prochaine.
- Mince alors ! Il ne reste donc pas pour le Spring Fling ? lança M. Abbott d’un air narquois. Quand je pense que je suis de corvée de surveillance, cette année...
- Je suis content d’y avoir échappé, admit M. Bates. Au moins, ça me permettra d’aller au repas bi-annuel du club d’échecs de Greentown.
Voilà donc qui répondait une bonne fois pour toutes à la question que se posait Lisa depuis maintenant plus de deux semaines : M. Bates participerait-il au bal de printemps organisé par le lycée Lincoln ? Un non clair et net venait de mettre fin au suspense.
Le lundi suivant, lorsque Lisa retrouva Astrid en cours d’espagnol, elle réalisa à quel point elle et M. Bates avaient bien fait de ne pas aller au Spring Fling.
- Quoi ? se récria-t-elle en dévisageant son amie d’un air ahuri. Le bal a été évacué à cause d’une fausse alerte attentat ?
- La police est arrivée au beau milieu de la soirée, a coupé la musique et a dit à tout le monde de se mettre à terre..., expliqua Astrid d’une voix encore teintée d’émotion. Heureusement que Kevin était avec moi, sinon j’aurais certainement fait une crise d’angoisse...
- Et finalement, les flics n’ont rien trouvé de suspect ?
- Non, apparemment, il s’agissait juste d’une mauvaise blague... Je ne sais pas qui est l’imbécile qui a eu l’idée de les appeler, mais en tout cas, il nous a bien gâché la soirée !
Lisa resta dubitative. Elle ne pouvait s’empêcher de repenser à la révélation que lui avait faite Mike au sujet des armes à feu que Nils planquait dans sa chambre... C’était tout de même une drôle de coïncidence : apprendre quasiment coup sur coup qu’un élève de Lincoln High pouvait à tout moment déclencher une fusillade au lycée et qu’une fausse alerte attentat avait justement mis fin au bal de printemps... Pour Lisa, il n’y avait jamais de fumée sans feu. Si quelqu’un avait prévenu la police, c’était bien pour une raison. La jeune fille se retint pourtant de faire part de ses soupçons à Astrid, jugeant plus sage de garder pour elle le secret que lui avait confié Mike. Celui-ci pourrait sans doute lui apporter de plus amples détails sur le déroulement de la soirée, vu qu’il y avait lui-même participé.
Hélas, Lisa ne croisa pas Mike de toute la matinée. A l’heure de midi, elle le chercha des yeux à la cafétéria mais ne le trouva nulle part. Elle aperçut en revanche Nils, assis à une table, entouré de Charlie Henson et de Jason Rockwell. Surprise de le voir manger en compagnie de ces deux garçons avec lesquels il ne traînait d’habitude jamais, Lisa l’observa plus attentivement et remarqua qu’il avait l’air profondément troublé. Il gardait la plupart du temps la tête baissée sur son plateau-repas, et ne levait les yeux que pour regarder avec angoisse autour de lui, comme s’il craignait quelque chose ou quelqu’un. « Mike avait raison... » songea Lisa avec méfiance. Nils Brown ne semblait pas net du tout...
Une bonne nouvelle vint heureusement dissiper les inquiétudes de la jeune fille au cours du déjeuner : à son grand soulagement, elle apprit que Scott Davis avait finalement été transféré au lycée privé de Redwood, où il devait terminer son année scolaire avant de redoubler pour avoir une chance d’obtenir son diplôme. Au moins, le lycée Lincoln était désormais débarrassé de ce violeur, et Lisa pouvait de nouveau se rendre en cours de maths l’esprit serein.
Sa tranquillité d’esprit ne dura hélas que peu de temps. Dès le lundi 30 avril, M. Bates annonça à sa classe une nouvelle qui, si elle ne manqua pas de réjouir tout le monde, plongea Lisa dans le plus profond désarroi : alors que la fin officielle des cours était programmée au jeudi 7 juin pour tous les élèves de terminale, la fin des cours de niveau avancé, elle, était prévue deux semaines plus tôt et fixée au vendredi 25 mai.
« Le 25 mai ? » répéta Lisa dans sa tête en écarquillant des yeux horrifiés. « Mais c’est dans moins d’un mois ! »
- Autrement dit, reprit M. Bates, vous n’aurez pas à retourner en cours de niveau avancé après vos examens de fin de semestre.
- Cool ! s’enthousiasma un élève au fond de la salle. On pourra finir nos journées une heure plus tôt !
- Et aller faire du farniente à la plage ! renchérit son voisin.
Loin de partager l’allégresse de ses camarades, Lisa jeta un regard désemparé à M. Bates, prête à lui demander s’il ne pouvait pas faire une exception et continuer d’assurer ses cours après les examens. Une suggestion qu’elle n’osa finalement pas formuler, se doutant que l’enseignant préférait lui aussi alléger son emploi du temps pour profiter plus longtemps des beaux jours.
- En attendant, il nous reste un programme à terminer, déclara M. Bates. Dernier chapitre de l’année : échantillonnage et estimation.
A ces mots, Lisa comprit alors que le moment était venu pour elle de savourer ses cours de maths plus pleinement encore qu’elle ne l’avait fait jusqu’à présent. Pas question de perdre une seule miette de cette leçon ni des suivantes. Elle avait bien l’intention d’en profiter aussi intensément que s’il s’agissait des derniers instants de sa vie... car qui lui disait qu’elle ne vivait pas là ses derniers instants avec l’homme qu’elle aimait ?
Comme il fallait s’y attendre, le désespoir qu’éprouvait Lisa à la pensée que ses cours de maths allaient bientôt prendre fin suscita l’incompréhension la plus totale chez ses amis.
- Quoi ? se récria Astrid à la pause déjeuner. Tu n’auras plus qu’une heure de cours l’après-midi, et tu trouves le moyen de te plaindre ?
- Si seulement mes cours de bio pouvaient eux aussi se terminer plus tôt que prévu ! s’exclama Joey d’un air rêveur. Je pourrais me lever une heure plus tard le matin et rester jouer à League of Legends une heure de plus le soir…
- Tu n’avais qu’à choisir des cours de bio de niveau avancé, lança Kevin avec un sourire goguenard.
- Ça va pas, la tête ? J’ai déjà assez de mal comme ça à suivre les cours de niveau standard… Honnêtement, je serai content si j’arrive à avoir un C à mon test de fin d’année.
- Même avec un C, ça ne te dispenserait pas de retourner en cours après les examens…, fit remarquer Kevin.
- C’est vrai que c’est complètement débile ! Pourquoi nous obliger à retourner en classe alors que toutes les épreuves sont terminées ? Je n’en vois franchement pas l’intérêt !
- Surtout quand le programme scolaire est terminé et que les profs ne trouvent rien de mieux à faire pour nous occuper que de nous passer de vieux films soporifiques... Quelle perte de temps !
- Si encore ils pouvaient choisir des films plus cool, comme Avengers ou Les Gardiens de la Galaxie… Au moins, j’arriverais à rester éveillé !
- Je pense que ce sera l’occasion pour moi d’avancer dans mon tricot, commenta Astrid. Avec un peu de chance, j’arriverai enfin à terminer le pull à col roulé que j’ai prévu d’offrir à mon grand-père pour son anniversaire.
- En parlant d’anniversaire…, dit Joey en se tournant subitement vers Lisa. Ce n’est pas cette semaine que tu fêtes tes dix-huit ans ?
- Si, c’est ce vendredi, répondit la jeune fille d’un air détaché.
- Quoi ? Et tu ne nous as même pas invités à venir chez toi pour faire la fête ? fit semblant de s’offusquer Kevin.
- Ça fait un bail que je n’organise plus rien pour mon anniversaire, répliqua Lisa pour sa défense. Après tout, ce n’est qu’un jour comme un autre…
- Pourtant, dix-huit ans, ça se fête ! fit remarquer Astrid. C’est l’âge de la majorité ! L’âge à partir duquel tu peux enfin aller voter !
- Ou rejoindre l’armée, ajouta Kevin.
- Qu’est-ce que j’irais faire dans l’armée ? se récria Lisa.
- Sinon, tu peux aussi passer ton permis poids lourd, suggéra Joey.
- Il faudrait déjà que j’aie mon permis voiture…
- Et qu’est-ce que tu dirais de te faire tatouer ? proposa Kevin. A dix-huit ans, tu n’as plus besoin du consentement de tes parents pour te faire faire un tatouage.
- J’ai du mal à croire que Kim Mayer ait réussi à obtenir l’accord de ses parents pour chacun des tatouages qu’elle a sur le corps…, lança Astrid en roulant des yeux.
- Tu as une idée du tatouage que tu aimerais avoir ? s’enquit Joey.
- Pas vraiment, non…, répondit Lisa, même si elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce que donnerait un cœur percé d’une flèche et entourant les initiales d’Harold Bates sur le haut de son bras gauche.
- Moi, je sais déjà ce que je me ferai tatouer dans le dos quand j’aurai suffisamment d’argent, reprit Joey. Un énorme dragon enroulé autour d’une épée enflammée.
- Toi, tu veux te faire faire un tatouage ? s’étonna Kevin. Je croyais pourtant que tu avais horreur des aiguilles ! Ce n’est pas toi qui t’es évanoui l’année dernière, quand on a dû aller à l’infirmerie pour se refaire vacciner contre la méningite ?
- Et dire que tu m’avais promis de ne jamais le répéter ! se vexa Joey.
- Si tu préfères, tu peux aussi te faire faire un piercing, renchérit Kevin. Pourquoi pas un anneau dans le nez, comme ton ami Mike ?
- Je pense qu’il vaudrait mieux que je commence par me faire percer les oreilles, tu ne crois pas ? lança la jeune fille, qui d’ailleurs n’avait jamais vraiment songé à porter des boucles d’oreilles.
Si ses camarades ne manquaient visiblement pas d’idées à lui soumettre pour concrétiser l’avènement de sa majorité, ils semblaient pourtant oublier l’un des plus gros avantages du passage à l’âge adulte, et qui était justement celui auquel Lisa pensait le plus : la possibilité d’avoir des rapports sexuels avec une personne majeure sans risquer de la faire accuser de crime ou de délit. L’âge de la majorité sexuelle était en effet fixé à dix-huit ans en Californie, ce qui signifiait que Lisa allait bientôt pouvoir envisager la perspective d’une relation avec M. Bates en toute légalité. Certes, il fallait d’abord pour cela qu’il accepte de sortir avec elle, mais si elle lui faisait sa demande en tant qu’adulte, n’avait-elle pas plus de chances d’obtenir un oui de sa part ?
Le vendredi 4 mai, lorsque Lisa souffla chez elle les dix-huit bougies du gâteau d’anniversaire que lui avait préparé sa mère, sa décision était prise : si ses cours avec M. Bates devaient se terminer le 25 mai, alors elle lui ferait sa déclaration d’amour le 26. Elle gardait ainsi la résolution qu’elle s’était fixée depuis le début de l’année : attendre de ne plus avoir M. Bates comme professeur avant de lui avouer ses sentiments. Elle allait simplement devoir franchir le pas un peu plus tôt que prévu...
« Il faut voir le bon côté des choses » se dit-elle pour se rassurer. « Au moins, j’arrêterai de me faire du souci et je saurai sans plus tarder s’il veut bien continuer à me voir après le lycée. Plus vite je ferai ma déclaration, plus vite je serai fixée sur mon sort ! »
Peu lui importait si elle risquait encore de croiser M. Bates au lycée après lui avoir déclaré sa flamme. Du moment qu’elle n’était plus son élève, ses craintes de lui attirer des ennuis avec l’administration étaient écartées.
Désormais, il ne lui restait plus qu’à préparer ce qu’elle allait lui dire, patienter calmement jusqu’au jour J, puis croiser les doigts pour que le vœu qu’elle venait de faire avant de souffler ses bougies se réalise.
Annotations